L’histoire des traditions et de l’art bordjiens, sous toutes leurs formes, remonte à l’époque néolithique. C’est durant cette période que les peuples venus de l’Est et du Nord migrent et s’implantent dans cette région, marquant ainsi les prémices de la culture bordjienne.
L’artisanat bordjien d’aujourd’hui puise ses sources dans cet héritage ancestral, modelé par une culture bouillonnante par sa diversité et sa créativité. Confronté à l’économie moderne, à l’exportation, au tourisme et aux besoins de la population, l’artisanat allie tradition et modernité. Il s’agit cependant d’un patrimoine fragile, faisant partie intégrante de l’histoire de la région et il est nécessaire de le préserver.
Il a la chance de réunir en une seule région trois pans culturels qui traduisent, avec harmonie, l’unicité de notre pays.
Ce qui donne quatre genres à l’artisanat de la région. Le chef-lieu est marqué par la présence d’activités manuelles comme le dessin décoratif sur le tissu, le plâtre d’esthétique et la création d’objets d’art.
La région Nord est spécialisée dans le tissage de tapis, de vêtements comme le burnous d’El-Anasser, la qachabia et des couvertures comme le haïk légendaire de Bordj Zemoura.
Elle est connue également pour sa poterie à Djaâfra et pour la transformation du cuivre à Medjana. La zone Sud est plutôt réputée pour ses objets en alfa, tels que les paniers, la literie, les éventails et les chapeaux d’El-Hamadia. La zone Ouest a un penchant pour les bijoux en argent ainsi que les objets de décoration.
Actuellement, un très grand nombre d’artisans vivent dans l’ensemble de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Elle compte pas moins de 4 808 artisans. La majeure partie d’entre eux, soit 2500, se spécialise dans l’artisanat de services, 1700 dans la production et 700 dans l’artisanat artistique.
Après un laisser-aller de plusieurs années, l’État s’est timidement penché, dernièrement, sur ce problème touchant à la culture populaire et à l’emploi ; des structures ont été créées pour encourager et développer la production artisanale et assurer la préservation de vieux métiers. Un Fonds national de promotion des activités artisanales est créé à ce titre. Ainsi, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte deux maisons d’artisanat, une à Zemoura et l’autre à Bordj Bou-Arréridj.
“L’artisanat exige des compétences techniques et artistiques transmises au fil des générations, des outils et un marché. Les anciens avaient le souci de la formation et des débouchés commerciaux. Mais l’apparition des produits industrialisés avec leurs prix souvent très bas, menace toujours ces produits faits à la main…”, disent les artisans qui se plaignent aussi de l’absence d’une relève, en plus du manque de la matière première, des locaux et du financement. “Même mon fils n’est pas motivé pour la relève”, dira âmmi Hacen, un artisan en broderie pour burnous.
La corporation appelle aussi à la création d’un centre de formation spécialisé dans l’artisanat local. “Dans ce centre, les artisans peuvent consulter des archives, poser des questions, recevoir des conseils.
Les apprentis sont formés selon les méthodes traditionnelles”, ajoute âmmi Hacen.
Je me souviens, étant petit, à l’âge de l’école primaire, quand je rentrais de l’école à midi, je ne trouvais pas le diner préparé, alors je m’adressais à ma mère : « Maman ! Pourquoi n’as tu pas préparé le déjeuner ? Au moins une soupe ou une ratatouille pour déglutir les morceaux de galette (Kesra ou Matlou3) ». « Mon fils, répondit ma mère, aujourd’hui je suis allé avec ta grand-mère chez le marchand de laine et nous avons acheté cette laine que tu vois là-bas ».
Durant la quinzaine de jours qui suivait l’acquisition de la laine, nous n’avions pas droit au déjeuner complet : contentez vous de la galette pour vous rassasier »
Maman , ma grand-mère et ma sœur ainée passaient des journées entières à traiter le tas de laine brute qui occupait un espace assez important de la cours de la maison et nous priver ainsi d’un espace de jeu .
D’abord, extraire manuellement les crottes de brebis et les fleurs sèches de chardon collées à la laine, et rendre la laine, toute la laine, morceau par morceau, plus tendre, et l’écharper comme tirer de l’élastique, par des gestes de main appliquées.
Au quatrième jour, elles ramassaient la laine dans des grands sacs de toile, et ma grand-mère avait pour mission le lavage de la laine à la source. Je l’accompagnais, et durant la demi-journée que je passais avec elle, je ne faisais que contempler le travail ardu de ma grand-mère accroupie sur un bord de la séguia, et récupérer les petits bouts qui s’échappaient dans le cours.
Ensuite, les femmes de chez moi passaient à une autre étape du traitement, le cardage ou le peignage, la laine est démêlée à l’aide des cardes (Kardache : peignes à pointes d’acier, qui dans un mouvement de va-et-vient forment des boudins prêts à être filés). Et s’en suivit le filage à l’aide d’un rouet (Maghzel), sur les mollets nus ; elles filaient la laine pour tordre le fil et l’enrouler.
A l’avant dernière étape, ma grand-mère emportait la laine chez le teinturier (Sebbagh) qui tenait une modeste chambre dans la grande écurie (Couri) du centre ville où il exécutait son métier.
Si cette étape de teinture n’était pas dans l’ordre du jour des femmes, nous saurions, nous les petits qu’il s’agirait d’un « Hawli », couverture blanche de laine, Hawli de l’arabe Hawl veut dire « Année », car dans chaque maison un hawli est tissé une fois par an, ou d’un « Barnous », Burnous : manteau blanc de laine à capuchon.
Si par contre, la laine remportée de chez le teinturier est marron ; nous devinerions tout de suite qu’il s’agirait d’une « Kachabia », qui couvre mieux le corps quand il fait froid.
Si, la laine est multicolore, il s’agirait surement d’un « Hanbal », couverture lourde qui fait « immunité » au grand froid dans les habitations.
La dernière étape consistait au montage du métier à tisser (Mensedj) qui dure presque une journée et avec la participation de quelques voisines (Touiza) et on avait ce jour la droit à des crêpes (Ghrayef) bien chaudes.
Quand j’entrais dans d’autres maisons de la famille, je trouvais des femmes derrière le métier à tisser entrain de tisser, et tasser la laine avec une peigne en acier doté de poignée en bois (Yazila) et je me disais : C’est comme chez moi !
Où sont les vraies femmes (Hrayer) d’antan ? Je me pose la question aujourd’hui.
Chabane BOUARISSA
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L’artisanat bordjien d’aujourd’hui puise ses sources dans cet héritage ancestral, modelé par une culture bouillonnante par sa diversité et sa créativité. Confronté à l’économie moderne, à l’exportation, au tourisme et aux besoins de la population, l’artisanat allie tradition et modernité. Il s’agit cependant d’un patrimoine fragile, faisant partie intégrante de l’histoire de la région et il est nécessaire de le préserver.
Il a la chance de réunir en une seule région trois pans culturels qui traduisent, avec harmonie, l’unicité de notre pays.
Ce qui donne quatre genres à l’artisanat de la région. Le chef-lieu est marqué par la présence d’activités manuelles comme le dessin décoratif sur le tissu, le plâtre d’esthétique et la création d’objets d’art.
La région Nord est spécialisée dans le tissage de tapis, de vêtements comme le burnous d’El-Anasser, la qachabia et des couvertures comme le haïk légendaire de Bordj Zemoura.
Elle est connue également pour sa poterie à Djaâfra et pour la transformation du cuivre à Medjana. La zone Sud est plutôt réputée pour ses objets en alfa, tels que les paniers, la literie, les éventails et les chapeaux d’El-Hamadia. La zone Ouest a un penchant pour les bijoux en argent ainsi que les objets de décoration.
Actuellement, un très grand nombre d’artisans vivent dans l’ensemble de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Elle compte pas moins de 4 808 artisans. La majeure partie d’entre eux, soit 2500, se spécialise dans l’artisanat de services, 1700 dans la production et 700 dans l’artisanat artistique.
Après un laisser-aller de plusieurs années, l’État s’est timidement penché, dernièrement, sur ce problème touchant à la culture populaire et à l’emploi ; des structures ont été créées pour encourager et développer la production artisanale et assurer la préservation de vieux métiers. Un Fonds national de promotion des activités artisanales est créé à ce titre. Ainsi, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte deux maisons d’artisanat, une à Zemoura et l’autre à Bordj Bou-Arréridj.
“L’artisanat exige des compétences techniques et artistiques transmises au fil des générations, des outils et un marché. Les anciens avaient le souci de la formation et des débouchés commerciaux. Mais l’apparition des produits industrialisés avec leurs prix souvent très bas, menace toujours ces produits faits à la main…”, disent les artisans qui se plaignent aussi de l’absence d’une relève, en plus du manque de la matière première, des locaux et du financement. “Même mon fils n’est pas motivé pour la relève”, dira âmmi Hacen, un artisan en broderie pour burnous.
La corporation appelle aussi à la création d’un centre de formation spécialisé dans l’artisanat local. “Dans ce centre, les artisans peuvent consulter des archives, poser des questions, recevoir des conseils.
Les apprentis sont formés selon les méthodes traditionnelles”, ajoute âmmi Hacen.
Je me souviens, étant petit, à l’âge de l’école primaire, quand je rentrais de l’école à midi, je ne trouvais pas le diner préparé, alors je m’adressais à ma mère : « Maman ! Pourquoi n’as tu pas préparé le déjeuner ? Au moins une soupe ou une ratatouille pour déglutir les morceaux de galette (Kesra ou Matlou3) ». « Mon fils, répondit ma mère, aujourd’hui je suis allé avec ta grand-mère chez le marchand de laine et nous avons acheté cette laine que tu vois là-bas ».
Durant la quinzaine de jours qui suivait l’acquisition de la laine, nous n’avions pas droit au déjeuner complet : contentez vous de la galette pour vous rassasier »
Maman , ma grand-mère et ma sœur ainée passaient des journées entières à traiter le tas de laine brute qui occupait un espace assez important de la cours de la maison et nous priver ainsi d’un espace de jeu .
D’abord, extraire manuellement les crottes de brebis et les fleurs sèches de chardon collées à la laine, et rendre la laine, toute la laine, morceau par morceau, plus tendre, et l’écharper comme tirer de l’élastique, par des gestes de main appliquées.
Au quatrième jour, elles ramassaient la laine dans des grands sacs de toile, et ma grand-mère avait pour mission le lavage de la laine à la source. Je l’accompagnais, et durant la demi-journée que je passais avec elle, je ne faisais que contempler le travail ardu de ma grand-mère accroupie sur un bord de la séguia, et récupérer les petits bouts qui s’échappaient dans le cours.
Ensuite, les femmes de chez moi passaient à une autre étape du traitement, le cardage ou le peignage, la laine est démêlée à l’aide des cardes (Kardache : peignes à pointes d’acier, qui dans un mouvement de va-et-vient forment des boudins prêts à être filés). Et s’en suivit le filage à l’aide d’un rouet (Maghzel), sur les mollets nus ; elles filaient la laine pour tordre le fil et l’enrouler.
A l’avant dernière étape, ma grand-mère emportait la laine chez le teinturier (Sebbagh) qui tenait une modeste chambre dans la grande écurie (Couri) du centre ville où il exécutait son métier.
Si cette étape de teinture n’était pas dans l’ordre du jour des femmes, nous saurions, nous les petits qu’il s’agirait d’un « Hawli », couverture blanche de laine, Hawli de l’arabe Hawl veut dire « Année », car dans chaque maison un hawli est tissé une fois par an, ou d’un « Barnous », Burnous : manteau blanc de laine à capuchon.
Si par contre, la laine remportée de chez le teinturier est marron ; nous devinerions tout de suite qu’il s’agirait d’une « Kachabia », qui couvre mieux le corps quand il fait froid.
Si, la laine est multicolore, il s’agirait surement d’un « Hanbal », couverture lourde qui fait « immunité » au grand froid dans les habitations.
La dernière étape consistait au montage du métier à tisser (Mensedj) qui dure presque une journée et avec la participation de quelques voisines (Touiza) et on avait ce jour la droit à des crêpes (Ghrayef) bien chaudes.
Quand j’entrais dans d’autres maisons de la famille, je trouvais des femmes derrière le métier à tisser entrain de tisser, et tasser la laine avec une peigne en acier doté de poignée en bois (Yazila) et je me disais : C’est comme chez moi !
Où sont les vraies femmes (Hrayer) d’antan ? Je me pose la question aujourd’hui.
Chabane BOUARISSA
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