Depuis que le monde est monde, les roses ont souvent parlé. Aussi ne suis-je pas un prodige... même si peu de roses m'égalent en beauté, j'ose le dire. Pour me trouver une rivale, il faudrait aller jusqu'à Alger. Alger-la-blanche, qu'ils viennent de reblanchir... cela n'est pas tout près... et les roses ne manquent pas ici. C'est dire si je suis jolie. En cette saison surtout, Blida, “la ville aux cerises”, est très fleurie.
Personnellement, je ne suis jamais sortie des quatre murs de mon jardin. Des murs très hauts, blanchis à la chaux. C'est ma maîtresse qui affirme que je suis la reine de la plaine... j'aime à la croire.
Elle sait me flatter, Zohra, avec des mots ou bien du regard, qu'elle a si beau. Nous nous estimons mutuellement : je la trouve intelligente. En plus, elle a du caractère. Elle est la seule à avoir banni de son jardin les plantes utilitaires. “J'en vois assez aux champs!”. Elle tenait tête à son mari, même lorsqu'il devenait rouge de colère. Tout cela, c'est le vieux palmier qui me l'a raconté. Moi, je n'étais pas née. Il paraît qu'elle répétait : “Les roses, c'est important, aussi important que les pommes de terre.”
Ce propos malheureux, je me suis empressée de l'oublier. Oser me comparer à une… pomme de terre! C'est à tomber à la renverse! Un ver de terre à côté d'une étoile…
Enfin, elle a imposé les fleurs et la beauté fut : je naquis. Du reste, si Zohra est à l'origine de mon être, la rose est à l'origine de son nom. C'est peut-être pour cela qu'elle m'aime tellement…
Le premier problème que j'ai rencontré, c'est le jardinier. Qui n'est d'ailleurs pas plus jardinier que moi. En fait, c'est un pauvre bougre que le patron emploie pour faire plaisir à Zohra. Il se contente d'arroser en fin de journée, en échange de quoi il a son assiette de loubia. Or, lorsqu'il arrose, deux problèmes se posent.
Premièrement, il passe très vite sur moi. Certes, il faut économiser l'eau mais je constitue une priorité AB-SO-LUE. Après la grosse chaleur de la journée, j'entends pouvoir me désaltérer. Heureusement, la petite Sabrina (qui me voue la même admiration que sa mère) vient chaque soir s'agenouiller près de moi, munie de son arrosoir. Elle verse maladroitement les quelques gouttes qui me permettent d'être toujours fraîche au nez et à la barbe de ce triste sire. Mais si je suis ulcérée, c'est que ce “jardinier” s'arrête, en revanche, un temps proprement indécent sur le bougainvillier du mur d'en face!
Personnellement, je ne suis jamais sortie des quatre murs de mon jardin. Des murs très hauts, blanchis à la chaux. C'est ma maîtresse qui affirme que je suis la reine de la plaine... j'aime à la croire.
Elle sait me flatter, Zohra, avec des mots ou bien du regard, qu'elle a si beau. Nous nous estimons mutuellement : je la trouve intelligente. En plus, elle a du caractère. Elle est la seule à avoir banni de son jardin les plantes utilitaires. “J'en vois assez aux champs!”. Elle tenait tête à son mari, même lorsqu'il devenait rouge de colère. Tout cela, c'est le vieux palmier qui me l'a raconté. Moi, je n'étais pas née. Il paraît qu'elle répétait : “Les roses, c'est important, aussi important que les pommes de terre.”
Ce propos malheureux, je me suis empressée de l'oublier. Oser me comparer à une… pomme de terre! C'est à tomber à la renverse! Un ver de terre à côté d'une étoile…
Enfin, elle a imposé les fleurs et la beauté fut : je naquis. Du reste, si Zohra est à l'origine de mon être, la rose est à l'origine de son nom. C'est peut-être pour cela qu'elle m'aime tellement…
Le premier problème que j'ai rencontré, c'est le jardinier. Qui n'est d'ailleurs pas plus jardinier que moi. En fait, c'est un pauvre bougre que le patron emploie pour faire plaisir à Zohra. Il se contente d'arroser en fin de journée, en échange de quoi il a son assiette de loubia. Or, lorsqu'il arrose, deux problèmes se posent.
Premièrement, il passe très vite sur moi. Certes, il faut économiser l'eau mais je constitue une priorité AB-SO-LUE. Après la grosse chaleur de la journée, j'entends pouvoir me désaltérer. Heureusement, la petite Sabrina (qui me voue la même admiration que sa mère) vient chaque soir s'agenouiller près de moi, munie de son arrosoir. Elle verse maladroitement les quelques gouttes qui me permettent d'être toujours fraîche au nez et à la barbe de ce triste sire. Mais si je suis ulcérée, c'est que ce “jardinier” s'arrête, en revanche, un temps proprement indécent sur le bougainvillier du mur d'en face!
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