(1)
Traduction Alexandre MOUMBARIS
Éditions Democrite
J'ai eu récemment l'opportunité d'avoir une entrevue avec le professeur Grover Furr. David Horowitz, dans son nouveau livre, l'avait attaqué parce qu'il avait défendu Staline. J'ai cru bon donc d'avoir le point de vue du professeur Furr.
Je ne suis pas totalement d'accord avec ce qu'il dit, mais en même temps je lui suis très reconnaissant de m'avoir accordé cette entrevue. Des gens comme lui, tout au moins pour ce qui me concerne, peuvent être utiles pour mettre les choses au point concernant l'Union soviétique.
Question: Ce que vous faites, soutenir Joseph Staline, il n'y en a pas beaucoup qui le font même parmi les gauches dans le monde. Pourquoi croyez-vous que ce soit si important?
Réponse: Avant de commencer, je voudrais vous remercier de m'avoir demandé de répondre à ces questions. Ce sont des questions importantes. Elles devraient être le souci de tous ceux dégoûtés par le capitalisme qui veulent étudier l'expérience de ceux qui ont lutté pour un monde libre d'exploitation.
Je ne «soutiens pas Staline» en tant que tel. J'essaie de soutenir la vérité.
Dans le Manifeste communiste, Marx et Engels avaient dit que le prolétariat «n'avait rien à perdre que ses chaînes». J'entends par là que nous ne pouvons pas permettre à nos préjugés, préférences personnelles ou penchants, etc. d'entraver notre quête de la vérité.
Nous ne pouvons pas espérer surmonter le capitalisme sans nous baser sur la réalité objective – chose que le capitalisme est incapable de faire, car il exposerait sa terrible exploitation et brutalité. Par conséquent j'essaye d'être objectif et étudier l'histoire de l'URSS à la lumière des meilleures preuves disponibles.
Q: La perception courante de Joseph Staline est qu'il était un assassin de masse paranoïaque, assoiffé de pouvoir. Ceux qui s'y opposent Staline remarqueront que les purges et la «grande peur» le prouvent. Quelle est votre attitude par rapport à cette période?
R. Si les preuves à propos de Staline étayaient cette opinion, je l'aurai acceptée. Mais ce n'est pas du tout le cas, au contraire. Cette opinion sur Staline provient de deux sources, et ni l'une ni l'autre méritent confiance:
Trotsky et Khrouchtchev, le dernier ayant de loin le plus d'influence. Tous les deux ont menti à un degré à peine imaginable! Des documents provenant des archives soviétiques, publiés depuis la fin de l'URSS (ou, en fait, un peu avant) nous permettent maintenant d'en être certains, toutefois beaucoup le suspectaient depuis bien longtemps.
En Russie depuis le renversement de l'URSS, il y a eu une immense résurgence d'intérêt concernant Staline. Pour la première fois des études objectives ont commencé à paraître. Les preuves montrent que Staline était un homme véritablement remarquable – chose qu'un grand nombre de ses contemporains reconnaissaient aussi.
L'image de Staline faite par Trotsky – Khrouchtchev et popularisée lors de la guerre froide, n'est autre est une fabrication complète, mais reste toujours l'opinion dominante, pour ne pas dire exigée, de l'histoire soviétique. Elle ne peut être maintenue que par un travail parfaitement malhonnête qui ne mérite pas d'être qualifié de scientifique.
En ce moment je termine une longue étude de l'infâme «rapport secret» de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti le 25 février 1956. Dans son allocution il a fait beaucoup de déclarations accusant Staline de crimes terribles. Ce discours a brisé le mouvement communiste et, évidemment, réjoui les anticommunistes et les trotskistes.
Au cours des deux dernières années de recherche j'ai découvert un fait choquant, chaque «révélation» faite par Khrouchtchev à propos de Staline et de Lavrentii Beria était mensongère! Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé une seule occurrence où il disait la vérité.
Récemment j'ai écrit un peu à ce propos dans un article intitulé «Une lecture (non)critique et le discours de l'anticommunisme» que les éditeurs de The Red Critique (la critique rouge) m'ont fait la générosité de publier malgré le fait que leur journal est essentiellement théorique, et mon article principalement historique.
Mon étude détaillée des mensonges de Khrouchtchev dans le «rapport secret» devrait être publié avant la fin de 2006.
Q: Une autre des attaques contre Staline consiste à dire qu'il a provoqué une famine en Ukraine qui a causé des millions de morts. Est-ce que cela, de quelque façon que ce soit, reflète la réalité de cette période?
R. Cela est totalement faux. Cette histoire, en fait, provient à l'origine des Nazis qui l'ont répandue au milieu des années 30'. Aux États-Unis elle a été reprise par les journaux, extrêmement anticommunistes, de Hearst.
Feu Doug Tottle a bien démontré ces faits dans son livre "Fraud, Famine and Fascism. The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard" (Fraude, Famine et Fascisme. Le mythe du génocide ukrainien de Hitler à Harvard) (Toronto: Progress Books, 1987). Tottle était membre du Parti communiste canadien. Quelques – unes de ses affirmations sont défensives, mais il a quand même fait son travail sur la nature frauduleuse de ce mythe.
Après la Seconde Guerre mondiale le mythe de la «famine provoquée en Ukraine» est devenu le credo des groupes pro-nazis nationalistes ukrainiens.
Beaucoup de leurs dirigeants ont été installés aux États-Unis et financés par la CIA pour continuer leur propagande anti-soviétique. Jusqu'au début des années 60 ces groupes fascistes nationalistes ukrainiens avaient aussi des cellules terroristes à l'intérieur de l'URSS.
Aujourd'hui ce mythe fait partie intégrante de l'idéologie nationaliste de l'État ukrainien. Les capitalistes réactionnaires et anciens membres du PCUS qui dirigent l'Ukraine sont obligés de construire une histoire qui légitime le nationalisme ukrainien. Ce mythe de la «famine causée par l'homme» fait partie du projet de formation historique de l'Ukraine. Étant donné que le nationalisme ukrainien a été fasciste dès sa création, sa seule manière de se «légitimer» est d'être férocement anticommuniste. Il y a quelques très bons livres écrits par des anticommunistes de la guerre froide – néanmoins des bons historiens – qui démontrent combien a toujours été fasciste le nationalisme ukrainien. Je recommande:
John A. Armstrong. «Ukrainian Nationalism» (Le nationalisme ukrainien): NY: Columbia University Press, 1963.
Alexander Motyl. «The turn to the right: the ideological origins and development of Ukrainian nationalism, 1919-1929» (Le tournant vers la droite: Les origines idéologiques et le développement du 9 nationalisme ukrainien, 1919-1929). NY: Columbia U.P. 1980.
Une excellente recherche par le Prof. Mark Tauger, de l'University of West Virginia, et d'autres, qui explose totalement le mythe nazi de la «famine causée par l'homme». Je recommande l'article suivant écrit par deux démographes professionnels:
Barbara Anderson and Brian Silver, «Demographic Analysis and Population Catastrophes in the USSR» (Analyse démographique et catastrophes de population en URSS) Slavic Review 44, 3 (Autumn, 1985), pp. 517-536. Disponible à JSTOR.
Robert Conquest, le plus fameux des «érudits» charlatans anti-soviétiques du dernier demi‐siècle, avait été payé $80.000 par des groupes nationalistes ukrainiens pour écrire Une Récolte de Désespoir («A Harvest of Despair»), le principal livre en anglais qui véhicule cette notion. Il s'est appuyé lourdement sur la propagande nazie et ses soi-disant «preuves».
Il y a quelques bonnes critiques de son livre, et de cette question. Ce sont: Jeff Coplon, «In Search of a Soviet Holocaust»
Jeff Coplon, «Rewriting History: How Ukrainian Nationalists Imposed Their Doctored History on our High-School Students» (En réécrivant l'histoire: Comment les nationalistes ukrainiens ont imposé leur histoire trafiquée à nos étudiants du secondaire). Capital Region Magazine (Albany, NY), mars 1988. coplonrewriting88.pdf
«The Hoax of the Man-Made Ukraine Famine of 1932-33 » (Le canular de la Famine ukrainienne provoqué par l'homme de 1932-33). Une série de six articles publiés à l'origine par Challenge‐Desafio, le journal du Parti progressiste du Travail, commençant le 25 février 1987.
Je recommande aussi la revue de Arch Getty sur le travail de Conquest de la «London Review of Books», janvier 22, 1987, pp. 7‐8. Je n'ai pas la permission de le mettre sur internet, mais je serais heureux de l'envoyer sous forme PDF à qui me le demanderait.
Le livre de Doug Tottle analyse aussi bien le travail de Conquest que le film nationaliste ukrainien frauduleux «Harvest of Despair» (La récolte du désespoir). Il mérite bien d'être lu. Comme il est épuisé depuis longtemps je suis prêt à fournir une copie en PDF à qui me le demanderait.
Traduction Alexandre MOUMBARIS
Éditions Democrite
J'ai eu récemment l'opportunité d'avoir une entrevue avec le professeur Grover Furr. David Horowitz, dans son nouveau livre, l'avait attaqué parce qu'il avait défendu Staline. J'ai cru bon donc d'avoir le point de vue du professeur Furr.
Je ne suis pas totalement d'accord avec ce qu'il dit, mais en même temps je lui suis très reconnaissant de m'avoir accordé cette entrevue. Des gens comme lui, tout au moins pour ce qui me concerne, peuvent être utiles pour mettre les choses au point concernant l'Union soviétique.
Question: Ce que vous faites, soutenir Joseph Staline, il n'y en a pas beaucoup qui le font même parmi les gauches dans le monde. Pourquoi croyez-vous que ce soit si important?
Réponse: Avant de commencer, je voudrais vous remercier de m'avoir demandé de répondre à ces questions. Ce sont des questions importantes. Elles devraient être le souci de tous ceux dégoûtés par le capitalisme qui veulent étudier l'expérience de ceux qui ont lutté pour un monde libre d'exploitation.
Je ne «soutiens pas Staline» en tant que tel. J'essaie de soutenir la vérité.
Dans le Manifeste communiste, Marx et Engels avaient dit que le prolétariat «n'avait rien à perdre que ses chaînes». J'entends par là que nous ne pouvons pas permettre à nos préjugés, préférences personnelles ou penchants, etc. d'entraver notre quête de la vérité.
Nous ne pouvons pas espérer surmonter le capitalisme sans nous baser sur la réalité objective – chose que le capitalisme est incapable de faire, car il exposerait sa terrible exploitation et brutalité. Par conséquent j'essaye d'être objectif et étudier l'histoire de l'URSS à la lumière des meilleures preuves disponibles.
Q: La perception courante de Joseph Staline est qu'il était un assassin de masse paranoïaque, assoiffé de pouvoir. Ceux qui s'y opposent Staline remarqueront que les purges et la «grande peur» le prouvent. Quelle est votre attitude par rapport à cette période?
R. Si les preuves à propos de Staline étayaient cette opinion, je l'aurai acceptée. Mais ce n'est pas du tout le cas, au contraire. Cette opinion sur Staline provient de deux sources, et ni l'une ni l'autre méritent confiance:
Trotsky et Khrouchtchev, le dernier ayant de loin le plus d'influence. Tous les deux ont menti à un degré à peine imaginable! Des documents provenant des archives soviétiques, publiés depuis la fin de l'URSS (ou, en fait, un peu avant) nous permettent maintenant d'en être certains, toutefois beaucoup le suspectaient depuis bien longtemps.
En Russie depuis le renversement de l'URSS, il y a eu une immense résurgence d'intérêt concernant Staline. Pour la première fois des études objectives ont commencé à paraître. Les preuves montrent que Staline était un homme véritablement remarquable – chose qu'un grand nombre de ses contemporains reconnaissaient aussi.
L'image de Staline faite par Trotsky – Khrouchtchev et popularisée lors de la guerre froide, n'est autre est une fabrication complète, mais reste toujours l'opinion dominante, pour ne pas dire exigée, de l'histoire soviétique. Elle ne peut être maintenue que par un travail parfaitement malhonnête qui ne mérite pas d'être qualifié de scientifique.
En ce moment je termine une longue étude de l'infâme «rapport secret» de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti le 25 février 1956. Dans son allocution il a fait beaucoup de déclarations accusant Staline de crimes terribles. Ce discours a brisé le mouvement communiste et, évidemment, réjoui les anticommunistes et les trotskistes.
Au cours des deux dernières années de recherche j'ai découvert un fait choquant, chaque «révélation» faite par Khrouchtchev à propos de Staline et de Lavrentii Beria était mensongère! Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé une seule occurrence où il disait la vérité.
Récemment j'ai écrit un peu à ce propos dans un article intitulé «Une lecture (non)critique et le discours de l'anticommunisme» que les éditeurs de The Red Critique (la critique rouge) m'ont fait la générosité de publier malgré le fait que leur journal est essentiellement théorique, et mon article principalement historique.
Mon étude détaillée des mensonges de Khrouchtchev dans le «rapport secret» devrait être publié avant la fin de 2006.
Q: Une autre des attaques contre Staline consiste à dire qu'il a provoqué une famine en Ukraine qui a causé des millions de morts. Est-ce que cela, de quelque façon que ce soit, reflète la réalité de cette période?
R. Cela est totalement faux. Cette histoire, en fait, provient à l'origine des Nazis qui l'ont répandue au milieu des années 30'. Aux États-Unis elle a été reprise par les journaux, extrêmement anticommunistes, de Hearst.
Feu Doug Tottle a bien démontré ces faits dans son livre "Fraud, Famine and Fascism. The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard" (Fraude, Famine et Fascisme. Le mythe du génocide ukrainien de Hitler à Harvard) (Toronto: Progress Books, 1987). Tottle était membre du Parti communiste canadien. Quelques – unes de ses affirmations sont défensives, mais il a quand même fait son travail sur la nature frauduleuse de ce mythe.
Après la Seconde Guerre mondiale le mythe de la «famine provoquée en Ukraine» est devenu le credo des groupes pro-nazis nationalistes ukrainiens.
Beaucoup de leurs dirigeants ont été installés aux États-Unis et financés par la CIA pour continuer leur propagande anti-soviétique. Jusqu'au début des années 60 ces groupes fascistes nationalistes ukrainiens avaient aussi des cellules terroristes à l'intérieur de l'URSS.
Aujourd'hui ce mythe fait partie intégrante de l'idéologie nationaliste de l'État ukrainien. Les capitalistes réactionnaires et anciens membres du PCUS qui dirigent l'Ukraine sont obligés de construire une histoire qui légitime le nationalisme ukrainien. Ce mythe de la «famine causée par l'homme» fait partie du projet de formation historique de l'Ukraine. Étant donné que le nationalisme ukrainien a été fasciste dès sa création, sa seule manière de se «légitimer» est d'être férocement anticommuniste. Il y a quelques très bons livres écrits par des anticommunistes de la guerre froide – néanmoins des bons historiens – qui démontrent combien a toujours été fasciste le nationalisme ukrainien. Je recommande:
John A. Armstrong. «Ukrainian Nationalism» (Le nationalisme ukrainien): NY: Columbia University Press, 1963.
Alexander Motyl. «The turn to the right: the ideological origins and development of Ukrainian nationalism, 1919-1929» (Le tournant vers la droite: Les origines idéologiques et le développement du 9 nationalisme ukrainien, 1919-1929). NY: Columbia U.P. 1980.
Une excellente recherche par le Prof. Mark Tauger, de l'University of West Virginia, et d'autres, qui explose totalement le mythe nazi de la «famine causée par l'homme». Je recommande l'article suivant écrit par deux démographes professionnels:
Barbara Anderson and Brian Silver, «Demographic Analysis and Population Catastrophes in the USSR» (Analyse démographique et catastrophes de population en URSS) Slavic Review 44, 3 (Autumn, 1985), pp. 517-536. Disponible à JSTOR.
Robert Conquest, le plus fameux des «érudits» charlatans anti-soviétiques du dernier demi‐siècle, avait été payé $80.000 par des groupes nationalistes ukrainiens pour écrire Une Récolte de Désespoir («A Harvest of Despair»), le principal livre en anglais qui véhicule cette notion. Il s'est appuyé lourdement sur la propagande nazie et ses soi-disant «preuves».
Il y a quelques bonnes critiques de son livre, et de cette question. Ce sont: Jeff Coplon, «In Search of a Soviet Holocaust»
Jeff Coplon, «Rewriting History: How Ukrainian Nationalists Imposed Their Doctored History on our High-School Students» (En réécrivant l'histoire: Comment les nationalistes ukrainiens ont imposé leur histoire trafiquée à nos étudiants du secondaire). Capital Region Magazine (Albany, NY), mars 1988. coplonrewriting88.pdf
«The Hoax of the Man-Made Ukraine Famine of 1932-33 » (Le canular de la Famine ukrainienne provoqué par l'homme de 1932-33). Une série de six articles publiés à l'origine par Challenge‐Desafio, le journal du Parti progressiste du Travail, commençant le 25 février 1987.
Je recommande aussi la revue de Arch Getty sur le travail de Conquest de la «London Review of Books», janvier 22, 1987, pp. 7‐8. Je n'ai pas la permission de le mettre sur internet, mais je serais heureux de l'envoyer sous forme PDF à qui me le demanderait.
Le livre de Doug Tottle analyse aussi bien le travail de Conquest que le film nationaliste ukrainien frauduleux «Harvest of Despair» (La récolte du désespoir). Il mérite bien d'être lu. Comme il est épuisé depuis longtemps je suis prêt à fournir une copie en PDF à qui me le demanderait.
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