« A une époque où certains fabriquent des puces, vous, vous cherchez des poux. » Thomas Friedman, célèbre éditorialiste du New York Times s'adressant aux Arabes
Cet été a été prolifique à la fois en nouvelles scientifiques, kermesse planétaire des Jeux olympiques mais aussi en drames au premier rang desquels on peut citer le chaos en Syrie. S'agissant de la science, nous avons eu successivement la confirmation du boson de Higgs - chaînon manquant du passage de l'énergie en matière-, nous avons été tenus en haleine par le fantastique atterrissage de Curiosity, parti à la recherche de la vie sur Mars. Enfin et c'est le but de cette contribution, la publication du classement Shangaï des universités attendu chaque année à pareille époque.
La mesure de la performance mondiale des universités.
Le classement Shangaï des Universités de la version 2012 a paru. Depuis 2003, le classement de Shanghaï, établit la hiérarchie mondiale des 500 établissements d'enseignement supérieur en fonction des prix et publications de leurs chercheurs et anciens élèves. Le classement privilégie la recherche en sciences exactes, au détriment de l'enseignement, prenant en compte parmi ses critères le nombre de prix Nobel attribués à ses anciens élèves ou à ses chercheurs, le nombre de médailles Fields (équivalent du Nobel en mathématiques), ainsi que les articles publiés dans des revues exclusivement anglo-saxonnes comme « Nature » et « Science ». Dans l'édition 2012, les universités américaines s'arrogent toujours dix-sept des vingt premières places. Le quatuor de tête est inchangé, composé des Universités américaines de Harvard, Standford, Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Berkeley. Le Royaume-Uni conserve deux établissements dans le « Top 10 », au même rang : Cambridge reste 5e et Oxford 10e. En revanche, l'University College of London (21e) perd une place et sort du « Top 20 », au profit de l'Université de Tokyo, qui s'octroie une place. La première université européenne non anglo-saxonne, l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, pointe à la 23e place. (1)
La première française, Paris-Sud, est à la 37e. Classement européen en 2012. Par nombre d'établissements présents dans le « Top 500 », les Etats-Unis arrivent largement en tête avec 150 établissements, suivis par la Chine, le Royaume-Uni (38) et l'Allemagne (37). La France reste 8e, cette fois à égalité avec l'Italie, mais avec 20 universités représentées cette année, soit une de moins qu'en 2011. Trois universités israéliennes figurent dans le classement des 100 meilleures universités mondiales effectué par l'Université de Shangaï. L'université hébraïque de Jérusalem est 53e, Le Technion est 78e et le Centre Wizman 93e. En tout, cinq universités dans le Top 500. L'Arabie Saoudite se retrouve avec deux universités, l'Iran et la Turquie avec un université chacune.
Au total, le milliard de Musulmans se retrouve avec moins de 5 universités dans le Top 500 (les Universités de Téhéran et d'Ankara). Pire, à l'échelle du Monde arabe, seules deux universités saoudiennes formatées à l'américaine sont citées On dit que ce classement est discutable. Le classement se fonde en effet sur six critères, dont le nombre de prix Nobel et de médailles Fields, la fréquence de citations des chercheurs ou le nombre d'articles référencés dans les « meilleures revues » scientifiques. Au départ, Nian Cai Liu, professeur de chimie chinois et spécialiste des polymères, n'est pas un connaisseur du système des palmarès. Il ne s'est lancé qu'en 1999, à la demande de l'équipe dirigeante de l'Université Jiao Tong. « Nous voulions simplement savoir comment nous situer », affirme-t-il. L'idée du gouvernement chinois était d'amener plusieurs de ses universités à un niveau mondial d'ici à 2020. Les établissements chinois sont alors comparés entre eux, puis avec des universités étrangères. En 2003, l'équipe décide de rendre publics ses résultats sur Internet. L'impact est considérable, car il s'agit du premier classement international. Plus les universités publient, plus elles sont avantagées. En quelques années, divers classements (CHE, Financial Times, THE, etc.) se sont imposés et ils ont déjà un impact majeur en matière de politiques publiques. (2)
On sait que la proportion du PIB d'un pays consacrée à la recherche et au développement (R & D), publiée depuis longtemps par l'Ocde offre une mesure comparée des niveaux d'activités de R & D des pays. Il est vrai que ce classement n'accorde aussi aucune importance à la notion de « qualité de l'enseignement » ou de « réussite de l'étudiant » : sujets sur lesquels les facs françaises ont misé tous leurs efforts et dont les progrès commencent à se faire sentir. Les pays anglo-saxons, eux, misent sur d'énormes campus réunissant toutes les disciplines. Pour rappel, dans le même temps, de nombreux organismes internationaux travaillent à l'élaboration de nouveaux classements axés sur de nouveaux critères. C'est le cas des rapports « Pisa » et de « l'International Ranking Expert Group ».
Du fait que les universités françaises sont mal classées, il est courant de chercher les failles de la méthode Shangaï. Pour Geneviève Fioraso, ministre français de l'Enseignement supérieur, le classement de Shanghaï est surtout un outil marketing qui ne prend pas en compte les sciences humaines et sociales, ignore la qualité de l'enseignement et de critères comme le taux de réussite des étudiants, leur encadrement...C'est donc très parcellaire et réducteur, même si les comparaisons internationales sont toujours intéressantes. (...) Il s'agit de revaloriser l'image des universités en termes d'enseignement, d'y attirer les bacheliers scientifiques, notamment ceux qui ont décroché une mention, de faire réussir nos étudiants. Nos professeurs sont de bonne qualité et il suffit parfois de mesures en apparence modestes, de rendre ces petits services qui font la différence, accueillir les étudiants au cours d'universités d'été - beaucoup le font mais pas toutes -, mieux les orienter, rassurer les familles, développer le tutorat, soigner l'environnement, stimuler l'innovation. (3)
Le cas de l'Iran
Le cas de l'Iran dont l’université de Teheran est dans le top 500 est un cas d'école. Bien que peu favorisé par le classement, c'est un pays où science et technologie ont une signification. Sans remonter jusqu'à Ibn Sina ou Al Khawarizmi et la découverte du zéro du côté de Ninive, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que beaucoup d'autres pays. L'Iran fabrique ses avions, ses chars, ses bateaux, ses fusées et ses satellites et sait enrichir l'uranium. Enfin, tout le monde se souvient comment la prouesse technologique des chercheurs qui leur a permis d'intercepter et de faire atterrir sans dégât le drone furtif américain de dernière génération.
Quel est le secret ? Le taux d'alphabétisation est de 86 pour cent », 3.572.000 étudiants en 2008. Pour être accepté dans une université, les étudiants doivent passer un examen national d'entrée en université, qui a lieu une fois par an. Environ deux millions de candidats s'y présentent chaque année, mais seulement 100.000 sont acceptés (soit 5%). Il faut être classé dans les 5000 meilleurs pour étudier dans les meilleures universités (dans les 100 meilleurs pour entrer dans une école de médecine de Téhéran). Cette avancée à marche forcée vers le développement a un nom : la force de l'enseignement supérieur et la pertinence d'une recherche de qualité avec des moyens adéquats et une exigence de tous le instants. « Forget Harvard - One of the world's best undergraduate colleges is in Iran », c'est le titre d'un article d'Afshin Molavi publié dans Newsweek le 18 août 2008. On y relève quelques éléments aussi intéressants que... surprenants ! En 2003, surprise des responsables du département d'« Electronical Engineering » de l'Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d'admission à leur cycle Ph.D. proviennent d'un même pays et d'un même établissement : la « Sharif University of Science and Technology » en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l'un des meilleurs programmes « undergraduate » (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge. Un excellent corps enseignant scientifique. Priorité donnée aux sciences dans les programmes scientifiques des lycées. Un succès certes surprenant, mais qui - c'est certain - ne doit rien au hasard (4).
En Algérie, les universités forment des docteurs sans issue. La recherche est tellement déconnectée de la réalité que quand, après une thèse, on veut travailler toutes les portes étaient fermées. Les chercheurs renfermés dans leurs cocons, ne pensent pas à offrir des résultats rentables. De plus, il n'y a pas eu d'ouverture sur d'autres disciplines, les chercheurs passent leur vie sur un seul thème de recherche quitte à mourir avec, même s'il n'est plus d'actualité. C'est tout le système de la recherche qu'il faut revoir et surtout des débouchés de la recherche qui doit être en prise directe avec la réalité.
Cet été a été prolifique à la fois en nouvelles scientifiques, kermesse planétaire des Jeux olympiques mais aussi en drames au premier rang desquels on peut citer le chaos en Syrie. S'agissant de la science, nous avons eu successivement la confirmation du boson de Higgs - chaînon manquant du passage de l'énergie en matière-, nous avons été tenus en haleine par le fantastique atterrissage de Curiosity, parti à la recherche de la vie sur Mars. Enfin et c'est le but de cette contribution, la publication du classement Shangaï des universités attendu chaque année à pareille époque.
La mesure de la performance mondiale des universités.
Le classement Shangaï des Universités de la version 2012 a paru. Depuis 2003, le classement de Shanghaï, établit la hiérarchie mondiale des 500 établissements d'enseignement supérieur en fonction des prix et publications de leurs chercheurs et anciens élèves. Le classement privilégie la recherche en sciences exactes, au détriment de l'enseignement, prenant en compte parmi ses critères le nombre de prix Nobel attribués à ses anciens élèves ou à ses chercheurs, le nombre de médailles Fields (équivalent du Nobel en mathématiques), ainsi que les articles publiés dans des revues exclusivement anglo-saxonnes comme « Nature » et « Science ». Dans l'édition 2012, les universités américaines s'arrogent toujours dix-sept des vingt premières places. Le quatuor de tête est inchangé, composé des Universités américaines de Harvard, Standford, Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Berkeley. Le Royaume-Uni conserve deux établissements dans le « Top 10 », au même rang : Cambridge reste 5e et Oxford 10e. En revanche, l'University College of London (21e) perd une place et sort du « Top 20 », au profit de l'Université de Tokyo, qui s'octroie une place. La première université européenne non anglo-saxonne, l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, pointe à la 23e place. (1)
La première française, Paris-Sud, est à la 37e. Classement européen en 2012. Par nombre d'établissements présents dans le « Top 500 », les Etats-Unis arrivent largement en tête avec 150 établissements, suivis par la Chine, le Royaume-Uni (38) et l'Allemagne (37). La France reste 8e, cette fois à égalité avec l'Italie, mais avec 20 universités représentées cette année, soit une de moins qu'en 2011. Trois universités israéliennes figurent dans le classement des 100 meilleures universités mondiales effectué par l'Université de Shangaï. L'université hébraïque de Jérusalem est 53e, Le Technion est 78e et le Centre Wizman 93e. En tout, cinq universités dans le Top 500. L'Arabie Saoudite se retrouve avec deux universités, l'Iran et la Turquie avec un université chacune.
Au total, le milliard de Musulmans se retrouve avec moins de 5 universités dans le Top 500 (les Universités de Téhéran et d'Ankara). Pire, à l'échelle du Monde arabe, seules deux universités saoudiennes formatées à l'américaine sont citées On dit que ce classement est discutable. Le classement se fonde en effet sur six critères, dont le nombre de prix Nobel et de médailles Fields, la fréquence de citations des chercheurs ou le nombre d'articles référencés dans les « meilleures revues » scientifiques. Au départ, Nian Cai Liu, professeur de chimie chinois et spécialiste des polymères, n'est pas un connaisseur du système des palmarès. Il ne s'est lancé qu'en 1999, à la demande de l'équipe dirigeante de l'Université Jiao Tong. « Nous voulions simplement savoir comment nous situer », affirme-t-il. L'idée du gouvernement chinois était d'amener plusieurs de ses universités à un niveau mondial d'ici à 2020. Les établissements chinois sont alors comparés entre eux, puis avec des universités étrangères. En 2003, l'équipe décide de rendre publics ses résultats sur Internet. L'impact est considérable, car il s'agit du premier classement international. Plus les universités publient, plus elles sont avantagées. En quelques années, divers classements (CHE, Financial Times, THE, etc.) se sont imposés et ils ont déjà un impact majeur en matière de politiques publiques. (2)
On sait que la proportion du PIB d'un pays consacrée à la recherche et au développement (R & D), publiée depuis longtemps par l'Ocde offre une mesure comparée des niveaux d'activités de R & D des pays. Il est vrai que ce classement n'accorde aussi aucune importance à la notion de « qualité de l'enseignement » ou de « réussite de l'étudiant » : sujets sur lesquels les facs françaises ont misé tous leurs efforts et dont les progrès commencent à se faire sentir. Les pays anglo-saxons, eux, misent sur d'énormes campus réunissant toutes les disciplines. Pour rappel, dans le même temps, de nombreux organismes internationaux travaillent à l'élaboration de nouveaux classements axés sur de nouveaux critères. C'est le cas des rapports « Pisa » et de « l'International Ranking Expert Group ».
Du fait que les universités françaises sont mal classées, il est courant de chercher les failles de la méthode Shangaï. Pour Geneviève Fioraso, ministre français de l'Enseignement supérieur, le classement de Shanghaï est surtout un outil marketing qui ne prend pas en compte les sciences humaines et sociales, ignore la qualité de l'enseignement et de critères comme le taux de réussite des étudiants, leur encadrement...C'est donc très parcellaire et réducteur, même si les comparaisons internationales sont toujours intéressantes. (...) Il s'agit de revaloriser l'image des universités en termes d'enseignement, d'y attirer les bacheliers scientifiques, notamment ceux qui ont décroché une mention, de faire réussir nos étudiants. Nos professeurs sont de bonne qualité et il suffit parfois de mesures en apparence modestes, de rendre ces petits services qui font la différence, accueillir les étudiants au cours d'universités d'été - beaucoup le font mais pas toutes -, mieux les orienter, rassurer les familles, développer le tutorat, soigner l'environnement, stimuler l'innovation. (3)
Le cas de l'Iran
Le cas de l'Iran dont l’université de Teheran est dans le top 500 est un cas d'école. Bien que peu favorisé par le classement, c'est un pays où science et technologie ont une signification. Sans remonter jusqu'à Ibn Sina ou Al Khawarizmi et la découverte du zéro du côté de Ninive, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que beaucoup d'autres pays. L'Iran fabrique ses avions, ses chars, ses bateaux, ses fusées et ses satellites et sait enrichir l'uranium. Enfin, tout le monde se souvient comment la prouesse technologique des chercheurs qui leur a permis d'intercepter et de faire atterrir sans dégât le drone furtif américain de dernière génération.
Quel est le secret ? Le taux d'alphabétisation est de 86 pour cent », 3.572.000 étudiants en 2008. Pour être accepté dans une université, les étudiants doivent passer un examen national d'entrée en université, qui a lieu une fois par an. Environ deux millions de candidats s'y présentent chaque année, mais seulement 100.000 sont acceptés (soit 5%). Il faut être classé dans les 5000 meilleurs pour étudier dans les meilleures universités (dans les 100 meilleurs pour entrer dans une école de médecine de Téhéran). Cette avancée à marche forcée vers le développement a un nom : la force de l'enseignement supérieur et la pertinence d'une recherche de qualité avec des moyens adéquats et une exigence de tous le instants. « Forget Harvard - One of the world's best undergraduate colleges is in Iran », c'est le titre d'un article d'Afshin Molavi publié dans Newsweek le 18 août 2008. On y relève quelques éléments aussi intéressants que... surprenants ! En 2003, surprise des responsables du département d'« Electronical Engineering » de l'Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d'admission à leur cycle Ph.D. proviennent d'un même pays et d'un même établissement : la « Sharif University of Science and Technology » en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l'un des meilleurs programmes « undergraduate » (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge. Un excellent corps enseignant scientifique. Priorité donnée aux sciences dans les programmes scientifiques des lycées. Un succès certes surprenant, mais qui - c'est certain - ne doit rien au hasard (4).
En Algérie, les universités forment des docteurs sans issue. La recherche est tellement déconnectée de la réalité que quand, après une thèse, on veut travailler toutes les portes étaient fermées. Les chercheurs renfermés dans leurs cocons, ne pensent pas à offrir des résultats rentables. De plus, il n'y a pas eu d'ouverture sur d'autres disciplines, les chercheurs passent leur vie sur un seul thème de recherche quitte à mourir avec, même s'il n'est plus d'actualité. C'est tout le système de la recherche qu'il faut revoir et surtout des débouchés de la recherche qui doit être en prise directe avec la réalité.
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