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« Alger blues » de Mostefa Harkat …De nostalgie et d’attente

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  • « Alger blues » de Mostefa Harkat …De nostalgie et d’attente

    "Le temps d’une halte, d’une attente de quelqu’un qui, peut-être, ne viendra pas, ne viendra jamais… Il faut aller à sa rencontre ailleurs.".....Le roman de Mostefa Harkat Alger Blues, qui vient de paraître aux éditions Afak, résonne comme une mélodie, un air de musique constant à l’oreille.

    En plus de cette particularité «mélodique», l’histoire est intrigante, surprenante. Elle retrace la vie plutôt originale d’un homme qui évolue au fil de notre lecture. Tout est dans le détail, tout s’ouvre grâce à de petites «clés» présentes dans le texte.

    «Chacun traîne ses soucis. Le mien, c’est Virginie qui ne vient pas. J’observe la route, guette les taxis. Derrière moi, ce petit immeuble à trois étages qui semble dormir encore ; seules quelques fenêtres sont ouvertes.» Par son style fluide, l’auteur nous incite à l’accompagner dans son histoire : celle de l’enfant, du jeune homme, du père, du mari, de l’écrivain...

    Dans ce livre, l’auteur s’appuie sur des souvenirs qui le suivront sans doute jusqu’à sa mort, car la vie est faite de choix, mais aussi de destin que parfois on ne peut changer. «Depuis un certain temps, je n’ai aucune ambition. Cette licence de mathématiques que je viens de décrocher si jeune a rempli les miens de fierté.

    Mais moi, j’ai l’impression de n’avoir fait que me déplacer de théorème en théorème, de démonstration en démonstration et je suis arrivé au bout sans gloire, un peu tristement, me demandant souvent : qu’est-ce que c’est que ce monde abstrait des signes qui n’a rien à voir avec le réel ?» Ce monde abstrait et parfois absurde que Mostefa Harkat décrit est aussi le nôtre.

    Lorsqu’il est venu faire la promotion de son livre, je découvrais cet homme humble, presque effacé, un tempérament des grands ; mais aussi, chez nous, c’est presque une honte d’être écrivain ou d’avoir seulement des idées. Cette attitude singulière est souvent perçue comme une maladie dans un monde où les valeurs sont inversées.

    En lisant ce beau roman plein de nostalgie et d’espoir, l’auteur me rappelle le film de Daryl Duke Les oiseaux se cachent pour mourir. Dans ce roman, l’auteur nous retrace la vie de couple, les expériences professionnelles, les drames, les déboires, l’attente..., bref, ce qui fait une vie tout à fait ordinaire mais bien racontée.

    Il y a une légèreté dans le récit, un bain de jouvence à replonger des années en arrière, se rappeler nos propres souvenirs. L’histoire est parfois inégale, faite parfois de passages à vide : souvent pour marquer les quêtes d’identité du narrateur, ses quêtes de vérité, d’amour pour sa dulcinée, ses errances et ses incertitudes qui l’ont mené «en bateau», fait divaguer dans ses expériences et son vécu, mais il demeure un bon auteur au style limpide et sans fioritures avec une construction très originale.

    Alger blues aurait pu être une juxtaposition de réminiscences et se révéler décousu. Il n’en est rien, le tout est bien lié. Cette alternance de phrases longues et de phrases nominales, parfois composées d’un seul mot, permet au lecteur de vivre et de ressentir au rythme du personnage qui évolue sous nos yeux, tantôt taraudé par la nostalgie, tantôt tourné résolument vers l’avenir.

    L’écriture maîtrisée de l’auteur sait parfaitement rendre compte des émotions du personnage et aussi de la cocasserie de certains événements. B. R.

    Le Jeune Independant
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