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La guerre civile algérienne et la communauté internationale

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  • La guerre civile algérienne et la communauté internationale

    Publié par le Centre GLORIA,
    Centre Interdisciplinaire, Herzliya

    Volume 3, No. 1, Article 3/6 - Mars 2008

    LA GUERRE CIVILE ALGÉRIENNE ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, 1989-1999
    Djallil Lounnas*

    Cette étude vise à déterminer l'impact de la contrainte internationale sur la gestion de la crise islamiste par le pouvoir algérien entre 1989 et 1999. Cette contrainte internationale est défini par la contrainte politique, c'est-à-dire l'évolution des soutiens politiques et économiques de la communauté internationale au régime algérien, et par la contrainte économique, soit l'évolution de la situation économique de l'Algérie durant cette période. Il sera montré que le régime algérien n'a été sensible à la contrainte politique internationale que lorsque la situation économique du pays était désastreuse.

    Le 26 décembre 1991, le monde apprenait avec un mélange de stupeur, de perplexité et de circonspection la victoire aux élections législatives en Algérie du Front Islamique du Salut (FIS), le parti fondamentaliste algérien. Avec 47 pour cent des suffrages exprimés et 188 députés élus, le FIS frôlait ainsi dès le premier tour la majorité absolue.[1] Le 11 janvier 1992, soit deux semaines plus tard, le Président Chadli Benjedid « était démissionné » de son poste après avoir, auparavant, dissous l'Assemblée Nationale sortante. Le Haut Conseil de Sécurité (HCS), organisme presque exclusivement composé de militaires, se réunissait alors et, constatant « la vacance du pouvoir et l'impossibilité de poursuivre le processus électoral », annulait le second tour des élections législatives et créait le Haut Comité d'Etat (HCE), l'instance collégiale chargée de diriger l'exécutif.[2] Dans les semaines qui suivirent, le FIS était dissous et plusieurs milliers de ses militants arrêtés; ceux qui échappèrent aux arrestations prirent la fuite et formèrent les premiers maquis islamistes. Ainsi, l'Algérie venait, de ce fait, d'entrer dans une guerre civile meurtrière qui allait, en une seule décennie, faire plus de 100 000 morts.[3] Enfin cette crise faisait de l'Algérie « un véritable laboratoire d'expérimentation » pour les pays du monde Arabe également menacés par l'islamisme.[4]
    La présente étude a pour objet d'examiner l'impact de la contrainte externe sur la gestion de la crise islamiste par le régime algérien, un impact trop souvent ignoré par les analystes. En effet, cette crise et son impact sur le régime algérien ont été très souvent perçus par la plupart des spécialistes comme étant fonction de l'évolution des rapports de forces internes et notamment, de l'évolution de la contestation islamiste.[5]

    À cet égard, le contexte international de 1989, consécutif à la fois à la chute du bloc de l'Est et à l'effondrement des prix du pétrole, avait permis à la faction réformatrice du régime algérien d'émerger et d'entreprendre des réformes politiques et économiques dans un pays en panne de développement depuis presque dix ans et donc menacé par une terrible explosion sociale. Dès lors, on peut penser que le facteur externe, qui avait alors fortement ébranlé le régime de l'intérieur en 1989, allait continuer de l'influencer durant la crise des années 1990. D'autre part, l'opposition islamiste, accusant l'Occident de soutenir le régime algérien, avait non seulement fait assassiner en représailles plusieurs centaines de ressortissants occidentaux qui vivaient en Algérie mais avait également orchestré, en 1995, une vaste campagne d'attentats en France.[6] Et c'est aussi durant cette même période que l'opposition démocratique en Algérie avait demandé aux pays occidentaux de faire pression sur le régime en place pour une plus grande ouverture démocratique et pour l'obliger à négocier avec les islamistes.[7]

    Ainsi, c'est dans un contexte clairement international que le régime algérien a dû gérer la crise islamiste. Aussi, il s'agira dans cette étude de montrer dans quelle mesure ce contexte a déterminé les positionnements du régime et de ses différentes factions. Ce texte émet l'hypothèse que le régime algérien a été, en fait, peu sensible aux pressions externes lorsque la situation économique du pays, très dépendante des fluctuations des prix du pétrole, était bonne.

    Cette étude porte sur la période couvrant les années 1989-1999[8] et se divise en trois parties. La première présentera le régime algérien, à savoir son fonctionnement, sa logique et les politiques appliquées (dialogue ou répression) dans sa lutte contre les islamistes. La deuxième, qui porte sur l'étude des contraintes externes, notamment politiques et économiques, permet de comparer les changements de politiques opérés par le régime à l'encontre des islamistes, en tenant compte d'un environnement international, tantôt favorable, tantôt défavorable à son égard. Enfin, la dernière partie sera consacrée à l'étude des options qui s'offraient à la communauté internationale pour faire pression sur le régime ainsi qu'à ses différentes attitudes. Cette étude montrera que la communauté internationale, maintenue par Alger dans un cadre stratégique de son choix, n'avait en fait que très peu d'alternatives à un soutien conditionnel.

    LE RÉGIME ALGÉRIEN

    Cette partie a pour objet de dégager la logique du système algérien, sa méthode de fonctionnement et d'analyser ses différentes politiques dans sa lutte contre l'islamisme.

    Un système clanique

    Le régime algérien peut être défini comme un régime clanique dont l'unique but est de « survivre à tout prix ». Said Sadi, président du parti laïque et anti-islamiste, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), explique que le régime est formé « d'une coterie dont le code n'est guidé que par un seul mobile : l'intérêt... ces clans n'ont ainsi aucun objectif durable, les coûts et les conséquences de leurs actes leslaissent indifférents ».[9] Ces clans, extrêmement mouvants et mus par leurs seuls intérêts « se font et se défont au gré des circonstances, des rapports de forces du moment,... de relations personnelles et d'allégeances si obscures qu'on renonce à les décrypter.... Leur sophistication n'a d'égale que leur omniprésence et leur infinie mobilité ».[10]
    Comme l'explique Taheri Amir[11] : « ce système repose sur un pouvoir central occulte autour duquel gravitent, en cercles concentriques, ceux ayant un rôle déterminant à jouer : les ministres, les gouverneurs, les ambassadeurs et les militaires de haut rang ». Il considère que le système serait donc une oligarchie formée de coalitions « au sein de laquelle coexistent des sensibilités et des intérêts très différents les uns des autres ».[12] Ses composantes, les élites politiques et militaires, refusent à tout prix de céder le pouvoir, un refus d'ailleurs confirmé par un ancien haut responsable : « pendant trente ans, nous avons pu nous planter mutuellement des couteaux dans le dos, mais nous étions unis par une seule certitude : nos enfants devaient nous succéder... ».[13] Les clans peuvent donc se déchirer et sacrifier des hommes, mais ils se doivent, avant tout, de rester solidaires les uns des autres afin de conserver le pouvoir. Cet aspect est encore souligné par Taheri Amir lorsqu'il remarque que, malgré leur division sur la ligne à suivre vis-à-vis des islamistes, les différentes composantes du système ont toutefois fait front commun contre eux, en janvier 1992, afin d'empêcher leur accession au pouvoir.[14]

    Cependant, la double crise politique et économique que traversait l'Algérie depuis 1989 allait contribuer à dramatiser cette dimension clanique du régime. En effet, jusqu'en 1989, le système fonctionnait selon un consensus où le président, choisi par ses pairs, le plus souvent des militaires, représentait l'expression d'un équilibre entre les décideurs.[15] Ce système de consensus est clairement illustré par le processus qui a mené à la nomination, en 1979, de Chadli Benjedid à la présidence de la République. Le général Khaled Nezzar, ancien Ministre de la Défense, décrit ce système de cooptation en révélant que la nomination de Chadli Benjedid avait été décidée par les plus hauts responsables de l'État parce qu'il était « le plus malléableet le moins brillant ».[16] Il explique aussi que : « Les responsables désignent toujours celui que l'on peut facilement manipuler.... On ne se désigne pas soi-même, on ne vajamais directement au feu : on désigne quelqu'un d'autre ».[17]

    En fait, l'émergence de la contestation islamiste va créer une asymétrie totale dans les positions des différents clans vis-à-vis des islamistes, c'est-à-dire entre ceux qui estimaient que l'intérêt du système résidait dans leur intégration au sein du pouvoir et ceux qui y étaient totalement opposés. Aussi, des crises violentes vont secouer le régime et donneront lieu à des coups d'États, des assassinats et des évictions. Cependant, ces crises ne remettront pas fondamentalement en cause ni le régime ni son fonctionnement consensuel. Cela est d'ailleurs clairement exprimé dans cette déclaration d'un haut-responsable : « nous savions que le jour où cette loi serait rompue, cela en serait fini de nous, car la rue, elle, ne se contenteraitpas d'une tête, mais les exigerait toutes ».[18] En réalité, comme il sera vu par la suite, le pouvoir a toujours refusé de faire des concessions en vue de se réformer, sauf lorsqu'il s'est retrouvé acculé dans ses « derniers retranchements ». Mais, là encore, il n'a fait que des concessions marginales qui, évidemment, n'entamaient pas sa cohérence.

  • #2
    Les clans algériens face à la crise

    Face à la crise économique et politique, il est possible d'identifier les clans suivants[19] :

    * Les réformateurs, favorables à une libéralisation économique et à une ouverture politique contrôlée. Ce clan est majoritairement composé de jeunes technocrates universitaires, souvent formés à l'étranger, qui ont une vision plus libérale de la société algérienne.
    * Les conservateurs, qui résistent à tout changement et à toute perte de leurs privilèges. Ce clan est composé essentiellement des vielles élites qui ont dirigé le pays depuis son indépendance.

    Cependant, dans leur confrontation au problème islamiste, ces deux clans allaient, à leur tour, se diviser en deux autres clans,[20] à savoir :

    * Les éradicateurs, partisans d'une liquidation pure et simple de la contestation islamiste. Principalement composé de militaires de haut rang dont notamment, Khaled Nezzar, ministre de la Défense de 1989 à 1993, le général Lamari, chef d'état-major de l'Armée Nationale Populaire (ANP) depuis 1993, et le général Mohamed Médiene, chef des Services de Renseignements depuis 1991.[21] Ce clan bénéficie par ailleurs du soutien de civils parmi lesquels figurent Réda Malek, premier Ministre de 1993 à 1994 et Said Sadi, chef de file du RCD ainsi que de la presse dite « indépendante ».

    * Les dialoguistes, partisans d'un dialogue avec les islamistes et prêts à faire certaines concessions à la marge aux seules fins d'arrêter la violence. Parmi eux, on peut citer le président Liamine Zeroual (1994-1999), le général Derradji, commandant de la Gendarmerie nationale.[22] Leur principal soutien civil était Abdelhak Benhamouda, chef de l'Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) qui a été assassiné par le GIA en 1996.

    Les réformateurs sont considérés comme ayant été plus sensibles à la contrainte économique que les conservateurs. Ces derniers estimant que l'État devait contrôler l'économie alors que les réformateurs, favorables aux échanges internationaux, voulaient au contraire une économie plus ouverte sur le monde extérieur. De même, les dialoguistes ont été plus attentifs à la contrainte politique que les éradicateurs, ces derniers refusant toute forme de concessions aux islamistes, quelles que soient les circonstances, alors que les dialoguistes étaient favorables au principe d'une ouverture vis-à-vis de l'opposition.
    Les groupes ou clans qui se sont succédés à la tête du pouvoir durant cette période peuvent être, dès lors, identifiés comme suit :

    * Les réformateurs-dialoguistes (1989-1991) : sensibles à la double contrainte économique et politique puisqu'ils ont mené une politique d'ouverture par la légalisation de plusieurs partis d'opposition, dont le FIS, tout en adoptant des réformes économiques. Ainsi, par cette ouverture démocratique, le Gouvernement espérait gagner le soutien de la communauté internationale, d'une part, pour résoudre le problème de la dette extérieure et, d'autre part, pour obtenir son assistance dans la mise en Å“uvre de réformes économiques et politiques.[23] Cependant leur échec à « gérer » la montée en puissance des islamistes a conduit à leur mise à l'écart en 1991.

    * Les conservateurs-éradicateurs (1992-1994) : face à la montée du danger islamiste, ces derniers vont arrêter l'expérience démocratique afin d'empêcher la prise de pouvoir par le FIS (coup d'état de 1992) et mener une répression implacable contre les islamistes malgré la réprobation internationale générale et celle, notamment, de FranÏ‚ois Mitterrand qui qualifia le coup d'État « d'acte anormal ».[24] Enfin, des réformes économiques furent arrêtées.[25]

    * Les réformateurs-dialoguistes (1994-1995) : sensibles aux contraintes politique et économique. En effet, compte-tenu de la baisse des prix du pétrole, les réformes économiques, qui avaient alors repris, allaient permettre le redémarrage des négociations avec le FMI. Durant cette même période, le gouvernement s'engagea aussi dans une série de négociations avec l'opposition islamiste.[26]

    * Les réformateurs-éradicateurs (1995-1999) : ils reprirent une politique répressive à l'encontre de l'insurrection islamiste et se montrèrent ainsi particulièrement insensibles à la contrainte internationale. Dans ce contexte, on peut rappeler l'incident diplomatique entre les présidents Chirac et Zeroual à New York, en Octobre 1995, ainsi que le rejet du « Projet de sortie de crise deRome » formulé et signé en janvier 1995 par les partis de l'opposition démocratique et les responsables du FIS en exil.[27] Toutefois, le gouvernement poursuivit les réformes économiques et entreprit un nouveau processus de libéralisation politique, mais de manière très contrôlée.[28]

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    • #3
      LA CONTRAINTE INTERNATIONALE

      Ainsi, en vue d'évaluer l'influence de la contrainte internationale sur le régime algérien, il y a tout d'abord lieu de définir celle-ci. Elle sera déterminée, ci-après, dans sa double dimension politique et économique.

      * La contrainte politique sera reflétée par la variation des soutiens politiques et économiques des principaux pays, ayant un rôle majeur sur la scène internationale et avec lesquels l'Algérie a des relations politiques. Le choix portera, notamment, sur les États-Unis et sur l'Europe, particulièrement la France. Les positions de l'Arabie Saoudite, de l'Iran ainsi que celles du Maroc seront également étudiées. En ce qui concerne les deux premiers, ce choix se justifie par les relations particulières que ces deux pays entretenaient alors avec le FIS. Pour le Maroc, il se justifie en raison de sa rivalité régionale persistante avec l'Algérie.[29]

      * La contrainte économique s'évaluera en fonction de la situation des marchés pétroliers du fait, que 96 pour cent des revenus extérieurs de l'Algérie proviennent de ses exportations d'hydrocarbures. Elle se reflètera aussi par la situation des montants et ratio de sa dette, ainsi que par celle du montant de ses réserves de change. Ces deux indicateurs importants mesurent le degré de vulnérabilité de l'Algérie aux pressions extérieures.

      La dynamique internationale et l'économie algérienne

      Les États-Unis : deux positions différentes

      Durant la période 1989-1999, deux courants d'interprétation de la crise algérienne ont été mis de l'avant par chercheurs américains et ont influencé la politique du gouvernement américain vis-à-vis de l'Algérie. Le premier est « pro-gouvernemental » dans la mesure où il tend à considérer, que la viabilité d'un Etat démocratique en Algérie ne peut émerger qu'avec les institutions déjà existantes et dont le seul renforcement est en mesure d'assurer la stabilité et le développement de la société algérienne.[30] Selon ce courant, le FIS ne vise qu'au démantèlement de ces institutions et il est donc normal, que ce parti soit exclu du jeu politique. Cette approche préconise un soutien absolu au régime et estime qu'il n'y a pas de différence entre islamistes modérés et islamistes radicaux étant donné que, pour tous, « la loi de Dieu invalide celle de l'homme ».[31] Cependant, ce courant de pensée est remis en question par l'école des « pro-démocraties ».[32] Cette dernière estime que le régime d'Alger ne peut en aucune manière évoluer et toute aide en sa faveur serait une erreur puisqu'il est, tôt ou tard, condamné à s'effondrer. De plus, aux yeux des islamistes qui s'opposent, dans tous les cas, à l'Occident, une aide des États -Unis au régime algérien ne pourrait que renforcer leur haine anti-occidentale. Ils estiment qu'une victoire islamiste est inévitable. C'est alors, que les États-Unis doivent agir de manière à ce que la prise de pouvoir se fasse le plus démocratiquement possible.[33]

      La France et l'Europe : les divergences droite-gauche

      Du fait de l'importance et de la diversité des relations (politiques, économiques, historiques et culturelles) entre l'Algérie et la France et du poids prépondérant de cette dernière au sein de l'Union européenne, l'Europe s'est, de manière générale, sensiblement alignée sur la position française dans la crise algérienne. En fait, deux grandes tendances ont défini la politique de Paris à l'égard d'Alger. La première, celle de la gauche, a défendu le retour à la légalité démocratique en Algérie et s'est opposée au coup d'État de janvier 1992. Cette position s'explique par les liens très étroits entre la gauche française et le parti algérien du FFS (Front des Forces Socialistes), qui s'est opposé au coup.[34] La seconde tendance, représentée par la droite, considérait que toute distinction entre islamistes modérés et islamistes radicaux n'était « qu'un vÅ“u pieu »[35] et apporta un soutien inconditionnel au régime d'Alger. Toutefois, la politique française a été surtout guidée par le pragmatisme La droite et la gauche, ont toutes deux en fin de compte, soutenu le régime d'Alger. En effet, Lionel Jospin alors premier ministre français, devait reconnaître en 1997, que : « le gouvernement français est contraint dans son expression vis-à-vis de l'Algérie ».[36]

      Le monde arabe : entre idéologie et intérêt

      En suivant une politique qui vise à contenir la révolution iranienne et étendre le wahhabisme dans le monde arabe, l'Arabie Saoudite apporte un soutien financier massif au FIS,[37] par le biais d'une association basée à Ryad, the World Daw'a League.[38] Avec le Maroc, l'Algérie a toujours des relations tendues, ainsi que l'illustrent les guerres de 1963 et 1976-1977 entre eux.[39] D'ailleurs, le problème principal entre les deux pays provient du soutien algérien au mouvement séparatiste POLISARIO. En fait, Alger a souvent accusé Rabat de jouer « la carte islamiste » comme monnaie d'échange sur cette question et donc d'entretenir des relations équivoques avec les islamistes algériens dans le but de la faire fléchir.

      L'Iran : l'effet de souffle de la révolution

      La victoire de Khomeini et l'avènement d'une république islamique en Iran, en 1979, ont bouleversé le monde arabo-musulman moderne et galvanisé ses islamistes, en montrant qu'il était possible de renverser des régimes forts et de gouverner un pays selon les règles et lois de l'Islam.[40] En Algérie, l'agitation islamiste est, en fait, apparue au début des années 1980 et plusieurs membres de groupes islamistes armés y avaient déjà, à l'époque, suivi un entraînement militaire dans la perspective de préparer un soulèvement.[41] L'Iran exprima très vite sa sympathie au FIS et lui apportaun soutien organisationnel et financier, et lui fournit plus tard des armes.[42]

      La structure de l'économie algérienne

      L'économie algérienne s'était, en fait, construite dans les années 70 sur la base d'un modèle de développement autocentré afin d'éviter, le plus possible, le recours aux investissements étrangers. Fondé sur une stratégie nationaliste et volontariste, ce modèle visait à ce que le pays n'utilise que ses propres ressources pour investir et s'industrialiser,[43] et ce, afin d'asseoir l'indépendance politique du pays.[44] Ce fut la stratégie des « industries industrialisantes» fondée sur l'idée que l'industrie possède des vertus de développement de par ses effets induits sur le reste de l'économie. La priorité de l'investissement devait alors aller aux industries et produire un effet d'entraînement sur la création d'autres branches industrielles.[45] L'économie algérienne devient lourdement dépendante du financement de ces investissements, qui devait être assuré par les revenus provenant des exportations d'hydrocarbures. Plus de trente ans après, cet état de fait demeure inchangé, malgré de nombreuses réformes économiques.

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      • #4
        La contrainte internationale et la guerre civile algérienne

        Période 1989-1991

        Durant cette période, la position de la communauté internationale à l'endroit de l'Algérie a été favorable. En effet, à la suite du contre-choc pétrolier de 1986, les revenus pétroliers s'étaient effondrés et passaient de 13 à neuf milliards de dollars en 1989,[46] tandis que la croissance économique devenait négative (moins quatre pour cent en 1990) .[47] Par ailleurs, le gouvernement était isolé au plan international, après la chute de son principal allié, à savoir l'URSS, de même qu'au plan régional, en raison de la persistance du conflit au Sahara Occidental. De ce fait, en vue de gagner un soutien international, le régime algérien, dominé par les réformateurs, entama une politique d'ouverture politique et de libéralisation économique (fin du monopole de l'État sur le commerce extérieur, indépendance de la Banque Centrale).[48] Cette politique fut appuyée par les États-Unis[49] et la France, qui accorda à l'Algérie non seulement un crédit de quatre milliards de francs, mais également un régime de prix préférentiel pour l'achat de gaz algérien.[50] L'Arabie Saoudite, de son côté, si elle soutint ce processus, continua d'apporter un soutien financier au FIS.[51] Le Maroc, également, adopta une attitude positive à la suite du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et collabora étroitement avec Alger face à la montée périlleuse de l'islamisme.[52] Par contre, les relations avec l'Iran demeurèrent tendues depuis les années 80.[53] En fin de compte, ces réformes paraissaient très limitées et superficielles car le Président avait pris soin de se faire réélire et de renouveler l'assemblée dominée par le FLN avant d'ouvrir le système politique. Le régime avait cédé « un peu» pour garder l'essentiel, mais réussit tout de même à obtenir le soutien de la communauté internationale.

        Période 1992-1994

        À la suite de leur victoire aux élections législatives de 1991, les islamistes menacèrent directement le pouvoir durant cette période, menace qui déboucha sur le coup d'État de Janvier 1992. Comme l'a souligné Séverine Labat, « les militaires ne s'y trompent pas... ils ne sauraient tolérer qu'échappe à leur contrôle le processus de démocratisation... [les détournements d'argent] hantent les consciences et ils savent qu'il leur faudra, un jour ou l'autre, rendre des comptes à la nation ».[54] Aussi, ils engagèrent une violente répression contre les islamistes malgré une réprobation internationale. En effet, si l'administration de George Bush père demeura prudente face au coup d'État de 1992, l'administration de Clinton douta que le régime pouvait l'emporter[55] et entama alors des contacts avec le FIS.[56] De son coté, Paris condamna le coup et refusa de rééchelonner la dette algérienne.[57] Toutefois, cette situation changea avec l'arrivée de la droite au pouvoir en 1993, qui apporta dès lors son soutien à Alger.[58] Le Maroc contribua également à soutenir Alger, notamment par l'extradition vers l'Algérie de Abdelhak Layada, chef du GIA alors caché au Maroc.[59] L'Arabie Saoudite[60] et l'Iran[61] condamnèrent le coup d'État et apportèrent un soutien financier et militaire aux islamistes. Cependant, avec 11.4 milliards de dollars de revenus d'exportation de pétrole, le régime pouvait, globalement, « tenir »encore, les revenus lui permettant d'assurer le service de la dette et de continuer à financer les importations nécessaires au fonctionnement de l'économie. Il fut également en mesure de s'approvisionner en armes en Europe de l'Est et en Afrique du Sud, contournant ainsi l'embargo de fait auquel il était soumis par les pays occidentaux.[62] Ainsi, poussée dans ses derniers retranchements, Alger reste sourde aux pressions internationales et refuse tout compromis.

        Période 1994-1995

        Cette période fut sans doute la plus critique pour Alger. L'insurrection islamiste atteint son summum, prenant le contrôle de régions entières du pays. Au même moment, es revenus pétroliers s'effondrèrent à 8.8 milliards de dollars, tandis que ses importations se montaient à près de 11 milliards de dollars et le service de sa dette à 48 pour cent de ses revenus.[63] Au niveau international, Washington était convaincu que le régime était sur le point de s'effondrer malgré le soutien de Paris.[64]. Celle-ci, de son côté, apporta un soutien massif à Alger (livraisons massives d'armes,[65] prêts de 40 milliards de francs, appui au rééchelonnement de la dette au FMI[66]), mais conditionna cette aide par une ouverture démocratique. Par ailleurs, le refus d'Alger de mettre fin au soutien du POLISARIO l'isola du Maroc,[67] tandis que les relations avec l'Iran et l'Arabie Saoudite demeurèrent tendues. Malgré tout, et dans un contexte général difficile, Alger entama des négociations avec les islamistes, et fait inédit, le président informa la nation de ceci par des déclarations publiques et des discours.[68] Et ce, alors que certains leaders du FIS étaient libérés et d'autres mis en résidence surveillée.[69] Ce dialogue fut, cependant, très superficiel. En effet, si dans l'esprit du pouvoir, les dirigeants du FIS se devaient de condamner la violence islamiste, s'ils devaient encourager les groupes armés à se rendre, ils ne furent pas pour autant autorisés à rencontrer les chefs de bandes armées.[70] Mais ces mesures reçurent l'appui de la communauté internationale. Par ailleurs, à la fin de l'année 1994, le régime algérien, étant économiquement renfloué, mit fin au dialogue engagé avec les islamistes, comme en témoigne le discours à la Nation du président Zeroual du 1er novembre 1994, où il affirma être « déterminé à anéantir tous ces mercenaires que sont les islamistes ».[71] Ainsi, plus à l'aise sur le plan économique et militairement renforcé par les nouveaux équipements achetés à la France, le régime pouvait se permettre d'ignorer la réprobation de la communauté internationale quant à sa politique de répression et reprendre son offensive contre les islamistes. C'est ce qu'il fit, en lançant de gigantesques opérations militaires contre leurs maquis.

        Période 1995-1999

        A partir de 1995, le régime algérien consolida sa position en écrasant l'insurrection islamiste et en forçant deux des principaux groupes, à savoir l'AIS et la LIDD, en 1997, à se rendre, tandis que le GIA subissait de lourdes pertes.[72] Économiquement, la situation était très favorable. En effet, la croissance économique passa de 3.8 pour cent en 1995 à 5.1 pour cent en 1998,[73] tandis que le ratio de la dette tombait à 22 pour cent et que les réserves de change atteignaient 18 milliards de dollars. Dans le même temps, le montant des exportations annuelles augmentait et totalisait près de 20 milliards de dollars[74] en 1998. Au niveau international, Washington changea d'attitude puisqu'elle soutint le processus politique engagé par Alger,[75] et vendit même des armes à l'armée algérienne.[76] L'Europe également, apporta son soutien à Alger dans le cadre du processus de Barcelone, à travers le programme économique MEDA[77] et surtout la reconnaissance de la « spécificité de la démocratie au Maghreb », qui reconnaissait ainsi les démocraties de façade telles que l'Algérie.[78] Les relations de l'Algérie avec l'Iran et l'Arabie Saoudite s'améliorèrent également de manière considérable et ce, à la suite des massacres perpétrés par les groupes armés islamistes entre 1995-97 et notamment, l'assassinat des sept moines trappistes, en Avril 1997, qui provoqua l'indignation dans le monde musulman.[79] Aussi, renforcée par une situation économique favorable, Alger resta sourde aux demandes d'enquête internationale sur les massacres de civiles. Finalement, lorsque l'ONU fut autorisée à envoyer une commission pour enquêter sur les tueries de 1997, celle-ci resta sous haute surveillance du gouvernement et conclu que« l'Algérie mérite le soutien de la communauté internationale...pour juguler le terrorisme ».[80]
        La discussion qui précède, permet de conclure que cette hypothèse est vérifiée. En effet, le régime algérien n'a altéré sa politique à l'égard des islamistes que lorsque la situation économique était défavorable (périodes de 1989 à 1991 et de 1994 à 1995) et lorsqu'il avait donc besoin du soutien extérieur pour se régénérer dans l'ultime optique de « durer à tout prix ». Dès lors, toutes les concessions faites n'ont été que superficielles dans la mesure où, elles étaient davantage destinées à affronter une conjoncture économique défavorable, plutôt qu'à montrer une volonté réelle d'évolution politique. Le régime avait parfaitement appliqué la devise de Metternich, à savoir : « louvoyer et composer avec l'ennemi jusqu'à l'heure de la délivrance finale ».[81]

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        • #5
          LES OPTIONS ET LES ATTITUDES DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

          La partie précédente a permis de démontrer que le régime algérien ne réagissait à la contrainte internationale, que lorsque la conjoncture économique du pays était mauvaise et seulement dans le but d'assurer sa continuité. Par contre, lorsque la situation économique s'améliorait, le régime redevenait « sourd » à tout appel ou injonction de la communauté internationale. Cependant, ni les États-Unis ni l'Europe ne pouvaient être « dupes » du jeu trouble d'Alger. Aussi, peut-on se poser les questions suivantes : pourquoi la communauté internationale n'a-t-elle pas agi plus fermement vis-à-vis d'Alger pour se faire entendre ? N'avait-elle pas d'autres options ? C'est à ces questions que cette partie répondra.

          Les options de la communauté internationale

          Les sanctions économiques et financières

          En vue d'amener le régime d'Alger à changer d'attitude, l'option des sanctions économiques a été maintes fois évoquée. Toutefois, comme souligné dans son rapport, l'ICG[82] (International Crisis Group) explique « qu'un embargo contre l'Algérie ne ferait que réduire la population à une plus grande pauvreté et donc qu'aggraver la violence, en plus d'un exodemassif vers l'Europe ». Il faut souligner, que la perspective de l'exode était une source réelle d'angoisse pour l'Union européenne qui craignait de voir de véritables « boat people »fuir l'Algérie. Par ailleurs, l'Algérie étant l'un des principaux fournisseurs en gaz et en pétrole de l'Europe, il fallait donc limiter les risques de perturbations des approvisionnements vitaux pour l'économie.Les sanctions financières auraient pu être également, un autre moyen de pression sur Alger. Cependant, elles n'auraient servi à rien car l'économie algérienne, comme indiquée auparavant, était très peu dépendante des investissements extérieurs. Par ailleurs, le gouvernement algérien a eu massivement recours à une politique d'endettement financier sur les marchés internationaux. Cette politique visait non seulement à lui permettre d'acquérir les moyens nécessaires pour lutter contre les islamistes, mais également à lier les intérêts des créanciers aux siens.[83] Comme l'a souligné Luis Martinez : « Cela devient une garantie pour le régime...qui bénéficie dusoutien des créanciers ».[84] D'ailleurs, les islamistes de l'AIS ne s'y trompèrent pas lorsqu'ils déclarèrent, en décembre 1994 : « La France croisée et certaines des têtes de la mécréance et de l'athéisme travaillent pour imposer... un blocus politique aux voix qui réclament... l'édification d'un État islamique en Algérie... ».[85]

          Ingérence dans le conflit

          L'option d'une ingérence directe dans la crise algérienne était trop complexe et trop dangereuse pour la communauté internationale, mais aussi délicate dans la mesure où elle aurait été forcée à prendre parti pour un camp ou pour l'autre. Or, comme le mentionne le rapport de l'ICG,[86] l'Europe et plus particulièrement la France, avaient déjà payé un lourd tribut pour son soutien au régime d'Alger, notamment l'assassinat en Algérie de plusieurs dizaines de ressortissants étrangers et d'attentats à l'extérieur, tels que ceux commis à Paris en juillet 1995. En fait, une ingérence directe de la communauté internationale aurait, en l'absence de toute solution politique, impliqué un soutien clair à l'un des deux camps. Et un tel soutien n'aurait pu qu'exposer l'Europe à de plus grandes représailles. Cela explique l'attitude prudente (le silence parfois) de la communauté internationale envers Alger. Il faudra attendre 1995 et la consolidation du régime pour que l'Algérie sorte de l'isolement international.

          Couper tout lien avec l'ANP

          Cette option aurait, de fait, imposé l'obligation de s'abstenir de livrer tout type de matériel militaire à l'armée algérienne, quelles que soient les circonstances. Or, il est nécessaire de rappeler que l'ANP est la réelle détentrice du pouvoir en Algérie.[87] Aussi, il aurait été logique de l'isoler et de lui retirer tout soutien. Ce ne fut pourtant pas le cas. Le fait est que, à cause de la radicalisation des groupes islamiques armés et de leur violente dérive, une rupture des liens avec l'ANP aurait, en tout état de cause, définitivement condamné l'Algérie à devenir, dans le chaos, une république islamique. Etant la seule institution encore cohérente en 1992, toutes les autres institutions s'étant effondrées, l'armée devenait en fait l'unique interlocuteur et le dernier rempart face à la montée islamiste.[88] De plus, une rupture totale avec l'ANP par le biais d'un embargo militaire aurait amené cette dernière à acquérir son armement auprès « d'États parias »(Corée du Nord, Syrie, etc..), dont les armées sont connues pour leur nature répressive à l'encontre de leurs peuples. Aussi, le rapprochement avec ces Etats aurait, notamment, résulté dans l'affaiblissement considérable de l'entraînement politique des militaires algériens.[89] Enfin, l'embargo de fait sur la vente d'équipements militaires auquel l'Algérie fut soumise par l'Occident amena le régime à se tourner vers les pays d'Europe de l'Est pour ses approvisionnements en armes.[90] Ainsi, tout autant inefficace que dangereuse, la rupture du lien avec l'ANP ne constituait donc pas une option.

          Les « attitudes » de la communauté internationale

          À l'égard d'Alger, durant la période 1989-1999, la communauté internationale n'a pas adopté une seule attitude, mais plusieurs. Celles-ci étaient souvent opposées car elles suivaient les intérêts propres de chaque pays ainsi que sa propre évaluation du conflit. En fait, cette incapacité à adopter une attitude cohérente venait du fait que chacun des pays était mû par sa propre évaluation de la crise et par ses propres intérêts.
          En effet, une opposition constante entre les Etats-Unis et l'Europe a caractérisé les attitudes occidentales vis-à vis de l'Algérie. La crainte de voir une république islamique émerger en Algérie fut énorme en Europe. On pouvait non seulement craindre un phénomène de « boat people » fuyant l'Algérie vers l'Europe, mais également, des répercussions catastrophiques qui auraient pu se propager aux pays limitrophes de l'Algérie dont, principalement, le Maroc et la Tunisie. À cet égard, bien que dans une moindre mesure, ces deux pays, dans lesquels l'Europe voisine avait d'énormes intérêts économiques et politiques, étaient eux-mêmes aux prises avec le phénomène islamiste.[91] De plus, une telle perspective, qui aurait encouragé la montée de l'islamisme dans les très importantes communautés d'immigrés d'origine maghrébine installées en Europe et déjà confrontées à d'énormes problèmes d'intégration, était intolérable. Tout cela constituait, de fait, une très sérieuse menace tant pour l'Europe qui n'avait donc d'autre choix que d'offrir un soutien même limité à Alger.[92] Mais les relations demeurèrent difficiles jusqu'en 2000. En ce qui concerne les États Unis, leur attitude était plus complexe et leurs motivations moins directes. Tout d'abord, l'Algérie est située à la périphérie de leurs intérêts. Par ailleurs, leurs relations n'avaient jamais été particulièrement profondes avec Alger du fait de son ancien ancrage, durant les années 1960 et 1970, aux pays de l'Est et de son idéologie nationaliste. En outre, les islamistes algériens n'avaient jamais réellement affiché de positions anti-américaines.[93] Ce qui bouleversa radicalement l'attitude américaine fut la spirale de la violence islamiste en Algérie et, surtout, la consolidation du régime à partir de 1995 avec notamment, des élections présidentielles et législatives relativement libres. Ceci explique la différence entre l'Europe, pour qui les réformes sociaux-économiques sont aussi importantes que les réformes politiques, et les Etats-Unis, qui mettent l'accent sur la légitimité politique.[94]

          Le monde arabo-musulman montra la même inconséquence envers l'Algérie. En effet, l'Iran apporta un plein soutien aux islamistes entre 1979-1995, à travers son réseau d'ambassades et de missions diplomatiques connues comme étant « the Iranian connection ».[95] Cependant, cette politique déboucha sur l'isolement de l'Iran, qui cessa ce type d'activités à partir du milieu des années 1990. L'Arabie Saoudite poursuivit cette même stratégie de soutien au FIS. Cependant, effrayée par la violence des islamistes algériens et soucieuse de la mauvaise image qu'ils conféraient ainsi à l'Islam, l'Arabie Saoudite cessa de leur apporter tout soutien à partir du milieu des années 1990. Le Maroc, pour sa part, alterna ses positions, appuyant parfois le régime et laissant quelquefois les islamistes utiliser le Royaume, toutefois dans des limites calculées, afin de faire pression sur le régime d'Alger pour un règlement de leur conflit sur le Sahara Occidental.

          La stratégie d'Alger

          Ainsi, la communauté internationale s'est retrouvée sans options décisives pour faire pression sur Alger. Le régime, parfaitement conscient de la situation a su tirer avantage de toutes les opportunités offertes par ce contexte. Il alla jusqu'à user des arguments de Samuel Huntington pour dramatiser la guerre contre les islamistes. En effet, le président Zeroual déclarait en 1995 à Copenhague[96] : « ...de multiples conflits locaux persistent encore... qui mettent en jeu des valeurs spirituelles et de civilisation au service de desseins hégémonistes... la détente universelle ne doit pas nous distraire des menaces nouvelles, plus insidieuses, mais déjà biendangereuses... ». C'est donc dans ces perceptions, que le régime d'Alger géra la contrainte internationale de manière satisfaisante.
          Bref, s'il fallait résumer la stratégie du régime d'Alger, la théorie des jeux offrirait un cadre d'analyse particulièrement adapté. En effet, comme on vient de le voir, la situation la plus difficile que risquaient d'avoir à affronter les autorités algériennes était un contexte international divisé, mais dont la majorité lui restait acquise. Ainsi, des trois options que pouvait supporter l'environnement international, à savoir embargo total (pas de coopération), coopération limitant le pire et solution politique (coopération complète), il suffisait au régime algérien de rendre impossible la troisième option pour que la deuxième émerge automatiquement en stratégie dominante et soit donc adoptée par les deux partis. A cet égard, on notera, en particulier, l'intransigeance symptomatique du régime algérien devant le Contrat de Rome, en 1997, qui était présenté par ses promoteurs comme une voie vers la solution politique (accord entre islamistes et démocrates).

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          • #6
            CONCLUSION : QUELLES PERSPECTIVES POUR L'AVENIR ?

            Le système politique algérien, qui perdure depuis plus de quarante ans, est issu de la guerre d'indépendance. Le pouvoir dans toute sa réalité appartient à l'armée. C'est elle qui a libéré le pays en 1962 et depuis, c'est elle qui a choisi ses dirigeants. A cet égard, il faut rappeler que face à la dureté de la Guerre d'indépendance, les chefs politiques du FLN ont dû s'effacer devant les chefs militaires et cela a continué après l'indépendance. Aussi, si devant la Nation, le FLN dirigeait le pays, les décisions se prenaient en fait, en coulisses, au sein de l'état-major militaire. Ainsi, le système a continué à fonctionner de cette façon, dans une totale opacité et avec une seule finalité : la conservation du pouvoir à tout prix par le régime.
            Cependant, la crise intérieure qui a gravement ébranlé le pays entre 1989 et 1999 l'a considérablement fragilisé. Certes, comme l'affirme Luis Martinez,[97] il semble que « le régime s'en est sorti ». En effet, malgré une recrudescence des attentats, le régime n'est plus menacé dans sa survie loin de là.

            Au plan interne, beaucoup reste encore à faire. Mais heureusement, des signes prometteurs semblent indiquer un changement progressif dans la structure du régime en place. Au sein de l'armée, une nouvelle génération d'officiers, majoritairement formée dans des Académies militaires occidentales, moins politisée et forte d'une légitimité forgée dans la lutte anti terroriste, est aujourd'hui, sur le point de prendre la relève.[98] A cet égard, il semble que le Président Bouteflika ait réussi à s'imposer le pouvoir civil aux militaires : plusieurs généraux ont été écartés notamment, comme le chef d'État-major le General Lamari en 2004. Des élections plus ou moins libres se sont déroulées et, en dépit de suspensions périodiques de certains titres, la presse jouit en général d'une plus grande liberté d'expression. Un plan de relance économique de l'ordre de 100 milliard de dollars a été également lancé, tandis que la dette extérieure est passée de 35 milliards à quatre milliards de dollars et que les réserves de changes atteignent les 85 milliards de dollars.

            Sur le plan externe, les contraintes se sont notoirement relâchées, tant sur les plans économiques que politiques, notamment depuis le 11 septembre. En effet, avec Washington, plusieurs accords économiques et militaires ont été signés. Par ailleurs, deux rencontres ont eu lieu en juillet et en décembre 2001, entre les présidents Bush et Bouteflika. Le rapprochement Algérie-Europe n'est pas non plus en reste avec les signatures de partenariats stratégiques avec la Russie (Mars 2006) et l'Espagne, d'un accord d'association avec l'Union Européenne, en juillet 2002, ainsi que par la visite officielle du président français Jacques Chirac à Alger en mars 2003 et celle de Sarkozy en juin 2007. Ainsi, l'Algérie semble s'être engagée dans un processus dont la dynamique, dans le cadre de la bonne gouvernance, lui assurera sa stabilité et sa durabilité. Dans le monde Arabo-musulman, la position de l'Algérie s'est également renforcée, notamment avec les pays arabes du Golfe, avec l'Iran par le rétablissement de leurs relations diplomatiques et avec le Soudan. Elle devrait se renforcer davantage dans la perspective d'un règlement de son conflit avec le Maroc. Mais là encore, elle est associée à un groupe de pays et demeure confrontée au défi de la bonne gouvernance.

            Aussi, la situation d'ensemble est plus que favorable au déclenchement d'un réel processus de démocratisation. Plusieurs élections plus ou moins libres ont été tenues depuis 1999, et des gouvernements de coalitions se sont succédés à la tête de l'Algérie. Ceci indique un certain signe de maturité dans le processus politique. Les clivages politiques aujourd'hui sont passés d' « éradicateurs » contre « dialoguistes » à des clivages plus classiques qui dressent « conservateurs » contre « réformistes ». Ainsi, la situation est bien loin de celle des années 1970 et de la fameuse déclaration attribuée à M. Zerhouni, l'actuel ministre de l'Intérieur, et alors deuxième homme de l'omnipotente Sécurité Militaire (SM), qui, en réponse à la demande de l'opposition d'une démocratisation du régime, avait alors répondu : « On ne demande pas à un régime de se suicider ».

            *Djallil Lounnas est candidat au doctorat en science politique à l'Université de Montréal. Il est chercheur-étudiant au sein du Groupe d'étude et de recherche en sécurité internationale.

            Commentaire


            • #7
              NOTES

              [1] Michael Willis, The Islamist Challenge in Algeria, New York University Press, New York, 1997, p. 246-52.
              [2] Cf. supra.
              [3] Chiffres avancés par le Président Bouteflika et relevés dans l'article de Fella M., « Bouteflika Congrès de la paix : certains ont cultivé la haine et la rancune », Algérie : l'Actualité,4 juillet 2002.
              [4] Voir Éric Laurent, La mémoire d'un roi : entretiens avec Éric Laurent/Hassan II, Éditions Plon, Paris, 1993.
              [5] Gilles Kepel, Jihad : expansion et déclin de l'islamisme, Éditions Gallimard, Paris, 2000 ; Luis Martinez, The Algerian Civil War : 1990-1998, New York University Press, New York, 2000 ; Séverine Labat, Les islamistes algériens : entre les urnes et le maquis, Éditions du Seuil, Paris, 1995.
              [6] Kepel, Jihad, pp. 295-308.
              [7] C'est le cas, notamment, du Front des Forces Socialistes (FFS), parti social-démocrate, qui a régulièrement appelé la communauté internationale à s'impliquer davantage en exerÏ‚ant notamment des pressions sur le régime afin que celui-ci revienne à la légalité démocratique.
              [8] À la suite à la loi sur la Concorde Civile de juillet 1999, deux des principaux groupes islamistes, l'Armée Islamique du Salut (AIS) et la Ligue Islamique pour la Da'wa et le Djihad (LIDD) ont cessé les combats. Deux autres groupes radicaux, le Groupe Islamique Armé (GIA) et le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), persistent encore dans leur lutte mais avec des effectifs respectifs réduits à quelques centaines d'hommes.
              [9] Said Sadi, Algérie : l'heure de vérité, Éditions Flammarion, Paris, 1996, pp. 208-09.
              [10] Reporters sans frontières, Le drame algérien, Éditions La Découverte, Paris, 1994, pp. 70-71.
              [11] Amir Taheri, « Voyage au centre du pouvoir algérien », Politique Internationale, no.70(Hiver 1995/1996), p. 179.
              [12] Cf. supra, p. 181.
              [13] Reporters sans frontières, Le drame algérien, p. 71.
              [14] Taheri, « Voyage au centre du pouvoir algérien », p. 184.
              [15]José GarÏ‚on, « Introduction » dans Djallal Malti, La nouvelle guerre d'Algérie, Éditions La Découverte, Paris, 1999, p. 10.
              [16] Khaled Nezzar dans Sid Ahmed Sémiane, Octobre: ils parlent, Éditions le Matin, Alger, 1998, p. 66.
              [17] Cf. supra, pp. 66-68.
              [18] Malti, La nouvelle guerre d'Algérie, p. 13.
              [19] Abderahim Lamchichi, Le Maghreb face à l'islamisme, Éditions l'Harmattan, Paris 1997, p. 89.
              [20] Cf. supra.
              [21] Taheri, « Voyage au centre du pouvoir algérien », p. 182.
              [22] Cf. supra.
              [23] Stone, The Agony of Algeria, p. 121.
              [24] Gilles Manceron, Algérie : comprendre la crise, Éditions Complexes, Bruxelles, 1996, p. 87.
              [25] Stone, The Agony of Algeria, p. 101.
              [26] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, pp. 307-39.
              [27] Stone, The Agony of Algeria, pp. 242-43.
              [28] Benjamin Stora, Les 100 portes du Maghreb, Éditions Dahlab, Alger, 1999, p. 130.
              [29] Benjamin Stora, Algérie-Maroc : histoires parallèles, destins croisés, Éditions Zellige, Paris 2002, pp. 32-33.
              [30] Scott W. Hibbard et David Little, Islamic Activism and U.S. Foreign Policy, United States Institute of Peace Press, Washington DC, 1997, p. 40.
              [31] Edward G Shirley, « Is Iran Present in Algeria's Future ? », Foreign Affairs, vol.74, no. 3,May-June 1995, p. 30.
              [32] Hibbard, Islamic Activism, p. 41.
              [33] Fuller, Algeria, pp. 117-19.
              [34] Abed Charef, Algérie: le grand dérapage, Éditions de l'Aude, Paris, 1994, pp. 234-90.
              [35] Chris Kutschera, « Algeria : Does France Have a Policy ? », Middle-East, no.239(November 1994), p. 11.
              [36] Malti, La nouvelle guerre d'Algérie, p. 103.
              [37] Kepel, Jihad, pp. 69-76, 150-58.
              [38] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, p. 250.
              [39] Stora, Algérie-Maroc, pp. 25, 28.
              [40] Cf. Supra, p. 89.
              [41] Cf. Supra, p. 100.
              [42] Fuller, Algeria, p. 79.
              [43] Larousse du BAC, Éditions Larousse, Paris, 1992, p. 71.
              [44] Paul Balta, L'Algérie des algériens : vingt ans après, Éditions Ouvrières, Paris, 1981, p. 104.
              [45] Cf. Supra, p. 106.
              [46] Données statistiques de l'OPEP, relevées dans « OPEC Members' Values of Exports, 1981-2001 (m $) », http://www.opec.org/publications/AB/pdf/ABOO2001.pdf (page consultée le 12 février 2003).
              [47] Entelis, Islam, p. 167.
              [48] Stone, The Agony of Algeria, p. 97.
              [49] Cf. supra, p. 246.
              [50] Manceron, Algérie, p. 85.
              [51] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, pp. 151-52.
              [52] Dans John P. Entelis, Islam, Democracy and the State in North Africa, Indiana University Press, Bloomington, 1997, p. 213.
              [53] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, p. 300.
              [54] Labat, Les islamistes algériens, pp. 222-24.
              [55] Paul-Marie La Gorce, « Algérie : la faiblesse de l'homme fort », Jeune Afrique (Paris), 25 février au 3 mars 1993, pp. 8-10.
              [56] Kepel, Jihad, p. 356.
              [57] Samir Gharbi, « Algérie: Paris s'oppose au rééchelonnement de la dette », Jeune Afrique (Paris), 9 au 15 avril 1992, pp. 30-32.
              [58] Labat, Les islamistes algériens, p. 73.
              [59] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, p. 213.
              [60] Cf. Supra, p. 304.
              [61] Cf. Supra, p. 302.
              [62] Stora, Les 100 portes du Maghreb, p. 263.
              [63] « Balance des paiements en milliards de dollars US », ministère des Finances, Alger, http://www.finance-algeria.org/dgep/a34.htm (page consultée le 12 février 2003).
              [64] Jean Lesieur, « Paris-Washington : des divergences de fond », L'Express (Paris), 11 août 1994.
              [65] Martinez, The Algerian Civil War, p. 277.
              [66] Rémy Leveau, L'Algérie dans la guerre, Éditions Complexe, Bruxelles, 1995, p. 130.
              [67] Khaled Nezzar, Mémoires, Editions Kartala, Alger, 1998 ; et, sur le même sujet, l'ouvrage de Khadidja Mohsen Finan, Sahara Occidental : les enjeux d'un conflit régional, Éditions CNRS, Paris, 1997.
              [68] Willis, The Islamist Challenge in Algeria, pp. 307-85.
              [69] Cf. Supra.
              [70] Labat, Les islamistes algériens, pp. 282-83.
              [71] Cf. Supra, p. 283.
              [72] Le GIA fut affaibli par de lourdes pertes, des redditions et des scissions (création du GSPC en 1998), et en fin de compte, totalement démantelé en 2004.
              [73] « Secteur réel », ministère des Finances, Alger, http://www.finance-algeria.org/dgep/a31.htm (page consultée le 16 février 2003).
              [74] « Commerce extérieur en millions de dollars US », ministère des Finances, Alger, http://www.finance-algeria.org/dgep/a35.htm (page consultée le 16 février 2003).
              [75] Robert H. Pelletreau, « U.S. Policy towards Algeria », Statement before the Subcommittee on Near Eastern and South Asian Affairs of the Senate Foreign Relations Committee,Washington DC, 16 avril 1996, http://www.State.gov/www/regions/nea/960416.html (page consultée le 19 février 2003).
              [76] Akli Ineslayen, « Coopération militaire algéro-américaine : une évolution progressive », Algeria-Interface, mars 2001, http://www.algeria-interface.com/new...article_id=139 (page consultée le 20 février 2003).
              [77] « Relations UE/Algérie », Commission européenne, DG Relations Extérieures (unité F.3), Bruxelles, décembre 2000, Â http//europe.eu.int/comm/external_relations/euromed/brochures/ue- maghreb_fr (page consultée le 23 juin 2003).
              [78] Luis Martinez et Béatrice Hibou, « Le partenariat euro-maghrébin : un mariage blanc ? » Les Etudes du CERI, no. 47, Paris, novembre 1998, http://www.ceri-sciencepo.com/publica/etude/etude47 .pdf (page consultée le 17 octobre 2003).
              [79] Kepel, Jihad, pp. 255-74.
              [80] « Algérie : Rapport du groupe de personnalités éminentes. juillet-août 1998 », Département de l'information des Nations Unies, New York, septembre 1998, http://www.un.org/french/newlinks/dpi2007/annexe2.htm (page consultée le 18 octobre 2003).
              [81] Devise et tactique appliquées par l'homme d'Etat autrichien durant les guerres napoléoniennes.
              [82] International Crisis Group (ICG), « The Civil Concord : A Peace Initiative Wasted », Africa Report, no. 31, July 2001, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=1419&l=3. (page consultée 14 octobre 2003).
              [83] Martinez, The Algerian Civil War, p. 278.
              [84] Cf. supra.
              [85] Cf. supra, p. 312.
              [86] ICG, « The Civil Concord », p. 19.
              [87] Reporters sans frontières, Le drame algérien, p. 69.
              [88] Cf. supra, p. 152.
              [89] ICG, « The Civil Concord », p. 20.
              [90] Stora, Les 100 portes du Maghreb, p. 263.
              [91] Stone, The Agony of Algeria, p. 242.
              [92] Paul-Marie La Gorce, « Algérie : La France sans illusions », Jeune Afrique, Paris, 24 au 30 juin 1993, pp. 28-29.
              [93] Fuller, Algeria, p. 89.
              [94] Lawrence Whitehead, « International Aspects of Democracy », dans Guillermo O'Donnell et Phillipe C. Schmitter, Transitions from Authoritarian Rule, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1986, p. 17.
              [95] Préface de l'ouvrage d'Edgard O'Balance, Islamic Fundamentalist Terrorism, 1979-1995 : The Iranian Connection, New York University Press, New York, 1996.
              [96] Martinez, The Algerian Civil War, p. 348.
              [97] Interview de Luis Martinez par Philippe Mischowsky, « Les élections législatives ne règleront rien », Algeria-Interface, 11 avril 2002, http://www.algeria-interface.com/new...article_id=507 (page consultée le 16 juin 2003).
              [98] Mustapha Bey, « La génération ANP attend la relève », Algeria-Interface, 26 juillet 2002, http://www.algeria-interface.com./ne...?article_id=95 (page consultée le 13 octobre 2003).

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              • #8
                Publié dans Meria, une revue stratégique israélienne...
                Volume 3, No. 1, Article 3/6 - Mars 2008

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                • #9
                  Merci Tolkien,

                  C'est une bonne synthèse sur cette période de l'histoire de l'Algérie, et en plus elle se termine sur une note optimiste, celle de l'existence des conditions nécessaires à la venue d'une réelle démocratie en Algérie.
                  Cette synthèse met bien en évidence l'endroit où ça coince, la peur de ces vieux chnoques d'être lapidés sur la place publique ... vivement qu'ils meurent ou qu'ils partent à la retraite afin de laisser l'Algérie poursuivre sa véritable destinée.
                  "un gouvernement oppressif amène la ruine de la prospérité publique" Ibn Khaldoun

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                  • #10
                    tadjidou fi annahr ma la tadjidou fi al bahr.

                    Qui a dit que le forum est une perte de temps

                    Merci Tolkien d avoir partage.
                    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                    Socrate.

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                    • #11
                      Merci pour le partage de cet article. On a le droit de donner son avis?

                      Je le trouve trés simplificateur, la situation était beaucoup plus complexe que ça, à l'intérieur du pays mais aussi dans les relations avec l'exterieur, surtout avec la France. Il est evident que ce n'est qu'un article, donc limité dans la longueur, mais il ne nous apprend rien de nouveau et surtout il manque de nuance, il omet tout un pan de la rélalité de cette décennie noire, peut être à cause d'une libérté de parole restreinte.

                      Un point sur le quel je suis d'accord c'est les clans au niveau du pouvoir, je trouve la description assez réaliste. Cependant, il ne mentionne pas un point important: pour tous ces clans, l'ennemi commun et de toujours est le peuple algérien.

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                      • #12
                        cette article prouve qu'aucun pays ne nous as aider ou soutenu
                        pire même beaucoup ont voulu notre chute ...

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                        • #13
                          tadjidou fi annahr ma la tadjidou fi al bahr.

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