Voici des extraits d'un texte du Pr Farid Benramdane (Université de Mostaganem) sur l'origine du nom Wahran:
Très peu de témoignages, anciens, existent sur la signification de Wahran, des témoignages, par exemple d'origine latine, espagnole, turque. Le nom de Wahran est cité pour la première fois par Ibn Haouqal et el-Bekri, le premier vers 971 et le second en 1068. Nous supposons que le nom de Wahran existait avant l'arrivée des Arabes au Maghreb central.
[…]
Dans l'Antiquité, les environs de Wahran sont mentionnés dans deux documents […] d'origine latine intitulés la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin [qui] mentionnent plusieurs noms, dont les plus connus sont Portus Divini et Portus Magnum : «Les portes des Dieux». Les spécialistes les ont identifiés surtout à la baie de Mers-el-Kébir et d'Oran, sans pour autant que ne soient cités leurs noms originels, du moins tels qu'ils étaient usités par les populations autochtones.
[…]
Tous les historiens s'accordent à dire que le peuplement initial de la région de Wahran était établi depuis la préhistoire sous le nom de Ifri [en référence aux grottes d'Oran, précisément celles du Murdjadjo, montagne surplombant la ville]… ayant donné naissance à un nom de peuplement humain… de souche berbère, tribu d'Ifri, ou qabilat Yifri, pour reprendre la formule usitée par les auteurs et chroniqueurs arabes.
Pellegrin […] fait explicitement dériver Oran et non Wahran de la forme touareg Ouaran et non de l'autre forme tout aussi touareg et plus proche du vocable usité par les populations actuelles et anciennes, et telle que relevée par les auteurs arabes et non arabes (espagnols, portugais, italiens, français, etc.) à partir de Xe siècle : Wahran. De manière très subtile, il est suggéré que la forme française ou francisée Oran serait très proche du touareg Ouaran.
[…]
Nous sommes, d'emblée, et de manière on ne peut plus récurrente, en face d'une expression de la thèse du caractère latiniste du peuplement initial de l'Algérie et d'une de ses manifestations historiques et idéologiques les plus manifestes qu'est la «continuité coloniale», mise en oeuvre par les officiers-archéologues français.
[…]
Les formes relevées pour Oran par les historiens arabes, espagnols, portugais, etc. sont : Wahran, Ouaharan, Oued el-Haran, Ouaran, Ouarân, Ouadadaharan, Horan.
[…]
Si nous décomposons[…] Wahran, nous relèverons la racine «hr». Ses dérivés lexicaux «ahar» ou «ihar» sont des termes berbères que nous retrouvons chez les Touaregs de l'Ahaggar…. La forme plurielle est déclinée sous «aharan» et «iharan», qui désignent «les lions».
En effet, le terme «aharan» : «lions» en touareg, est nettement décelable dans les transcriptions passées citées plus haut.
Ouadaharan = Ouad + Aharan
[…]
L'hypothèse sur une étymologie arabe du toponyme Wahran bute sur une objection aussi simple que majeure. Elle est d'ordre éminemment linguistique : le duel en langue arabe wihrân : «les deux lions», et encore moins le singulier wihr avec le sens de «lion» ou de «petit lion», tel que le véhiculent les usages dominants locaux, n'existe pas dans la langue arabe. Ce vocable existe certes dans la langue arabe, d'un emploi rare, mais n'ayant absolument aucun rapport avec le monde animal. Il est d'un emploi si rarissime que seul Lissan al-'arab le mentionne…
[…] Ez-Ziyyani au XIXe siècle notait, de manière on ne peut plus normative, que l'appellation «correcte» du nom de la ville se réalisait avec l'emploi de la voyelle ouverte [a] et non avec la voyelle fermée [i], donc wahrân et non wihrân. De manière explicite, il considère et prescrit que l'emploi de la voyelle [i] dans Wihrân est d'un usage fautif:
«ومن كسرها غلط وهران بفتح الواو»
Plus loin encore, au XIIIe, Yagout al-Hamawi, dans son Dictionnaire, souligne avec précision et minutie l'articulation graphique et typographique […]
وهران تبدأ بالقتح لآ بالكسر و تسكين الهاء
Nous voyons, par conséquent, que l'alternance vocalique [a/i] (wahran/wihran) avait déjà fait, depuis bien longtemps, l'objet de commentaires les plus divers…
En définitive, Wahran/Wihran sont les deux réalisations lexicales de «des lions» dans le parler berbère.
Très peu de témoignages, anciens, existent sur la signification de Wahran, des témoignages, par exemple d'origine latine, espagnole, turque. Le nom de Wahran est cité pour la première fois par Ibn Haouqal et el-Bekri, le premier vers 971 et le second en 1068. Nous supposons que le nom de Wahran existait avant l'arrivée des Arabes au Maghreb central.
[…]
Dans l'Antiquité, les environs de Wahran sont mentionnés dans deux documents […] d'origine latine intitulés la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin [qui] mentionnent plusieurs noms, dont les plus connus sont Portus Divini et Portus Magnum : «Les portes des Dieux». Les spécialistes les ont identifiés surtout à la baie de Mers-el-Kébir et d'Oran, sans pour autant que ne soient cités leurs noms originels, du moins tels qu'ils étaient usités par les populations autochtones.
[…]
Tous les historiens s'accordent à dire que le peuplement initial de la région de Wahran était établi depuis la préhistoire sous le nom de Ifri [en référence aux grottes d'Oran, précisément celles du Murdjadjo, montagne surplombant la ville]… ayant donné naissance à un nom de peuplement humain… de souche berbère, tribu d'Ifri, ou qabilat Yifri, pour reprendre la formule usitée par les auteurs et chroniqueurs arabes.
Pellegrin […] fait explicitement dériver Oran et non Wahran de la forme touareg Ouaran et non de l'autre forme tout aussi touareg et plus proche du vocable usité par les populations actuelles et anciennes, et telle que relevée par les auteurs arabes et non arabes (espagnols, portugais, italiens, français, etc.) à partir de Xe siècle : Wahran. De manière très subtile, il est suggéré que la forme française ou francisée Oran serait très proche du touareg Ouaran.
[…]
Nous sommes, d'emblée, et de manière on ne peut plus récurrente, en face d'une expression de la thèse du caractère latiniste du peuplement initial de l'Algérie et d'une de ses manifestations historiques et idéologiques les plus manifestes qu'est la «continuité coloniale», mise en oeuvre par les officiers-archéologues français.
[…]
Les formes relevées pour Oran par les historiens arabes, espagnols, portugais, etc. sont : Wahran, Ouaharan, Oued el-Haran, Ouaran, Ouarân, Ouadadaharan, Horan.
[…]
Si nous décomposons[…] Wahran, nous relèverons la racine «hr». Ses dérivés lexicaux «ahar» ou «ihar» sont des termes berbères que nous retrouvons chez les Touaregs de l'Ahaggar…. La forme plurielle est déclinée sous «aharan» et «iharan», qui désignent «les lions».
En effet, le terme «aharan» : «lions» en touareg, est nettement décelable dans les transcriptions passées citées plus haut.
Ouadaharan = Ouad + Aharan
[…]
L'hypothèse sur une étymologie arabe du toponyme Wahran bute sur une objection aussi simple que majeure. Elle est d'ordre éminemment linguistique : le duel en langue arabe wihrân : «les deux lions», et encore moins le singulier wihr avec le sens de «lion» ou de «petit lion», tel que le véhiculent les usages dominants locaux, n'existe pas dans la langue arabe. Ce vocable existe certes dans la langue arabe, d'un emploi rare, mais n'ayant absolument aucun rapport avec le monde animal. Il est d'un emploi si rarissime que seul Lissan al-'arab le mentionne…
[…] Ez-Ziyyani au XIXe siècle notait, de manière on ne peut plus normative, que l'appellation «correcte» du nom de la ville se réalisait avec l'emploi de la voyelle ouverte [a] et non avec la voyelle fermée [i], donc wahrân et non wihrân. De manière explicite, il considère et prescrit que l'emploi de la voyelle [i] dans Wihrân est d'un usage fautif:
«ومن كسرها غلط وهران بفتح الواو»
Plus loin encore, au XIIIe, Yagout al-Hamawi, dans son Dictionnaire, souligne avec précision et minutie l'articulation graphique et typographique […]
وهران تبدأ بالقتح لآ بالكسر و تسكين الهاء
Nous voyons, par conséquent, que l'alternance vocalique [a/i] (wahran/wihran) avait déjà fait, depuis bien longtemps, l'objet de commentaires les plus divers…
En définitive, Wahran/Wihran sont les deux réalisations lexicales de «des lions» dans le parler berbère.
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