L’Algérie de John Foster Dulles
Petite leçon d'histoire bien actuelle malgré qu'on y parle de l'Algérie, de la IVème République et de De Gaulle, de Foster Dulles et de Ike. La psychologie américaniste en scène, comme argument central de l'Histoire.
Nous nous attachons à un livre de l'historien américain Irwin M. Wall, Les États-Unis et la guerre d'Algérie (éditions Soleb, septembre 2006 en traduction française avec un ajout exclusif de l'auteur, version originale publiée en 2000). Wall est un des spécialistes américains de l'histoire française, et, plus précisément des relations entre France et USA (sa période de prédilection est la IVème République et les débuts de la Vème). Il observe dans l'ajout exclusif qu'il a donné à l'édition française: «[L]es Américains étudient la France plus que quiconque, peut-être autant voire plus que les Français eux-mêmes.»
Nous avions lu, in illo tempore, un autre important travail de Wall: L'influence américaine sur la politique française, 1945-1954 (Balland, 1989). Ici ou là, nous y ferons allusion.
Pourquoi ce livre (ces deux livres)? Manifestement, l'édition française, faite en 2006 pour un livre datant de 2000, se veut comme un clin d'oeil. Il y a un parallèle à faire entre l'attitude française vis-à-vis des USA dans l'affaire irakienne et l'attitude des USA vis-à-vis de la France dans l'affaire algérienne. Wall n'en disconvient pas implicitement, réduisant l'analogie à Irak-2003 versus Suez-1956.
Ce n'est pas la voie qui nous intéresse. Selon nous, il n'y a pas d'analogie possible, sinon sentimentale, entre deux situations où les partenaires auraient une position inversée alors qu'ils sont ces puissances si différentes. Disons que l'analogie est trompeuse et la faire c'est faire une tromperie, volontairement ou pas. Ce n'est pas un procès, c'est un constat.
Au contraire, il y a beaucoup à apprendre de la politique US vis-à-vis de la crise algérienne et de la France plongée dans la crise algérienne. Il y a aussi un enseignement considérable dans les visions réciproques (américaine et française) des relations entre les deux pays, et dans leurs façons de voir si différentes. C'est une appréciation historique que nous offrons, qui a incontestablement une grande actualité par le biais évident de sa permanence. Toute véritable appréciation historique a cette dimension de permanence, ou bien son intérêt est temporaire et sporadique.
L'activisme US dans la guerre d'Algérie: l'effet d'une politique, d'une conception du monde radicale et de ses certitudes
Sans aucun doute, l'un des grands apports du livre est l'image qu'il donne de la puissance, de la constance et de l'insistance de l'intérêt US pour la crise algérienne. C'est une découverte, tant on avait à l'esprit que la crise algérienne était d'abord une “crise française” (pour la France) qui avait accessoirement et épisodiquement intéressé l'Amérique. Ce n'est pas le cas. L'affaire algérienne fut aussitôt interprétée par Washington comme une bataille essentielle dans la vision américaniste du monde durant la Guerre froide; également, comme un épisode essentiel dans ses rapports avec la France.
Un des paradoxes de départ est exposé involontairement en une seule phrase de l'introduction du livre (par le professeur Georges-Henri Soutou): «Outre leur anticolonialisme traditionnel, et la conviction que le conflit en Algérie, à la différence de celui d'Indochine, relève d'une autre catégorie que la guerre froide et donc ne justifie pas un soutien automatique à la politique française, tout au long de leur crise leur politique est dictée par la conviction que la guerre d'Algérie compromet la participation effective de la France à l'Otan et risque de pousser l'Afrique du Nord dans les bras de Moscou.» La guerre d'Algérie n'est pas vue comme un événement de la Guerre froide et, pourtant, les deux effets négatifs qu'on en craint ont à voir directement avec la Guerre froide. Peut-être est-ce leur “anticolonialisme traditionnel” qui explique ce qui est à nos yeux une contradiction des USA interférant considérablement sur la perception du problème.
Au contraire, l'obsession de la guerre froide est constamment présente, et c'est l'une des causes de l'intérêt US pour la crise. Foster Dulles, le secrétaire d'État de Eisenhower, ne vit que dans l'obsession de l'élargissement du conflit, souvent dans une mesure bien irréaliste et qui laisse rêveur. Lorsqu'il explique l'intervention US constante, Wall rapporte le «scénario cauchemardesque» qui semble constamment à l'esprit de Dulles: «[L]a politique menée par la France conduisait nécessairement à entraîner dans un conflit sans issue les voisins de l'Algérie, la Tunisie d'abord et ensuite le Maroc et la Libye. La France allait bientôt se trouver en guerre avec l'Afrique du Nord tout entière, soutenue par Nasser et d'autres États arabes, lesquels seraient armés et financés par l'URSS et le communisme international.» Parallèlement, on nous explique, par exemple, que la Tunisie qui vient d'avoir son indépendance, tente de trouver des armes pour équiper son premier régiment de 3.000 hommes et que l'ALN algérienne règne dans le pays en absolue maîtresse. Cela invite à se demander, pour ce cas qui équivaut aux autres mentionnés, comment les Français auraient pu déclencher un conflit avec une Tunisie qui n'avait aucune existence de puissance réelle.
Cette hystérie ne cessera pas. Wall nous rapporte, sans le moindre commentaire impliquant une appréciation un peu étonnée ou une observation critique, que, le 7 novembre 1960, le National Security Council du président Eisehower mentionne au cours d'une réunion sa crainte d'une implication de l'OTAN en Algérie «dans l'éventualité d'une intervention, dans le nord de l'Algérie, d'unités de forces armées soviétiques organisées et identifiables». Cette obsession extraordinaire, relevant de la bande dessinée de l'époque maccarthyste, marque effectivement l'appréciation sans cesse excédée des Américains à l'encontre de la prétention française à résister pour conserver un territoire dont on a peine à se souvenir qu'il fait alors partie intégrante du territoire français. Les Américains pensent, dès 1954, comme nous le rappelle Soutou, que «la France ne peut gagner la guerre et [que] l'Algérie deviendra tôt ou tard indépendante». Cette conviction est si grande qu'on a bientôt l'impression, de plus en plus confirmée tout au long du livre, que les USA font effectivement tout pour que l'Algérie devienne indépendante, que ce sont eux qui ont joué le rôle principal dans cette affaire où Moscou n'a rien à voir. Le soutien diplomatique de Washington au FLN, à l'ONU, au département d'État du républicain Dulles, au Congrès où Kennedy fit un discours mémorable en 1957, dans les capitales étrangères, fut constant et fondamental. Ainsi les USA peuvent assurer aux Français qu'ils ne peuvent gagner la guerre, de science certaine puisqu'ils sont les principaux soutiens diplomatiques et politiques du FLN. C'est un autre enseignement précieux du livre. Les USA ont, pour une part principale, assuré les fondements de l'indépendance de l'Algérie.
Une grande explication est offerte. Face au danger soviétique que les Français ne comprennent pas, seul l'anticolonialisme naturel de l'Amérique fait l'affaire. Curieux argument, alors que les Français tentent de convaincre Washington que l'Occident est en danger dans les djebels algériens. Seuls les Américains savent distinguer le danger communiste et y répondre avec la finesse qui importe. Ce sera l'obsession anticolonialiste. (En attendant, Wall passe en un mot très rapide sur cette Algérie devenue indépendante en 1962 grâce à l'habileté de Washinton à écarter la main-mise communiste, et se retrouvant en 1965, avec Boumedienne, socialiste, tiersmondiste et amie de Che Guevara, et amie de Moscou cela va sans dire.)
Le poids de la vertu anticolonialiste de l'Amérique est considérable dans la politique de Washington, jusqu'à être déterminant. Ce n'est pas sa puissance qui donne à Washington le “droit” de chapitrer interminablement Paris, mais sa vertu anticolonialiste. C'est elle qui permet aux Américains de mieux “comprendre” la crise et d'être à même de lui donner l'issue qui importe. (Curiosité historique: l'Amérique est, paraît-il, la première “colonie” à s'être libérée, donc avec un titre de propriété de la vertu anticolonialiste. Voire. L'analogie avec l'Algérie est intéressante. Les insurgents américains de 1776 n'ont rien à voir avec les Arabes d'Algérie: ce sont les “pieds-noirs” de l'Amérique qui se révoltent contre la mère-patrie. Les vrais Arabes de l'Amérique, ce sont les Indiens. C'est avec le traitement global infligé par les Américains immigrants aux Indiens comparé au traitement infligé par les pieds-noirs aux Arabes qu'on peut établir une analogie intéressante. Les évolutions démographiques respectives des deux populations indigènes sont peut-être une indication plus intéressante des vertus respectives que les discours à ce propos. Là devrait être la source du brevet d'anticolonialisme.)
Une intervention américaniste marquée par une seule attitude: le refus de considérer l'existence de la souveraineté française
Répartissons bien les critiques. Le procès de la “France colonialiste” a été fait, fait et refait ad nauseam. Les vilenies françaises sont exposées en place publique, amplifiées extraordinairement, démonisées dans une orgie de repentance bien dans l'air du temps, au vu et au su de tout le monde, d'ailleurs à l'initiative des intellectuels français, sans la moindre restriction. Ce n'est certainement pas sur ce point que porte l'intérêt du livre, bien que les Américains ne manquent pas de froncer les sourcils devant les comportements des Français. Il s'agit ici de découvrir le fondement de l'attitude américaniste, du procès américaniste fait contre la France dans cette affaire. Ce procès est permanent dans le récit historique de Wall, implicite et explicite à la fois. Il est fondé moins sur les faits, quels que soient ces faits, que sur une conviction fondamentale du juge, — et c'est le point capital pour nous. Il s'agit, comme on dit, d'une “question de principe”, — et ce livre prétendument de “science historique” est fait pour juger et condamner, et certainement pas pour instruire et comprendre. (Et le juge qui incarne ces principes au nom desquels on condamne au bout du compte, ce sont les USA, sans le moindre doute.)
Petite leçon d'histoire bien actuelle malgré qu'on y parle de l'Algérie, de la IVème République et de De Gaulle, de Foster Dulles et de Ike. La psychologie américaniste en scène, comme argument central de l'Histoire.
Nous nous attachons à un livre de l'historien américain Irwin M. Wall, Les États-Unis et la guerre d'Algérie (éditions Soleb, septembre 2006 en traduction française avec un ajout exclusif de l'auteur, version originale publiée en 2000). Wall est un des spécialistes américains de l'histoire française, et, plus précisément des relations entre France et USA (sa période de prédilection est la IVème République et les débuts de la Vème). Il observe dans l'ajout exclusif qu'il a donné à l'édition française: «[L]es Américains étudient la France plus que quiconque, peut-être autant voire plus que les Français eux-mêmes.»
Nous avions lu, in illo tempore, un autre important travail de Wall: L'influence américaine sur la politique française, 1945-1954 (Balland, 1989). Ici ou là, nous y ferons allusion.
Pourquoi ce livre (ces deux livres)? Manifestement, l'édition française, faite en 2006 pour un livre datant de 2000, se veut comme un clin d'oeil. Il y a un parallèle à faire entre l'attitude française vis-à-vis des USA dans l'affaire irakienne et l'attitude des USA vis-à-vis de la France dans l'affaire algérienne. Wall n'en disconvient pas implicitement, réduisant l'analogie à Irak-2003 versus Suez-1956.
Ce n'est pas la voie qui nous intéresse. Selon nous, il n'y a pas d'analogie possible, sinon sentimentale, entre deux situations où les partenaires auraient une position inversée alors qu'ils sont ces puissances si différentes. Disons que l'analogie est trompeuse et la faire c'est faire une tromperie, volontairement ou pas. Ce n'est pas un procès, c'est un constat.
Au contraire, il y a beaucoup à apprendre de la politique US vis-à-vis de la crise algérienne et de la France plongée dans la crise algérienne. Il y a aussi un enseignement considérable dans les visions réciproques (américaine et française) des relations entre les deux pays, et dans leurs façons de voir si différentes. C'est une appréciation historique que nous offrons, qui a incontestablement une grande actualité par le biais évident de sa permanence. Toute véritable appréciation historique a cette dimension de permanence, ou bien son intérêt est temporaire et sporadique.
L'activisme US dans la guerre d'Algérie: l'effet d'une politique, d'une conception du monde radicale et de ses certitudes
Sans aucun doute, l'un des grands apports du livre est l'image qu'il donne de la puissance, de la constance et de l'insistance de l'intérêt US pour la crise algérienne. C'est une découverte, tant on avait à l'esprit que la crise algérienne était d'abord une “crise française” (pour la France) qui avait accessoirement et épisodiquement intéressé l'Amérique. Ce n'est pas le cas. L'affaire algérienne fut aussitôt interprétée par Washington comme une bataille essentielle dans la vision américaniste du monde durant la Guerre froide; également, comme un épisode essentiel dans ses rapports avec la France.
Un des paradoxes de départ est exposé involontairement en une seule phrase de l'introduction du livre (par le professeur Georges-Henri Soutou): «Outre leur anticolonialisme traditionnel, et la conviction que le conflit en Algérie, à la différence de celui d'Indochine, relève d'une autre catégorie que la guerre froide et donc ne justifie pas un soutien automatique à la politique française, tout au long de leur crise leur politique est dictée par la conviction que la guerre d'Algérie compromet la participation effective de la France à l'Otan et risque de pousser l'Afrique du Nord dans les bras de Moscou.» La guerre d'Algérie n'est pas vue comme un événement de la Guerre froide et, pourtant, les deux effets négatifs qu'on en craint ont à voir directement avec la Guerre froide. Peut-être est-ce leur “anticolonialisme traditionnel” qui explique ce qui est à nos yeux une contradiction des USA interférant considérablement sur la perception du problème.
Au contraire, l'obsession de la guerre froide est constamment présente, et c'est l'une des causes de l'intérêt US pour la crise. Foster Dulles, le secrétaire d'État de Eisenhower, ne vit que dans l'obsession de l'élargissement du conflit, souvent dans une mesure bien irréaliste et qui laisse rêveur. Lorsqu'il explique l'intervention US constante, Wall rapporte le «scénario cauchemardesque» qui semble constamment à l'esprit de Dulles: «[L]a politique menée par la France conduisait nécessairement à entraîner dans un conflit sans issue les voisins de l'Algérie, la Tunisie d'abord et ensuite le Maroc et la Libye. La France allait bientôt se trouver en guerre avec l'Afrique du Nord tout entière, soutenue par Nasser et d'autres États arabes, lesquels seraient armés et financés par l'URSS et le communisme international.» Parallèlement, on nous explique, par exemple, que la Tunisie qui vient d'avoir son indépendance, tente de trouver des armes pour équiper son premier régiment de 3.000 hommes et que l'ALN algérienne règne dans le pays en absolue maîtresse. Cela invite à se demander, pour ce cas qui équivaut aux autres mentionnés, comment les Français auraient pu déclencher un conflit avec une Tunisie qui n'avait aucune existence de puissance réelle.
Cette hystérie ne cessera pas. Wall nous rapporte, sans le moindre commentaire impliquant une appréciation un peu étonnée ou une observation critique, que, le 7 novembre 1960, le National Security Council du président Eisehower mentionne au cours d'une réunion sa crainte d'une implication de l'OTAN en Algérie «dans l'éventualité d'une intervention, dans le nord de l'Algérie, d'unités de forces armées soviétiques organisées et identifiables». Cette obsession extraordinaire, relevant de la bande dessinée de l'époque maccarthyste, marque effectivement l'appréciation sans cesse excédée des Américains à l'encontre de la prétention française à résister pour conserver un territoire dont on a peine à se souvenir qu'il fait alors partie intégrante du territoire français. Les Américains pensent, dès 1954, comme nous le rappelle Soutou, que «la France ne peut gagner la guerre et [que] l'Algérie deviendra tôt ou tard indépendante». Cette conviction est si grande qu'on a bientôt l'impression, de plus en plus confirmée tout au long du livre, que les USA font effectivement tout pour que l'Algérie devienne indépendante, que ce sont eux qui ont joué le rôle principal dans cette affaire où Moscou n'a rien à voir. Le soutien diplomatique de Washington au FLN, à l'ONU, au département d'État du républicain Dulles, au Congrès où Kennedy fit un discours mémorable en 1957, dans les capitales étrangères, fut constant et fondamental. Ainsi les USA peuvent assurer aux Français qu'ils ne peuvent gagner la guerre, de science certaine puisqu'ils sont les principaux soutiens diplomatiques et politiques du FLN. C'est un autre enseignement précieux du livre. Les USA ont, pour une part principale, assuré les fondements de l'indépendance de l'Algérie.
Une grande explication est offerte. Face au danger soviétique que les Français ne comprennent pas, seul l'anticolonialisme naturel de l'Amérique fait l'affaire. Curieux argument, alors que les Français tentent de convaincre Washington que l'Occident est en danger dans les djebels algériens. Seuls les Américains savent distinguer le danger communiste et y répondre avec la finesse qui importe. Ce sera l'obsession anticolonialiste. (En attendant, Wall passe en un mot très rapide sur cette Algérie devenue indépendante en 1962 grâce à l'habileté de Washinton à écarter la main-mise communiste, et se retrouvant en 1965, avec Boumedienne, socialiste, tiersmondiste et amie de Che Guevara, et amie de Moscou cela va sans dire.)
Le poids de la vertu anticolonialiste de l'Amérique est considérable dans la politique de Washington, jusqu'à être déterminant. Ce n'est pas sa puissance qui donne à Washington le “droit” de chapitrer interminablement Paris, mais sa vertu anticolonialiste. C'est elle qui permet aux Américains de mieux “comprendre” la crise et d'être à même de lui donner l'issue qui importe. (Curiosité historique: l'Amérique est, paraît-il, la première “colonie” à s'être libérée, donc avec un titre de propriété de la vertu anticolonialiste. Voire. L'analogie avec l'Algérie est intéressante. Les insurgents américains de 1776 n'ont rien à voir avec les Arabes d'Algérie: ce sont les “pieds-noirs” de l'Amérique qui se révoltent contre la mère-patrie. Les vrais Arabes de l'Amérique, ce sont les Indiens. C'est avec le traitement global infligé par les Américains immigrants aux Indiens comparé au traitement infligé par les pieds-noirs aux Arabes qu'on peut établir une analogie intéressante. Les évolutions démographiques respectives des deux populations indigènes sont peut-être une indication plus intéressante des vertus respectives que les discours à ce propos. Là devrait être la source du brevet d'anticolonialisme.)
Une intervention américaniste marquée par une seule attitude: le refus de considérer l'existence de la souveraineté française
Répartissons bien les critiques. Le procès de la “France colonialiste” a été fait, fait et refait ad nauseam. Les vilenies françaises sont exposées en place publique, amplifiées extraordinairement, démonisées dans une orgie de repentance bien dans l'air du temps, au vu et au su de tout le monde, d'ailleurs à l'initiative des intellectuels français, sans la moindre restriction. Ce n'est certainement pas sur ce point que porte l'intérêt du livre, bien que les Américains ne manquent pas de froncer les sourcils devant les comportements des Français. Il s'agit ici de découvrir le fondement de l'attitude américaniste, du procès américaniste fait contre la France dans cette affaire. Ce procès est permanent dans le récit historique de Wall, implicite et explicite à la fois. Il est fondé moins sur les faits, quels que soient ces faits, que sur une conviction fondamentale du juge, — et c'est le point capital pour nous. Il s'agit, comme on dit, d'une “question de principe”, — et ce livre prétendument de “science historique” est fait pour juger et condamner, et certainement pas pour instruire et comprendre. (Et le juge qui incarne ces principes au nom desquels on condamne au bout du compte, ce sont les USA, sans le moindre doute.)
Commentaire