Le général-major à la retraite Hocine Benmaâlem, ancien secrétaire du colonel Amirouche, nous livre son témoignage sur le parcours du chef de la Wilaya III. Amirouche était très en colère contre les responsables à l’extérieur qu’il accusait de ne pas s’occuper des Wilayas de l’intérieur.
- Comment vous êtes devenu secrétaire du colonel Amirouche ?
Ma première rencontre avec Amirouche remonte au printemps 1956 dans mon village natal : Kalaâ des Beni Abbès. C'était pendant les vacances de Pâques ; j'étais, à ce moment-là lycéen. Je me trouvais dans un magasin avec un ami également lycéen, Benmeni Mahdi, qui est tombé par la suite au champ d'honneur. Amirouche, qui était responsable de la Petite Kabylie, passa accompagné de Krim Belkacem. Ils étaient venus rencontrer la délégation des Aurès conduite par Omar Ben Boulaïd. Le commerçant, qui les a invités à prendre un thé, était au courant de notre intention de rejoindre l'ALN, il dit alors aux deux responsables : «Ces jeunes veulent rejoindre l'ALN.» Ils répondirent tous les deux qu'il n'en était pas question, qu'il fallait que nous continuions nos études, car l'Algérie indépendante aura besoin de nous. Nous étions déçus et nous rejoignîmes notre établissement. Ce n'est qu'après la grève des étudiants, qui a eu lieu quelque temps après, que nous sommes venus le revoir. Il accepta à ce moment-là de nous recruter. Il m'a dit de suivre le chef de secteur. Il a ajouté : «Nous nous reverrons bientôt.» Suivant les instructions reçues, le chef de secteur me présenta à un commissaire politique régional, un ancien militant bien connu dans la région : Si Mohand Akli Naït Kaâbache. Je suis resté avec lui jusqu'au congrès qui s'est tenu à Ouzellaguène. A la fin de la réunion, Amirouche me convoqua et me demanda de l'accompagner à la Wilaya 1 comme secrétaire. Je suis resté avec lui presque une année pendant laquelle je l'ai accompagné aux Aurès et en Tunisie jusqu'au jour où il m'ordonna d'aller faire des études au Moyen-Orient.
J'ai reçu une formation d'officier à l'Académie militaire en Syrie, puis en Egypte. Au moment où j'ai rejoint de nouveau l'ALN en avril 1959, Si Amirouche venait juste de tomber au champ d'honneur. Cela a été un grand choc pour moi et une grande perte pour l'Algérie.
- Certains acteurs de la vie politique et des personnes historiques n'hésitent pas à traiter Amirouche de sanguinaire. Vous qui l'avez côtoyé, pensez-vous qu'il l'était vraiment ?
Je n'accepterai jamais de traiter de la sorte un héros comme Amirouche. Grand chef révolutionnaire et grand patriote sont les qualificatifs qu'on doit lui attribuer.
C'est vrai qu'il y a eu un certain dérapage au cours de l'opération la Bleuite ; des combattants de l'ALN ont été exécutés injustement, mais il faut placer les choses dans le contexte du moment, les conditions de vie étaient très difficiles dans les maquis. Si Amirouche a toujours agi en bon père de famille, des erreurs ont été commises, mais de bonne foi, le but était de sauver la Révolution. C'est lui-même qui déclara au cours d'un discours prononcé devant des milliers de maquisards en novembre 1958 : «On dit que l'Armée de libération nationale commet des injustices. Non, l'ALN ne commet pas d'injustices, elle commet des erreurs.» C'est facile pour des personnes qui sont aujourd'hui bien installées dans leur fauteuil de traiter Amirouche de sanguinaire. Je suis curieux de savoir ce qu'elles auraient fait, si elles avaient été à sa place à cette époque-là. Ensuite la Bleuite n'est pas une affaire facile à gérer ; c'est une grande opération montée par les services psychologiques de l'armée française dirigés par le général Jacquin et le capitaine Léger. Il faut reconnaître qu'ils l'ont réussie, comme nous, nous avions réussi l'opération l'Oiseau bleu. Pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d'autres, l'important c'est de gagner la guerre et nous l'avons gagnée. Nous avons vécu ensemble presque un an, Si Amirouche était un homme bon, humain qui aimait et respectait ses frères d'armes. Il s'est toujours comporté comme un bon père de famille. Ceux qui prétendent qu'il était sanguinaire, que Dieu leur pardonne. Ce n'est pas vrai, c'est totalement faux.
- Comment réagissait-il aux exécutions pendant l'affaire de la Bleuite ?
J'étais au Moyen-Orient pendant la période de la Bleuite. Donc je ne peux pas porter de jugement, il y a des personnes ayant vécu ce tragique événement, ont fait des témoignages. Par contre, je peux dire, connaissant parfaitement l'intéressé, Amirouche est incapable de faire du mal à ses compagnons d'armes. C'est vrai qu'il était très dur, mais il l'était tout autant avec lui-même. Et en plus, cette affaire n'était pas gérée directement par lui. Il avait désigné une commission pour cette pénible mission, ceci ne diminue en rien sa responsabilité en tant que premier responsable de la Wilaya. Mais je le répète, des erreurs ont été commises, ce n'était pas dans l'intention de nuire, mais pour servir la Révolution. Pour répondre à votre question, Si Amirouche a certainement vécu dans la douleur cette période, certaines personnes ont déclaré qu'elles l'avaient vu en train de pleurer.
- Comment vous êtes devenu secrétaire du colonel Amirouche ?
Ma première rencontre avec Amirouche remonte au printemps 1956 dans mon village natal : Kalaâ des Beni Abbès. C'était pendant les vacances de Pâques ; j'étais, à ce moment-là lycéen. Je me trouvais dans un magasin avec un ami également lycéen, Benmeni Mahdi, qui est tombé par la suite au champ d'honneur. Amirouche, qui était responsable de la Petite Kabylie, passa accompagné de Krim Belkacem. Ils étaient venus rencontrer la délégation des Aurès conduite par Omar Ben Boulaïd. Le commerçant, qui les a invités à prendre un thé, était au courant de notre intention de rejoindre l'ALN, il dit alors aux deux responsables : «Ces jeunes veulent rejoindre l'ALN.» Ils répondirent tous les deux qu'il n'en était pas question, qu'il fallait que nous continuions nos études, car l'Algérie indépendante aura besoin de nous. Nous étions déçus et nous rejoignîmes notre établissement. Ce n'est qu'après la grève des étudiants, qui a eu lieu quelque temps après, que nous sommes venus le revoir. Il accepta à ce moment-là de nous recruter. Il m'a dit de suivre le chef de secteur. Il a ajouté : «Nous nous reverrons bientôt.» Suivant les instructions reçues, le chef de secteur me présenta à un commissaire politique régional, un ancien militant bien connu dans la région : Si Mohand Akli Naït Kaâbache. Je suis resté avec lui jusqu'au congrès qui s'est tenu à Ouzellaguène. A la fin de la réunion, Amirouche me convoqua et me demanda de l'accompagner à la Wilaya 1 comme secrétaire. Je suis resté avec lui presque une année pendant laquelle je l'ai accompagné aux Aurès et en Tunisie jusqu'au jour où il m'ordonna d'aller faire des études au Moyen-Orient.
J'ai reçu une formation d'officier à l'Académie militaire en Syrie, puis en Egypte. Au moment où j'ai rejoint de nouveau l'ALN en avril 1959, Si Amirouche venait juste de tomber au champ d'honneur. Cela a été un grand choc pour moi et une grande perte pour l'Algérie.
- Certains acteurs de la vie politique et des personnes historiques n'hésitent pas à traiter Amirouche de sanguinaire. Vous qui l'avez côtoyé, pensez-vous qu'il l'était vraiment ?
Je n'accepterai jamais de traiter de la sorte un héros comme Amirouche. Grand chef révolutionnaire et grand patriote sont les qualificatifs qu'on doit lui attribuer.
C'est vrai qu'il y a eu un certain dérapage au cours de l'opération la Bleuite ; des combattants de l'ALN ont été exécutés injustement, mais il faut placer les choses dans le contexte du moment, les conditions de vie étaient très difficiles dans les maquis. Si Amirouche a toujours agi en bon père de famille, des erreurs ont été commises, mais de bonne foi, le but était de sauver la Révolution. C'est lui-même qui déclara au cours d'un discours prononcé devant des milliers de maquisards en novembre 1958 : «On dit que l'Armée de libération nationale commet des injustices. Non, l'ALN ne commet pas d'injustices, elle commet des erreurs.» C'est facile pour des personnes qui sont aujourd'hui bien installées dans leur fauteuil de traiter Amirouche de sanguinaire. Je suis curieux de savoir ce qu'elles auraient fait, si elles avaient été à sa place à cette époque-là. Ensuite la Bleuite n'est pas une affaire facile à gérer ; c'est une grande opération montée par les services psychologiques de l'armée française dirigés par le général Jacquin et le capitaine Léger. Il faut reconnaître qu'ils l'ont réussie, comme nous, nous avions réussi l'opération l'Oiseau bleu. Pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d'autres, l'important c'est de gagner la guerre et nous l'avons gagnée. Nous avons vécu ensemble presque un an, Si Amirouche était un homme bon, humain qui aimait et respectait ses frères d'armes. Il s'est toujours comporté comme un bon père de famille. Ceux qui prétendent qu'il était sanguinaire, que Dieu leur pardonne. Ce n'est pas vrai, c'est totalement faux.
- Comment réagissait-il aux exécutions pendant l'affaire de la Bleuite ?
J'étais au Moyen-Orient pendant la période de la Bleuite. Donc je ne peux pas porter de jugement, il y a des personnes ayant vécu ce tragique événement, ont fait des témoignages. Par contre, je peux dire, connaissant parfaitement l'intéressé, Amirouche est incapable de faire du mal à ses compagnons d'armes. C'est vrai qu'il était très dur, mais il l'était tout autant avec lui-même. Et en plus, cette affaire n'était pas gérée directement par lui. Il avait désigné une commission pour cette pénible mission, ceci ne diminue en rien sa responsabilité en tant que premier responsable de la Wilaya. Mais je le répète, des erreurs ont été commises, ce n'était pas dans l'intention de nuire, mais pour servir la Révolution. Pour répondre à votre question, Si Amirouche a certainement vécu dans la douleur cette période, certaines personnes ont déclaré qu'elles l'avaient vu en train de pleurer.
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