Tout le monde doit savoir ce qui s'est reellement passé à T'kout alors qu'il y'a 6 ans tout a été fait pour que ce soit dissimulé; grâce à internet des militants ont envoyé des videos d'une partie de ces évènements.
Un article interessant de liberte-algerie :
Pendant une semaine, la région de Tkout, au sud de Batna, qui passe pour un bastion du mouvement des archs, a vécu des évènements douloureux suite à la mort d’un jeune homme de Taghit, tué par un garde communal.
La population, qui n’a fait que réclamer justice, a subi une répression féroce. D’autant plus féroce qu’elle avait eu lieu à huis clos, à l’abri des regards indiscrets. Tkout est loin de tout. Ce n’est pas la Kabylie aux portes d’Alger, où le moindre pneu brûlé peut se retrouver à la une des journaux. Ici, quand on porte une arme et un uniforme, on peut tuer puis réprimer tout à son aise. Que s’est-il exactement passé ?
-Genèse de l’affaire
Tout commence par un incident mineur au lycée de Tkout. Un lycéen, fiché pour son appartenance au mouvement des archs, est vivement rudoyé par les membres de l’administration avant d’être renvoyé de l’établissement sans motif apparent. Mécontents du traitement subi par leur ami, des jeunes de la localité entrent alors de force au lycée pour demander des explications au proviseur sur ce qu’ils considèrent comme un abus d’autorité et une injustice flagrante. Celui-ci ne les reçoit pas. De suite, il fait un rapport détaillé à sa tutelle et convoque l’association des parents d’élèves. Les parents se présentent et essaient de raisonner leurs enfants, leur demandant de s’occuper un peu plus de leurs études et un peu moins du mouvement des archs. L’administration du lycée leur fait signer une feuille de présence. Elle va servir à d’autres fins. En fait, à leur insu, ils venaient de parapher une dénonciation des agissements des lycéens impliqués dans le mouvement des archs. Malaise. L’atmosphère à Tkout devient sourde de révolte contenue. C’est dans ce climat délétère qu’intervient, quelques jours après, un incident aussi grave que tragique.
Un jeune de Taghit est abattu à bout portant par la garde communale de son propre village. À l’origine du drame : un menu larcin d’une affligeante banalité. Deux jeunes gens, Chouaïb Argabi et son ami, Ali Remili, chapardent quelques denrées alimentaires d’une épicerie de Ghassira. Ils vont cacher leur maigre butin dans une petite palmeraie à Taghit même en se promettant de revenir la nuit venue le récupérer en toute quiétude. À 22 heures, les gardes communaux voient des mouvements suspects du haut de leur guérite.
Ils ouvrent le feu sans sommation, sans trop se poser de questions. Chouaïb Argabi est mortellement touché. Son ami est indemne. Partie de Taghit, la nouvelle de la bavure se répand dans les villages auressiens comme une traînée de poudre. Le lendemain matin, au centre de Tkout, Selim Yezza, l’un des délégués les plus en vue du mouvement des archs, anime un meeting où les jeunes viennent en force. Il appelle à la solidarité avec leurs camarades de Taghit. Aussitôt, des dizaines de jeunes prennent la direction de cette localité. Arrivés là-bas, ils ferment la route à la circulation et exigent le départ des gardes communaux. Un officier de la gendarmerie d’Arris arrive sur les lieux et tente de parlementer. Le fait que le meurtrier soit d’Arris et la victime de Taghit n’arrange guère les choses.
À ce niveau, d’autres considérations entrent en jeu. En effet, si le meurtrier appartient au arch des Ath Daoud, la victime, elle, appartient au arch des Beni Bouslimane et entre les deux tribus, il y a des contentieux vieux de plusieurs années, voire des siècles. Des archs, le risque est grand de glisser directement à l’arouchia.
A l’arrivée des militaires d’Arris, les gardes communaux sont désarmés et cantonnés dans une mosquée tenue sous bonne garde. Vers 19 heures, les jeunes de Tkout, Taghit et Ghassira investissent la petite caserne des gardes communaux et sortent tout ce qui s’y trouve sur la chaussée avant d’y mettre le feu. La route restera fermée jusqu’à 4 heures du matin. Les militaires n’interviennent que pour calmer les esprits. La route est ouverte, mais pas pour longtemps. Vers 13 heures, le commandant du secteur militaire arrive, accompagné d’un colonel. Cet officier supérieur engueule publiquement son capitaine, lui reprochant son laxisme, mais il parlemente avec Selim Yezza. Mais le ton monte rapidement entre le colonel et le délégué des archs qui n’échangent pas que des amabilités.
Très rapidement, “les gardes mobiles”, tels que les désignent les jeunes, sont appelés en renfort. Ce sont ceux de Aïn Yagout et ils ont acquis leurs galons dans la répression féroce des évènements de Kabylie. Leur réputation n’est plus à faire. Un militant du RND avertit Selim Yezza et son ami, le dénommé Abderrezak, qu’ils sont désignés comme étant les meneurs de la contestation et qu’ils sont activement recherchés. Ils ont juste le temps de fuir à travers l’oued Labiod, quelques minutes avant l’arrivée des renforts. Les forces anti-émeutes, une fois sur place, ne font pas dans la dentelle. Elles s’en donnent à cœur joie. Arrestations, courses poursuites, passages à tabac et insultes en tous genres sont au programme. Des dizaines de jeunes sont arrêtés et enfermés, soit à Tkout, soit à Ghassira. Vers 19 heures, ils font leur apparition à Tkout, à l’heure de la prière. Ils tabassent et arrosent copieusement d’injures tous ceux qu’ils trouvent sur leur chemin, y compris ceux qui sortent de la mosquée. Des domiciles sont perquisitionnés. Violemment. Beaucoup de jeunes sont arrêtés alors que d’autres ne trouvent leur salut que dans la fuite éperdue à travers les champs en direction du maquis tout proche. Dans la caserne de gendarmerie se déroule un autre rituel. Chaque nouvel arrivant a droit au même régime : on lui enlève ses chaussures et sa ceinture avant le passage à tabac réglementaire.
Le lendemain matin, vers 10 heures, la chasse aux militants des archs repart de plus belle. Dans la matinée, Athmani Nourredine, dit Nounou, est arrêté, son ami Toufik Khellafi arrive à s’enfuir. Le soir, un quartier de Tkout, Tigheza, est investi par les forces anti-émeutes. Une autre fournée de jeunes rejoient les autres camarades qui croupissent déjà dans la caserne de gendarmerie. Ils ont droit au même “traitement de faveur” fait de bastonnades et d’insultes. Un militant du MDS est arrêté chez lui. Il a osé afficher un communiqué de son parti pourtant dûment agréé. Tout le matériel de son cybercafé est saisi. Aucune nouvelle n’a émané de lui jusqu’à présent. Mardi, les jeunes de Tkout s’enfuient du village, chacun selon ses moyens. Destination Alger, Batna, Biskra ou ailleurs. La répression féroce qui s’abat sur eux les force à la clandestinité. Dans leur élan, les forces répressives ont arrêté à tour de bras y compris d’anciens militants qui ont raccroché les gants depuis dix ans et plus.
Un article interessant de liberte-algerie :
Pendant une semaine, la région de Tkout, au sud de Batna, qui passe pour un bastion du mouvement des archs, a vécu des évènements douloureux suite à la mort d’un jeune homme de Taghit, tué par un garde communal.
La population, qui n’a fait que réclamer justice, a subi une répression féroce. D’autant plus féroce qu’elle avait eu lieu à huis clos, à l’abri des regards indiscrets. Tkout est loin de tout. Ce n’est pas la Kabylie aux portes d’Alger, où le moindre pneu brûlé peut se retrouver à la une des journaux. Ici, quand on porte une arme et un uniforme, on peut tuer puis réprimer tout à son aise. Que s’est-il exactement passé ?
-Genèse de l’affaire
Tout commence par un incident mineur au lycée de Tkout. Un lycéen, fiché pour son appartenance au mouvement des archs, est vivement rudoyé par les membres de l’administration avant d’être renvoyé de l’établissement sans motif apparent. Mécontents du traitement subi par leur ami, des jeunes de la localité entrent alors de force au lycée pour demander des explications au proviseur sur ce qu’ils considèrent comme un abus d’autorité et une injustice flagrante. Celui-ci ne les reçoit pas. De suite, il fait un rapport détaillé à sa tutelle et convoque l’association des parents d’élèves. Les parents se présentent et essaient de raisonner leurs enfants, leur demandant de s’occuper un peu plus de leurs études et un peu moins du mouvement des archs. L’administration du lycée leur fait signer une feuille de présence. Elle va servir à d’autres fins. En fait, à leur insu, ils venaient de parapher une dénonciation des agissements des lycéens impliqués dans le mouvement des archs. Malaise. L’atmosphère à Tkout devient sourde de révolte contenue. C’est dans ce climat délétère qu’intervient, quelques jours après, un incident aussi grave que tragique.
Un jeune de Taghit est abattu à bout portant par la garde communale de son propre village. À l’origine du drame : un menu larcin d’une affligeante banalité. Deux jeunes gens, Chouaïb Argabi et son ami, Ali Remili, chapardent quelques denrées alimentaires d’une épicerie de Ghassira. Ils vont cacher leur maigre butin dans une petite palmeraie à Taghit même en se promettant de revenir la nuit venue le récupérer en toute quiétude. À 22 heures, les gardes communaux voient des mouvements suspects du haut de leur guérite.
Ils ouvrent le feu sans sommation, sans trop se poser de questions. Chouaïb Argabi est mortellement touché. Son ami est indemne. Partie de Taghit, la nouvelle de la bavure se répand dans les villages auressiens comme une traînée de poudre. Le lendemain matin, au centre de Tkout, Selim Yezza, l’un des délégués les plus en vue du mouvement des archs, anime un meeting où les jeunes viennent en force. Il appelle à la solidarité avec leurs camarades de Taghit. Aussitôt, des dizaines de jeunes prennent la direction de cette localité. Arrivés là-bas, ils ferment la route à la circulation et exigent le départ des gardes communaux. Un officier de la gendarmerie d’Arris arrive sur les lieux et tente de parlementer. Le fait que le meurtrier soit d’Arris et la victime de Taghit n’arrange guère les choses.
À ce niveau, d’autres considérations entrent en jeu. En effet, si le meurtrier appartient au arch des Ath Daoud, la victime, elle, appartient au arch des Beni Bouslimane et entre les deux tribus, il y a des contentieux vieux de plusieurs années, voire des siècles. Des archs, le risque est grand de glisser directement à l’arouchia.
A l’arrivée des militaires d’Arris, les gardes communaux sont désarmés et cantonnés dans une mosquée tenue sous bonne garde. Vers 19 heures, les jeunes de Tkout, Taghit et Ghassira investissent la petite caserne des gardes communaux et sortent tout ce qui s’y trouve sur la chaussée avant d’y mettre le feu. La route restera fermée jusqu’à 4 heures du matin. Les militaires n’interviennent que pour calmer les esprits. La route est ouverte, mais pas pour longtemps. Vers 13 heures, le commandant du secteur militaire arrive, accompagné d’un colonel. Cet officier supérieur engueule publiquement son capitaine, lui reprochant son laxisme, mais il parlemente avec Selim Yezza. Mais le ton monte rapidement entre le colonel et le délégué des archs qui n’échangent pas que des amabilités.
Très rapidement, “les gardes mobiles”, tels que les désignent les jeunes, sont appelés en renfort. Ce sont ceux de Aïn Yagout et ils ont acquis leurs galons dans la répression féroce des évènements de Kabylie. Leur réputation n’est plus à faire. Un militant du RND avertit Selim Yezza et son ami, le dénommé Abderrezak, qu’ils sont désignés comme étant les meneurs de la contestation et qu’ils sont activement recherchés. Ils ont juste le temps de fuir à travers l’oued Labiod, quelques minutes avant l’arrivée des renforts. Les forces anti-émeutes, une fois sur place, ne font pas dans la dentelle. Elles s’en donnent à cœur joie. Arrestations, courses poursuites, passages à tabac et insultes en tous genres sont au programme. Des dizaines de jeunes sont arrêtés et enfermés, soit à Tkout, soit à Ghassira. Vers 19 heures, ils font leur apparition à Tkout, à l’heure de la prière. Ils tabassent et arrosent copieusement d’injures tous ceux qu’ils trouvent sur leur chemin, y compris ceux qui sortent de la mosquée. Des domiciles sont perquisitionnés. Violemment. Beaucoup de jeunes sont arrêtés alors que d’autres ne trouvent leur salut que dans la fuite éperdue à travers les champs en direction du maquis tout proche. Dans la caserne de gendarmerie se déroule un autre rituel. Chaque nouvel arrivant a droit au même régime : on lui enlève ses chaussures et sa ceinture avant le passage à tabac réglementaire.
Le lendemain matin, vers 10 heures, la chasse aux militants des archs repart de plus belle. Dans la matinée, Athmani Nourredine, dit Nounou, est arrêté, son ami Toufik Khellafi arrive à s’enfuir. Le soir, un quartier de Tkout, Tigheza, est investi par les forces anti-émeutes. Une autre fournée de jeunes rejoient les autres camarades qui croupissent déjà dans la caserne de gendarmerie. Ils ont droit au même “traitement de faveur” fait de bastonnades et d’insultes. Un militant du MDS est arrêté chez lui. Il a osé afficher un communiqué de son parti pourtant dûment agréé. Tout le matériel de son cybercafé est saisi. Aucune nouvelle n’a émané de lui jusqu’à présent. Mardi, les jeunes de Tkout s’enfuient du village, chacun selon ses moyens. Destination Alger, Batna, Biskra ou ailleurs. La répression féroce qui s’abat sur eux les force à la clandestinité. Dans leur élan, les forces répressives ont arrêté à tour de bras y compris d’anciens militants qui ont raccroché les gants depuis dix ans et plus.
Commentaire