Avec Délice Paloma, présenté en ouverture du festival Vues d'Afrique hier et à l'affiche aujourd'hui (Montréal), le réalisateur Nadir Moknèche lève le voile sur les femmes du petit peuple d'Alger. Entre gouaille et magouilles, Délice Paloma parle de l'Algérie d'aujourd'hui... et de ses rêves avortés.
L'Algérie, c'est elle. Madame Aldjeria, figure centrale de Délice Paloma, sort de prison, survêtement vert, tee-shirt blanc, aux couleurs de l'Algérie. Madame Aldjeria se souvient de sa vie d'il y a trois ans. La vie, entre tapin et larcin, d'une femme qui promettait, contre quelques billets de «vous arranger ça».
Les personnages de Délice Paloma s'arrangent comme ils peuvent, entre petits et grands pots-de-vin. «Les Algériens ont l'habitude de parler de la corruption, mais seulement celle des dirigeants, remarque Nadir Moknèche. Or, tout le monde est corrompu: du balayeur au président de la République.»
Dans Délice Paloma, Nadir Moknèche taille pour son actrice fétiche, Biyouna, une Madame Aldjeria de grande envergure. Mère maquerelle ou vieille putain, Madame Aldjeria a la verve et le verbe des quartiers populaires, et la garde-robe d'une aspirante comédienne chez Hitchcock.
«J'ai le sentiment qu'avec Délice Paloma, on a voulu tout faire: donner à Biyouna une stature qu'elle a dans la vie, elle a un côté vulgaire et raffiné en même temps, de pouvoir lui donner ce côté très peuple, et ce côté très aristocratique», note le réalisateur, installé en France, élevé dans l'Algérie décolonisée.
Madame Aldjeria veille jalousement sur son fils, Riyad (Daniel Lundh), et sur sa «collaboratrice», Shéhérazade (Nadia Kaci). Madame Aldjeria rêve de quitter le monde des affaires, pour acquérir les thermes de Carcallas. «Une couronne trop grosse pour ma petite tête», narre-t-elle dans le film.
Le retour aux sources n'aura pas lieu. Madame Aldjeria fait un détour par la case prison. Shéhérazade, elle, redevient Zouina, prend un mari (barbu) et porte le voile noir («tu es habillée comme un corbeau», lui dira Madame Aldjeria). «Tout cela donne l'image d'une déception», concède Nadir Moknèche.
Une déception que l'on sent chez le réalisateur. Dans son premier long métrage, Le harem de Madame Osmane, Nadir Moknèche place ses comédiennes en plein coeur de la guerre civile. Vivat Laldjérie parle de l'espoir qui naît à la fin de la guerre civile. «On espérait que cela allait changer. Mais il y a eu cette émancipation ratée, cette démission des élites», explique-t-il.
Dernier volet de ce qui pourrait former sa trilogie algérienne, Délice Paloma ne cède toutefois à aucun misérabilisme, aucun cynisme. Planté au coeur d'Alger, le film prend le pouls d'une ville et de vies qui ne cherchent qu'à renaître. On est, chez Moknèche, plus proche d'Almodovar que du cinéma réaliste.
«Almodovar est un cinéaste que j'aime beaucoup, qui a été provocateur, qui a permis de pousser les choses», estime Nadir Moknèche. Délice Paloma nous envoie des images des beautés d'un pays que l'on voit peu au cinéma. «Un pays qui a été fermé donne très peu d'images», dit-il. Voilà une raison de plus de ne pas se priver de Délice Paloma.
source : La Presse
L'Algérie, c'est elle. Madame Aldjeria, figure centrale de Délice Paloma, sort de prison, survêtement vert, tee-shirt blanc, aux couleurs de l'Algérie. Madame Aldjeria se souvient de sa vie d'il y a trois ans. La vie, entre tapin et larcin, d'une femme qui promettait, contre quelques billets de «vous arranger ça».
Les personnages de Délice Paloma s'arrangent comme ils peuvent, entre petits et grands pots-de-vin. «Les Algériens ont l'habitude de parler de la corruption, mais seulement celle des dirigeants, remarque Nadir Moknèche. Or, tout le monde est corrompu: du balayeur au président de la République.»
Dans Délice Paloma, Nadir Moknèche taille pour son actrice fétiche, Biyouna, une Madame Aldjeria de grande envergure. Mère maquerelle ou vieille putain, Madame Aldjeria a la verve et le verbe des quartiers populaires, et la garde-robe d'une aspirante comédienne chez Hitchcock.
«J'ai le sentiment qu'avec Délice Paloma, on a voulu tout faire: donner à Biyouna une stature qu'elle a dans la vie, elle a un côté vulgaire et raffiné en même temps, de pouvoir lui donner ce côté très peuple, et ce côté très aristocratique», note le réalisateur, installé en France, élevé dans l'Algérie décolonisée.
Madame Aldjeria veille jalousement sur son fils, Riyad (Daniel Lundh), et sur sa «collaboratrice», Shéhérazade (Nadia Kaci). Madame Aldjeria rêve de quitter le monde des affaires, pour acquérir les thermes de Carcallas. «Une couronne trop grosse pour ma petite tête», narre-t-elle dans le film.
Le retour aux sources n'aura pas lieu. Madame Aldjeria fait un détour par la case prison. Shéhérazade, elle, redevient Zouina, prend un mari (barbu) et porte le voile noir («tu es habillée comme un corbeau», lui dira Madame Aldjeria). «Tout cela donne l'image d'une déception», concède Nadir Moknèche.
Une déception que l'on sent chez le réalisateur. Dans son premier long métrage, Le harem de Madame Osmane, Nadir Moknèche place ses comédiennes en plein coeur de la guerre civile. Vivat Laldjérie parle de l'espoir qui naît à la fin de la guerre civile. «On espérait que cela allait changer. Mais il y a eu cette émancipation ratée, cette démission des élites», explique-t-il.
Dernier volet de ce qui pourrait former sa trilogie algérienne, Délice Paloma ne cède toutefois à aucun misérabilisme, aucun cynisme. Planté au coeur d'Alger, le film prend le pouls d'une ville et de vies qui ne cherchent qu'à renaître. On est, chez Moknèche, plus proche d'Almodovar que du cinéma réaliste.
«Almodovar est un cinéaste que j'aime beaucoup, qui a été provocateur, qui a permis de pousser les choses», estime Nadir Moknèche. Délice Paloma nous envoie des images des beautés d'un pays que l'on voit peu au cinéma. «Un pays qui a été fermé donne très peu d'images», dit-il. Voilà une raison de plus de ne pas se priver de Délice Paloma.
source : La Presse
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