Lorsque en 1983, Slimane Azem rendit le dernier soupir et que la stupeur et la douleur firent place à la réflexion, le public se rendit compte que la chanson algérienne, particulièrement la chanson “kabyle” venait de recevoir un coup dur. Le vide laissé par ce “géant” de la poésie et de la chanson, ne posait pas seulement la question de la relève des talents, mais bel et bien celle de la continuité d’une démarche. La disparition de Matoub Lounès en 1998, considéré comme étant la relève de Slimane Azem venait compliquer encore plus les choses quinze années après.
Slimane Azem a été contraint à l’exil durant presque toute sa vie artistique, lui qui a chanté si bien la vie, les hommes, les femmes ainsi que leur peine. Il a également chanté l’exil sous toutes ses facettes. Da Slimane a été l’un des plus grands chanteurs dans diverses longues, kabyle, arabe et même français. Sa disparition voilà maintenant 23 ans, outre le vide qu’elle a laissé dans le monde de la chanson est ressentie comme une perte irréparable.
C’est seulement après son départ que l’on se rend compte de l’importance et de l’impact d’un disparu sur la vie et les choses. La disparition de Azem a largement prouvé cet adage. On dit que le poète a toujours raison, c’est vrai, car en écoutant ses chansons telles que Lwekt Aghedar (temps maudit) reprise d’ailleurs par le regretté Kamel Messaoudi, Teroui Teberoui, on se rend compte immédiatement que le chanteur est un visionnaire et sa poésie est évocatrice à chaque instant des réalités présentes, même si elles ont été composées en d’autres temps, pour d’autres hommes. A ses débuts déjà, le poète-chanteur évoquait l’effondrement des valeurs dans la communauté “kabyle” où tout devient illusion, on peut le constater aujourd’hui. Malheureux celui qui n’a rien dans sa poche, la chanson Idhrimen (l’argent), illustre parfaitement la vie actuelle des gens. Slimane Azem est écouté même par des jeunes qui ont fini par saisir la portée de sa parole, considérée comme sacrée, car ses chansons renvoient aux réalités et au vécu La justice des animaux enregistrée dans les années 60. Des textes de grande ampleur, hommes avec leur méchanceté et leur médiocrité douloureuse.
Même si Slimane Azem a débuté sa vie artistique comme presque tous les autres chanteurs de sa génération en grattant sur les fils d’une guitare de fortune, sa passion première était la flûte mais le temps ne lui a pas donné raison cette fois-ci, puisqu’il est devenu un véritable virtuose de l’instrument à six cordes.
Par sa ténacité, sa persévérance, sa solitude, sa voix (qui est demeurée intacte, aussi belle jusqu’à son dernier souffle) et surtout son talent, il a pu ainsi faire ses premières véritables percées dans le monde de la chanson durant les années 50. C’est aussi le triomphe pour ses compagnons de route “Hamid et Malika” qui incarnaient les rôles du bienfaiteur et de patron de café dans l’opérette A madame encore à boire enregistrée en 1969. Après les années 70, c’est aussi la nouvelle génération de chanteurs qui domine, et Slimane Azem donnera presque tous les jours des représentations artistiques dans des cafés en France, lieux de rencontre des émigrés et des exilés comme lui. C’est au cours de ces soirées que le public fera connaissance avec beaucoup d’autre talents, Moh Saïd Oubelaid, Yahiatene, Youcef Abdjaoui et Cheikh Noureddine… ce dernier par la force des choses, est devenu inséparable de Slimane et beaucoup de sketchs ont été diffusés où Nouredddine incarnait le rôle de Khalti Adouda imitant la voix d’une vieille femme.
Il a composé beaucoup de chansons pour Slimane Azem, dont nous citerons : Aya Assass Thala Algérie mon beau pays… Des chansons que Noureddine n’a jamais revendiquées, car disait-il à chaque fois “Slimane et moi, nous mangeons dans la même assiette” et “avons le même objectif”.
Durant toute sa vie artistique, Slimane Azem n’a composé que deux chansons sentimentales régissant les rapports entre l’homme et la femme Atas isevragh (j’ai beaucoup patienté) et la deuxième Nek Akidem (toi et moi) interprétées en duo avec Bahia dit Farah (Fatma Zohra). La musique de la première chanson a été reprise par Matoub Lounès en hommage au poète. D’autres chanteurs amateurs l’ont reprise également.
Durant sa carrière de plus de 40 ans, Slimane Azem a composé et chanté plus de 400 chansons. Le chiffre paraît un peu excessif, mais l’essentiel de son œuvre oscille autour de 300 chansons, ce n’est pas suffisant pour laisser un vide et pourtant c’est bien le cas.
Saïd Seddik Khodja, La Dépêche de Kabylie, le 26 novembre 2006
Slimane Azem a été contraint à l’exil durant presque toute sa vie artistique, lui qui a chanté si bien la vie, les hommes, les femmes ainsi que leur peine. Il a également chanté l’exil sous toutes ses facettes. Da Slimane a été l’un des plus grands chanteurs dans diverses longues, kabyle, arabe et même français. Sa disparition voilà maintenant 23 ans, outre le vide qu’elle a laissé dans le monde de la chanson est ressentie comme une perte irréparable.
C’est seulement après son départ que l’on se rend compte de l’importance et de l’impact d’un disparu sur la vie et les choses. La disparition de Azem a largement prouvé cet adage. On dit que le poète a toujours raison, c’est vrai, car en écoutant ses chansons telles que Lwekt Aghedar (temps maudit) reprise d’ailleurs par le regretté Kamel Messaoudi, Teroui Teberoui, on se rend compte immédiatement que le chanteur est un visionnaire et sa poésie est évocatrice à chaque instant des réalités présentes, même si elles ont été composées en d’autres temps, pour d’autres hommes. A ses débuts déjà, le poète-chanteur évoquait l’effondrement des valeurs dans la communauté “kabyle” où tout devient illusion, on peut le constater aujourd’hui. Malheureux celui qui n’a rien dans sa poche, la chanson Idhrimen (l’argent), illustre parfaitement la vie actuelle des gens. Slimane Azem est écouté même par des jeunes qui ont fini par saisir la portée de sa parole, considérée comme sacrée, car ses chansons renvoient aux réalités et au vécu La justice des animaux enregistrée dans les années 60. Des textes de grande ampleur, hommes avec leur méchanceté et leur médiocrité douloureuse.
Même si Slimane Azem a débuté sa vie artistique comme presque tous les autres chanteurs de sa génération en grattant sur les fils d’une guitare de fortune, sa passion première était la flûte mais le temps ne lui a pas donné raison cette fois-ci, puisqu’il est devenu un véritable virtuose de l’instrument à six cordes.
Par sa ténacité, sa persévérance, sa solitude, sa voix (qui est demeurée intacte, aussi belle jusqu’à son dernier souffle) et surtout son talent, il a pu ainsi faire ses premières véritables percées dans le monde de la chanson durant les années 50. C’est aussi le triomphe pour ses compagnons de route “Hamid et Malika” qui incarnaient les rôles du bienfaiteur et de patron de café dans l’opérette A madame encore à boire enregistrée en 1969. Après les années 70, c’est aussi la nouvelle génération de chanteurs qui domine, et Slimane Azem donnera presque tous les jours des représentations artistiques dans des cafés en France, lieux de rencontre des émigrés et des exilés comme lui. C’est au cours de ces soirées que le public fera connaissance avec beaucoup d’autre talents, Moh Saïd Oubelaid, Yahiatene, Youcef Abdjaoui et Cheikh Noureddine… ce dernier par la force des choses, est devenu inséparable de Slimane et beaucoup de sketchs ont été diffusés où Nouredddine incarnait le rôle de Khalti Adouda imitant la voix d’une vieille femme.
Il a composé beaucoup de chansons pour Slimane Azem, dont nous citerons : Aya Assass Thala Algérie mon beau pays… Des chansons que Noureddine n’a jamais revendiquées, car disait-il à chaque fois “Slimane et moi, nous mangeons dans la même assiette” et “avons le même objectif”.
Durant toute sa vie artistique, Slimane Azem n’a composé que deux chansons sentimentales régissant les rapports entre l’homme et la femme Atas isevragh (j’ai beaucoup patienté) et la deuxième Nek Akidem (toi et moi) interprétées en duo avec Bahia dit Farah (Fatma Zohra). La musique de la première chanson a été reprise par Matoub Lounès en hommage au poète. D’autres chanteurs amateurs l’ont reprise également.
Durant sa carrière de plus de 40 ans, Slimane Azem a composé et chanté plus de 400 chansons. Le chiffre paraît un peu excessif, mais l’essentiel de son œuvre oscille autour de 300 chansons, ce n’est pas suffisant pour laisser un vide et pourtant c’est bien le cas.
Saïd Seddik Khodja, La Dépêche de Kabylie, le 26 novembre 2006
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