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**Levant** · 24 avril 2016, 02h14

"Le film raconte le parcours d'une vie, celle d'une femme, militante, qui a lutté et qui sans faille, dans la dignité lutte jusqu'au bout.

C'est au cours d'un entretien que Nassima nous a parlé de son film et de ses projets en cours.

FESTICAB: Pour ceux qui ne vous connaisse pas, qui est Nassima Guessoum?

Nassima Guessoum: Je suis réalisatrice franco algérienne, et depuis l'enfance, je fais des aller retour entre l'Algérie et la France. C'est d'ailleurs au cours d'une année passée en Algérie, que mon désir pour le cinéma est né. J'ai un parcours universitaire, des études d'histoire à la Sorbonne, une spécialisation dans l'histoire de l'Algérie postindépendance, puis des études en cinéma documentaire.

A la fin de mon master2, j'ai réalisé un court métrage d'école un documentaire, "Naïm", le portrait d'un jeune travesti algérien. C'était il y a dix ans !!! Entre temps, j'ai travaillé dans la production audiovisuelle.

L'idée de faire de la réalisation était présente depuis longtemps et le film "10949 femmes" a mûri sur plusieurs années. Il est né de l'envie de rendre visible, ceux que l'on appelle les "héros du quotidien", et notamment, les femmes, invisibles mais néanmoins incontournables éléments de la résistance, dans une guerre, notamment la guerre d'indépendance Algérienne.

FESTICAB: De quoi parle votre film documentaire 10949 femmes?

Nassima Guessoum: C'est l'histoire de Nassima Hablal, ancienne secrétaire des chefs du FLN, Font de libération nationale, mouvement indépendantiste algérien qui a mené la révolution algérienne, c'est à dire, la guerre d'indépendance contre l'occupant français. Elle est une des toutes première femmes militantes, puisqu'elle s'est engagée à 16 ans, en 1945 jusqu'en 1962.

C'est une femme au charisme et à la personnalité très attachante, drôle, coquette avec une analyse politique fine, et un détachement serein sans haine. Nous sommes en 2009, et à 80 ans elle se retrouve isolée, vivant avec Youssef son fils unique .... une Héroïne oubliée de la révolution Algérienne.

C'est là que j'entre dans son quotidien et ravive des souvenirs, ceux d'un passé fait d'engagement politique, de lutte, de souffrance, de désillusion mais surtout d'une vitalité et d'un espoir incroyable.

Je l'ai filmé sur 5 années, et le film raconte aussi cette relation qui se tisse entre nous deux, cette transmission d'une histoire entre deux femmes, de deux générations différentes, elle est un peu comme une grand-mère. C'est aussi un film sur la vieillesse, car au début du film elle est pimpante à 80 ans, et à mesure des années, elle se fatigue, ne peut plus sortir, et face à la terrible douleur de la mort de son fils, elle pose alors un autre regard sur sa vie, sur les drames qu'elle a traversé, sur la foi.

C'est aussi un film très politique, qui soulève la question des légitimités politiques et des gouvernements post-indépendance. C'est le parcours d'une vie, celle d'une femme, militante, qui a lutté et qui sans faille, dans la dignité lutte jusqu'au bout.

FESTICAB: Combien de films avez-vous déjà réalisé et pourquoi avoir choisi de faire participer votre film au FESTICAB?

Nassima Guessoum: C'est mon premier film, et mon premier long métrage documentaire. j'ai réalisé un court métrage d'école, et un documentaire spectacle, mais pour parler de film c'est le premier.

J'ai accepté et eu envie que le film participe au festicab pour plusieurs raisons. D'abord, parce que c'est un festival africain, et il y a une histoire commune, celle des indépendances, celle des désillusions aussi, qui font que ce film a une résonance encore plus forte en Afrique.

Je pense qu'il est important que cette transmission des mémoires, cette démarche soit partagée au sein du continent, entre les pays d'Afrique et entre les cinéastes aussi. C'est un regard de l'intérieur. Donc j'avais envie que le film circule le plus possible dans les festivals qui se tiennent en Afrique, ils ne sont pas légion, donc chaque festival est important.

Quant à l'édition du festicab de cette année elle avait un thème très important, dans lequel le film entrait parfaitement"Cinéma et droit de la personne". J'ai apprécié également que les films soient projetés à l'université de Ngozi, donc qu'un public de jeunes soit associé au festival, et aussi la décentralisation au Cinéma de Ruyigi.Cette confirmation de l'écho du film auprès du public en Afrique, je l'ai eu au fespaco où le public Burkinabé, qui venait de faire une révolution très importante et ainsi que d'autres cinéastes africains ont très très bien accueilli le film. C'est une projection qui était très forte émotionnellement.

...

FESTICAB: Pour conclure notre entretien, avez vous des projets cinématographique en cours?

Nassima Guessoum: Oui, un court métrage de fiction et un documentaire, l'Algérie toujours... ils sont en cours d'écriture, l'un est un voyage physique, une sorte de road movie, et l'autre dans le passé .... l"histoire d'un jeune homme et de son enfance." festicab.com

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10949 femmes

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