Un film coup-de-poing a été projeté hier à la Cinémathèque d’Oran dans le cadre de la compétition court-métrage du Festival international du film arabe. «Nsibi» («Le beau-frère») est réalisé par Hassan Belaïd et c’est le premier film algérien à aborder sans ambiguïté la question des homosexuels.
Courageux, insolent et drôle, le court-métrage de Hassan Belaïd raconte les rapports tendus entre Habiba, un homosexuel algérien (Bouchta Saïdoun) et son beaufrère Ali (Malik Benchiha). Ce dernier est obligé de le raccompagner afin de lui éviter d’être maltraité par les gens du quartier ou, pis encore, caillassé par les enfants. Ali réprouve totalement ce qu’est devenu son beau-frère qu’il continue d’ailleurs d’appeler par son ancien prénom, Tahar, mais il ne tardera pas à revoir ses préjugés et déceler chez le «déviant» d’innombrables qualités humaines. De leur périple en mobylette jusqu’à cette insoutenable scène de viol du travesti par un agent des services algériens, en passant par le cabaret dans lequel Habiba travaille, le film parvient à cristalliser en 21 minutes l’immensité de la misère morale qui règne en Algérie où la différence est diabolisée et risque même de coûter la vie à celui qui a décidé d’assumer ses choix. Sans le moindre misérabilisme, Hassan Belaïd alterne humour, légèreté, violence et partis pris pour décrire la grande injustice vécue par les homosexuels mais il a également l’intelligence d’éviter tout discours manichéen puisque le personnage de Ali est d’une fascinante complexité, se laissant parfois aller à des moments de tendresse avec son beau-frère, révélant ainsi sa part de féminité et surtout son propre besoin de se délester du fardeau moraliste. Malgré de très encombrantes maladresses dans l’interprétation des acteurs, le film présente une esthétique à la fois simple et recherchée d’autant que le propos engagé n’empiète pas sur quelques instants de grâce à l’instar de ce dernier plan à la Fellini où l’on voit Ali et Habiba s’éloignant sur une route au lever du soleil. Bouchta Saïdoun qui a campé le rôle principal a lui-même souffert de son identité sexuelle en Algérie et c’est pour cela que, dans son interprétation, il y a autant d’aisance que d’émotion et plus de catharsis que d’esprit revanchard. Produit par HKE Production avec le soutien du ministère de la Culture et de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), ce film augure-t-il un début de changement de mentalité au niveau des instances financières de la tutelle ? Osons l’espérer !
Sarah Haidar ( Le soir d'Algerie )
Courageux, insolent et drôle, le court-métrage de Hassan Belaïd raconte les rapports tendus entre Habiba, un homosexuel algérien (Bouchta Saïdoun) et son beaufrère Ali (Malik Benchiha). Ce dernier est obligé de le raccompagner afin de lui éviter d’être maltraité par les gens du quartier ou, pis encore, caillassé par les enfants. Ali réprouve totalement ce qu’est devenu son beau-frère qu’il continue d’ailleurs d’appeler par son ancien prénom, Tahar, mais il ne tardera pas à revoir ses préjugés et déceler chez le «déviant» d’innombrables qualités humaines. De leur périple en mobylette jusqu’à cette insoutenable scène de viol du travesti par un agent des services algériens, en passant par le cabaret dans lequel Habiba travaille, le film parvient à cristalliser en 21 minutes l’immensité de la misère morale qui règne en Algérie où la différence est diabolisée et risque même de coûter la vie à celui qui a décidé d’assumer ses choix. Sans le moindre misérabilisme, Hassan Belaïd alterne humour, légèreté, violence et partis pris pour décrire la grande injustice vécue par les homosexuels mais il a également l’intelligence d’éviter tout discours manichéen puisque le personnage de Ali est d’une fascinante complexité, se laissant parfois aller à des moments de tendresse avec son beau-frère, révélant ainsi sa part de féminité et surtout son propre besoin de se délester du fardeau moraliste. Malgré de très encombrantes maladresses dans l’interprétation des acteurs, le film présente une esthétique à la fois simple et recherchée d’autant que le propos engagé n’empiète pas sur quelques instants de grâce à l’instar de ce dernier plan à la Fellini où l’on voit Ali et Habiba s’éloignant sur une route au lever du soleil. Bouchta Saïdoun qui a campé le rôle principal a lui-même souffert de son identité sexuelle en Algérie et c’est pour cela que, dans son interprétation, il y a autant d’aisance que d’émotion et plus de catharsis que d’esprit revanchard. Produit par HKE Production avec le soutien du ministère de la Culture et de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), ce film augure-t-il un début de changement de mentalité au niveau des instances financières de la tutelle ? Osons l’espérer !
Sarah Haidar ( Le soir d'Algerie )
http://france3-regions.francetvinfo....?itok=nu1RdvvO
Un film sur les difficultés d'être homo en Algérie. Avec Bouchta Saïdoun, un acteur marseillais qui interprète le rôle principal
Un film sur les difficultés d'être homo en Algérie. Avec Bouchta Saïdoun, un acteur marseillais qui interprète le rôle principal