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Français d’origine contrôlée : Le film qui donne la parole à la communauté maghrébine

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  • Français d’origine contrôlée : Le film qui donne la parole à la communauté maghrébine

    Le film, Français d’origine contrôlée, déjà projeté en avant-première à Paris, est programmé sur France 2 pour la soirée du 4 février 2014 à partir de 23h. Ce documentaire de près de deux heures, coécrit par les journalistes Mustapha Kessous et Jean-Thomas Ceccaldi, risque de faire jaser l Il ne plaira certainement pas à tout le monde.



    Les auteurs expliquent dans leur note d’intention que «d’une génération à une autre, ce film veut faire entendre le vécu de toute une partie de la société française contemporaine et un ressenti que peut-être certains Français n’imaginent même pas. C’est une version de l’histoire rarement entendue depuis ce point de vue, mais c’est une histoire commune à tous les Français. C’est une Histoire de France». Ce travail de longue haleine est purement journalistique. En deux parties de 55 minutes chacune, il raconte «l’histoire de ces Français à qui il est toujours demandé des signes d’identité, comme si la République avait encore parfois du mal à accepter les enfants et petits-enfants de l’immigration maghrébine comme les siens».

    Mustapha Kessous, journaliste au Monde, donne la parole «sans la commenter» à des hommes et des femmes qui ont «le sentiment d’être des fils et filles de… avant d’être tout simplement des Français à part entière». Leur origine les rattrape toujours, on leur rappelle souvent qu’ils ne sont pas tout à fait des Français, mais des Français d’origine… quelque part ! En tout cas, c’est ce qui se dégage des nombreux témoignages que comporte le film que nous avons vu en avant-première, notamment ceux des acteurs de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Ils dénoncent également la récupération politique de leur combat pour l’égalité par SOS-Racisme. «Ils nous ont fait comprendre qu’on ne pouvait être que des sujets et non pas les acteurs de notre destin».

    Cette vision est réfutée catégoriquement par l’un des interviewés, le député socialiste et ancien président de SOS-Racisme, Malek Boutih. Il y a aussi les révélations de l’écrivain Azouz Begag sur le traitement, clairement discriminatoire, que ses collègues ministres lui réservaient quand il était au gouvernement entre 2005 et 2007. Le rockeur Rachid Taha contribue aussi à ce film en y racontant sa propre expérience, d’un point de vue artistique. La première partie du documentaire traite exclusivement du contexte et des retombées de la marche de 1983. Les auteurs questionnent «ceux qui avaient vingt ans alors sur le sentiment d’exclusion et sur les rendez-vous manqués qui ont suivi cet événement».

    Dans la deuxième partie, les pionniers du «combat pour l’intégration et l’égalité républicaine» expliquent avec des mots mordants et parfois même très violents leur «désespoir d’être un jour des Français comme les autres». Ils regrettent que «la France n’ait pas saisi la main que nous lui avions tendue en 1983». Ils expriment un fort ressentiment contre une France qui les a rejetés. Selon eux, cela ne peut que ghettoïser davantage la société française et engendrer le repli communautaire qui s’impose comme un refuge pour ces «enfants issus de…», qui ont grandi à l’ombre de la République.

    Samir Ghezlaoui - El Watan
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