Yema est l’un des meilleurs films algériens réalisés ces dernières années. Il a obtenu quinze distinctions dans plusieurs festivals. Le film est co-produit par la société Les films de l’olivier, l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et l’ENTV. La fiction a obtenu aussi le soutien du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques (Fdatic) du ministère de la Culture. Djamila Sahraoui, réalisatrice du film et comédienne, explique dans cet entretien les difficultés qu’elle a rencontrées avec les responsables de l’ENTV.
- Que se passe-t-il avec l’ENTV actuellement ?
Le film Yema a été sélectionné dans 80 festivals à travers le monde. Je suis donc accueillie partout. On me déroule le tapis rouge, on me félicite… Sauf à l’ENTV. Cette entreprise, qui est partie prenante dans la production du film, ne respecte pas ses engagements contractuels. L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le Fdatic ont payé leur part de financement du film, respecté les engagements contenus dans le contrat. Les responsables de la télévision publique ne me répondent même pas. J’ai écrit, envoyé des mails, des fax, des lettres à Tewfik Khelladi, directeur général de l’ENTV. Ce dernier n’a jamais accepté de me parler au téléphone, il n’a jamais répondu à mes écrits. L’ENTV me traite comme une chienne. De temps en temps, Lyès Belaribi, qui est directeur de la production et de la programmation, me répond. Aujourd’hui, il ne le fait plus. Il n’a plus d’arguments !
Lyès Belaribi me mène en bateau, il m’a raconté plein de choses…Nous avons signé un contrat avec la Télévision en 2010. 30% du financement ont été remis à la signature du contrat.
Et je ne vous dis pas combien de temps j’ai dû attendre pour être payée. Des mois et des mois…Idem pour le payement des 20% prévus au début du tournage du film Yema. Nous avons donc obtenu 50% de la somme qui devait être versée par l’ENTV. Les 50% restants devaient être payés à la remise de la copie du film, ce qui a été fait en mai 2012.
Cela fait donc un an et demi que j’attends le paiement de ce qui reste du montant prévu dans le contrat.
- Avez-vous engagé des démarches auprès des responsables de l’ENTV ?
Les responsables de l’ENTV ne veulent même pas me recevoir. Il y a six mois, Lyès Belaribi m’a donné rendez-vous à 18h30 au siège de l’ENTV. J’ai attendu plus de deux heures au poste d’accueil. Après mes protestations, M. Belaribi a dit aux agents qu’il ne m’avait pas fixé de rendez-vous ! Alors basta avec ce genre de comportement ! Je suis scandalisée. Vous pouvez imaginer le temps que je passe à leur courir après. On ne me dit rien ! Je dois gérer des dettes aussi de la société Les films de l’olivier. Elle est gérée par Mourad Zidi. Quand Mourad appelle l’ENTV, on ne lui répond pas. Quand c’est moi qui appelle, ils répliquent : «Elle est réalisatrice, de quoi elle se mêle !» Sauf que je suis réalisatrice et productrice aussi. Ils le savent très bien ! Ils ne me donnent aucune explication sur leur refus de payer. Lyès Belaribi a confié qu’il attend l’ordre de son DG pour signer un papier. Alors une question : pourquoi le DG ne donne pas d’ordre ? Où est le problème ?
En juin 2012, Belaribi m’a dit que l’ENTV préparait les festivités du 5 juillet. OK. J’ai rappelé plus tard, il m’a répondu que la Télévision préparait le Ramadhan. J’ai appelé une nouvelle fois en septembre 2012. La réponse de Belaribi était : «Nous n’avons pas d’argent.» Des mois après, le même Belaribi m’a annoncé qu’il ne trouvait plus la copie du contrat. J’ai envoyé le contrat une nouvelle fois. Il ne savait pas ce qu’est devenu le contrat, n’avait aucune idée sur le scénario ni sur la fiche de lecture. Mais c’est quoi cette Télévision ? Voilà donc une institution algérienne qui n’est au courant de rien ! A un moment donné, M. Maâzouz, un chef de département sous la coupe de Belaribi, a prétexté l’absence de factures. Mourad Zidi a envoyé alors les factures à l’ENTV. Un mois après, j’ai appelé et on m’a répondu qu’ils avaient perdu encore une fois les factures ! Donc, M. Maâzouz a perdu trois fois les factures. Trouvez-vous cela normal ?
- Le contrat de coproduction a été signé par le prédécesseur de Khelladi...
Oui. Le contrat a été signé par Abdelkader Eulmi au nom de l’ENTV en 2010. Eulmi n’est plus DG de l’ENTV, il a été remplacé par Khelladi. Logiquement, il y a une continuité dans la gestion. Khelladi respecte-t-il les contrats signés par ses prédécesseurs ? J’ai contacté Eulmi. Il n’a rien pu faire… Personne ne me répond désormais. Je suis donc face à un mépris dans mon pays, alors que mon film représente l’Algérie dans tous les festivals du monde depuis plus d’un an. Pour le soir de l’avant-première de Yema, en novembre 2012, je suis allée moi-même remettre les invitations à Lyès Belarbi et à son équipe. Ils ne sont même pas venus ! Qu’ils ne viennent pas ou qu’ils ne parlent pas, mais ils doivent honorer leurs engagements. Ils doivent payer les 50% restants du contrat, c’est-à-dire 7 millions de dinars. Dans la plupart des pays, les chaînes de télévision publique soutiennent la production cinématographique. Dans le décret exécutif 91/100 du 20 avril 1991 publié dans le Journal officiel n° 19, il est stipulé dans les articles 5 et 6 que l’ENTV doit, entre autres, «contribuer au développement de la production et de la diffusion des œuvres de l’esprit». Elle doit également «produire, coproduire, acquérir et diffuser des programmes à caractère politique, économique et culturel». Qu’en est-il de tout cela ?
- Comptez-vous saisir la justice ?
Je commence par informer l’opinion publique. Jusque-là je suis restée polie, j’ai essayé d’aller jusqu’au bout, me suis dit qu’ils vont finir par respecter leurs engagements contractuels. J’ai essayé de comprendre pendant un an et demi leurs arguments. Maintenant, je ne comprends plus rien. Ce n’est pas un individu qui a signé un contrat, mais bien une institution. C’est scandaleux. Après je vais voir quelle attitude il faut adopter…
Fayçal Métaoui- El Watan
- Que se passe-t-il avec l’ENTV actuellement ?
Le film Yema a été sélectionné dans 80 festivals à travers le monde. Je suis donc accueillie partout. On me déroule le tapis rouge, on me félicite… Sauf à l’ENTV. Cette entreprise, qui est partie prenante dans la production du film, ne respecte pas ses engagements contractuels. L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le Fdatic ont payé leur part de financement du film, respecté les engagements contenus dans le contrat. Les responsables de la télévision publique ne me répondent même pas. J’ai écrit, envoyé des mails, des fax, des lettres à Tewfik Khelladi, directeur général de l’ENTV. Ce dernier n’a jamais accepté de me parler au téléphone, il n’a jamais répondu à mes écrits. L’ENTV me traite comme une chienne. De temps en temps, Lyès Belaribi, qui est directeur de la production et de la programmation, me répond. Aujourd’hui, il ne le fait plus. Il n’a plus d’arguments !
Lyès Belaribi me mène en bateau, il m’a raconté plein de choses…Nous avons signé un contrat avec la Télévision en 2010. 30% du financement ont été remis à la signature du contrat.
Et je ne vous dis pas combien de temps j’ai dû attendre pour être payée. Des mois et des mois…Idem pour le payement des 20% prévus au début du tournage du film Yema. Nous avons donc obtenu 50% de la somme qui devait être versée par l’ENTV. Les 50% restants devaient être payés à la remise de la copie du film, ce qui a été fait en mai 2012.
Cela fait donc un an et demi que j’attends le paiement de ce qui reste du montant prévu dans le contrat.
- Avez-vous engagé des démarches auprès des responsables de l’ENTV ?
Les responsables de l’ENTV ne veulent même pas me recevoir. Il y a six mois, Lyès Belaribi m’a donné rendez-vous à 18h30 au siège de l’ENTV. J’ai attendu plus de deux heures au poste d’accueil. Après mes protestations, M. Belaribi a dit aux agents qu’il ne m’avait pas fixé de rendez-vous ! Alors basta avec ce genre de comportement ! Je suis scandalisée. Vous pouvez imaginer le temps que je passe à leur courir après. On ne me dit rien ! Je dois gérer des dettes aussi de la société Les films de l’olivier. Elle est gérée par Mourad Zidi. Quand Mourad appelle l’ENTV, on ne lui répond pas. Quand c’est moi qui appelle, ils répliquent : «Elle est réalisatrice, de quoi elle se mêle !» Sauf que je suis réalisatrice et productrice aussi. Ils le savent très bien ! Ils ne me donnent aucune explication sur leur refus de payer. Lyès Belaribi a confié qu’il attend l’ordre de son DG pour signer un papier. Alors une question : pourquoi le DG ne donne pas d’ordre ? Où est le problème ?
En juin 2012, Belaribi m’a dit que l’ENTV préparait les festivités du 5 juillet. OK. J’ai rappelé plus tard, il m’a répondu que la Télévision préparait le Ramadhan. J’ai appelé une nouvelle fois en septembre 2012. La réponse de Belaribi était : «Nous n’avons pas d’argent.» Des mois après, le même Belaribi m’a annoncé qu’il ne trouvait plus la copie du contrat. J’ai envoyé le contrat une nouvelle fois. Il ne savait pas ce qu’est devenu le contrat, n’avait aucune idée sur le scénario ni sur la fiche de lecture. Mais c’est quoi cette Télévision ? Voilà donc une institution algérienne qui n’est au courant de rien ! A un moment donné, M. Maâzouz, un chef de département sous la coupe de Belaribi, a prétexté l’absence de factures. Mourad Zidi a envoyé alors les factures à l’ENTV. Un mois après, j’ai appelé et on m’a répondu qu’ils avaient perdu encore une fois les factures ! Donc, M. Maâzouz a perdu trois fois les factures. Trouvez-vous cela normal ?
- Le contrat de coproduction a été signé par le prédécesseur de Khelladi...
Oui. Le contrat a été signé par Abdelkader Eulmi au nom de l’ENTV en 2010. Eulmi n’est plus DG de l’ENTV, il a été remplacé par Khelladi. Logiquement, il y a une continuité dans la gestion. Khelladi respecte-t-il les contrats signés par ses prédécesseurs ? J’ai contacté Eulmi. Il n’a rien pu faire… Personne ne me répond désormais. Je suis donc face à un mépris dans mon pays, alors que mon film représente l’Algérie dans tous les festivals du monde depuis plus d’un an. Pour le soir de l’avant-première de Yema, en novembre 2012, je suis allée moi-même remettre les invitations à Lyès Belarbi et à son équipe. Ils ne sont même pas venus ! Qu’ils ne viennent pas ou qu’ils ne parlent pas, mais ils doivent honorer leurs engagements. Ils doivent payer les 50% restants du contrat, c’est-à-dire 7 millions de dinars. Dans la plupart des pays, les chaînes de télévision publique soutiennent la production cinématographique. Dans le décret exécutif 91/100 du 20 avril 1991 publié dans le Journal officiel n° 19, il est stipulé dans les articles 5 et 6 que l’ENTV doit, entre autres, «contribuer au développement de la production et de la diffusion des œuvres de l’esprit». Elle doit également «produire, coproduire, acquérir et diffuser des programmes à caractère politique, économique et culturel». Qu’en est-il de tout cela ?
- Comptez-vous saisir la justice ?
Je commence par informer l’opinion publique. Jusque-là je suis restée polie, j’ai essayé d’aller jusqu’au bout, me suis dit qu’ils vont finir par respecter leurs engagements contractuels. J’ai essayé de comprendre pendant un an et demi leurs arguments. Maintenant, je ne comprends plus rien. Ce n’est pas un individu qui a signé un contrat, mais bien une institution. C’est scandaleux. Après je vais voir quelle attitude il faut adopter…
Fayçal Métaoui- El Watan
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