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Quelles limites entre l’art, le jeu et la bêtise ?

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  • Quelles limites entre l’art, le jeu et la bêtise ?

    caméra cachée version Ramadhan 2012

    Jeux de mains, jeux de vilains, la caméra cachée dérive ! Cela peut être un bon slogan qui trouve tout son sens quand l’art dérive des espaces de la création, de l’innovation et du divertissement populaire, pour devenir un outil de la psychose et de l’humiliation au grand public.

    La caméra cachée, qui revient chaque Ramadhan, semble faire de plus en plus peur et dès qu’une situation insolite se présente, on croit aussitôt avoir affaire à une focale dissimulée quelque part dans la nature. Y a-t-il une limite tangible entre l’artistiquement correct et le harcèlement des artistes, acteurs, citoyens lambda… pris au détour d’une situation qu’ils ne prévoyaient guère ? A-t-on le pouvoir, le savoir-faire et la manière d’évaluer l’impact psychologique, psychique, physiologique... d’une nouvelle, surtout quand il s’agit d’accusations aussi graves passibles de 20 ans de prison ferme, sur une personne prise au dépourvu, alors qu’elle vaquait à ses besoins les plus banals au quotidien ? Beaucoup de téléspectateurs, et non des moindres, n’ont pas toléré ce spectacle humiliant, où des artistes sont menottés.

    Et si la victime de la sinistre caméra cachée contractait un diabète, une perte d’une capacité physique ou mentale… suite à un choc dû à une si grave accusation, telle que la détention de stupéfiants, de cannabis… qui serait, dans ce cas responsable sur le plan pénal ? La victime a-t-elle le droit de poursuivre en justice la sinistre machination inscrite injustement sur le dos de l’art et du divertissement populaire ? Pourra-t-elle ester en justice son «détracteur» pour dommages et intérêts ? Quel sera le rôle de l’équipe réalisatrice de l’angoissant spectacle ? Dénonceront-ils des aveux graves filmés et extirpés au hasard d’un scenario télévisuel, ou passeront-ils sous silence la scène filmée ou non ? Se tairont-ils à jamais avec en sus sur leur conscience, peut-être, de si graves aveux ? D’ailleurs, quelle serait la position des témoins présents, le doute est désormais né à jamais. Chucheteront-ils à leurs enfants, voisins… la bourde, peut-être partiellement enregistrée ou filmée ? Les jours passent et les langues se délient.


    Des célébrités en pleurs chantent sous la menace


    «Si le bon sens est la chose la mieux partagée entre le commun des mortels, obliger des chanteuses en pleurs à faire étalage de leur art, c’est simple et c’est clair : c’est de la pure humiliation de la personne humaine. On l’a vu, les artistes ont senti réellement la gravité de la situation, ils l’ont vécue réellement et ont vite commencé à se justifier en faisant étalage de leur renommée auprès de leur public», lâche un téléspectateur déçu de Blida. «Je suis très connu également sur la scène nationale et internationale», martèlent des artistes (en solo) pris dans le traquenard. Il s’agit, certes, de déclarations que ne ferait aucun artiste en situation ordinaire, parce que cela aurait tout simplement un air de prétention, de vanité, d’orgueil ou d’arrogance même. «Je suis untel», et il (elle) donne son nom de carrière ou son vrai nom.

    Des expressions qui revenaient à chaque fois dans la bouche des victimes, suivies d’une foule en rires, de fous rires enregistrés sur la bande sonore de la vidéo. A ce moment-là, l’artiste est tragiquement ridiculisé. Certains, pris dans le traquenard de la caméra cachée, ont réagi violemment aux graves accusations, d’autres et face au danger de l’accusation, se sont mis à nier leurs liens d’amitié avec leurs amis proches qui sont pourtant venus avec eux et qui étaient complices de l’équipe de la caméra cachée. Quelle opinion pouvons-nous avoir d’une personne qui chante en pleurant, juste pour sauver sa peau ? Quelle est la relation entre le fait qu’étant artiste c’est la preuve même du non-fondement de l’accusation. On peut être acteur, chanteur...et coupable. Pourquoi la victime doit chanter pour prouver son innocence, devant des hommes et des femmes en uniforme prétendant agir pour Interpol (la police internationale), en pleurs, les nerfs à vif et la peur au ventre. Et pour clamer leur innocence, certains artistes ont presque tous chanté, hormis quelques-uns qui n’ont pas voulu céder à l’intimidation.


    Ce qu’en disent les spécialistes


    En commun accord, des spécialistes d’horizons divers affirment que les sujets de la caméra cachée doivent être amusants et non contraignants. «On ne devrait pas utiliser les facteurs de déviation pour monter une affaire factice, au faciès autrement très dangereux, pour jouer avec d’honnêtes citoyens. Pis, on est en train de banaliser des choses qui devraient être bannies. La drogue, le vol… on ne devrait pas traiter ces sujets-là à la légère et d’une manière loufoque. La caméra cachée est une émission familiale et regardée même par des enfants», explique Siham Memou, doctorante en sciences de l’information et de la communication. Si le Code de l’information s’applique au détail près à la presse écrite, surtout quand il s’agit d’atteinte à la dignité d’une personne morale ou physique, selon Maïzi Amel, enseignante du droit de l’information à l’Institut de journalisme et des sciences de la communication d’Alger, la TV échappe complètement à ce «goulot d’étranglement» dont souffrent lourdement les journalistes de la presse écrite.

    La télévision, en tant que media lourd, se doit, en plus de l’aspect informationnel d’assumer un rôle éducateur, instructeur, formateur de la société. Sans oublier l’aspect divertissement qui devrait être cadré par des spécialistes. «On les appelle les médias lourds, ou les nouveaux parents ou tuteurs, c’est dire tout l’enjeu qui en découle. Il devrait y avoir une commission multidisciplinaire, y compris des spécialistes du domaine du rire pour ainsi motiver, vis-à-vis du consommateur, un sujet que l’on passe sur les écrans. Les enfants y trouvent un très mauvais exemple, parce que les délits les plus saugrenus se retrouvent banalisés, dilués dans le vécu de l’Algérien», précise une enseignante du module sociologie des médias au même Institut. Pour, Me Ben Braham Fatima, avocate, il ne faut, surtout pas jouer avec «tu as tué, tu as volé… c’est à la fois humiliant et cela marque définitivement la personne. Les menottes, c’est pour les bandits des grands chemins et les voyous, pas pour d’honnêtes citoyens», a-t-elle insisté.

    Sur le plan social, même s’il s’agit d’une caméra cachée, ce qui est souvent retenu «c’est le fait criminel et le face-à-face avec l’autorité, car l’œil retient l’image et l’esprit retient les faits. Croyez-moi, il peut arriver même que les gens oublient qu’il s’agissait d’une caméra cachée et ne vous étonnez pas qu’un jour une victime de cette caméra choc sera pointée du doigt en disant ‘‘voilà le vendeur de drogue, le voleur’’ ou tout autre chose qui n’honore pas», développe-t-elle. Sur le plan juridique, notre interlocutrice parle d’une infraction totale à la notion de droit à l’image. La victime, en cas de préjudice physique ou moral, peut ester en justice les personnes ou l’institution en cause. «Une caméra cachée c’est pour faire rire et non pour faire peur.

    Elle permet par la même occasion à la victime de se distraire elle-même. On l’a vu, toutes les victimes rient à la fin du traquenard, mais il s’agit, hélas, d’un rire de soulagement et non pas d’un rire de plaisir, et c’est très grave. En un clin d’œil, la victime voit toute sa vie bouleversée et revoit toutes les scènes qui l’attendent. Juge d’instruction, la prison, pertes des enfants et de la famille, de l’emploi… Mais c’est atroce ce quart d’heure infernal que vivent les victimes qu’on accable de délits très graves. Ils peuvent avoir un arrêt cardiaque, une hypertension, une dépression ou tout autre chose aux conséquences incommensurables sur le plan social. La victime doit savoir qu’elle a tous les droits d’ester en justice les mis en cause en cas de préjudice, moral ou physique dûment établi», renchérit-elle.

    Selon cette experte dans les avis juridiques, l’Algérie vit un phénomène de généralisation ou de systématisation de la violence à tous les niveaux, y compris dans le domaine de l’art.
    Sur la question ayant trait à d’éventuelles défaillances ou vide juridique dans les cas déjà évoqués, pour elle, il s’agit d’appliquer «le principe de droit qui veut que le fait devance la loi. En d’autres termes, si un fait intervient dans une société donnée, dans un espace donné (un espace audiovisuel par exemple) et que ce fait interpelle la conscience collective, l’Etat ou la hiérarchie doivent se mettre en branle pour instituer des lois qui répriment ce fait», conclut ainsi Ben Braham Fatima.



    Mohamed Abdelli, El Watan.

  • #2
    ils sont en train de remettre en cause tout le concept de la caméra cachée là!!! c'est censée divertir et amuser parce que le scénario est tellement bien fait qu'il passe pour une réalité , à qui bon sert un piège s'il est prévisible sinon???

    pourquoi est ce qu'ils dramatisent les choses du moment que les concernés eux même (les artistes) n'ont pas eu d'objection quant à sa diffusion!!! à ma connaissance, la victime d'une caméra cachée peut s'opposer à sa diffusion, je pourrait me tromper après tout.

    moi j'ai bien aimé la cc de cette année, je l'ai trouvé innovatrice et amusante, ou bien veulent-ils qu'on nous soûle avec les trucs classique genre interview piégé..etc..., de toute façon ça ne marchera pas, le pot aux roses sera vite découvert par l'artiste.

    je suis d'accord certains artistes ont mal géré la situation, mais d'autre se sont trés bien débrouillés et ça a à voir avec la personnalité de chacun, mais de là à déclarer le show comme offensant, je ne suis pas d'accord!!!

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