Hors-la-loi de Bouchareb : un film de gangsters pour représenter l’Algérie à Cannes ?
Jusqu'à présent peu de personnes ont pu voir le film « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb. Jeudi dernier cependant, une projection privée restreinte était organisée à Paris. Et surprise : selon l'un des spectateurs que TSA a rencontré, le film n'est en rien une œuvre historique. Même les massacres du 8 mai 1945 qui cristallisent les critiques depuis plusieurs semaines ne sont qu'évoqués et pas du tout développés, ajoute ce spectateur. Le seul message historique du film est de dénoncer la façon dont ont été traités les Algériens qui ont combattu les Nazis au côté des Français. Comprendre : au lieu d’être récompensés, ils ont été massacrés le 8 mai 1945.
Mais l'essentiel de l'histoire traite de la question du financement du FLN par le grand banditisme en France. Le film suit le parcours de « mauvais garçons » qui ont épousé une cause noble : celle de la fédération de France du FLN et sa lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Pour ce spectateur, « à la fin du film, on n'a pas l'impression qu'une quelconque vérité historique a été rétablie et encore moins d'un film anti-français. Au contraire, le film qui lie grand banditisme et FLN ne donne pas forcément une belle image de la révolution algérienne ».
Ce témoignage confirme le message que tente de faire passer la production du film depuis le début de la polémique, contrairement d'ailleurs aux propres déclarations de Rachid Bocuhareb. En décembre dernier, il disait vouloir avec ce film « rétablir une vérité historique ». Mais le prétexte était trop beau pour quelques nostalgiques de l'Algérie française de se saisir du film pour réveiller une fois de plus leurs vieux réflexes. Si le regard du public qui verra le film le 12 mai prochain à Cannes concorde avec celui de ce témoignage, la polémique sur un soit disant « négationnisme » historique risque de retomber comme un soufflet.
Curieusement côté algérien, on défend Hors-la-loi bec et ongle, sans même l’avoir vu. Ainsi, le secrétaire général du FLN et représentant personnel du président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, s'est même fendu d'une déclaration publique pour dénoncer la « campagne enragée » en France contre le film.
Le hic? Il n'a lui non plus pas vu le film. Sur quelle argumentation repose son soutien? Il semble que ce soit bien plus un sursaut nationaliste, qu'un propos réfléchi et pesé sur le scenario en question. Ou alors, l'Algérie se croit-elle obligée de défendre un film dont elle a assuré 20% du financement, et cela même si l'image qu'il donne de la Révolution contraste avec l'histoire racontée depuis plus de 60 ans dans le pays. A noter que le ministère de la Culture n'a jusqu'à présent pas fait de commentaire sur cette polémique, laissant à penser qu'il a cautionné – via son financement – un film dont il ne connaissait pas réellement les tenants et les aboutissants.
Nora Amir,
TSA
Jusqu'à présent peu de personnes ont pu voir le film « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb. Jeudi dernier cependant, une projection privée restreinte était organisée à Paris. Et surprise : selon l'un des spectateurs que TSA a rencontré, le film n'est en rien une œuvre historique. Même les massacres du 8 mai 1945 qui cristallisent les critiques depuis plusieurs semaines ne sont qu'évoqués et pas du tout développés, ajoute ce spectateur. Le seul message historique du film est de dénoncer la façon dont ont été traités les Algériens qui ont combattu les Nazis au côté des Français. Comprendre : au lieu d’être récompensés, ils ont été massacrés le 8 mai 1945.
Mais l'essentiel de l'histoire traite de la question du financement du FLN par le grand banditisme en France. Le film suit le parcours de « mauvais garçons » qui ont épousé une cause noble : celle de la fédération de France du FLN et sa lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Pour ce spectateur, « à la fin du film, on n'a pas l'impression qu'une quelconque vérité historique a été rétablie et encore moins d'un film anti-français. Au contraire, le film qui lie grand banditisme et FLN ne donne pas forcément une belle image de la révolution algérienne ».
Ce témoignage confirme le message que tente de faire passer la production du film depuis le début de la polémique, contrairement d'ailleurs aux propres déclarations de Rachid Bocuhareb. En décembre dernier, il disait vouloir avec ce film « rétablir une vérité historique ». Mais le prétexte était trop beau pour quelques nostalgiques de l'Algérie française de se saisir du film pour réveiller une fois de plus leurs vieux réflexes. Si le regard du public qui verra le film le 12 mai prochain à Cannes concorde avec celui de ce témoignage, la polémique sur un soit disant « négationnisme » historique risque de retomber comme un soufflet.
Curieusement côté algérien, on défend Hors-la-loi bec et ongle, sans même l’avoir vu. Ainsi, le secrétaire général du FLN et représentant personnel du président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, s'est même fendu d'une déclaration publique pour dénoncer la « campagne enragée » en France contre le film.
Le hic? Il n'a lui non plus pas vu le film. Sur quelle argumentation repose son soutien? Il semble que ce soit bien plus un sursaut nationaliste, qu'un propos réfléchi et pesé sur le scenario en question. Ou alors, l'Algérie se croit-elle obligée de défendre un film dont elle a assuré 20% du financement, et cela même si l'image qu'il donne de la Révolution contraste avec l'histoire racontée depuis plus de 60 ans dans le pays. A noter que le ministère de la Culture n'a jusqu'à présent pas fait de commentaire sur cette polémique, laissant à penser qu'il a cautionné – via son financement – un film dont il ne connaissait pas réellement les tenants et les aboutissants.
Nora Amir,
TSA
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