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Toutes les archives du cinéma irakien ont été détruites

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  • Toutes les archives du cinéma irakien ont été détruites

    Ce qu'il y a de monstrueux avec la guerre c'est qu'elle détruit l'homme physiquement mais elle détruit aussi ses trésors culturelles, l'essence d'une nation. Le cinéaste irakien Amer Alwan affirme que toutes les archives du cinéma irakien ont été détruites et ça c'est aussi un autre désastre pour eux.

    =====
    Amer Alwan est l’un des rares cinéastes irakiens qui ont pu réaliser un film à la veille du déclenchement de la guerre en Irak. Zaman, l’homme des roseaux, est le film que ce cinéaste a tourné en Irak un mois et demi avant l’assaut américain. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Amer Alwan revient sur les difficultés qu’il a rencontrées lors du tournage de ce film, en Irak, ainsi que sur l’état du cinéma pendant et après le règne de Saddam Hussein


    La Tribune :
    Votre film, Zaman, l’homme des roseaux, a été tourné un mois et demi avant l’invasion américaine. Comment s’est déroulé le tournage ?

    Amer Alwan : Après avoir présenté mon scénario et obtenu une autorisation de tournage du ministère de la Culture et de l’Intérieur en Irak, j’ai commencé à filmer. Au moment du tournage, on voyait les avions qui survolaient le nord et le sud de l’Irak. C’était une menace réelle. On était très inquiets car on ne savait pas quand l’ennemi allait attaquer. On avait l’impression de vivre un rêve dans un monde absurde. Au fur et à mesure que le tournage avançait, j’ai tourné des scènes qui n’étaient pas marquées dans le scénario. Cela n’a pas du tout plu à la direction du Centre du cinéma national irakien qui m’a confisqué des rushes.

    Après maintes tentatives, j’ai pu convaincre, difficilement, le directeur du centre du cinéma de me les remettre. Malheureusement, j’ai été pris de vitesse par la guerre qui a éclaté et j’ai perdu les rushes confisqués. Tout a été brûlé sous les bombardements, le centre des archives du cinéma, la télévision…

    Donc, tous les films irakiens ont été détruits ?


    L’Irak a pu restaurer certaines bobines et récupérer des films de l’étranger. Mais le plus gros a été brûlé. Les archives de la télévision surtout sont définitivement perdues.


    Comment évaluez-vous le cinéma irakien à l’époque de Saddam Hussein ?


    Dès sa naissance, le 7e art irakien était un cinéma de qualité, mais pas de quantité. Il y a environ une centaine de films dans l’histoire du film irakien. C’était pour la plupart des films engagés du point de vue artistique et de scénario. Mais plus tard, le cinéma deviendra un moyen de propagande pour le pouvoir. Il en a résulté des films qui, certes, comptent dans l’histoire du cinéma irakien, mais qui ne sont pas de qualité.

    Avec l’embargo, le cinéma irakien s’arrête carrément. Je n’ai pas pu, par exemple, tourner mon film en 35mm.

    Durant tout le temps qu’a duré l’embargo, on interdisait toute importation de pellicule en Irak. On prétextait que les pellicules comportaient des substances chimiques que Saddam pouvait utiliser pour fabriquer des bombes atomiques. C’est absurde ! Combien de pellicules faut-il à Saddam pour fabriquer une bombe atomique ?!

    Et pourtant, vous avez pu réaliser votre film…

    C’est vrai, mais ce n’était pas évident. Aller, à l’époque de Saddam, au centre de Baghdad, filmer des séquences où on critiquait le Président était particulièrement osé. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’on m’avait confisqué certains de mes rushes.

    Je pense que mon film, Zaman, l’homme des roseaux, marque peut-être la fin d’une période et le début d’une autre.

    C’est peut-être de là qu’il tient toute sa valeur. Quand je suis rentré en Irak après 25 ans d’absence- j’ai effectué mes études de cinéma à Paris- pour tourner ce film, j’ai pris les choses avec une grande ouverture, sans barrières, sans cette peur implantée dans le ventre du peuple irakien.

    On a l’impression que Zaman, l’homme des roseaux, est inspiré d’un conte…

    Je pense que toutes les œuvres cinématographiques ou littéraires se rejoignent sur le point humain et la recherche de la vérité. Il y a toujours un parcours initiatique à faire quelque part dans le passé. Pour ma part, je me suis inspiré, dans mon film, de l’épopée de Gilgamesh, la première œuvre littéraire écrite de l’humanité en Mésopotamie. Le héros de mon film Zaman a agit comme Gilgamesh, le roi d’Ourouk qui cherchait la plante de l’éternité. Mais au lieu d’une plante, Zaman est parti à la recherche d’un médicament pour sauver la vie de la femme qu’il aime, son épouse.

    Vous êtes en ce moment sur un autre projet de long métrage, la Faille du diable ?

    En effet. la Faille du diable est une coproduction avec, entre autres, Arte France. Le tournage de ce film est prévu pour la fin du mois de février en Irak et en Jordanie.


    Croyez-vous que ce sera plus facile, pour vous, de réaliser ce film ?


    Je ne pense pas que ce sera plus facile. Je rencontrerai certainement des obstacles, mais d’un autre genre. A l’époque de Saddam, on était soumis à la censure et à l’obligation de l’obtention d’une autorisation. Aujourd’hui, on est confrontés à la colonisation. Je crois que le plus dur, pour moi, est de voir les armées américaines et britanniques déambuler dans les rues de Baghdad.

    Par la Tribune

  • #2
    au passage "l’homme des roseaux" ce film est vraiment boulversant, un homme qui fait des kilometres pour trouver des medicaments pour son epouse.

    Commentaire


    • #3
      C’est désolant, même la guère ne devrait pas toucher à l’art...

      Le patrimoine irakien a été touché et saboté,..et même volé.

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