Projeté samedi à la cinémathèque d’Oran à l’initiative de l’Afepec et en présence de la réalisatrice Habiba Djahnine, le film Lettre à ma soeur cadre bien avec la célébration de la Journée internationale de la femme.
Une date qu’on a tendance à folkloriser pour mieux taire les voix qui appellent au changement et à l’émancipation de la société. La voix de Nabila Djahnine, 15 ans après son assassinat à 29 ans , retentit encore, et ce film lui donne plus d’écho en donnant la parole à ses proches, ses camarades de lutte et d’innombrables anonymes qui ont croisé son chemin et à qui elle a peut-être ouvert les yeux sur d’autres façons de voir le monde.
« Le film part de l’intime mais s’inscrit dans une vision plus large, du moins en tentant de cerner quelques éléments de l’histoire récente de l’Algérie », explique la réalisatrice pour qui c’est toujours avec une grande émotion qu’elle le présente, malgré le fait qu’il ait été réalisé en 2006, et qu’entre-temps, il a beaucoup tourné, y compris à travers le monde.
En réponse à une question, elle indique que c’est surtout en Espagne, en Italie et en Argentine qu’il a été bien accueilli, sans doute parce que ces pays ont vécu la dictature ou le fascisme.
« Les échanges étaient passionnants, et ce qui m’a fait plaisir, c’est cette compréhension des gens avec qui on a eu à débattre loin des stéréotypes et des visions manichéennes de la réalité, celle de l’Algérie en particulier », indique-t-elle en prônant le dialogue comme meilleur moyen de régler les problèmes.
Le drame sur lequel est basée la trame du film renvoie à une période sombre, celle vécue par « un peuple qui trouve des difficultés à construire sa démocratie, mais il a construit la paix même à ses dépens, sinon, on serait encore dans une guerre sanglante ». Cependant, Habiba nuance en précisant à propos des événements : « Je ne dirais pas guerre civile mais entre le pouvoir et les islamistes, il était réducteur de tenter d’encadrer les gens dans les catégories ‘‘réconciliateurs’’ ou ‘‘éradicateurs’’. »
Pour elle, il faut d’abord condamner le meurtre car rien ne peut le justifier. Comme sa sœur, Nabila ne s’inscrivait ni dans l’un ni dans l’autre, mais elle était engagée (elle était militante du parti socialiste des travailleurs) et était consciente du risque qui pesait sur elle. N’empêche, dynamique et bonne vivante (ses rires étaient célèbres), elle a été jusqu’au bout de ses convictions qu’elle a en partie exprimées dans un rare témoignage filmé, intégré dans le film et dans lequel elle s’érige contre l’intégrisme, le laxisme des pouvoirs publics et même des partis dits démocrates qui, selon elle, ne donnent pas assez d’importance à la question féminine.
Pour la réalisatrice, les associations ont d’abord porté le combat des femmes de manière autonome et cite en exemple les grands rassemblements de la coordination de 1989 et les face-à-face violents avec le pouvoir lorsque cette question a été revendiquée dans la rue.
Depuis, du chemin a été fait malgré les erreurs commises, mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? A cette question, elle opposera l’idée qu’aux formes de lutte de type engagement à gauche, d’autres formes d’action peuvent être envisagées, y compris individuellement.
Son film par ailleurs ne manque pas d’attrait esthétique, et les silences qui le ponctuent sont motivés par la volonté de donner plus de poids aux paroles qui leur succèdent.
Certaines images paraissent comme de véritables œuvres d’art, à l’exemple de cette scène de dialogue entre deux sœurs qui paraissent au-dessus des nuages sur les hauteurs de la ville de Béjaïa. Habiba Djahnine était également à Oran pour les besoins de tournage de son tout nouveau film consacré, dit-elle, aux luttes sociales.
Par Djamel Benachour, El Watan
Une date qu’on a tendance à folkloriser pour mieux taire les voix qui appellent au changement et à l’émancipation de la société. La voix de Nabila Djahnine, 15 ans après son assassinat à 29 ans , retentit encore, et ce film lui donne plus d’écho en donnant la parole à ses proches, ses camarades de lutte et d’innombrables anonymes qui ont croisé son chemin et à qui elle a peut-être ouvert les yeux sur d’autres façons de voir le monde.
« Le film part de l’intime mais s’inscrit dans une vision plus large, du moins en tentant de cerner quelques éléments de l’histoire récente de l’Algérie », explique la réalisatrice pour qui c’est toujours avec une grande émotion qu’elle le présente, malgré le fait qu’il ait été réalisé en 2006, et qu’entre-temps, il a beaucoup tourné, y compris à travers le monde.
En réponse à une question, elle indique que c’est surtout en Espagne, en Italie et en Argentine qu’il a été bien accueilli, sans doute parce que ces pays ont vécu la dictature ou le fascisme.
« Les échanges étaient passionnants, et ce qui m’a fait plaisir, c’est cette compréhension des gens avec qui on a eu à débattre loin des stéréotypes et des visions manichéennes de la réalité, celle de l’Algérie en particulier », indique-t-elle en prônant le dialogue comme meilleur moyen de régler les problèmes.
Le drame sur lequel est basée la trame du film renvoie à une période sombre, celle vécue par « un peuple qui trouve des difficultés à construire sa démocratie, mais il a construit la paix même à ses dépens, sinon, on serait encore dans une guerre sanglante ». Cependant, Habiba nuance en précisant à propos des événements : « Je ne dirais pas guerre civile mais entre le pouvoir et les islamistes, il était réducteur de tenter d’encadrer les gens dans les catégories ‘‘réconciliateurs’’ ou ‘‘éradicateurs’’. »
Pour elle, il faut d’abord condamner le meurtre car rien ne peut le justifier. Comme sa sœur, Nabila ne s’inscrivait ni dans l’un ni dans l’autre, mais elle était engagée (elle était militante du parti socialiste des travailleurs) et était consciente du risque qui pesait sur elle. N’empêche, dynamique et bonne vivante (ses rires étaient célèbres), elle a été jusqu’au bout de ses convictions qu’elle a en partie exprimées dans un rare témoignage filmé, intégré dans le film et dans lequel elle s’érige contre l’intégrisme, le laxisme des pouvoirs publics et même des partis dits démocrates qui, selon elle, ne donnent pas assez d’importance à la question féminine.
Pour la réalisatrice, les associations ont d’abord porté le combat des femmes de manière autonome et cite en exemple les grands rassemblements de la coordination de 1989 et les face-à-face violents avec le pouvoir lorsque cette question a été revendiquée dans la rue.
Depuis, du chemin a été fait malgré les erreurs commises, mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? A cette question, elle opposera l’idée qu’aux formes de lutte de type engagement à gauche, d’autres formes d’action peuvent être envisagées, y compris individuellement.
Son film par ailleurs ne manque pas d’attrait esthétique, et les silences qui le ponctuent sont motivés par la volonté de donner plus de poids aux paroles qui leur succèdent.
Certaines images paraissent comme de véritables œuvres d’art, à l’exemple de cette scène de dialogue entre deux sœurs qui paraissent au-dessus des nuages sur les hauteurs de la ville de Béjaïa. Habiba Djahnine était également à Oran pour les besoins de tournage de son tout nouveau film consacré, dit-elle, aux luttes sociales.
Par Djamel Benachour, El Watan
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