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Violence contre les femmes de Sid Ali Mazif

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  • Violence contre les femmes de Sid Ali Mazif

    Officialisée par les Nations unies en 1977, la Journée internationale de la femme est loin d’être un rendez-vous festif. Bien au contraire, c’est une journée qui est à mise à contribution pour médiatiser non seulement les luttes et revendications les plus légitimes des femmes, mais surtout les drames, violations, violences, dénis et atteintes à la personne et la personnalité qu’elles endurent et subissent tout au long de leur existence.

    À cette occasion en Algérie, le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (CIDDEF) a abrité, dimanche dernier dans son siège dans le quartier du Sacré-Cœur, la projection du documentaire Violence contre les femmes de Sid Ali Mazif.

    Par cette action, les organisateurs ont voulu lever un bout de voile sur les réalités affligeantes, révoltantes et dégradantes qu’endurent des femmes algériennes.

    Violence conjugale, maltraitance, violences psychologiques et autres formes d’humiliations et d’agressions sont le lot quotidien de nombreuses femmes au sein de la société algérienne du XXIe siècle.

    Et ces injustices perdurent, voire prennent des dimensions alarmantes, que ne peuvent cacher les avancées réalisées en termes de droits de la femme qui ne peuvent, dès lors, qu’être relativisées pour ne pas devenir l’arbre qui cache la forêt. Et les chiffres sont là pour dire le drame.

    Selon les statistiques de la Direction générale de la Sûreté nationale, plus de 8 011 cas de violence ont été enregistrés en 2006 et 1 879 cas seulement pour le premier trimestre de 2007.

    Rien que dans la commune de Sidi M’hamed, 230 cas ont été enregistrés en 2006 et ça ne cesse d’empirer. Il faut souligner que ces chiffres sont loin de refléter la réalité. Ils ne font que la suggérer.

    Car les cas de violences «déclarés» ne sont qu’une infime portion de la partie émergée de l’iceberg. Si on prend en considération les violences morales et psychologiques que subissent les femmes quotidiennement dans la rue, au travail et à la maison, et si on y ajoute toutes ces victimes qui ne déposent pas de plainte, les chiffres se déclineront en millions en Algérie.

    C’est en présence de l’ambassadeur de Hollande, avec lequel collabore étroitement le CIDDEF, et de plusieurs invités que le documentaire a été projeté.

    Sur l’écran, une femme au visage ensanglanté sort d’un immeuble à moitié nue, l’air terrorisé. Se tordant de douleurs, elle parvient à atteindre le commissariat pour déposer plainte contre son époux qui vient de la battre sauvagement.

    Cette affreuse image de barbarie ne laisse personne indifférent.

    Le réalisateur a réussi son entrée en matière pour aborder un sujet qui reste entouré de tabous, non-dits et interdits. Les images horrifiantes se succèdent.

    Allongée sur un lit d’hôpital, l’œil tuméfié, des pansements sur le cou, une victime de violences conjugales raconte son calvaire. «Mon mari me bat souvent, et souvent sans motif. Mais c’est la première fois qu’il me poignarde avec un tournevis», raconte-t-elle. A côté, une femme médecin tente de la convaincre de porter plainte. L’air absent, le regard vide, la femme, bien que traumatisée, n’ose même pas envisager de se défendre. Hélas, elle n’est pas la seule à être assaillie par la peur. Kheira, Amina et d’autres filles et femmes vivent le même enfer, leur douleur se conjugue au quotidien.

    «Ces femmes sont des victimes. Sans diplômes ni travail, elles se laissent faire et encaissent les coups. Avant, ce sujet était classé tabou ; de nos jours, les femmes entreprennent les mesures nécessaires contre leurs bourreaux, mais souvent elles interviennent très tard», déclare la membre d’une association pour les droits de la femme.

    Kheira, jeune fille battue par ses proches, confirmera ses dires devant la caméra. «J’ai subit plein d’horreurs dans ma vie. J’ai vécu l’enfer. Quand cela m’est devenu insupportable, j’ai choisi la rue que je considère plus clémente.». Cette jeune fille a trouvé refuge dans un chalet de jeunes filles à Dely Brahim, une structure étatique qui prend en charge ces femmes victimes de la société et les aide à s’en sortir.

    «Nous essayons tant bien que mal de réintégrer ces femmes violées, battues et violentées dans la société. Cela n’est pas facile vu qu’elles ont perdu toute confiance en elles. Nous leurs dispensons des cours et nous leur proposons des formations afin qu’elles puissent se prendre en charge», déclare à la caméra l’une des éducatrices de l’établissement.

    Le documentaire éclaire l’assistance sur la situation de certaines femmes qui vivent des horreurs mais il donne aussi la parole à quelques représentants d’associations.

    «C’est un problème majeur auquel il faut remédier en urgence. Aucune femme n’est épargnée, ce fléau touche les femmes de tous âges. S’ajoute à la violence conjugale la violence morale qui est encore plus dévastatrice et le harcèlement moral et sexuel sur les lieux de travail», dira la présidente de l’Association de lutte contre la violence.

    «Notre association tente de les aider et de les orienter mais on ne peut tout faire, nous ne sommes que des médiateurs. Un véritable travail d’équipe s’impose», conclura-t-elle.

    De son côté, une commissaire, Mme Kheira Messaouden, indiquera que «le taux de violence envers les femmes a pris des proportions alarmantes surtout lors de la décennie noire». L’officier de police précisera que les chiffres, que nous avons cités plus haut, sont loin d’être exhaustifs, car beaucoup de cas de violences ne sont pas signalés parce que la femme violentée a peur des représailles ou qu’elle a honte de la famille, des voisins… Et le cercle infernal de la violence se poursuit.

    Les paroles, les images, les célébrations apparaissent dérisoires, futiles… devant le travail qui reste à accomplir, une véritable révolution sociale pour une évolution des mentalités en Algérie. Car les lois et les décisions politiques ne sont que des outils. Ce sont sur les mains et les esprits qui les utiliseront que le travail devra se porter.

    Par Wafia Sifouane , La Tribune

  • #2
    La projection du documentaire Violence contre les femmes, réalisé par Sid Ali Mazif, a eu lieu à Alger, ce dimanche 7 mars, au Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme, en présence de l’ambassadeur de Hollande et de deux représentants des ambassades de France et des Etats-Unis.

    La première scène du documentaire annonce déjà la couleur. Une femme ensanglantée sort en criant de son immeuble et se dirige, affolée, vers le plus proche commissariat pour dénoncer son barbare de mari. Les témoignages de femmes aux visages découverts, décidées à briser l’omerta et à braver les tabous, pleuvent ensuite et ne laissent personne indifférent.

    De multiples formes de violence contre la femme sont exposées dans ce documentaire d’une durée de 52 minutes.

    On en voit de toutes les couleurs, de toutes les plaies : femme mariée depuis quarante ans qui rompt avec le silence imposé par la tradition et le patriarcat, nous montre ses blessures pour le moins inhumaines. La dame affirme avoir été saignée au niveau du cou avec un tournevis et frappée avec une barre de fer à la cuisse. Le mari a passé quarante années à lui faire subir les pires outrages, physiques et moraux, jusqu’au jour où, enfin, elle décide de mettre fin à son calvaire en allant le dénoncer.

    La commissaire divisionnaire, Mme Messaouden, donne des chiffres alarmants, mais certainement loin de la réalité des femmes victimes de violence. 3 800 victimes en 2006 et 1 873 cas au premier trimestre de 2007. Il ne s’agit bien entendu que de celles ayant eu le courage et la dignité de porter plainte.


    Ces chiffres se verront sans doute multipliés par million si toutes les victimes de la barbarie pouvaient ou voulaient échapper à cet enfer quotidien. Les coups et blessures ne sont cependant pas la seule forme de violence que subit le sexe féminin.

    Le harcèlement moral et sexuel est l’une des formes les plus répandues dans la société algérienne.


    Les témoignages recueillis à ce propos démontrent combien il a de tout temps été facile pour un chef d’entreprise véreux de mettre à profit la vulnérabilité physique, morale et financière de ses employées.

    La syndicaliste Kheira Azizou dresse un portrait ténébreux de la situation : «Aucune femme n’est épargnée. Celles qui ont un poste assez important se retrouvent victimes d’un harcèlement moral, vu les jalousies ou le refus de certains hommes de voir des femmes réussir leur carrière. Quant aux travailleuses moyennes et inférieures, elles en subissent la forme la plus cruelle : le harcèlement sexuel.» Pour ces dernières, il s’agira de choisir entre changer d’emploi, quand elles en ont l’occasion, ou alors céder aux avances du boss !

    Sid Ali Mazif laisse le plus grave pour la fin.

    Le caractère cruel et infâme de l’être humain nous est dévoilé dans son plus sinistre appareil : les viols incestueux. Une sage-femme d’Annaba nous relate le calvaire d’une jeune fille de 22 ans, arrivée au CHU entre la vie et la mort.

    Elle a ingurgité des litres d’essence et avait un fœtus mort dans le ventre. Le bourreau n’était autre que son oncle maternel.

    Les témoignages s’enchaînent et malgré leurs différences, ils retracent le même visage d’une barbarie inqualifiable et surtout…impunie !

    Une syndicaliste nous raconte en effet qu’une des victimes de cette monstrueuse boucherie, ayant osé porter plainte contre son frère qui abusait d’elle régulièrement, a été tout simplement insultée par le procureur général.

    Ce dernier rejetta la plainte et traita la victime de tous les noms pour l’unique raison que le frère demeure un symbole intouchable de la famille algérienne.

    Cette phallocratie et cette complicité coupable sont malheureusement étendues à tous les niveaux : familles, voisins, collègues et même institutions de l’Etat. Une loi pénale condamnant nommément la violence contre les femmes, en dehors des coups et blessures d’usage, n’existe toujours pas en Algérie.

    Les bourreaux demeurent, pour la plupart, impunis et la plus grande partie des victimes continuent de subir l’innommable ou bien s’enfuient pour aller se réfugier dans la rue, où elles vivront un tout autre enfer…

    Par Sarah H., Le Jeune Indépendant

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