«Catholique par ma mère, musulman par mon père, un peu juif par mon fils...et athée grâce à Dieu.»
Marcel Mouloudji "Extrait de Autoportrait"
Une nouvelle fois France Télévisions et sa 5e chaîne ont manqué l’occasion de s’éteindre. Leur soirée spéciale «Musulmans de France» a été, selon les dires de certains professionnels, un fiasco voire même un non-événement.
La trilogie de «Documentaire sur les musulmans de France de 1904 à 2009», réalisé par le réalisateur mauritanien Karim Miské, coécrite par l’historien scénariste Emmanuel Blanchard et par (un certain) Mohamed Joseph, n’a pas tenu toutes ses promesses.
Au lieu de parler des musulmans, le doc a re-raconté l’histoire des immigrés maghrébins de France. On ira même jusqu’à dire que c’est une pâle copie de l’excellent documentaire de Yamina Benguigui «Mémoires d’immigrés». Le documentaire parle plus d’une communauté que d’une race et de sa religion.
Karim Miské n’est pas allé très loin afin de chercher des intervenants pour son documentaire.
La majorité de ses derniers ont été repérés dans le dossier réalisé par le Nouvel Observateur du 17 au 23 décembre 2009 sur la France et ses musulmans. Il en est ainsi de l’imam marocain Tarek Oubrou, considéré comme un imam laïc (il est favorable pour la levée de l’obligation du voile), Bariza Khiari, sénatrice PS, qui n’hésite pas à critiquer son parti, le sociologue Ahmed Boubaker, l’historien Benjamin Stora et surtout Abdelkader Zennaf, qui a été présenté comme un retraité de l’éducation et qui était en fait selon le Nouvel Obs un simple gardien de nuit.
D’autres intervenants ont été associés à ce documentaire et qui n’ont aucune crédibilité aux yeux des intellectuels et des spécialistes du dossier. C’est le cas de cette styliste Fatoumata Colibaly, qui est plus à l’aise pour parler de mode que de géo-politique, de cette historienne fraîchement sortie de sciences- po, Linda Amiri, et qui a écrit un seul livre dans sa courte carrière ou encore Dalila Kerchouche, auteur du livre Mon père, ce harki, adapté à la télévision sous le titre de Harkis et interprété par Smaïn.
Tout ça pour dire que les intervenants dans ce film ne sont pas à la hauteur de ce documentaire au nom trompeur «Musulmans de France».
Le réalisateur mauritanien n’a pas cru bon faire appel à Mohamed Arkoun, intellectuel algérien, le meilleur spécialiste du dossier sur les musulmans. De faire appel à Malek Chebel, spécialiste du dossier ou encore Soheib Bencheikh mufti de Marseille. Le plus grand absent dans ce documentaire est bien évidemment Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui connaît bien le parcours des musulmans de France.
Le documentaire n’évoquera pas les luttes entre le Maroc et l’Algérie pour le contrôle du Cfcm, (Conseil français du culte musulman) créé en 2003, pour unir les 1000 mosquées de France. On a bien compris que le réalisateur ou le producteur du doc, Jean Labib, (ce nom me dit quelque chose), ne souhaitait pas faire un documentaire sur les musulmans de France ou présenter l’Islam comme une religion de paix ou de tolérance.
Pas question de faire la Une comme le Nouvel Obs avec Diams et son voile, ni de rappeler que les trois Marocaines qui ont déclenché l’affaire du voile, l’ont enlevé sur ordre du roi Hassan II ou encore que Khomeïni était le protégé de la France.
L’objectif recherché est de montrer des Maghrébins qui n’aiment pas leur religion, ne font pas le Ramadhan, que l’Islam a engendré le terrorisme, de montrer le premier recteur de la Mosquée de Paris, Si Kaddour Ben Ghabrit, sympathiser avec les nazis et que l’Islam est la source des grèves et des émeutes dans les banlieues.
Un documentaire vicieux et raté, commandé par un lobby puissant qui s’efforce de déformer, une nouvelle fois, l’image de l’Islam dans les médias.
Par Amira Soltane, l'Expression
Marcel Mouloudji "Extrait de Autoportrait"
Une nouvelle fois France Télévisions et sa 5e chaîne ont manqué l’occasion de s’éteindre. Leur soirée spéciale «Musulmans de France» a été, selon les dires de certains professionnels, un fiasco voire même un non-événement.
La trilogie de «Documentaire sur les musulmans de France de 1904 à 2009», réalisé par le réalisateur mauritanien Karim Miské, coécrite par l’historien scénariste Emmanuel Blanchard et par (un certain) Mohamed Joseph, n’a pas tenu toutes ses promesses.
Au lieu de parler des musulmans, le doc a re-raconté l’histoire des immigrés maghrébins de France. On ira même jusqu’à dire que c’est une pâle copie de l’excellent documentaire de Yamina Benguigui «Mémoires d’immigrés». Le documentaire parle plus d’une communauté que d’une race et de sa religion.
Karim Miské n’est pas allé très loin afin de chercher des intervenants pour son documentaire.
La majorité de ses derniers ont été repérés dans le dossier réalisé par le Nouvel Observateur du 17 au 23 décembre 2009 sur la France et ses musulmans. Il en est ainsi de l’imam marocain Tarek Oubrou, considéré comme un imam laïc (il est favorable pour la levée de l’obligation du voile), Bariza Khiari, sénatrice PS, qui n’hésite pas à critiquer son parti, le sociologue Ahmed Boubaker, l’historien Benjamin Stora et surtout Abdelkader Zennaf, qui a été présenté comme un retraité de l’éducation et qui était en fait selon le Nouvel Obs un simple gardien de nuit.
D’autres intervenants ont été associés à ce documentaire et qui n’ont aucune crédibilité aux yeux des intellectuels et des spécialistes du dossier. C’est le cas de cette styliste Fatoumata Colibaly, qui est plus à l’aise pour parler de mode que de géo-politique, de cette historienne fraîchement sortie de sciences- po, Linda Amiri, et qui a écrit un seul livre dans sa courte carrière ou encore Dalila Kerchouche, auteur du livre Mon père, ce harki, adapté à la télévision sous le titre de Harkis et interprété par Smaïn.
Tout ça pour dire que les intervenants dans ce film ne sont pas à la hauteur de ce documentaire au nom trompeur «Musulmans de France».
Le réalisateur mauritanien n’a pas cru bon faire appel à Mohamed Arkoun, intellectuel algérien, le meilleur spécialiste du dossier sur les musulmans. De faire appel à Malek Chebel, spécialiste du dossier ou encore Soheib Bencheikh mufti de Marseille. Le plus grand absent dans ce documentaire est bien évidemment Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui connaît bien le parcours des musulmans de France.
Le documentaire n’évoquera pas les luttes entre le Maroc et l’Algérie pour le contrôle du Cfcm, (Conseil français du culte musulman) créé en 2003, pour unir les 1000 mosquées de France. On a bien compris que le réalisateur ou le producteur du doc, Jean Labib, (ce nom me dit quelque chose), ne souhaitait pas faire un documentaire sur les musulmans de France ou présenter l’Islam comme une religion de paix ou de tolérance.
Pas question de faire la Une comme le Nouvel Obs avec Diams et son voile, ni de rappeler que les trois Marocaines qui ont déclenché l’affaire du voile, l’ont enlevé sur ordre du roi Hassan II ou encore que Khomeïni était le protégé de la France.
L’objectif recherché est de montrer des Maghrébins qui n’aiment pas leur religion, ne font pas le Ramadhan, que l’Islam a engendré le terrorisme, de montrer le premier recteur de la Mosquée de Paris, Si Kaddour Ben Ghabrit, sympathiser avec les nazis et que l’Islam est la source des grèves et des émeutes dans les banlieues.
Un documentaire vicieux et raté, commandé par un lobby puissant qui s’efforce de déformer, une nouvelle fois, l’image de l’Islam dans les médias.
Par Amira Soltane, l'Expression
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