Les géants du luxe Kering et LVMH ont adopté une charte commune pour interdire le recours à des mannequins trop maigres. Et toute la presse applaudit.
Cette presse n’a pas vraiment le choix, puisqu’elle vit notamment grâce aux publicités de ces deux groupes de mode. Et cependant, cette décision de chasser la maigreur des défilés, on peut y croire comme l’on croit aux cyclistes non dopés, ou aux élections libres en Syrie. Tout le monde se félicite que ces deux grands groupes, propriétaires de grandes marques de mode, de Gucci à YSL, aient décidé de renoncer aux mannequins squelettiques. Sauf qu’en réalité, il s’agit de renoncer à la taille 32 ; la taille 34 pour les femmes sera autorisée. La taille 34, c’est un tour de taille de 58 cm, deux feuilles de papier A4. 58 cm c’est drôlement grassouillet quand on mesure 1,80 ce qui est la taille moyenne sur les podiums. En d’autres termes, un mannequin taille 34 sera aussi éloignée d’une femme statistiquement « moyenne », que le château de Versailles d’un pavillon Phénix. Cette décision ne changera rien, elle incitera peut-être les mannequins à manger une pomme par semaine, mais elle ne changera pas la morale de la mode qui est d’être injuste et méchante. Car les mannequins ne sont pas là pour présenter des vêtements, contrairement à ce que l’on pense, ils sont là pour montrer que ces vêtements sont inaccessibles. La mode c’est la distinction, c’est vouloir appartenir à un club qui ne veut pas de vous. Toute la mode repose sur une logique cruelle : dévoiler son nombril, quand on a envie de nourrir tranquillement ses bourrelets, porter des talons hauts, alors qu’on serait si bien en espadrilles. Toutes les marques du monde peuvent bien se liguer entre elles, elles continueront de choisir des filles grasses comme des cintres, à moins qu’un jour l’idée même de mode se démode.

France culture
Cette presse n’a pas vraiment le choix, puisqu’elle vit notamment grâce aux publicités de ces deux groupes de mode. Et cependant, cette décision de chasser la maigreur des défilés, on peut y croire comme l’on croit aux cyclistes non dopés, ou aux élections libres en Syrie. Tout le monde se félicite que ces deux grands groupes, propriétaires de grandes marques de mode, de Gucci à YSL, aient décidé de renoncer aux mannequins squelettiques. Sauf qu’en réalité, il s’agit de renoncer à la taille 32 ; la taille 34 pour les femmes sera autorisée. La taille 34, c’est un tour de taille de 58 cm, deux feuilles de papier A4. 58 cm c’est drôlement grassouillet quand on mesure 1,80 ce qui est la taille moyenne sur les podiums. En d’autres termes, un mannequin taille 34 sera aussi éloignée d’une femme statistiquement « moyenne », que le château de Versailles d’un pavillon Phénix. Cette décision ne changera rien, elle incitera peut-être les mannequins à manger une pomme par semaine, mais elle ne changera pas la morale de la mode qui est d’être injuste et méchante. Car les mannequins ne sont pas là pour présenter des vêtements, contrairement à ce que l’on pense, ils sont là pour montrer que ces vêtements sont inaccessibles. La mode c’est la distinction, c’est vouloir appartenir à un club qui ne veut pas de vous. Toute la mode repose sur une logique cruelle : dévoiler son nombril, quand on a envie de nourrir tranquillement ses bourrelets, porter des talons hauts, alors qu’on serait si bien en espadrilles. Toutes les marques du monde peuvent bien se liguer entre elles, elles continueront de choisir des filles grasses comme des cintres, à moins qu’un jour l’idée même de mode se démode.

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