La journée en haïk a fait son retour ce 1er novembre prochain à Alger, à l’initiative du groupe « Belaredj, le haïk en ville ». Le haïk " était pendant des siècles le symbole de la femme algérienne. Étoffe rectangulaire de couleur blanche attachée à la taille par une ceinture, accompagné d'une pièce de tissu brodé cachant la partie inférieure du visage".
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Manifestation de femmes en haïk à Alger pour le 1er novembre
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Étymologie
Le mot est emprunté à l’arabe maghrébin hayk qui provient du verbe arabe hâka qui signifie «tisser». D’abord employé sous la forme francisée heque (1654), il connaîtra de nombreuses variantes hayque (1667), alhaique (1670), eque (1670), haïque (1683), hayc (1686). Haïk sera d’abord féminin (1725) et se fixe au masculin en 18302.
Au XVIIe siècle, le voyageur espagnol, Luis del Marmol Carvajal , le cite à propos des Berbères du Maroc et le décrit comme une espèce de manteau que portent les hommes et les femmes. A la même époque, un autre Espagnol, Diego de Haedo, le cite à propos des femmes d’Alger dans son ouvrage Topographia de Argel, (Topographie d’Alger).
Il décrit ainsi les Algéroises : « Quand elles sortent de chez elles, elles mettent des manteaux blancs, très déliés, en laine fine ou tissus de laine et soie.
C’est tout un art que de porter le haïk :
Les femmes s’entortillent dans ces manteaux, en attachant un bout sur la poitrine avec des agrafes ou de grandes épingles d’argent doré, elles jettent le corps du manteau sur les épaules et sur la tête, et de l’autre bout, celui de dessous, elles couvrent le bras droit. »
Dans une ruelle d’Algérie, on croise souvent des silhouettes blanches se faufilant, de manière gracieuse, au milieu de la foule, nous rappelant ainsi notre identité et notre histoire, c’est le haïk…
Cette étoffe, symbole de pudeur et de noblesse, tenait et tient toujours une grande place dans notre société. Ce vêtement se porte de différentes façons selon les régions et se caractérise par une grande sobriété, à la différence des vêtements portés pour les fêtes à l’intérieur d’une grande richesse (karakou, blouza, fergani ou encore la chedda).
Appelé Haïk, Hayek, ce voile blanc avait un aspect pratique non négligeable. A l’époque, il préservait la blancheur de la peau de la femme qui pouvait également cacher ses bijoux et éloigner ainsi le mauvais oeil. Il permettait aussi à la bourgeoise de se démarquer car, en le portant, elle affichait son rang social élevé.
Différents types de haïk existent en Algérie : El haïk El-Kssa, filé de laine fine, el haïk
El-Meremma (la fouta blanche) qui est un voile plus léger que le précédent et plus précieux, car tissé de soie pure et rayé de fils d’or et d’argent, et enfin, il y avait le
«houiek», fait de soie, de ftoule et de guergueffe et que la jeune mariée portait la veille de ses noces, ne se dévoilant que le jour de son mariage !
Par rapport aux couleurs, on remarque qu’il est d’un blanc immaculé à Alger, à Tlemcen ,Tiaret et Oran alors qu’à Constantine et Batna , il est noir. Et cela en signe de deuil, à un bey décédé. En effet, les constantinoises portent la «mlaya» en guise de haïk.
Mais bien au-delà de sa matière ou de sa couleur, la femme se distingue dans l’art et la manière de le porter. En effet, tantôt, la femme qui le porte envoie un symbole de pudeur (soutra), tantôt il forme un objet de séduction.
Ce qui est certain c’est qu’il sublime la beauté de la femme. En effet, plus on cache, plus on laisse place au fantasme et à l’imagination…dz(0000/1111)dz
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Un ultime rappel de nos valeurs et de notre histoire
Le haïk, cousu avec un tissu de soie virant vers le jaune pour les mariées ou simplement dans une étoffe blanche, était dans l’histoire et la civilisation le voile traditionnel hérité de la civilisation arabo-musulmane dont se couvrait avec une élégance certaine les Algéroises jusqu’aux années 70.
Le haïk, cousu avec un tissu de soie virant vers le jaune pour les mariées ou simplement dans une étoffe blanche, était dans l’histoire et la civilisation le voile traditionnel hérité de la civilisation arabo-musulmane dont se couvrait avec une élégance certaine les Algéroises jusqu’aux années 70. Il était aussi l’âme d’une culture et d’une identité féminine typiquement algérienne qui se déclinait selon les régions avec d’autres couleurs et avec d’autres appellations spécifiques aux coutumes locales. Les femmes qui se couvraient le visage d’une voilette d’une blancheur immaculée dentelée ou brodée à la main avec soin, le portaient depuis des lustres avec une indéfinissable fierté d’appartenir à une famille connue du village ou du quartier.
Certaines le retroussaient avec délicatesse au niveau du genou droit tout en se couvrant le buste et le corps, marchant en groupe, les yeux baissés tout en traversant, avec toute la pudeur qui sied à leurs habitudes citadines, les rues et recoins de la capitale. Les temps changeant avec le cortège de bouleversements sociaux ou historiques apportant leur lot de nouveautés décalées ou retords, ce magnifique voile, qui faisait la singularité et toute la particularité vestimentaire des Algéroises, a été abandonné depuis quelques décennies au profit, soit de la cachabia marocaine ou du hidjab surmonté d’un foulard. Comme l’affirment certaines femmes interrogées, elles ont décidé de l’abandonner soit par conviction religieuse, ou tout simplement par commodité, troquant leur ancienne tenue qui faisait le charme de leur apparence et l’esprit de leurs valeurs profondes pour une tenue vestimentaire qui, en dehors des modes actuelles, est loin de refléter leur appartenance culturelle. Le haïk, qui était l’apanage des femmes, cloîtrées le plus souvent, dans les années 1950 et devaient cacher, aux yeux des étrangers, leurs attributs féminins, a complètement disparu du paysage urbain sans qu’on y prête la moindre attention au moment où nos grands-mères et quelques irréductibles continuaient à le porter comme unique trace d’une mémoire et d’un temps où il faisait les beaux jours de l’Algérie indépendante. Contre les visions parfois rétrogrades importées de pays et de cultures différentes, les femmes sont sorties, samedi dernier, à la surprise générale, arpentant, comme autrefois avec leur allure altière, enveloppées d’un haïk symbole de leur algérianité revendiquée, une des artères principale menant vers la Grande-Poste. Comme un essaim d’abeilles portant dans leur ruche le miel de leurs traditions séculaires, elles ont affronté les regards des passant à la fois amusés et surpris par cette initiative que l’on doit à l’appel d’un collectif citoyen à l’occasion de la célébration de la journée du haïk coïncidant avec les festivités du 1er Novembre 1954 qui marquent le 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne.
Elles ont donc marché en procession, escortées par des policiers pendant tout le défilé depuis la rue Didouche-Mourad en passant par la place Audin jusqu’à la Grande-Poste. Cette manifestation qui fait «tilt» dans nos esprits est l’ultime rappel des temps de l’héroïsme dont toutes ces femmes ont su faire montre pendant la guerre de Libération nationale, se faufilant à chaque coin de rue, transportant des paniers qui renfermaient bombes, armes, médicaments ou encore des tracts et des messages pour les moudjahidine. Ce défilé qui a impressionné plus d’un, est le geste d’un groupe de femmes qui, bravant les regards réprobateurs de certains de leurs concitoyens à la mentalité conservatrice qui préfèrent les voir enfermées dans leur enclos domestique. C’est dans la matinée qui inaugure la journée du 1er Novembre qu’elles sont sorties de leur foyer, fières de pouvoir porter leur ancien haïk qui faisant tant leur popularité pendant la lutte armée, sachant qu’à cette époque, beaucoup d’entre elles avaient bravé comme les hommes le colonialisme français vêtues de ce même haïk circulant incognito dans les venelles de l’antique Casbah devant les parachutistes armés jusqu’aux dents. Ce voile traditionnel emblématique d’une époque glorieuse était de retour dans nos rues comme un souvenir précieux que ces femmes auront conservé par delà la mémoire dans leurs armoires pour s’enorgueillir de le porter face à leur concitoyens et concitoyennes habillés différemment en ce jour. Les citadins qui auront veillé jusqu’aux douze coups de minuit pour écouter l’hymne nationale et entendre les coups de canons, une tradition chère à notre peuple, ont certainement cligné des yeux en signe d’approbation en regardant ses femmes passer sachant en leur for intérieur que le message qu’elles ont voulu transmettre à la population est bien passé.
Lynda Graba
el moudjahiddz(0000/1111)dz
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Le haïk, cousu avec un tissu de soie virant vers le jaune pour les mariées ou simplement dans une étoffe blanche, était dans l’histoire et la civilisation le voile traditionnel hérité de la civilisation arabo-musulmane
Les femmes des notables de l’époque gréco-romaine portées le voile intégral dans les lieux publiques ."Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."
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