La préparation du trousseau de mariée revêt une grande importance en Algérie. Il est entouré d’un rituel qui implique toutes les femmes de la famille. Malgré le coût, les mères s'attachent à le composer de manière aussi complète que possible, des draps de lit aux vêtements et accessoires, pour permettre à leurs filles de démarrer leur vie de femme dans les meilleures conditions.
La tradition algérienne voulant qu'une fille ait son trousseau de mariée prêt lorsqu'elle atteint l'âge de 18 ans, les préparatifs commencent très tôt.
Les mères commencent à faire appel aux brodeuses pour la confection de nappes, de parures de draps et autre linge de maison lorsque leurs filles ne sont encore que des enfants.
Si, dans le passé, les jeunes filles se pliaient à tous les caprices de leurs mères, tantes et grands-mères, beaucoup aujourd’hui se révoltent, préférant choisir elles-mêmes leur linge de maison.
''Les draps en Richelieu, en point de croix, c’est vraiment démodé, je n’aime vraiment pas", explique Hayet, une jeune cadre, à Magharebia. "Ma mère et ma grand-mère m’en ont commandé plusieurs en rose, en mauve et en jaune. Elles m’obligent à les prendre, alors que je sais que je ne les utiliserai jamais. Ce que je préfère, ce sont les couleurs tendance, les motifs chatoyants."
Mais sa mère, Hakima, estime que les préférences d'Hayet "ne feraient pas très bon effet devant la belle-famille".
Le trousseau convenable "doit absolument contenir des parures traditionnelles, sinon c’est la honte devant la famille du mari", explique Hakima, qui ajoute : "Je ne ferai aucune concession sur l’essentiel qu’elle doit absolument avoir."
"La modernité, je ne suis pas contre, mais je tiens beaucoup à nos coutumes", explique-t-elle.
Lakhdar qui tient une boutique dans l’un des plus vieux quartier d’Alger, surnommé « Rue des mariées » a pu assister, au fil des années, aux changements d’habitude et de goûts.
Avant, les jeunes filles n’étaient pas du tout consultées, explique-t-il. "Dans mon magasin, je recevais les mères, les grand-mères et les tantes. C’était elles qui choisissaient les tissus, les draps, les serviettes de bains et même la lingerie. Les jeunes mariées n’avaient pas droit à la parole."
"Aujourd’hui, j’assiste à des scènes qui me font beaucoup rire", poursuit-il. "Les jeunes filles ne sont pas d’accord soit avec le modèle, soit avec les couleurs. Elles veulent choisir des choses plus modernes. Elles n’aiment pas beaucoup le rose, ce qui fait rager les mamans pour qui un trousseau digne doit comporter essentiellement de la literie aux couleurs pastels."
Si le trousseau revêt une telle importance, c'est à cause du Taalak, une tradition spécifique en Algérie, qui consiste à accrocher les habits aux cintres, trois jours avant la date du mariage. La famille de la mariée apporte alors tout le trousseau dans la future maison. Les tantes et les cousines doivent tout mettre en place dans l’armoire sous le regard vigilant de la belle famille.
"Souvent c’est grâce au contenu du trousseau que la jeune fille est bien considérée ou au contraire dénigrée", explique Malika, la soixantaine. "Comme vous l'imaginez, le contenu du trousseau est passé au peigne fin par la belle famille, d’où l’importance de bien le préparer."
Mais cette tradition commence à peser sur les dépenses des jeunes couples qui sont rares à pouvoir la respecter à la lettre.
En effet, le trousseau doit comporter en plus des draps, des couettes, des couvertures et même des matelas. Les futures mariées doivent également préparer des tailleurs, des chaussures et des sacs qui doivent être assortis. Les familles les plus aisées achètent également de la vaisselle pour leurs filles. D’autres vont jusqu'à penser aux menus détails, fournissant à leurs filles jusqu’aux récipients pour les épices et des appareils électroménagers. Un luxe que les familles les moins nanties ne peuvent se permettre.
"Je venais à peine de commencer à travailler, j’avais tout juste le minimum", nous explique Amel. "Je ne voulais pas que ma mère expose mon trousseau. J’ai dû me battre pour que ce rituel ne soit pas respecté. Mes tantes se sont fâchées. Elles ont boudées ma mère très longtemps."
A Tlemcen, où les mariages peuvent coûter jusqu'à un demi-million de dinars, les jeunes mariées doivent préparer des dizaines de valises et au moins cinq matelas. Les belle-familles sont très regardantes. Elles passent au peigne fin les affaires ramenées par la jeune fille.
Face à la pression de l’entourage, les familles algériennes devant marier leurs filles ont trouvé une parade.
Elles privilégient la quantité au détriment de la qualité.
"Les gens n’ont qu’un seul souci : remplir un maximum de valises pour faire bonne figure devant la belle-famille", explique Mohamed, qui tient une boutique dans la Rue de la Lyre à Alger. "Avant, les mères étaient très regardantes. Elles touchaient les tissus, exigeaient la meilleure qualité pour leurs filles. Aujourd’hui, les choses ont radicalement changé."
Pour les parents des jeunes mariées, à moins que le coût ne soit pas un problème, le besoin de composer un important trousseau va au détriment de la qualité.
"Les couettes venues de Chine, du Pakistan ou dl’Inde se vendent mieux que celles venues d’Europe", explique Mohamed à Magharebia. "La différence de prix peut atteindre 5000 dinars et il en faut au moins deux par trousseau, sans parler des parures de draps qui doivent être au nombre de huit, des nappes, des serviettes et des peignoirs de bain."
Saida brode des draps depuis plus de vingt ans, une activité qu'elle a héritée de sa mère, "qui elle-même l’a apprise de ma grand-mère", nous explique-t-elle avec fierté. Mais cette tendance à l'augmentation des tailles des trousseaux a entraîné une hausse des dépenses des parents.
"J’ai toujours travaillé avec les familles qui préparent le trousseau de leurs filles ; avant je n’avais aucun problème avec le paiement", se rappelle-t-elle.
Aujourd'hui, elle doit accorder des échéanciers pour le paiement. "Il n'y a qu'ainsi que je peux continuer à travailler", ajoute-t-elle.
"Il faut sauvegarder les apparences, il faut surclasser les autres en faisant plus gros, mieux et plus cher", explique Lila, une jeune mariée, à Magharebia. "C'est la partie la plus excitante des préparatifs du mariage. Les gens adorent acheter toutes ces choses."
source : Magharebia
La tradition algérienne voulant qu'une fille ait son trousseau de mariée prêt lorsqu'elle atteint l'âge de 18 ans, les préparatifs commencent très tôt.
Les mères commencent à faire appel aux brodeuses pour la confection de nappes, de parures de draps et autre linge de maison lorsque leurs filles ne sont encore que des enfants.
Si, dans le passé, les jeunes filles se pliaient à tous les caprices de leurs mères, tantes et grands-mères, beaucoup aujourd’hui se révoltent, préférant choisir elles-mêmes leur linge de maison.
''Les draps en Richelieu, en point de croix, c’est vraiment démodé, je n’aime vraiment pas", explique Hayet, une jeune cadre, à Magharebia. "Ma mère et ma grand-mère m’en ont commandé plusieurs en rose, en mauve et en jaune. Elles m’obligent à les prendre, alors que je sais que je ne les utiliserai jamais. Ce que je préfère, ce sont les couleurs tendance, les motifs chatoyants."
Mais sa mère, Hakima, estime que les préférences d'Hayet "ne feraient pas très bon effet devant la belle-famille".
Le trousseau convenable "doit absolument contenir des parures traditionnelles, sinon c’est la honte devant la famille du mari", explique Hakima, qui ajoute : "Je ne ferai aucune concession sur l’essentiel qu’elle doit absolument avoir."
"La modernité, je ne suis pas contre, mais je tiens beaucoup à nos coutumes", explique-t-elle.
Lakhdar qui tient une boutique dans l’un des plus vieux quartier d’Alger, surnommé « Rue des mariées » a pu assister, au fil des années, aux changements d’habitude et de goûts.
Avant, les jeunes filles n’étaient pas du tout consultées, explique-t-il. "Dans mon magasin, je recevais les mères, les grand-mères et les tantes. C’était elles qui choisissaient les tissus, les draps, les serviettes de bains et même la lingerie. Les jeunes mariées n’avaient pas droit à la parole."
"Aujourd’hui, j’assiste à des scènes qui me font beaucoup rire", poursuit-il. "Les jeunes filles ne sont pas d’accord soit avec le modèle, soit avec les couleurs. Elles veulent choisir des choses plus modernes. Elles n’aiment pas beaucoup le rose, ce qui fait rager les mamans pour qui un trousseau digne doit comporter essentiellement de la literie aux couleurs pastels."
Si le trousseau revêt une telle importance, c'est à cause du Taalak, une tradition spécifique en Algérie, qui consiste à accrocher les habits aux cintres, trois jours avant la date du mariage. La famille de la mariée apporte alors tout le trousseau dans la future maison. Les tantes et les cousines doivent tout mettre en place dans l’armoire sous le regard vigilant de la belle famille.
"Souvent c’est grâce au contenu du trousseau que la jeune fille est bien considérée ou au contraire dénigrée", explique Malika, la soixantaine. "Comme vous l'imaginez, le contenu du trousseau est passé au peigne fin par la belle famille, d’où l’importance de bien le préparer."
Mais cette tradition commence à peser sur les dépenses des jeunes couples qui sont rares à pouvoir la respecter à la lettre.
En effet, le trousseau doit comporter en plus des draps, des couettes, des couvertures et même des matelas. Les futures mariées doivent également préparer des tailleurs, des chaussures et des sacs qui doivent être assortis. Les familles les plus aisées achètent également de la vaisselle pour leurs filles. D’autres vont jusqu'à penser aux menus détails, fournissant à leurs filles jusqu’aux récipients pour les épices et des appareils électroménagers. Un luxe que les familles les moins nanties ne peuvent se permettre.
"Je venais à peine de commencer à travailler, j’avais tout juste le minimum", nous explique Amel. "Je ne voulais pas que ma mère expose mon trousseau. J’ai dû me battre pour que ce rituel ne soit pas respecté. Mes tantes se sont fâchées. Elles ont boudées ma mère très longtemps."
A Tlemcen, où les mariages peuvent coûter jusqu'à un demi-million de dinars, les jeunes mariées doivent préparer des dizaines de valises et au moins cinq matelas. Les belle-familles sont très regardantes. Elles passent au peigne fin les affaires ramenées par la jeune fille.
Face à la pression de l’entourage, les familles algériennes devant marier leurs filles ont trouvé une parade.
Elles privilégient la quantité au détriment de la qualité.
"Les gens n’ont qu’un seul souci : remplir un maximum de valises pour faire bonne figure devant la belle-famille", explique Mohamed, qui tient une boutique dans la Rue de la Lyre à Alger. "Avant, les mères étaient très regardantes. Elles touchaient les tissus, exigeaient la meilleure qualité pour leurs filles. Aujourd’hui, les choses ont radicalement changé."
Pour les parents des jeunes mariées, à moins que le coût ne soit pas un problème, le besoin de composer un important trousseau va au détriment de la qualité.
"Les couettes venues de Chine, du Pakistan ou dl’Inde se vendent mieux que celles venues d’Europe", explique Mohamed à Magharebia. "La différence de prix peut atteindre 5000 dinars et il en faut au moins deux par trousseau, sans parler des parures de draps qui doivent être au nombre de huit, des nappes, des serviettes et des peignoirs de bain."
Saida brode des draps depuis plus de vingt ans, une activité qu'elle a héritée de sa mère, "qui elle-même l’a apprise de ma grand-mère", nous explique-t-elle avec fierté. Mais cette tendance à l'augmentation des tailles des trousseaux a entraîné une hausse des dépenses des parents.
"J’ai toujours travaillé avec les familles qui préparent le trousseau de leurs filles ; avant je n’avais aucun problème avec le paiement", se rappelle-t-elle.
Aujourd'hui, elle doit accorder des échéanciers pour le paiement. "Il n'y a qu'ainsi que je peux continuer à travailler", ajoute-t-elle.
"Il faut sauvegarder les apparences, il faut surclasser les autres en faisant plus gros, mieux et plus cher", explique Lila, une jeune mariée, à Magharebia. "C'est la partie la plus excitante des préparatifs du mariage. Les gens adorent acheter toutes ces choses."
source : Magharebia
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