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Ouyahia, l'élection présidentielle et les salaires des députés

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  • Ouyahia, l'élection présidentielle et les salaires des députés

    Ouyahia, l'élection présidentielle et les salaires des députés


    La promesse d'Ahmed Ouyahia de mettre à la disposition de Abdelaziz Bouteflika «la machine électorale» qu'est le RND pour lui assurer son troisième mandat présidentiel, est lourde de sens et de conséquences.

    Ahmed Ouyahia fait mieux, plus et pire que son prédécesseur Abdelaziz Belkhadem lorsque celui-ci avait décidé de faire d'un troisième mandat pour le président de la République la seule préoccupation du gouvernement, du FLN et de l'Etat. Le rappel des rôles que chacun des deux s'est attribué s'impose. Quand le second avait décidé de mobiliser toutes les institutions de l'Etat à cet effet, le premier avait fait la grimace et a jugé le second comme allant vite en besogne. Ouyahia avait même suggéré au président de «descendre» au niveau du Parlement pour l'amender, l'article 74 de la Constitution limitant les mandats présidentiels. Il n'arrêtait pas de lancer des pics à Belkhadem lui reprochant de faire une campagne prématurée pour le président de la République. Etant bien loti que Belkhadem dans les sphères du pouvoir et du système politique en place, Ouyahia semble aujourd'hui être au courant de l'avancement des choses au sujet de la prochaine élection présidentielle. Il y met les bouchées doubles. Avec son arrogance habituelle, il réitère son soutien «indéfectible» et celui de son parti à Bouteflika. Et toujours avec la pudeur en moins, Ouyahia promet de mettre à sa disposition «la machine électorale» qu'est son parti, le Rassemblement national démocratique (RND). C'est en 1997, faut-il le rappeler, que le RND a été qualifié de «machine électorale». C'était lorsqu'il avait été utilisé comme tel pour broyer sur son chemin toute velléité de préservation ou de sauvegarde d'un semblant de démocratie, de transparence et de crédibilité pour les élections législatives de l'époque. C'est en toute impunité que la machine électorale RND avait sévi. Ce parti du pouvoir a été à l'origine de ce qui a été consigné dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire sous l'intitulé «fraude électorale massive». «Demandez à ceux qui ont institué la commission d'enquête pourquoi n'ont-ils pas insisté pour rendre public ce rapport», nous avait simplement répondu Ouyahia au sujet de cette mascarade électorale. Aujourd'hui, il ne semble pas avoir changé d'attitude. Sûr de lui, le chef du gouvernement promet d'enclencher cette même machine pour assurer à Bouteflika un troisième mandat présidentiel.


    Ouyahia et les petites gens

    Les réponses d'Ouyahia lors de la conférence de presse qu'il a animée vendredi dernier ont été plus de la provocation que des précisions à propos de questions imposées par la lourdeur et la gravité de la conjoncture que traverse le pays et qu'un chef de gouvernement se doit de clarifier et d'alléger. Au sujet des augmentations faramineuses concédées par le président aux députés, il répondra avec un sourire narquois que d'autres catégories perçoivent bien plus. A situation incongrue créée par un manque flagrant d'Etat et de respect des lois, Ouyahia impose plus incongrue. Tant pis pour ceux qui croient que l'argent du contribuable doit être orienté par les élus pour résoudre les problèmes du peuple. Au-delà, l'on se demande si le président a réellement besoin de soudoyer les députés pour faire passer sa révision de la Constitution. L'histoire retiendra à toutes les législatures qu'elles ont existé pour être au seul service du pouvoir. Ouyahia n'est pas le seul à faire dans la provocation. Il fermera les yeux tout autant que le président sur le sort d'à peine une cinquantaine d'enseignants contractuels que le ministère de l'Education ne veut pas permaniser non pas parce qu'ils doivent passer un concours mais parce que l'Etat refuse de leur ajouter quelques sous de plus. Comme le président, Ouyahia n'aime pas les petites gens. Il l'a fait savoir à chaque fois que l'occasion lui a été donnée. Vendredi, il a rappelé sans gêne que «les augmentations des masses salariales, c'est le casse-pipe de l'économie». Si en politique, l'on admet universellement qu'il n'y a pas de moral, le gouvernement se doit pourtant de s'en imposer en tant que structure politique de l'Etat. C'est donc au nom de l'Etat qu'il doit s'abstenir de faire dans la provocation «des masses» dans un pays où les nerfs sont à fleur de peau et les esprits sous constante tension. Sinon, justifier des privilèges sonnants et trébuchants à des députés dans une conjoncture où des familles entières fouillent dans les poubelles pour se nourrir, relève du mépris.

    Les militaires alignés sur les députés

    Ouyahia a voulu ainsi que l'annonce officiellement sous-entendue d'un troisième mandat présidentiel à Bouteflika coïncide avec une situation de malaise social et politique sans précédent.
    Le président sait que les citoyens vivent dans l'insécurité totale non pas à cause du terrorisme mais à cause des vols, des agressions et des crimes qui se multiplient en plein jour alors que les rues grouillent de policiers depuis qu'il les a instruits de sortir des casernes. Il doit certainement savoir que les écoles croulent sous le poids excessif des élèves et qu'en parallèle, 40 millions de manuels scolaires comportent de grossières erreurs. Que tous les ménages sont otages de coupures intempestives d'électricité et que les blocs opératoires des hôpitaux fonctionnent difficilement. Que des malades chroniques manquent de médicaments. Que la décision de l'Etat de pénaliser l'acte d'émigrer clandestinement est absurde quand on sait que des jeunes harraga mettent volontairement leur vie en péril en se jetant à l'eau. Que les auditions des différents ministres n'ont jamais résolu des problèmes pourtant récurrents comme la cherté de la vie, l'anarchie dans les secteurs des finances, du commerce jusqu'à celui de l'éducation, de l'agriculture et des transports, la dégradation du pouvoir d'achat, la bureaucratie, l'insolence de l'administration, l'excès de zèle de ses préposés, les passe-droits, les abus de pouvoir, le clientélisme, l'anarchie dans les hôpitaux, les aéroports et les universités, le tout rappelant terriblement l'absence de perspectives et la navigation à vue d'un pays en mal de gouvernance. «Les Algériens sont fainéants, c'est pour ça que j'ai fait appel aux Chinois pour construire les logements et l'autoroute», a lancé le président de la République à un ambassadeur européen qui venait lui faire ses adieux. Jugé curieux, à la limite de l'indécence, le propos de Bouteflika a fait le tour des chancelleries étrangères accréditées à Alger. «On n'a jamais vu un président dire du mal de son peuple», a lancé un diplomate européen étonné.
    De sources proches du ministère de la Défense nationale, le chef de l'Etat a accepté d'aligner les salaires des officiers supérieurs de l'armée sur ceux qu'il a concédés nouvellement aux députés. Les militaires bénéficieront eux aussi, selon nos sources, du même effet rétroactif de la décision...

    Les députés, personnels saisonniers du pouvoir, ont donc le droit, selon le chef du gouvernement, d'être grassement rétribués puisque d'autres corporations, privées soient-elles, le sont. Pourtant il sait que la machine électorale, qu'il dit être prêt à manipuler, se chargera comme par le passé, de les obliger à lever la main et «re»franchir le pas en fermant les yeux sur l'absence de démocratie et d'alternance au pouvoir.
    Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

  • #2
    SALAIRES DES DÉPUTÉS
    Le coup de poignard dans le dos


    Les «fonctionnaires» du palais Zighoud-Youcef ont roulé dans la farine leurs électeurs.

    Faut-il continuer à remuer le couteau dans la plaie? Les langues n’ont pas fini de se délier après la spectaculaire hausse des salaires des députés. Pas de crash boursier à l’horizon. L’économie algérienne a subi le choc comme l’ont subi des citoyens, dont la colère a été longtemps contenue. Elle est omniprésente et n’est pas près de s’éteindre.
    «Je ne revoterais plus jamais de ma vie, enfin du moins pour ce qui me reste à vivre!», nous a lancé, hier au cours d’une discussion, un retraité, poissonnier de son état à Béjaïa. «C’est une trahison!», enchaîne un de ses clients. Les élus de la nation ont, semble-t-il, fait un bébé dans le dos à leurs électeurs. Les réactions de ce type ont été légion après l’annonce officielle de la hausse des salaires des députés de 300%. «Indécent!» C’est peut-être le «maître mot» qui peut résumer l’ensemble des réactions à travers le territoire national. Aucune explication plausible ni convaincante n’a été fournie pour expliquer le mérite d’une telle récompense. D’un tel cadeau. A moins que le père Noël ne soit passé avant l’heure en Algérie. Pas de haut fait d’armes à signaler. Pas de médaille olympique décrochée. Nos députés ont dormi et se sont subitement réveillés, de la monnaie, des billets plein les poches. La baraka. Un don de Dieu. L’Algérie est un pays où tous les miracles peuvent avoir lieu. Pas besoin d’aller à Lourdes. C’est juste à côté. Cela se passe à l’intérieur du palais Zighoud-Youcef. Il suffit de lever la main. Les deux mains, c’est encore mieux. On peut recevoir le double de ce que l’on a demandé. «Aux innocents les mains pleines», dit-on. Ce n’est pas la particularité de nos élus qui n’ignorent surtout pas toutes les portes et les privilèges qu’ouvre le statut de député. Immunité parlementaire, passeport diplomatique, prêts bancaires...et des vacances à longueur d’année, pendant cinq ans. C’est à l’intérieur de l’Assemblée nationale que se font et se défont les lois de la République. C’est à l’intérieur de l’Assemblée nationale que sont soumises et débattues les préoccupations citoyennes. C’est aussi à l’intérieur de ce lieu que fut rejetée la proposition d’allocations pour les chômeurs. C’est aussi là que fut votée la loi qui sanctionne de cinq ans de prison tout candidat à l’émigration clandestine. La liste pourrait être longue. Les citoyens algériens ont le sentiment d’être mal représentés par leurs élus. La démobilisation gagne du terrain. Le divorce est consommé entre l’ensemble de la classe politique et la population. La meilleure preuve est constituée par le scrutin d’avril 2007.
    La nouvelle Assemblée nationale n’a été élue qu’avec à peine 36% des suffrages exprimés. Les prochaines élections risquent de souffrir encore plus de la légitimité populaire à l’avenir. Ce qui n’a pas l’air d’émouvoir outre mesure nos élus. Les électeurs, quant à eux, pourraient en faire une arme redoutable. Le processus semble s’être enclenché.
    L'expression
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

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