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Quelles vacances pour les jeunes à Bouira?

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  • Quelles vacances pour les jeunes à Bouira?

    Après une année scolaire fructueuse pour les uns et désastreuse pour les autres, les collégiens, lycéens et universitaires de la wilaya de Bouira sont tous en vacances. Vacances qui ne riment pas forcément avec loisirs et détente comme il serait souhaitable après la période des examens.

    Les jeunes en général sont toujours confrontés au sempiternel problème financier pour passer leurs vacances. Les plus chanceux iront au bled, chez des cousins, des oncles ou des grands-parents vivant dans leurs villages perchés sur les hauteurs du Djurdjura. L’important étant de fuir la fournaise et la poussière estivale qui caractérise la ville de Bouira.

    Les jeunes dans l’expectative

    L’arrivée des juilletistes résidant outre-Méditerranée est ressentie comme une bonne nouvelle pour les jeunes Bouiris qui jusque-là se morfondaient dans leur coin ne sachant où aller passer leurs vacances. En effet, les oncles et autres cousins qui arrivent de France sont souvent sollicités par les jeunes du bled pour aller passer quelques jours au bord de la Grande Bleue. Par contre, pour les jeunes qui n’ont personne sur qui compter, c’est une vraie galère ! Il faut dire que la plage n’est hélas pas accessible à toutes les bourses et une simple virée pour faire trempette coûte les yeux de la tête. Les plages de Boumerdès ou de Béjaïa sont des destinations très prisées mais souvent inabordables pour un jeune de Bouira.

    A défaut de se permettre ces balades maritimes, les oueds, les retenues collinaires sont des destinations à risques qui permettent un moment de détente et ce à moindre frais. Cela dit, les jeunes pouvant, financièrement parlant, aller se prélasser représentent une infime catégorie dans la wilaya de Bouira car le pouvoir d’achat étant ce qu’il est, rares sont les vacanciers en herbe qui pensent à faire du tourisme. Tourisme qui justement est une des vocations de la wilaya de Bouira avec ses différents sites tels Tikjda et Asswel. Mais là encore ces sites sont-ils accessibles au communs des Bouiris ? Apparemment non, sauf peut-être pour une journée et à condition de prendre avec soi quelques nourritures pour pique-niquer en plein air sans dépenser trop d’argent. Auprès de la Direction du tourisme, le premier responsable du secteur assure qu’il essaye tant bien que mal d’encadrer les jeunes en les orientant vers les auberges de jeunes et si des sponsors se manifestent, la Direction du tourisme peut même envisager des virées sur des sites tels la forêt d’Errich, Tikjda, les barrages, etc. Un riche programme, pour peu que les moyens existent, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Donc les jeunes en mal d’exotisme devront se rabattre sur les excursions dans d’autres quartiers de la ville de Bouira.

    La Direction de la jeunesse et des sports, elle, s’est organisée en conséquence. En effet, des centres de vacances ont été réservés à Souk El Tenine, wilaya de Béjaïa, des centres qui recevront deux sessions de jeunes vacanciers. La première du 25 juillet au 8 août et la seconde du 8 au 24 août. En sachant que chaque session est composée de 500 jeunes dont l’âge varie entre 8 et 14 ans. 500 enfants issus de milieux défavorisés dans 19 communes. Pourquoi seules 19 communes ont été choisies sur les 45 municipalités de la wilaya? Tout simplement par manque de moyens nous affirme un responsable de la DJS. " Nous fonctionnons avec les fonds de la wilaya, nous n’avons pas de budget pour organiser des sorties." D’autres directions de l’exécutif de wilaya organisent des colonies de vacances pour les enfants des travailleurs de leur secteur, comme c’est le cas à l’Académie, mais les jeunes n’ont pas tous des parents travaillant pour le secteur étatique. Au niveau de la Direction de la culture , un programme a également été élaboré pour permettre quelques distractions aux jeunes, mais la venue du président de la République semble mettre un frein aux activités attendues.

    Faire bon cœur contre mauvaise fortune

    En cette fin de mois de juillet, nombreux sont les jeunes qui attendent une occasion pour aller passer quelques jours ailleurs. Où exactement ? Ils n’en savent strictement rien, mais le besoin d’aller changer d’air se fait de plus en plus pressant. D’autre, par contre se sont résignés à affronter la canicule de Bouira en faisant bon cœur contre mauvaise fortune.

    A peine six semaines nous séparent de la rentrée sociale, scolaire et le début de Ramadan, donc une pléthore de frais en perspective. Frais auxquels il faut d’ores et déjà se préparer. Les petits boulots dans les cafés, les restaurants en tant que serveurs ou plongeurs sont tous assurés par des jeunes ayant la volonté de bosser pour faire face aux futures dépenses. Même si leurs parents sont contre le fait qu’ils aillent travailler dans ce genre d’endroits, le fait d’avoir une rente supplémentaire à la fin du mois, fait disparaître toutes réticences et autres préjugés parentales. Les trottoirs de la ville de Bouira sont devenus en cette période estivale des parkings surveillés par des jeunes qui en échange de surveiller les véhicules stationnés réclament quelques pièces. Une manière de s’assurer que le véhicule garé ne fera pas l’objet d’un vol. Aux abords des routes, d’autres jeunes ont trouvé le moyen de se faire un peu d’argent en vendant fruits et légumes de saison.

    Figues, raisins, pommes, poires, tomates, piments, pommes de terre sont autant de marchandises qui "balisent " les chaussées. A El Esnam, commune située à 10 kilomètres à l’Est du chef-lieu de wilaya, des jeunes de Bouira se font embaucher par les agriculteurs pour arracher les pommes de terre. En fin de journée, et alors que les champs sont désertés, ces jeunes reviennent pour ramasser les tubercules qu’ils ont "oubliés " durant la journée. Ils revendent ainsi les patates à des prix défiant toute concurrence sur la RN5.

    Les petits boulots d’été sont aussi assez prisés par les ados. Les étals de cacahuètes, chewing-gum, bonbons, tabac et cigarettes, sont des activités florissantes dont les gérants sont des gosses à peine majeurs. Mais d’autres boulots plus éreintants sont aussi d’actualité pour ces derniers. Le travail harassant des plates-formes de parpaings, les chantiers de construction sont aussi des endroits où il n’est pas rare de rencontrer des jeunes à peine pubères. Une main d’œuvre plus que bon marché pour des maîtres d’ouvrages qui ne sont guère attentifs à l’âge ou à une quelconque qualification dans le domaine. L’important est que le travail soit fait. Pour les jeunes qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas travailler sur des chantiers en plein soleil, la collecte des déchets recyclables est une manière de se faire de l’argent sans avoir de compte à rendre à un supérieur. Les métaux ferreux, l’aluminium, le plastique, le verre sont autant de produits qui s’achètent au kilo dans de nombreuses localités de la wilaya, comme c’est le cas dans les communes de Chorfa et Aghbalou, respectivement 50 kilomètres et 60 kilomètres à l’Est du chef-lieu de wilaya. Les jeunes redoublent d’ingéniosité et n’hésitent pas à recourir au système D pour se faire un peu d’argent de poche. Si un peu partout dans le monde on dit que les voyages forment la jeunesse, les jeunes de Bouira peuvent attester qu’ils se sont formés sans promenades ni excursions. La villégiature étant réservée à une frange réduite de la société, la jeunesse de Bouira livrée à elle-même se démène comme elle le peut pour éviter de sombrer dans le farniente, le marasme et l’oisiveté.

    Par La Dépêche de Kabylie
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