PAR MANSOUR M
Il y a des annonces qui passent presque inaperçues – c’est le propre du monde de l’information -, mais il en est d’autres qui marquent le début d’une histoire intéressante. Celle faite hier par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, appartient sans conteste à cette seconde catégorie. A l’issue d’une visite au Centre de développement des technologies avancées (CDTA) à Alger, le ministre a annoncé la finalisation de la conception d’une micro-puce semi-conductrice de 1 mm², utilisant une technologie de 64 nanomètres, prévue pour des applications multiples et variées.
«L’engagement relatif à la conception de puces électroniques a été concrétisé», a déclaré M. Baddari, précisant que «les chercheurs sont parvenus à concevoir une première micro-puce reposant sur une technologie de haute précision». Une phrase brève, presque anodine, derrière laquelle se cachent pourtant plusieurs années de travail acharné, de recherche et d’engagement.

Commencer à s’affranchir technologiquement
Ce résultat n’est donc pas le fruit du hasard, car il s’inscrit dans une stratégie clairement définie, amorcée notamment par l’inauguration, en décembre dernier, d’une usine dédiée à la conception de ces mêmes puces. Cette continuité prouve que l’initiative est structurée et démontre que l’Algérie est capable de dépasser le rôle de simple consommatrice de technologies pour devenir un acteur de leur production.
Dans cette dynamique, le ministre a ouvert des perspectives claires en annonçant que la fabrication locale de ces puces électroniques serait lancée au cours des deux prochaines années. Il a précisé que la maîtrise de cette technologie ne devait pas être perçue comme un aboutissement, mais plutôt comme le début d’un processus à long terme. Il a également souligné que cette avancée constitue une véritable valeur ajoutée pour l’économie nationale, mettant en avant l’existence d’une ressource humaine compétente et déjà spécialisée dans ce domaine à fort potentiel.
Des conventions avec la SATIM et l’ENIE
Lors de cette visite, Kamel Baddari a également inauguré «CDTA Expertise», une filiale du Centre pensée comme un pont entre la recherche et l’industrie. Il a inspecté une plateforme de fabrication de haute précision, signe que cette dynamique ne s’arrêtera pas à une seule réussite.
Deux conventions ont été signées, renforçant ainsi l’approche pragmatique adoptée. La première, conclue entre le CDTA et la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (SATIM), vise à «sécuriser le réseau national du e-paiement», comme l’a précisé le Directeur du CDTA, Mohammed Traïche. La seconde, signée avec l’ENIE, a pour objectif de «mettre en place un cadre propice à l’assistance technique et technologique dans la fabrication de composants électroniques, en particulier des transistors».

Ce n’est qu’un millimètre carré de silicium, comme certains pourraient le dire, mais en réalité, c’est un pas colossal pour l’Algérie. Car cette puce ne se limite pas à un simple composant. Elle incarne la démonstration que lorsque la science s’allie à la volonté politique, les frontières s’effacent. Elle prouve également que les chercheurs algériens n’ont rien à envier à leurs homologues internationaux.
Et surtout, elle démontre que l’avenir ne se limite pas à un rêve lointain : il se façonne, millimètre par millimètre.
Cependant, une question demeure : dans un monde où les géants du secteur développent des puces de 3 nanomètres, quelle pertinence peut encore avoir cette technologie de 65 nanomètres, désormais considérée comme obsolète ?
De quoi parle-t-on ?
La question est légitime. Dans un monde où les mastodontes du secteur – TSMC, Samsung, Intel – rivalisent d’ingéniosité pour graver des circuits de plus en plus miniaturisés, pourquoi l’Algérie célèbre-t-elle une puce en CMOS 65 nm, une technologie maîtrisée depuis le milieu des années 2000 ? La réponse tient en un mot : souveraineté. Et en un autre : utilité.
Car il faut comprendre que dans l’univers des semi-conducteurs, la course aux nanomètres extrêmes ne concerne qu’un segment très précis : les microprocesseurs ultra-performants pour smartphones haut de gamme, serveurs cloud ou intelligence artificielle.
Or, l’immense majorité des applications industrielles, médicales, automobiles ou sécuritaires n’ont pas besoin de cette finesse extrême. Elles reposent sur des puces robustes, stables, éprouvées – exactement comme celles conçues en 65 nm.
Pour quelles applications ?
C’est pour cela que la puce en question, d’une superficie d’à peine 1 mm², est dotée de 42 720 composants électroniques intégrés. Elle fonctionne à 125 kHz, avec une partie analogique et un module RFID basse fréquence, ce qui la rend idéale pour des usages liés à l’identification sécurisée, aux transactions électroniques, à la traçabilité logistique et celles des produits (tels que l’agroalimentaire, le bétail, les viandes et autres), les capteurs en tout genre (bracelets médicaux et autres), les compteurs intelligents (gaz, eau et électricité), l’appareillage de la smart agriculture, voire à la monétique. Et c’est précisément là que réside sa pertinence stratégique.
De ce fait, ce type de technologie n’est pas conçu pour concurrencer les géants de l’ultra-miniaturisation, car elle est plutôt pensée pour répondre aux besoins immédiats de l’Algérie, notamment dans des secteurs sensibles : sécurité des paiements électroniques, protection des données nationales, applications gouvernementales sécurisées, ou encore contrôle d’accès physique et numérique.
Il s’agit enfin d’adresser un message fort à la jeunesse scientifique algérienne : oui, on peut innover. Oui, l’avenir peut aussi s’écrire en silicium en Algérie.
lalgerieaujourdhui.dz
Il y a des annonces qui passent presque inaperçues – c’est le propre du monde de l’information -, mais il en est d’autres qui marquent le début d’une histoire intéressante. Celle faite hier par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, appartient sans conteste à cette seconde catégorie. A l’issue d’une visite au Centre de développement des technologies avancées (CDTA) à Alger, le ministre a annoncé la finalisation de la conception d’une micro-puce semi-conductrice de 1 mm², utilisant une technologie de 64 nanomètres, prévue pour des applications multiples et variées.
«L’engagement relatif à la conception de puces électroniques a été concrétisé», a déclaré M. Baddari, précisant que «les chercheurs sont parvenus à concevoir une première micro-puce reposant sur une technologie de haute précision». Une phrase brève, presque anodine, derrière laquelle se cachent pourtant plusieurs années de travail acharné, de recherche et d’engagement.
Commencer à s’affranchir technologiquement
Ce résultat n’est donc pas le fruit du hasard, car il s’inscrit dans une stratégie clairement définie, amorcée notamment par l’inauguration, en décembre dernier, d’une usine dédiée à la conception de ces mêmes puces. Cette continuité prouve que l’initiative est structurée et démontre que l’Algérie est capable de dépasser le rôle de simple consommatrice de technologies pour devenir un acteur de leur production.
Dans cette dynamique, le ministre a ouvert des perspectives claires en annonçant que la fabrication locale de ces puces électroniques serait lancée au cours des deux prochaines années. Il a précisé que la maîtrise de cette technologie ne devait pas être perçue comme un aboutissement, mais plutôt comme le début d’un processus à long terme. Il a également souligné que cette avancée constitue une véritable valeur ajoutée pour l’économie nationale, mettant en avant l’existence d’une ressource humaine compétente et déjà spécialisée dans ce domaine à fort potentiel.
Des conventions avec la SATIM et l’ENIE
Lors de cette visite, Kamel Baddari a également inauguré «CDTA Expertise», une filiale du Centre pensée comme un pont entre la recherche et l’industrie. Il a inspecté une plateforme de fabrication de haute précision, signe que cette dynamique ne s’arrêtera pas à une seule réussite.
Deux conventions ont été signées, renforçant ainsi l’approche pragmatique adoptée. La première, conclue entre le CDTA et la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (SATIM), vise à «sécuriser le réseau national du e-paiement», comme l’a précisé le Directeur du CDTA, Mohammed Traïche. La seconde, signée avec l’ENIE, a pour objectif de «mettre en place un cadre propice à l’assistance technique et technologique dans la fabrication de composants électroniques, en particulier des transistors».

Ce n’est qu’un millimètre carré de silicium, comme certains pourraient le dire, mais en réalité, c’est un pas colossal pour l’Algérie. Car cette puce ne se limite pas à un simple composant. Elle incarne la démonstration que lorsque la science s’allie à la volonté politique, les frontières s’effacent. Elle prouve également que les chercheurs algériens n’ont rien à envier à leurs homologues internationaux.
Et surtout, elle démontre que l’avenir ne se limite pas à un rêve lointain : il se façonne, millimètre par millimètre.
Cependant, une question demeure : dans un monde où les géants du secteur développent des puces de 3 nanomètres, quelle pertinence peut encore avoir cette technologie de 65 nanomètres, désormais considérée comme obsolète ?
De quoi parle-t-on ?
La question est légitime. Dans un monde où les mastodontes du secteur – TSMC, Samsung, Intel – rivalisent d’ingéniosité pour graver des circuits de plus en plus miniaturisés, pourquoi l’Algérie célèbre-t-elle une puce en CMOS 65 nm, une technologie maîtrisée depuis le milieu des années 2000 ? La réponse tient en un mot : souveraineté. Et en un autre : utilité.
Car il faut comprendre que dans l’univers des semi-conducteurs, la course aux nanomètres extrêmes ne concerne qu’un segment très précis : les microprocesseurs ultra-performants pour smartphones haut de gamme, serveurs cloud ou intelligence artificielle.
Or, l’immense majorité des applications industrielles, médicales, automobiles ou sécuritaires n’ont pas besoin de cette finesse extrême. Elles reposent sur des puces robustes, stables, éprouvées – exactement comme celles conçues en 65 nm.
Pour quelles applications ?
C’est pour cela que la puce en question, d’une superficie d’à peine 1 mm², est dotée de 42 720 composants électroniques intégrés. Elle fonctionne à 125 kHz, avec une partie analogique et un module RFID basse fréquence, ce qui la rend idéale pour des usages liés à l’identification sécurisée, aux transactions électroniques, à la traçabilité logistique et celles des produits (tels que l’agroalimentaire, le bétail, les viandes et autres), les capteurs en tout genre (bracelets médicaux et autres), les compteurs intelligents (gaz, eau et électricité), l’appareillage de la smart agriculture, voire à la monétique. Et c’est précisément là que réside sa pertinence stratégique.
De ce fait, ce type de technologie n’est pas conçu pour concurrencer les géants de l’ultra-miniaturisation, car elle est plutôt pensée pour répondre aux besoins immédiats de l’Algérie, notamment dans des secteurs sensibles : sécurité des paiements électroniques, protection des données nationales, applications gouvernementales sécurisées, ou encore contrôle d’accès physique et numérique.
Il s’agit enfin d’adresser un message fort à la jeunesse scientifique algérienne : oui, on peut innover. Oui, l’avenir peut aussi s’écrire en silicium en Algérie.
lalgerieaujourdhui.dz
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