Ayant effectué d’importants investissements en Algérie pour exploiter de nouveaux gisements, Total, comme d’autres compagnies pétrolières, récupère une partie de cette production en contrepartie.
L'essentiel
lors que les relations franco-algériennes retrouvent à peine des couleurs après les derniers échanges entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, la question des hydrocarbures reste un sujet épineux dans ce pays du Maghreb. Invité sur Sud Radio, l’homme d’affaires algérien Rachid Nekkaz affirme qu’en ayant fait pression sur l’État algérien, Total bénéficierait « de 25 années de pétrole et de gaz gratuit. » Une ristourne de plusieurs dizaines de milliards d’euros qui serait étonnante quand on sait que les exportations d’hydrocarbures représentent près de 20 % du PIB algérien.
Pour Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS spécialiste en énergie et chercheur au Policy Center for the New South, parler de gratuité n’a « aucun sens » : « Total ne peut pas faire pression sur un pays. Tout est lié à un contrat de partage de production entre l’Algérie et plusieurs compagnies pétrolières et gazières. »
Un partage de la production ?
Dans son intervention à la radio, Rachid Nekkaz semble en effet évoquer un contrat existant entre l’Algérie, via sa compagnie Sonatrach, et l’Italien Eni, l’Américain Occidental Petroleum et le Français Total, signé le 19 juillet 2022. Un contrat de « partage de la production » algérienne, d’une durée de 25 ans, qui permettra selon Sonatrach de récupérer plus « d’un milliard de barils » de pétrole et de gaz.
Si la formulation peut laisser penser que ces hydrocarbures seront donnés gratuitement aux compagnies étrangères, Francis Perrin assure que ce n’est pas le cas : « Ces compagnies vont investir à plusieurs pour faire de l’exploration, de développement, puis de l’exploitation du gaz et du pétrole algérien. Ensuite, chacun récupère sa part, mais ce n’est en aucun cas de la gratuité. »
Si ces entreprises, qu’elles soient françaises ou algériennes, récupère une partie du pactole, c’est parce qu’elles ont toutes misé. Sans ces investissements, pas de pétrole pour les Algériens. De plus, le chercheur précise que souvent, ces investissements ne donnent rien, lorsque par exemple les gisements découverts ne sont pas assez importants pour être exploités.
« Aucune compagnie n’irait investir de grandes sommes d’argent dans de tels projets sans rien avoir en retour », ajoute Francis Perrin.
Une loi controversée
En revanche, il existe bel et bien des avantages octroyés par le gouvernement algérien aux investisseurs étrangers. Il faut pour cela revenir à la loi algérienne de 2019 sur l’exploitation des hydrocarbures, qui permet d’assouplir le régime juridique et fiscal des investisseurs étrangers, spécifiquement dans le secteur de l’énergie.
Cette loi a pour objectif « d’alléger le géant national des hydrocarbures Sonatrach, détenu à 100 % par l’Etat, du fardeau des lourds investissements et des risques élevés liés à la recherche de nouveaux gisements », comme l’avait expliqué à l’époque le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab. Essentiel quand on sait que les hydrocarbures représentent chaque année près de 50 milliards d’euros de recettes, soit la quasi-totalité des exportations algériennes (90 %) et lui permettent de garder une balance commerciale positive.
Accusé de « brader » les richesses algériennes, le gouvernement avait dû faire face à une forte opposition dans le pays avec plusieurs grandes manifestations, dans un contexte politique déjà très troublé. Des avantages « fréquents » selon Francis Perrin, surtout dans des pays où les hydrocarbures représentent une part importante des exportations. « Il y a une concurrence mondiale dans le secteur pour attirer les compagnies étrangères, donc on offre un cadre attractif » ajoute-t-il.
Notre dossier sur l'Algérie
Difficile selon lui pour l’Algérie de faire sans ces investissements étrangers : « Dans les hydrocarbures, la pratique est de se mettre à plusieurs sur des investissements. D’abord parce que ça coûte cher, mais aussi parce que c’est risqué. »
20minutes .fr/
L'essentiel
- Certains affirment que Total - groupe français - bénéficie de « 25 années de pétrole et de gaz gratuit » en Algérie. Mais selon le chercheur Francis Perrin, il s’agit d’un contrat de partage de production entre l’Algérie et plusieurs compagnies pétrolières.
- Le contrat signé en juillet 2022 entre Sonatrach, Eni, Occidental Petroleum et Total permet à ces entreprises de récupérer une part des hydrocarbures en échange de leurs coûteux investissements, Francis Perrin précisant que « le mot gratuité n’a aucun sens dans ce débat ».
- Une loi algérienne de 2019 a en effet assoupli le régime juridique et fiscal pour les investisseurs étrangers dans le secteur de l’énergie, ce qui a suscité des controverses, mais ces avantages sont « fréquents » dans les pays exportateurs d’hydrocarbures pour attirer les investissements.
lors que les relations franco-algériennes retrouvent à peine des couleurs après les derniers échanges entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, la question des hydrocarbures reste un sujet épineux dans ce pays du Maghreb. Invité sur Sud Radio, l’homme d’affaires algérien Rachid Nekkaz affirme qu’en ayant fait pression sur l’État algérien, Total bénéficierait « de 25 années de pétrole et de gaz gratuit. » Une ristourne de plusieurs dizaines de milliards d’euros qui serait étonnante quand on sait que les exportations d’hydrocarbures représentent près de 20 % du PIB algérien.
Pour Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS spécialiste en énergie et chercheur au Policy Center for the New South, parler de gratuité n’a « aucun sens » : « Total ne peut pas faire pression sur un pays. Tout est lié à un contrat de partage de production entre l’Algérie et plusieurs compagnies pétrolières et gazières. »
Un partage de la production ?
Dans son intervention à la radio, Rachid Nekkaz semble en effet évoquer un contrat existant entre l’Algérie, via sa compagnie Sonatrach, et l’Italien Eni, l’Américain Occidental Petroleum et le Français Total, signé le 19 juillet 2022. Un contrat de « partage de la production » algérienne, d’une durée de 25 ans, qui permettra selon Sonatrach de récupérer plus « d’un milliard de barils » de pétrole et de gaz.
Si la formulation peut laisser penser que ces hydrocarbures seront donnés gratuitement aux compagnies étrangères, Francis Perrin assure que ce n’est pas le cas : « Ces compagnies vont investir à plusieurs pour faire de l’exploration, de développement, puis de l’exploitation du gaz et du pétrole algérien. Ensuite, chacun récupère sa part, mais ce n’est en aucun cas de la gratuité. »
Si ces entreprises, qu’elles soient françaises ou algériennes, récupère une partie du pactole, c’est parce qu’elles ont toutes misé. Sans ces investissements, pas de pétrole pour les Algériens. De plus, le chercheur précise que souvent, ces investissements ne donnent rien, lorsque par exemple les gisements découverts ne sont pas assez importants pour être exploités.
« Aucune compagnie n’irait investir de grandes sommes d’argent dans de tels projets sans rien avoir en retour », ajoute Francis Perrin.
Une loi controversée
En revanche, il existe bel et bien des avantages octroyés par le gouvernement algérien aux investisseurs étrangers. Il faut pour cela revenir à la loi algérienne de 2019 sur l’exploitation des hydrocarbures, qui permet d’assouplir le régime juridique et fiscal des investisseurs étrangers, spécifiquement dans le secteur de l’énergie.
Cette loi a pour objectif « d’alléger le géant national des hydrocarbures Sonatrach, détenu à 100 % par l’Etat, du fardeau des lourds investissements et des risques élevés liés à la recherche de nouveaux gisements », comme l’avait expliqué à l’époque le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab. Essentiel quand on sait que les hydrocarbures représentent chaque année près de 50 milliards d’euros de recettes, soit la quasi-totalité des exportations algériennes (90 %) et lui permettent de garder une balance commerciale positive.
Accusé de « brader » les richesses algériennes, le gouvernement avait dû faire face à une forte opposition dans le pays avec plusieurs grandes manifestations, dans un contexte politique déjà très troublé. Des avantages « fréquents » selon Francis Perrin, surtout dans des pays où les hydrocarbures représentent une part importante des exportations. « Il y a une concurrence mondiale dans le secteur pour attirer les compagnies étrangères, donc on offre un cadre attractif » ajoute-t-il.
Notre dossier sur l'Algérie
Difficile selon lui pour l’Algérie de faire sans ces investissements étrangers : « Dans les hydrocarbures, la pratique est de se mettre à plusieurs sur des investissements. D’abord parce que ça coûte cher, mais aussi parce que c’est risqué. »
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