Face à la permanence du Hirak dans l’émigration et l’approche de l’échéance présidentielle, le régime algérien s’est retrouvé démuni d’assise et de relai. Pour faire face, il a eu recours aux anciens réseaux de Bouteflika associés à des personnages au parcours sulfureux prétendant représenter la diaspora sous le nom de « forum mondial de la diaspora algérienne ».
De quoi l’auto-proclamé « Forum mondial de la diaspora algérienne » est-il le nom ?
C’est dans le somptueux palace parisien « hôtel intercontinental », sous l’œil vigilant de représentants du pouvoir algérien qui l’ont abondamment financé, qu’a été lancé l’auto-proclamé « Forum mondial de la diaspora algérienne ». On pourrait se dire, malgré tout, enfin ! La diaspora algérienne qui regorge de compétences dont le pays continue à se priver mais qui fait également face à une recrudescence du racisme, est l’une des rares à ne pas bénéficier de sollicitudes de son pays d’origine. Elle est même perçue et traitée avec suspicion.
Sauf que ce « Forum » est un strict Remake, un copier-coller intégral, avec les mêmes acteurs, d’une tentative lancée en 2016 à la demande de Saïd Bouteflika et pilotée directement par l’ancien premier ministre Sellal, et l’ancien ministre Bouchouareb. Celle-ci avait été lancée sous le nom de « L’Agora » en janvier 2016 au « Fouquet’s », le plus luxueux et le plus prestigieux des restaurants parisiens. Le même tropisme pour le luxe tapageur.
Dans la fébrilité de la préparation de l’élection présidentielle et devant l’impossibilité de mobiliser des réseaux dans l’émigration, c’est vers les mêmes réseaux de « L’Agora » que la présidence Tebboune s’est tournée. La même fébrilité a conduit à fragiliser la Mosquée de Paris en l’impliquant directement dans les rivalités de pouvoir du régime algérien et en la sommant de s’aligner sur le dit « Forum » alors que la Mosquée est sous la pression constante du Maroc, des pays du Golfe et de la droite française qui la dénoncent comme une officine algérienne. Son recteur, en renonçant à la mince relative autonomie dont faisaient preuve ses prédécesseurs, vient de leur donner raison.
De « L’Agora » pour Bouteflika au « Forum » pour Tebboune, on retrouve le même homme à la manœuvre. « L’Agora » avait pour responsable, animateur et porte-parole, Karim Zeribi. C’est le même Karim Zeribi qui est, aujourd’hui, responsable, animateur et porte-parole du « Forum mondial de la diaspora algérienne ».
Un délinquant du point de vue pénal et moral
La parcours de ce personnage sur lequel « Algérie ancienne » de Bouteflika et « Algérie nouvelle » de Tebboune ont choisi de s’appuyer, permet de lire les réelles intentions du régime algérien vis-à-vis de la diaspora
Zeribi est un délinquant. D’un point de vue pénal et moral. Il a été lourdement et définitivement condamné pour des délits dans le cadre de son activité entrepreneuriale à trois ans de prison, avec sursis au vu de son statut. Mais au délit en soi grave, s’ajoute une dimension très répréhensible moralement. Il a été condamné pour abus de confiance, celui-ci consistant en détournement de biens d’autrui en abusant d’une relation de confiance. Ces biens étaient également publics. Pratique, il est vrai, très connue et qui ne choque pas dans le sérail algérien.
L’intérêt du régime algérien pour le personnage pourrait être son parcours en tant qu’homme politique français et donc possible vecteur d’influence. C’est ce que tente de vendre en tout cas publiquement M. Zeribi lui-même. Or, ce parcours n’est pas moins sulfureux que son parcours judiciaire.
Nomadisme, opportunisme politique et scandales
Zeribi a nomadisé à travers tout le spectre politique français pour terminer aujourd’hui chroniqueur dans une chaine d’extrême droite dont l’Algérie est la cible favorite.
Il a commencé sa carrière politique au Parti socialiste. Lors des municipales de 2008, il est porte-parole de Jean-Noël Guérini. C’est grâce à l’appui de ce dernier qu’il est désigné sur la liste socialiste aux européennes de 2009 mais il n’est pas élu. M. Zeribi n’est devenu député européen, trois plus tard en 2012, que par défaut, en remplacement de M. Vincent Peillon qui, ayant été nommé ministre, devait abandonner la charge de député. M. Zeribi n’aura siégé que deux ans sur les cinq que compte la législature.
Son soutien Guerini lui, dès 2009, est mis en examen pour prise illégale d'intérêts, trafic d'influence et association de malfaiteurs. Il est d’ailleurs actuellement en détention. La charge de « lien avec le grand banditisme » qui figurait dans sa mise en examen n’a pu être suffisamment étayée. Même si leurs deux affaires n’ont peut-être pas de lien, on ne peut pas ne pas relever le destin pénal commun de ces deux compagnons de route politique. En tout cas M. Zeribi a bénéficié de subventions du Conseil Général des Bouches du Rhône quand celui-ci était présidé par M. Guerini et que ce dernier en avait fait un moyen de se constituer une clientèle. Le détournement de ces subventions est justement l’une des raisons de la condamnation de M. Zeribi.
Sur le plan politique, constatant que la liste concurrente de la liste socialiste qui l’a investi, la liste des écologistes, avait plus que doublé son score et devenait la nouvelle « valeur sûre » pour être élu, M. Zeribi ne s’embarrasse pas pour quitter le parti socialiste et rejoindre les écologistes alors qu’il deviendra député, par défaut, sur la liste socialiste ! Mais il sera surtout à l’origine d’un grand scandale politique.
Cherchant à prendre la main sur la section marseillaise des écologistes pour se faire désigner candidat à la Mairie, il va opérer un « coup de force » comme le qualifieront les dirigeants du parti qui dénoncent notamment de subites et intrigantes adhésions attribuées à M. Zeribi et dont ils présument qu’elles sont de complaisance. Celles-ci seront au nombre de 200, c’est-à-dire plus de la moitié de la totalité des adhérents qui se monte à 398 ! Pour les Algériens, cela rappelle les périodiques « coups d’Etats scientifiques » du DRS dans les organisations qu’il veut casser et où il suscite des courants dissidents dont il gonfle artificiellement les effectifs pour mettre en minorité leurs dirigeants.
Plutôt que de se compromettre, l’écrasante majorité des dirigeants historiques de la section quitte le parti écologiste. Auto-investi, M. Zeribi ne gagne aucune des élections, municipale, législative ou européenne. Terni par ce scandale, le parti écologiste verra son score divisé par plus de deux. Mais une fois que M. Zeribi quitte, encore une fois, un parti qui n’a pu servir ses ambitions, le parti écologiste doublera son score et ses sièges aux européennes suivantes, celles de 2019. Michèle Rubirola, la principale dénonciatrice des pratiques de M. Zeribi, reprenant les rênes de la section, deviendra Maire de Marseille.
Entretemps, M. Zeribi se convertit au Macronisme nouvelle « valeur sûre » du moment. Il soutient Macron en 2017 mais aussi en 2022 où il est un des principaux protagonistes du diner de soutien à Macron organisé …à la Mosquée de Paris. Il ne cessera de lui manifester bruyamment son soutien comme autant de « faire du pied », jusqu’au jour d’aujourd’hui, comme sur la question de la Nouvelle Calédonie par exemple. Mais les Macronistes n’ont aucune envie de s’embarrasser du soutien d’un personnage à la réputation sulfureuse n’arrêtant pas de « tourner sa veste ».
En effet, M. Zeribi n’aura aucun scrupule à rejoindre le média d’extrême droite CNEWS qui a servi de tremplin au lancement d’Éric Zemmour et dont le fond de commerce est la stigmatisation des Musulmans, particulièrement les Algériens, et dont la cible prioritaire est aujourd’hui les Palestiniens et leurs soutiens. CNEWS, régulièrement sanctionnée par l’ARCOM pour sa ligne monolithique d’extrême droite, se réjouit ainsi de se faire cautionner et servir par un personnage d’origine algérienne, même si c’est une origine à moitié algérienne. L’argent et la visibilité qu’en retire M. Zeribi ne le gêne aucunement et il y demeure et gagne même du galon.
Un intérêt par défaut à l’Algérie
1. Zeribi a construit sa carrière en France, comme homme politique français et professionnellement comme intermédiaire entre la jeunesse de banlieue et les entreprises et institutions françaises. Sauf à servir d’intermédiaire pour des hommes d’affaires français, il n’a jamais manifesté d’intérêt pour l’Algérie comme pays. Ni pendant la décennie noire où l’Algérie se trouvait seule face au terrorisme islamiste ni pendant le Hirak pour ne citer que ces deux étapes importantes de la toute récente histoire du pays. Pourquoi se tourne- t-il aujourd’hui vers l’Algérie ? La réponse se trouve dans la nature de sa condamnation pénale et ses conséquences. Puisque dans les délits établis pour sa condamnation figurait un détournement de 50.000 euros de subventions publiques obtenues par le biais de deux associations qu’il gérait alors même qu’il avait un mandat politique, il est donc en conséquence condamné également à 5 ans d’inéligibilité ainsi qu’à une interdiction d’être gérant pour la même durée.
2. Zeribi n’a donc plus la possibilité de faire de la politique ou des affaires en France. D’où cet intérêt pour l’Algérie. Un intérêt par défaut et par empêchement à une Algérie conçue comme déversoir d’ambitions contrariées.
De quoi l’auto-proclamé « Forum mondial de la diaspora algérienne » est-il le nom ?
C’est dans le somptueux palace parisien « hôtel intercontinental », sous l’œil vigilant de représentants du pouvoir algérien qui l’ont abondamment financé, qu’a été lancé l’auto-proclamé « Forum mondial de la diaspora algérienne ». On pourrait se dire, malgré tout, enfin ! La diaspora algérienne qui regorge de compétences dont le pays continue à se priver mais qui fait également face à une recrudescence du racisme, est l’une des rares à ne pas bénéficier de sollicitudes de son pays d’origine. Elle est même perçue et traitée avec suspicion.
Sauf que ce « Forum » est un strict Remake, un copier-coller intégral, avec les mêmes acteurs, d’une tentative lancée en 2016 à la demande de Saïd Bouteflika et pilotée directement par l’ancien premier ministre Sellal, et l’ancien ministre Bouchouareb. Celle-ci avait été lancée sous le nom de « L’Agora » en janvier 2016 au « Fouquet’s », le plus luxueux et le plus prestigieux des restaurants parisiens. Le même tropisme pour le luxe tapageur.
Dans la fébrilité de la préparation de l’élection présidentielle et devant l’impossibilité de mobiliser des réseaux dans l’émigration, c’est vers les mêmes réseaux de « L’Agora » que la présidence Tebboune s’est tournée. La même fébrilité a conduit à fragiliser la Mosquée de Paris en l’impliquant directement dans les rivalités de pouvoir du régime algérien et en la sommant de s’aligner sur le dit « Forum » alors que la Mosquée est sous la pression constante du Maroc, des pays du Golfe et de la droite française qui la dénoncent comme une officine algérienne. Son recteur, en renonçant à la mince relative autonomie dont faisaient preuve ses prédécesseurs, vient de leur donner raison.
De « L’Agora » pour Bouteflika au « Forum » pour Tebboune, on retrouve le même homme à la manœuvre. « L’Agora » avait pour responsable, animateur et porte-parole, Karim Zeribi. C’est le même Karim Zeribi qui est, aujourd’hui, responsable, animateur et porte-parole du « Forum mondial de la diaspora algérienne ».
Un délinquant du point de vue pénal et moral
La parcours de ce personnage sur lequel « Algérie ancienne » de Bouteflika et « Algérie nouvelle » de Tebboune ont choisi de s’appuyer, permet de lire les réelles intentions du régime algérien vis-à-vis de la diaspora
Zeribi est un délinquant. D’un point de vue pénal et moral. Il a été lourdement et définitivement condamné pour des délits dans le cadre de son activité entrepreneuriale à trois ans de prison, avec sursis au vu de son statut. Mais au délit en soi grave, s’ajoute une dimension très répréhensible moralement. Il a été condamné pour abus de confiance, celui-ci consistant en détournement de biens d’autrui en abusant d’une relation de confiance. Ces biens étaient également publics. Pratique, il est vrai, très connue et qui ne choque pas dans le sérail algérien.
L’intérêt du régime algérien pour le personnage pourrait être son parcours en tant qu’homme politique français et donc possible vecteur d’influence. C’est ce que tente de vendre en tout cas publiquement M. Zeribi lui-même. Or, ce parcours n’est pas moins sulfureux que son parcours judiciaire.
Nomadisme, opportunisme politique et scandales
Zeribi a nomadisé à travers tout le spectre politique français pour terminer aujourd’hui chroniqueur dans une chaine d’extrême droite dont l’Algérie est la cible favorite.
Il a commencé sa carrière politique au Parti socialiste. Lors des municipales de 2008, il est porte-parole de Jean-Noël Guérini. C’est grâce à l’appui de ce dernier qu’il est désigné sur la liste socialiste aux européennes de 2009 mais il n’est pas élu. M. Zeribi n’est devenu député européen, trois plus tard en 2012, que par défaut, en remplacement de M. Vincent Peillon qui, ayant été nommé ministre, devait abandonner la charge de député. M. Zeribi n’aura siégé que deux ans sur les cinq que compte la législature.
Son soutien Guerini lui, dès 2009, est mis en examen pour prise illégale d'intérêts, trafic d'influence et association de malfaiteurs. Il est d’ailleurs actuellement en détention. La charge de « lien avec le grand banditisme » qui figurait dans sa mise en examen n’a pu être suffisamment étayée. Même si leurs deux affaires n’ont peut-être pas de lien, on ne peut pas ne pas relever le destin pénal commun de ces deux compagnons de route politique. En tout cas M. Zeribi a bénéficié de subventions du Conseil Général des Bouches du Rhône quand celui-ci était présidé par M. Guerini et que ce dernier en avait fait un moyen de se constituer une clientèle. Le détournement de ces subventions est justement l’une des raisons de la condamnation de M. Zeribi.
Sur le plan politique, constatant que la liste concurrente de la liste socialiste qui l’a investi, la liste des écologistes, avait plus que doublé son score et devenait la nouvelle « valeur sûre » pour être élu, M. Zeribi ne s’embarrasse pas pour quitter le parti socialiste et rejoindre les écologistes alors qu’il deviendra député, par défaut, sur la liste socialiste ! Mais il sera surtout à l’origine d’un grand scandale politique.
Cherchant à prendre la main sur la section marseillaise des écologistes pour se faire désigner candidat à la Mairie, il va opérer un « coup de force » comme le qualifieront les dirigeants du parti qui dénoncent notamment de subites et intrigantes adhésions attribuées à M. Zeribi et dont ils présument qu’elles sont de complaisance. Celles-ci seront au nombre de 200, c’est-à-dire plus de la moitié de la totalité des adhérents qui se monte à 398 ! Pour les Algériens, cela rappelle les périodiques « coups d’Etats scientifiques » du DRS dans les organisations qu’il veut casser et où il suscite des courants dissidents dont il gonfle artificiellement les effectifs pour mettre en minorité leurs dirigeants.
Plutôt que de se compromettre, l’écrasante majorité des dirigeants historiques de la section quitte le parti écologiste. Auto-investi, M. Zeribi ne gagne aucune des élections, municipale, législative ou européenne. Terni par ce scandale, le parti écologiste verra son score divisé par plus de deux. Mais une fois que M. Zeribi quitte, encore une fois, un parti qui n’a pu servir ses ambitions, le parti écologiste doublera son score et ses sièges aux européennes suivantes, celles de 2019. Michèle Rubirola, la principale dénonciatrice des pratiques de M. Zeribi, reprenant les rênes de la section, deviendra Maire de Marseille.
Entretemps, M. Zeribi se convertit au Macronisme nouvelle « valeur sûre » du moment. Il soutient Macron en 2017 mais aussi en 2022 où il est un des principaux protagonistes du diner de soutien à Macron organisé …à la Mosquée de Paris. Il ne cessera de lui manifester bruyamment son soutien comme autant de « faire du pied », jusqu’au jour d’aujourd’hui, comme sur la question de la Nouvelle Calédonie par exemple. Mais les Macronistes n’ont aucune envie de s’embarrasser du soutien d’un personnage à la réputation sulfureuse n’arrêtant pas de « tourner sa veste ».
En effet, M. Zeribi n’aura aucun scrupule à rejoindre le média d’extrême droite CNEWS qui a servi de tremplin au lancement d’Éric Zemmour et dont le fond de commerce est la stigmatisation des Musulmans, particulièrement les Algériens, et dont la cible prioritaire est aujourd’hui les Palestiniens et leurs soutiens. CNEWS, régulièrement sanctionnée par l’ARCOM pour sa ligne monolithique d’extrême droite, se réjouit ainsi de se faire cautionner et servir par un personnage d’origine algérienne, même si c’est une origine à moitié algérienne. L’argent et la visibilité qu’en retire M. Zeribi ne le gêne aucunement et il y demeure et gagne même du galon.
Un intérêt par défaut à l’Algérie
1. Zeribi a construit sa carrière en France, comme homme politique français et professionnellement comme intermédiaire entre la jeunesse de banlieue et les entreprises et institutions françaises. Sauf à servir d’intermédiaire pour des hommes d’affaires français, il n’a jamais manifesté d’intérêt pour l’Algérie comme pays. Ni pendant la décennie noire où l’Algérie se trouvait seule face au terrorisme islamiste ni pendant le Hirak pour ne citer que ces deux étapes importantes de la toute récente histoire du pays. Pourquoi se tourne- t-il aujourd’hui vers l’Algérie ? La réponse se trouve dans la nature de sa condamnation pénale et ses conséquences. Puisque dans les délits établis pour sa condamnation figurait un détournement de 50.000 euros de subventions publiques obtenues par le biais de deux associations qu’il gérait alors même qu’il avait un mandat politique, il est donc en conséquence condamné également à 5 ans d’inéligibilité ainsi qu’à une interdiction d’être gérant pour la même durée.
2. Zeribi n’a donc plus la possibilité de faire de la politique ou des affaires en France. D’où cet intérêt pour l’Algérie. Un intérêt par défaut et par empêchement à une Algérie conçue comme déversoir d’ambitions contrariées.
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