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Ali Boumediene, DG Stream System : «L’Algérie pourrait devenir une plateforme de produits électroniques pour l’Europe»

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  • Ali Boumediene, DG Stream System : «L’Algérie pourrait devenir une plateforme de produits électroniques pour l’Europe»



    Ali Boumediene, DG Stream System

    Les industries nationales de l’électronique et de l’électroménager connaissent désormais une nouvelle étape de développement, cette importante filière industrielle offrant ainsi un fort potentiel en termes d’amélioration des niveaux d’intégration locale, mais également d’opportunités réelles à l’export. Outre le soutien qu’apporte désormais l’État aux entreprises du secteur public, comme Eniem et Enie, des opérateurs privés à l’image de Condor, Bomare Company et Brandt entreprennent également de consolider leurs investissements afin d’améliorer surtout leur taux d’intégration et d’être plus compétitifs pour s’imposer sur les marchés extérieurs. Des enjeux cruciaux pour l’industrie nationale dans son ensemble et sur lesquels le directeur général de Bomare Company, Ali Boumediene, revient à travers cet entretien.

    Entretien réalisé par R. Akli

    En tant qu’opérateur important sur le marché national, comment jaugez-vous le potentiel à l’export de la filière locale des industries électroniques ?

    L’export n’est pas du tout chose facile, car il y beaucoup de contraintes à surmonter pour pouvoir placer ses produits sur les marchés extérieurs. Il y a tout un travail à faire pour y parvenir et il faut vraiment veiller surtout sur les normes de qualité et la certification. Pour notre part, chaque année, nous précédons à des mises à jour régulières de certification et de conformité aux normes requises pour les différents composants.

    Outre l’Espagne, le Portugal et l’Italie, notre marque de téléviseurs est présente aujourd’hui dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, la Hollande, la Suède, la Norvège et la France, via notre partenaire espagnol qui depuis quelque mois place nos produits via la plateforme Amazon. Nous ciblons désormais l’Allemagne, car c’est le plus important marché en Europe. Nous sommes en attente des autorisations de la banque d’Algérie pour pouvoir y installer notre propre service après-vente, car tout en étant entièrement disposés à nous ouvrir leur marché, les Allemands exigent comme garantie l’installation d’un service après-vente autonome sur place. Il faut savoir que l’installation d’un service après-vente propre à l’entreprise sera à terme nettement moins coûteux que de faire appel à un prestataire européen comme nous le faisons actuellement en Espagne, en contrepartie de prestations à verser annuellement.



    A quels taux d’intégration peut prétendre concrètement la filière nationale des industries électroniques ?

    S’agissant de Bomare et des téléviseurs Stream produits localement, nous comptons atteindre grâce à notre projet de nouvelle usine, qui entrera en exploitation d’ici novembre prochain, un taux d’intégration de l’ordre de 55%, car nous prévoyons de toucher désormais à l’écran, dont certains composants très importants pourront ainsi être fabriqués localement au sein de notre nouvelle unité de production qui sera implantée à Blida. Dans l’ensemble, il n’y a que le glass que nous n’avons pas la capacité de fabriquer localement car nécessitant des investissements très lourds, sinon tous les autres composants de l’écran TV pourront tout à fait être produits localement.



    Mis à part les téléviseurs, quels niveaux d’intégration locale peuvent être atteints pour les autres produits, tels que les smartphones ou l’électroménager ?

    Pour électroménager, notamment avec les compresseurs pour réfrigérateurs, l’on peut faire 80, voire 90% d’intégration locale, mais pour les smartphones, il est très peu possible de faire réellement de l’intégration, car il s’agit de technologies qui évoluent tout le temps et qui n’est pas celle des frigidaires ou d’autre produits électroménagers. Pour faire de l’intégration locale sur les smartphones et rentabiliser cette industrie, il faut des investissements colossaux et un accès à des marchés de taille beaucoup plus importante, essentiellement à travers l’export.



    Quels objectifs ciblez-vous en investissant dans cette nouvelle usine de production de téléviseurs ?

    L’intérêt essentiel de cet investissement est l’export, notamment vers l’Europe, l’Allemagne en particulier, de par la taille importante de ces marchés en termes de potentiel de ventes. Il faut savoir en effet que le marché algérien, c’est moins d’un million de téléviseurs par an, alors que les ventes sur le marché mondial sont de l’ordre de 200 à 230 millions TV par an et sur celui européen de 35 millions d’appareils, dont celui allemand qui est le plus important avec un potentiel de 12 à 15 millions pièces par an. Aussi, le marché européen est notre cible prioritaire de par sa taille, en plus de sa proximité géographique et des avantages que peuvent offrir les accords commerciaux qui lient l’Europe à notre pays. Actuellement, nos ventes en Algérie sont de l’ordre de 350.000 TV par an. La part des exportations dans notre chiffre d’affaires est de l’ordre de 7%, soit environ un million de dollars par an en moyenne.



    Quels sont vos attentes en tant qu’opérateur quant à la perspective de mise en place d’un nouveau cahier des charges pour la filière des industries électroniques ?

    Pour ma part, je n’adhère pas à l’idée de mettre en place un cahier des charges pour les industries électroniques, car un cahier des charges veut dire des avantages fiscaux et autres à mettre en place en faveur des grands producteurs, alors que ces avantages devraient servir à mon sens à soutenir l’émergence d’un véritable réseau de petits sous-traitants pour permettre d’asseoir une véritable base industrielle dans l’électronique et l’électroménager, comme l’ont fait les Coréens par exemple.

    L’Algérie pourrait ainsi s’ériger à terme en véritable plateforme pour l’Europe et l’Afrique en matière de produits électroniques, pour peu qu’il y ait une stratégie claire en ce sens et que les sous-traitants puissent bénéficier d’un régime de soutien comme celui mis en place pour les startups. Le développement de la sous-traitance est le seul gage pour développer une industrie électronique nationale compétitive. Pour ce qui est des grands producteurs, ils devraient investir avec leurs propres moyens et l’État devra les soutenir en protégeant simplement la production nationale à travers des mesures tarifaires comme l’application du droit additionnel provisoire (DAPS) sur les produits importés. Il faut à mon sens libérer le marché et investir dans la mise en place d’un grand tissu industriel stable et pérenne.

    R.A.
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