Tombée dans l’escarcelle des monarchies du Golfe, cette organisation n’est plus en mesure d’assurer le service minimum. Elle est réduite au silence alors que la région est plus que jamais remodelée. Il se pose alors, pour l’Algérie, la pertinence de continuer à siéger dans son immeuble poussiéreux du Caire. N’est-il pas venu le temps pour l'Algérie de quitter cette “coquille vide” ?
Depuis l’annonce, jeudi dernier, d’un accord de normalisation des relations entre Abou Dhabi et Tel-Aviv, les Palestiniens appellent vainement la Ligue des États arabes à une réunion d’urgence pour dénoncer ce que l’Autorité palestinienne qualifie de “trahison” de la part de ce royaume du Golfe. Dimanche, dans une déclaration à la presse, l’ancien négociateur palestinien et actuel secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP, Saëb Erekat, a déclaré : “Nous nous sommes aussi adressés au secrétaire général de la Ligue des États arabes, l’informant que cet accord sort des décisions de cette organisation.”
En Algérie, beaucoup s’interrogent encore sur l’utilité de la présence algérienne depuis 1962 au sein de cette organisation qui s’illustre plutôt par ses luttes internes et son immobilisme face aux défis passés et actuels que vit la région. En dénonçant l’accord israélo-émirati, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a estimé vendredi dernier que “ce développement pose avec force la nécessité de se démarquer de la Ligue des États arabes, car cette ligue est un cadre qui aliène notre souveraineté diplomatique”.
Elle a jugé que “cette normalisation vient confirmer la responsabilité des régimes arabes traîtres dans la tragédie palestinienne et on considère que l'État algérien ne saurait cautionner une telle décision en gardant les mêmes relations avec les Émirats arabes unis”. Ce n’est pas la première fois qu’un leader algérien pose crûment la nécessité de quitter l’organisation panarabe.
Il y a quelques années, l’ancien ministre des Affaires étrangères (1980-1988), Ahmed Taleb Ibrahimi, avait exprimé le même avis sur l’inexplicable maintien de l’adhésion de notre pays à cette “coquille vide” qu’est la Ligue arabe, au moment où des centaines de roquettes israéliennes pleuvaient sur des civils désarmés dans l’enclave palestinienne de Gaza, faisant plus de 2 100 morts et 10 600 blessés, selon des sources médicales palestiniennes. “Les Arabes sont tombés dans le piège du sectarisme”, expliquait encore M. Ibrahimi, faisant référence aux présumées rivalités sunnites, chiites et autres.
En tant que membre observateur à l’Organisation des Nations unies (ONU), l’organisation panarabe ne joue pas le rôle attendu, aussi bien au niveau régional qu’international, pour défendre le droit des Palestiniens à disposer d’un État indépendant et autonome, où de mettre fin au blocus israélien contre la bande de Gaza depuis 2007. Pis encore, depuis le début de la guerre en Syrie et en Libye, elle est devenue une structure “moribonde”, comme elle a été qualifiée à plusieurs reprises par certains.
L’organisation panarabe est restée de marbre face à l’ingérence occidentale en Libye et s’est peu exprimée sur le chaos qui règne dans ce pays depuis 2011, se précipitant au passage d’exclure la Syrie de Bachar al-Assad, en guise de réponse à la guerre civile qui ravage Damas depuis presque dix ans maintenant. Certes, l’Algérie n’a pas cessé d’exiger une réintégration de Damas dans le giron de la Ligue, mais elle n’a pu en rien imposer sa voix face à l’Arabie saoudite et aux EAU qu’elle ne voudrait pas non plus mécontenter, en raison des relations qu’elle entretient avec ces deux puissances du Golfe.
Dominée durant des décennies par l’Égypte, elle est aujourd’hui sous l’influence des puissances du Golfe (Arabie saoudite et EAU), qui ont profité de l’affaiblissement des républiques, à partir de 2011. Les États jadis influents sont réduits à néant. L’Iraq, l’Égypte, le Yémen, la Syrie ne pèsent plus traduisant la défaite historique de ce qui est appelé le “Front de refus”.
Le camp de la “normalisation” a triomphé. En somme, si l’Algérie continue de siéger au sein de la Ligue — qualifiée par un ancien ministre des Affaires étrangères algérien de “succursale” des Affaires étrangères égyptiennes — c’est pour ne pas adopter la “politique de la chaise vide”. Il faut dire qu’Alger depuis quelques années réduit son action à l’abstention évitant d’être enrôlée dans des guerres qui ne la concernent nullement.
S’il est difficile pour elle de peser seule dans les grandes décisions, n’est-il pas venu le temps de se retirer de cette organisation qui risque à l’avenir de faire avaler d’autres couleuvres à ses membres.
Lyès Menacer
Depuis l’annonce, jeudi dernier, d’un accord de normalisation des relations entre Abou Dhabi et Tel-Aviv, les Palestiniens appellent vainement la Ligue des États arabes à une réunion d’urgence pour dénoncer ce que l’Autorité palestinienne qualifie de “trahison” de la part de ce royaume du Golfe. Dimanche, dans une déclaration à la presse, l’ancien négociateur palestinien et actuel secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP, Saëb Erekat, a déclaré : “Nous nous sommes aussi adressés au secrétaire général de la Ligue des États arabes, l’informant que cet accord sort des décisions de cette organisation.”
En Algérie, beaucoup s’interrogent encore sur l’utilité de la présence algérienne depuis 1962 au sein de cette organisation qui s’illustre plutôt par ses luttes internes et son immobilisme face aux défis passés et actuels que vit la région. En dénonçant l’accord israélo-émirati, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a estimé vendredi dernier que “ce développement pose avec force la nécessité de se démarquer de la Ligue des États arabes, car cette ligue est un cadre qui aliène notre souveraineté diplomatique”.
Elle a jugé que “cette normalisation vient confirmer la responsabilité des régimes arabes traîtres dans la tragédie palestinienne et on considère que l'État algérien ne saurait cautionner une telle décision en gardant les mêmes relations avec les Émirats arabes unis”. Ce n’est pas la première fois qu’un leader algérien pose crûment la nécessité de quitter l’organisation panarabe.
Il y a quelques années, l’ancien ministre des Affaires étrangères (1980-1988), Ahmed Taleb Ibrahimi, avait exprimé le même avis sur l’inexplicable maintien de l’adhésion de notre pays à cette “coquille vide” qu’est la Ligue arabe, au moment où des centaines de roquettes israéliennes pleuvaient sur des civils désarmés dans l’enclave palestinienne de Gaza, faisant plus de 2 100 morts et 10 600 blessés, selon des sources médicales palestiniennes. “Les Arabes sont tombés dans le piège du sectarisme”, expliquait encore M. Ibrahimi, faisant référence aux présumées rivalités sunnites, chiites et autres.
En tant que membre observateur à l’Organisation des Nations unies (ONU), l’organisation panarabe ne joue pas le rôle attendu, aussi bien au niveau régional qu’international, pour défendre le droit des Palestiniens à disposer d’un État indépendant et autonome, où de mettre fin au blocus israélien contre la bande de Gaza depuis 2007. Pis encore, depuis le début de la guerre en Syrie et en Libye, elle est devenue une structure “moribonde”, comme elle a été qualifiée à plusieurs reprises par certains.
L’organisation panarabe est restée de marbre face à l’ingérence occidentale en Libye et s’est peu exprimée sur le chaos qui règne dans ce pays depuis 2011, se précipitant au passage d’exclure la Syrie de Bachar al-Assad, en guise de réponse à la guerre civile qui ravage Damas depuis presque dix ans maintenant. Certes, l’Algérie n’a pas cessé d’exiger une réintégration de Damas dans le giron de la Ligue, mais elle n’a pu en rien imposer sa voix face à l’Arabie saoudite et aux EAU qu’elle ne voudrait pas non plus mécontenter, en raison des relations qu’elle entretient avec ces deux puissances du Golfe.
Dominée durant des décennies par l’Égypte, elle est aujourd’hui sous l’influence des puissances du Golfe (Arabie saoudite et EAU), qui ont profité de l’affaiblissement des républiques, à partir de 2011. Les États jadis influents sont réduits à néant. L’Iraq, l’Égypte, le Yémen, la Syrie ne pèsent plus traduisant la défaite historique de ce qui est appelé le “Front de refus”.
Le camp de la “normalisation” a triomphé. En somme, si l’Algérie continue de siéger au sein de la Ligue — qualifiée par un ancien ministre des Affaires étrangères algérien de “succursale” des Affaires étrangères égyptiennes — c’est pour ne pas adopter la “politique de la chaise vide”. Il faut dire qu’Alger depuis quelques années réduit son action à l’abstention évitant d’être enrôlée dans des guerres qui ne la concernent nullement.
S’il est difficile pour elle de peser seule dans les grandes décisions, n’est-il pas venu le temps de se retirer de cette organisation qui risque à l’avenir de faire avaler d’autres couleuvres à ses membres.
Lyès Menacer
Commentaire