Révision de la constitution et troisième mandat
Des habits neufs pour une vieille dictature
Le sujet tant médiatisé qu'est la révision de la constitution en Algérie est l'exemple même de ces sujets, presque oiseux et chers aux juristes en herbe qui, dans leur formalisme candide, oublient souvent qu'ils dissertent sur des matières qui n'existent plus ou dans le meilleur des cas n'ont plus la même consistance à force d'être passées à la moulinette du temps.
En fait de révision de la constitution, ne serait-il pas plus juste de parler de constitutionnalisation du coup de force mené contre la constitution de février 1989 et des faits accomplis depuis la suspension du processus démocratique en 1992, à travers les dispositifs de répression et sous l'empire de l'état d'urgence mis en place depuis cette date. Parler de révision de la constitution en 2008 revient à accréditer le sentiment que la vie institutionnelle en Algérie est rythmée par des procédures rationnelles, légales et démocratiques.
Or chacun sait, et davantage ceux qui donnent le plus de voix au refus de toute révision de la constitution, que le droit est absent depuis presque vingt ans de toutes les décisions engageant le pays. Sauf à considérer que seul la matière pénale est en mesure de se prévaloir de la qualité de droit étant donné que seul cette dernière appuyé sur le rapport de force brut subsiste de ce qui fait office de constitution. Qu'importe celle de 1989 ou celle de 1996.
Ceci étant dit, le projet de révision constitutionnel dont les Algériens sont abreuvés tous les jours depuis des semaines apparaît pour ce qu'il est : un coup d'épée dans l'eau pour Bouteflika et sa clique qui croyaient après cela détenir toute la réalité du pouvoir et éloigner définitivement la hiérarchie militaire de la décision politique. Pour cette dernière ou du moins les têtes de pont de celle-ci, le jeu de quille auquel les convie celui qu'ils ont adoubé leur permet de monter une énième diversion qui renseigne in fine mieux que tout sur la fuite en avant caractérisant le régime issu du coup d'état de 1992 et son incapacité à dépasser sa crise. Une crise qu'aggrave le déficit criant de légitimité et qu'accentue la défection de larges pan de la société et leurs révoltes au quotidien.
Ainsi est-il aisé de comprendre que ce qui est en jeu n'est ni la " stabilité " du pays ni la " consolidation de la démocratie " pompeusement annoncé par deux " garagouzes " en chair et en os, en l'occurrence les présidents du Sénat Abdelkader Bensalah et de l'APN Ziari. Pour s'en convaincre, il suffit de revenir à la déclaration du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem qui depuis des mois bat le pavé pour la " ouhda thalitha " affirmant que " les amendements ne concerneront pas les équilibres entre les institutions, car cela exigerait un référendum " (sic).
Par institutions, il faut évidemment comprendre non pas celles qui caractérisent un état de droit et auxquelles penseraient les citoyens lambda, mais faisait certainement allusion au pouvoirs réel et son " institution " clé la police politique. Et au vu de la guerre larvée qui oppose le camp de Bouteflika aux véritables " décideurs " dont le paroxysme a été l'annulation de la visite présidentielle à Constantine, les propos de Belkhadem sont à inscrire dans le cadre d'un deal qui est en train d'être trouvé ou du moins proposé à Bouteflika alors que lui jusqu'à maintenant se mure dans un silence absolue sur la question de la révision de la constitution. En quelque sorte: " va pour le troisième mandat, mais pas question de te laisser mettre la main dans le cambouis ", semble lui rétorquer ses adversaires.
Autrement dit, Bouteflika qu'au passage Belkhadem presse de se prononcer au plus vite sur le sujet, devra se contenter une fois de plus du costume de trois-quarts de président et de subir l'œil vigilant des protecteurs qui l'ont hissé au rang de chef de l'Etat. Son rêve de se voir intronisé à vie à travers un plébiscite populaire toute en liesse semble à jamais perdu dés le moment où le cheptel des "moubay'âin" es qualité grossit démesurément à faire vomir tant il sent le camelot qui n'a pour roi que le profit et pour foi que l'avidité.
Quoiqu'il fasse dans ce cas, Bouteflika prend le risque d'entrer dans l'histoire par la plus petite des portes d'autant petite qu'il aura été comme quelconque des dictateurs arabes celui qui n'a pas hésité à tripatouiller un semblant de constitution pour garder son fauteuil de président. En lui laissant que le choix de réviser l'article 74 portant sur le nombre de mandats, le pouvoir réel met fin à son ambition aux allures faussement gaulliennes de sauveur de la nation et surtout de celui qui aura réussi à faire entrer les militaires dans leurs casernes. Et qu'au final, quoiqu'il entreprenne, il ne fera que parer de plumes une dictature sanguinaire responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes sans compter la régression dans tous les domaines qui frappe le pays. Et qu'en fin de parcours ne fera qu'assister impuissant au pillage du pays, à l'aggravation de la crise et à la démoralisation de sa jeunesse dont le phénomène des " harragas " rend bien compte.
Reste la grande question, celle de savoir si Bouteflika est prêt à accepter le marché que lui proposent les tenants du pouvoir réel et à s'accommoder de la " harwala " dont il est assailli de la part des sempiternelles forces mortifères, des " khobzistes ", des opportunistes et des spécialistes en " chitta ". La question peut paraître comme incongrue pour de nombreux Algériens qui n'oublient pas que Bouteflika a depuis le premier mandat vendu son âme au diable en s'invitant à sa table au moment où tous ses concurrents se retirèrent dans un geste unanime.
Entre les fourches caudines des " vrais " décideurs et la rapacité des " harwalistes ", Bouteflika après avoir couvert dix années de crimes contre l'humanité par sa " réconciliation nationale ", s'apprête avec la révision de la constitution à redonner une virginité politique aux hommes de la décennie rouge en faisant croire que c'est là le début effectif de leur règne.
C'est pourquoi enfin, cette révision et le débat par trop factice dans lequel le régime et ses supplétifs tentent-ils d'entraîner les Algériens et les forces démocratiques de façon particulière, n'est rien d'autre, au-delà de sa vanité, qu'un cache-misère, un habit neuf pour une dictature sa. Et qu'en plus de l'énormité de cette duperie, c'est un pied de nez à tous ceux qui au quotidien se battent pour la rupture avec le pouvoir actuel et sa tutelle indue.
Des habits neufs pour une vieille dictature
Le sujet tant médiatisé qu'est la révision de la constitution en Algérie est l'exemple même de ces sujets, presque oiseux et chers aux juristes en herbe qui, dans leur formalisme candide, oublient souvent qu'ils dissertent sur des matières qui n'existent plus ou dans le meilleur des cas n'ont plus la même consistance à force d'être passées à la moulinette du temps.
En fait de révision de la constitution, ne serait-il pas plus juste de parler de constitutionnalisation du coup de force mené contre la constitution de février 1989 et des faits accomplis depuis la suspension du processus démocratique en 1992, à travers les dispositifs de répression et sous l'empire de l'état d'urgence mis en place depuis cette date. Parler de révision de la constitution en 2008 revient à accréditer le sentiment que la vie institutionnelle en Algérie est rythmée par des procédures rationnelles, légales et démocratiques.
Or chacun sait, et davantage ceux qui donnent le plus de voix au refus de toute révision de la constitution, que le droit est absent depuis presque vingt ans de toutes les décisions engageant le pays. Sauf à considérer que seul la matière pénale est en mesure de se prévaloir de la qualité de droit étant donné que seul cette dernière appuyé sur le rapport de force brut subsiste de ce qui fait office de constitution. Qu'importe celle de 1989 ou celle de 1996.
Ceci étant dit, le projet de révision constitutionnel dont les Algériens sont abreuvés tous les jours depuis des semaines apparaît pour ce qu'il est : un coup d'épée dans l'eau pour Bouteflika et sa clique qui croyaient après cela détenir toute la réalité du pouvoir et éloigner définitivement la hiérarchie militaire de la décision politique. Pour cette dernière ou du moins les têtes de pont de celle-ci, le jeu de quille auquel les convie celui qu'ils ont adoubé leur permet de monter une énième diversion qui renseigne in fine mieux que tout sur la fuite en avant caractérisant le régime issu du coup d'état de 1992 et son incapacité à dépasser sa crise. Une crise qu'aggrave le déficit criant de légitimité et qu'accentue la défection de larges pan de la société et leurs révoltes au quotidien.
Ainsi est-il aisé de comprendre que ce qui est en jeu n'est ni la " stabilité " du pays ni la " consolidation de la démocratie " pompeusement annoncé par deux " garagouzes " en chair et en os, en l'occurrence les présidents du Sénat Abdelkader Bensalah et de l'APN Ziari. Pour s'en convaincre, il suffit de revenir à la déclaration du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem qui depuis des mois bat le pavé pour la " ouhda thalitha " affirmant que " les amendements ne concerneront pas les équilibres entre les institutions, car cela exigerait un référendum " (sic).
Par institutions, il faut évidemment comprendre non pas celles qui caractérisent un état de droit et auxquelles penseraient les citoyens lambda, mais faisait certainement allusion au pouvoirs réel et son " institution " clé la police politique. Et au vu de la guerre larvée qui oppose le camp de Bouteflika aux véritables " décideurs " dont le paroxysme a été l'annulation de la visite présidentielle à Constantine, les propos de Belkhadem sont à inscrire dans le cadre d'un deal qui est en train d'être trouvé ou du moins proposé à Bouteflika alors que lui jusqu'à maintenant se mure dans un silence absolue sur la question de la révision de la constitution. En quelque sorte: " va pour le troisième mandat, mais pas question de te laisser mettre la main dans le cambouis ", semble lui rétorquer ses adversaires.
Autrement dit, Bouteflika qu'au passage Belkhadem presse de se prononcer au plus vite sur le sujet, devra se contenter une fois de plus du costume de trois-quarts de président et de subir l'œil vigilant des protecteurs qui l'ont hissé au rang de chef de l'Etat. Son rêve de se voir intronisé à vie à travers un plébiscite populaire toute en liesse semble à jamais perdu dés le moment où le cheptel des "moubay'âin" es qualité grossit démesurément à faire vomir tant il sent le camelot qui n'a pour roi que le profit et pour foi que l'avidité.
Quoiqu'il fasse dans ce cas, Bouteflika prend le risque d'entrer dans l'histoire par la plus petite des portes d'autant petite qu'il aura été comme quelconque des dictateurs arabes celui qui n'a pas hésité à tripatouiller un semblant de constitution pour garder son fauteuil de président. En lui laissant que le choix de réviser l'article 74 portant sur le nombre de mandats, le pouvoir réel met fin à son ambition aux allures faussement gaulliennes de sauveur de la nation et surtout de celui qui aura réussi à faire entrer les militaires dans leurs casernes. Et qu'au final, quoiqu'il entreprenne, il ne fera que parer de plumes une dictature sanguinaire responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes sans compter la régression dans tous les domaines qui frappe le pays. Et qu'en fin de parcours ne fera qu'assister impuissant au pillage du pays, à l'aggravation de la crise et à la démoralisation de sa jeunesse dont le phénomène des " harragas " rend bien compte.
Reste la grande question, celle de savoir si Bouteflika est prêt à accepter le marché que lui proposent les tenants du pouvoir réel et à s'accommoder de la " harwala " dont il est assailli de la part des sempiternelles forces mortifères, des " khobzistes ", des opportunistes et des spécialistes en " chitta ". La question peut paraître comme incongrue pour de nombreux Algériens qui n'oublient pas que Bouteflika a depuis le premier mandat vendu son âme au diable en s'invitant à sa table au moment où tous ses concurrents se retirèrent dans un geste unanime.
Entre les fourches caudines des " vrais " décideurs et la rapacité des " harwalistes ", Bouteflika après avoir couvert dix années de crimes contre l'humanité par sa " réconciliation nationale ", s'apprête avec la révision de la constitution à redonner une virginité politique aux hommes de la décennie rouge en faisant croire que c'est là le début effectif de leur règne.
C'est pourquoi enfin, cette révision et le débat par trop factice dans lequel le régime et ses supplétifs tentent-ils d'entraîner les Algériens et les forces démocratiques de façon particulière, n'est rien d'autre, au-delà de sa vanité, qu'un cache-misère, un habit neuf pour une dictature sa. Et qu'en plus de l'énormité de cette duperie, c'est un pied de nez à tous ceux qui au quotidien se battent pour la rupture avec le pouvoir actuel et sa tutelle indue.
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