Provocations répétées à la frontière algéro-marocaine
Le Royaume en mal de convoitises
Source : L'Expression
Trafic d’armes et de drogue, provocations de la Garde royale, immigration clandestine, tracé de la frontière non encore achevé, sont les ingrédients d’une situation asphyxiante.
Depuis la fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, les Marocains, pris en tenaille entre une crise sociale aiguë et un Royaume aux frontières épineuses, s’adonnent à un véritable jeu de haute voltige aux frontières. Trafic d’armes et drogue, provocations de la Garde royale, immigration clandestine, tracé de la frontière non encore achevé, sont les ingrédients d’une situation asphyxiante. Les incidents ne manquent pas d’ailleurs sur la bande frontalière. Sur place, nous n’avons pas eu de difficulté pour détecter la lourde besogne qu’accomplissent les services de sécurité algériens, Gendarmerie nationale, GGF, police et Douanes. Le travail devient d’autant plus dur lorsqu’on sait que le Maroc ne fait pas autant d’efforts pour éradiquer le mal. Pis, les éléments de la Garde royale sont souvent complices des contrebandiers et des partisans traditionnels de la provocation. La semaine dernière, des agents marocains qui s’affairaient à aménager une piste le long de la bande frontalière de Tlemcen, n’ont pas hésité à raser des points de repère et des bornes érigés aux fins de reconnaître les limites de chaque territoire. L’incident a, aussitôt, provoqué les foudres des Ouled Melouk, une tribu algérienne située sur la bande frontalière, avec la résurgence de règlements de comptes, vieux de plusieurs années. Selon des témoignages recueillis sur place, documents à l’appui, les Marocains ont bel et bien pénétré les terres des Ouled Melouk. Ces terres, a-t-on indiqué, sont la propriété de Hadj Mouslih Bouhassoune de la tribu des Ouled Melouk, implantée au niveau de Oued Mouilah. Selon les mêmes témoignages, les Marocains n’en sont pas à leur première provocation. Car deux incidents similaires sont survenus en moins de deux ans. Selon les documents fournis par les Bouhassoune, importante famille de la tribu des Ouled Melouk, les terres, objet «de l’incursion» du «niveleur marocain» sont bel et bien la propriété de Hadj Mouslih Bouhassoune. La tribu des Ouled Melouk, témoigne-t-on également, s’est déjà insurgée, dans le passé, contre les provocations marocaines. «Les Algériens de la bande frontalière sont interdits de faire des forages, tandis que les Marocains de la même bande ne rencontrent aucun problème de ce genre», nous a-t-on indiqué. Néanmoins, à l’origine des Ouled Melouk, réside un règlement de comptes qui a pris une ride. Nous apprenons que Hadj Mouslih Bouhassoune a creusé un canal séparant ses terres du sol marocain, histoire de couper court au va-et-vient des contrebandiers. Chose qui, sans le moindre doute, n’a pas été du goût des éléments de la Garde royale, eux qui sont traditionnellement complices des trafiquants, notamment de la drogue et du carburant. Pis encore, la frontière avec le voisin est devenue le passage favori des trafiquants d’armes et d’explosifs. La preuve, se référant à un bilan évaluatif qui nous a été présenté par le commandant du groupement de la gendarmerie de Tlemcen, le lieutenant-colonel Boukhebiza Nouredine, il a été recensé, durant les derniers mois, la saisie de 108.000 mines antipersonnel (modèle 1957), dont chacune contient plus de 100 grammes de TNT. Ce n’est pas tout, les services de la Gendarmerie nationale ont également saisi 380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, 60 cartouches de 16 millimètres, 3 fusils, un revolver de marque Saint-Etienne et des matériaux de fabrication d’explosifs. 800 détonateurs ont été également saisis, récemment, à Bab El Assa, sur la frontière avec le Maroc. Les armes et les matériaux de fabrication d’explosifs proviennent de France, à en croire notre interlocuteur. C’est-à-dire que l’itinéraire de transfert indique sur la carte, la France, l’Espagne et le Royaume alaouite.
A quand le bornage des frontières
Il représente, en effet, un véritable casse-tête pour les services de répression des fraudes aux frontières. Dans les deux daïras de Maghnia et Beni Boussaïd, ils sont environ 6000 habitants disséminés le long du tracé frontalier, tandis que la ville marocaine de Ahfir compte environ 75% d’Algériens. D’où la difficulté de traquer les contrebandiers et les trafiquants de gasoil. «Nous ne pouvons pas arrêter quelqu’un qui rentre chez lui, même avec un plein de carburant dans sa voiture. Mais nous savons très bien que lorsqu’un réservoir est plein, celui-ci est destiné indiscutablement à être revendu aux Marocains», explique, de son côté, Derkaoui Toufik, commandant de la compagnie de la Gendarmerie de Maghnia. Un problème de fond se pose par ailleurs, celui du tracé frontalier qui n’est pas officiellement fait. Ce qui a motivé les Marocains à délimiter les frontières à l’aide de pistes, avançant le prétexte d’une besogne destinée aux fins de faciliter la patrouille. Jeudi dernier, nous avons appris de sources bien informées, que des chefs de l’armée royale se sont déplacés sur les lieux de l’incident dans le but de voir, de près, les vérités de cet épisode. Côté algérien, nos sources ont indiqué également qu’une équipe de l’INC (Institut national de cartographie) est également sur place afin de faire le point de la situation actuelle en comparaison avec les cartes traditionnellement connues. Il n’y a pas longtemps, il a fallu l’intervention des hauts responsables de la wilaya, pour neutraliser le même problème que celui survenu la semaine dernière sur la frontière algéro-marocaine. C’est une affaire qui traîne comme un boulet au pied.
Suite.......
Le Royaume en mal de convoitises
Source : L'Expression
Trafic d’armes et de drogue, provocations de la Garde royale, immigration clandestine, tracé de la frontière non encore achevé, sont les ingrédients d’une situation asphyxiante.
Depuis la fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, les Marocains, pris en tenaille entre une crise sociale aiguë et un Royaume aux frontières épineuses, s’adonnent à un véritable jeu de haute voltige aux frontières. Trafic d’armes et drogue, provocations de la Garde royale, immigration clandestine, tracé de la frontière non encore achevé, sont les ingrédients d’une situation asphyxiante. Les incidents ne manquent pas d’ailleurs sur la bande frontalière. Sur place, nous n’avons pas eu de difficulté pour détecter la lourde besogne qu’accomplissent les services de sécurité algériens, Gendarmerie nationale, GGF, police et Douanes. Le travail devient d’autant plus dur lorsqu’on sait que le Maroc ne fait pas autant d’efforts pour éradiquer le mal. Pis, les éléments de la Garde royale sont souvent complices des contrebandiers et des partisans traditionnels de la provocation. La semaine dernière, des agents marocains qui s’affairaient à aménager une piste le long de la bande frontalière de Tlemcen, n’ont pas hésité à raser des points de repère et des bornes érigés aux fins de reconnaître les limites de chaque territoire. L’incident a, aussitôt, provoqué les foudres des Ouled Melouk, une tribu algérienne située sur la bande frontalière, avec la résurgence de règlements de comptes, vieux de plusieurs années. Selon des témoignages recueillis sur place, documents à l’appui, les Marocains ont bel et bien pénétré les terres des Ouled Melouk. Ces terres, a-t-on indiqué, sont la propriété de Hadj Mouslih Bouhassoune de la tribu des Ouled Melouk, implantée au niveau de Oued Mouilah. Selon les mêmes témoignages, les Marocains n’en sont pas à leur première provocation. Car deux incidents similaires sont survenus en moins de deux ans. Selon les documents fournis par les Bouhassoune, importante famille de la tribu des Ouled Melouk, les terres, objet «de l’incursion» du «niveleur marocain» sont bel et bien la propriété de Hadj Mouslih Bouhassoune. La tribu des Ouled Melouk, témoigne-t-on également, s’est déjà insurgée, dans le passé, contre les provocations marocaines. «Les Algériens de la bande frontalière sont interdits de faire des forages, tandis que les Marocains de la même bande ne rencontrent aucun problème de ce genre», nous a-t-on indiqué. Néanmoins, à l’origine des Ouled Melouk, réside un règlement de comptes qui a pris une ride. Nous apprenons que Hadj Mouslih Bouhassoune a creusé un canal séparant ses terres du sol marocain, histoire de couper court au va-et-vient des contrebandiers. Chose qui, sans le moindre doute, n’a pas été du goût des éléments de la Garde royale, eux qui sont traditionnellement complices des trafiquants, notamment de la drogue et du carburant. Pis encore, la frontière avec le voisin est devenue le passage favori des trafiquants d’armes et d’explosifs. La preuve, se référant à un bilan évaluatif qui nous a été présenté par le commandant du groupement de la gendarmerie de Tlemcen, le lieutenant-colonel Boukhebiza Nouredine, il a été recensé, durant les derniers mois, la saisie de 108.000 mines antipersonnel (modèle 1957), dont chacune contient plus de 100 grammes de TNT. Ce n’est pas tout, les services de la Gendarmerie nationale ont également saisi 380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, 60 cartouches de 16 millimètres, 3 fusils, un revolver de marque Saint-Etienne et des matériaux de fabrication d’explosifs. 800 détonateurs ont été également saisis, récemment, à Bab El Assa, sur la frontière avec le Maroc. Les armes et les matériaux de fabrication d’explosifs proviennent de France, à en croire notre interlocuteur. C’est-à-dire que l’itinéraire de transfert indique sur la carte, la France, l’Espagne et le Royaume alaouite.
A quand le bornage des frontières
Il représente, en effet, un véritable casse-tête pour les services de répression des fraudes aux frontières. Dans les deux daïras de Maghnia et Beni Boussaïd, ils sont environ 6000 habitants disséminés le long du tracé frontalier, tandis que la ville marocaine de Ahfir compte environ 75% d’Algériens. D’où la difficulté de traquer les contrebandiers et les trafiquants de gasoil. «Nous ne pouvons pas arrêter quelqu’un qui rentre chez lui, même avec un plein de carburant dans sa voiture. Mais nous savons très bien que lorsqu’un réservoir est plein, celui-ci est destiné indiscutablement à être revendu aux Marocains», explique, de son côté, Derkaoui Toufik, commandant de la compagnie de la Gendarmerie de Maghnia. Un problème de fond se pose par ailleurs, celui du tracé frontalier qui n’est pas officiellement fait. Ce qui a motivé les Marocains à délimiter les frontières à l’aide de pistes, avançant le prétexte d’une besogne destinée aux fins de faciliter la patrouille. Jeudi dernier, nous avons appris de sources bien informées, que des chefs de l’armée royale se sont déplacés sur les lieux de l’incident dans le but de voir, de près, les vérités de cet épisode. Côté algérien, nos sources ont indiqué également qu’une équipe de l’INC (Institut national de cartographie) est également sur place afin de faire le point de la situation actuelle en comparaison avec les cartes traditionnellement connues. Il n’y a pas longtemps, il a fallu l’intervention des hauts responsables de la wilaya, pour neutraliser le même problème que celui survenu la semaine dernière sur la frontière algéro-marocaine. C’est une affaire qui traîne comme un boulet au pied.
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