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Publié par: Yasmina HOUMAD*le: 18 février, 2021
Le 22 février, les Algériens marqueront le deuxième anniversaire du Hirak, mouvement populaire inédit de contestation du pouvoir en place dans le pays, qui a poussé vers la sortie, le 2 avril 2019, l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
A cet effet, lapatrienews s’est rapprochée du journaliste écrivain franco-libanais René Naba, expert du monde arabo-musulman, ancien responsable au service diplomatique de l’AFP et directeur du web-magazine Madaniya.
Auteur de plusieurs ouvrages dont : De l’ingérence humanitaire et de ses dérives, Les révolutions arabes, Média et démocratie: la captation de l’imaginaire, un enjeu du XXIe siècle…
Propos recueillis par Yasmina HOUMAD*
– René Naba. Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe. Auteur de « L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres » (Golias), « Du B o u g n o u l e au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » (Harmattan), « Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres (Harmattan), « Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David » (Bachari), « Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l’Association d’amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Émissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya. DR
La Patrie News : L’histoire de la Ligue arabe est celle d’une crise existentielle rythmée par des divisions et conflits interétatiques. Son déficit de crédibilité et d’efficacité est directement lié à une forme d’«incapacité de puissance». Cette absence de cohésion politique et la prévalence des logiques d’intérêts nationaux sur le principe de solidarité arabe empêchent-t-elles toute dynamique d’intégration arabe ? Si oui, quel avenir pour la ligue arabe ?
René Naba : La Ligue Arabe souffre d’un déficit structurel, doublé d’une déficience psychologique et historique.
Les pétromonarchies disposent d’une majorité quasi automatique avec huit monarchies (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Jordanie, Koweït, Maroc, Qatar et Sultanat d’Oman) en sus de deux confettis d’empire, Djibouti et les Comores. Ce qui fait un total de dix pays sur 22 que compte l’organisation pan arabe. Ce déficit structurel se reflète et se traduit par une démarcation entre une zone d’abondance, (le golfe pétrolier, à faible densité démographique mais à forte concentration militaire de l’Otan, sans doute le plus important hors du champ d’action du pacte atlantique) et une zone de pénurie (la rive méditerranéenne surpeuplée et frondeuse). Ce clivage explique d’ailleurs, sans le justifier, le contour des pays saisis par la vague du « printemps arabe » de la décennie 2010. Ce printemps-là a frappé de plein fouet les pays à structure républicaine (Tunisie, Égypte, Libye, Syrie) et s’est miraculeusement arrêté sur les rives inflammables du Golfe.
De surcroît, au–delà du déficit structurel se superpose une déficience psychologique et historique, dont l’impact prépondérant dans la détermination des comportements des dirigeants de la zone, les pétromonarchies du golfe et la Jordanie (soit 7 pays) n’ont jamais entrepris une guerre de libération nationale pour accéder à l’indépendance et à la souveraineté, passant sans coup férir du protectorat britannique au protectorat américain.
Pis : Tous sont alliés des États Unis dont ils en dépendent pour la survie de leur trône ; Un protecteur par ailleurs le principal allié d’Israël.
Songez à l’aberration mentale que représente l’expulsion de la Syrie de la Ligue Arabe, en 2011. Autrement dit, la Syrie, membre fondateur de l’organisation pan arabe, qui a arraché son indépendance à la France et livré quatre guerres contre Israël, expulsée par une majorité de pétromonarchies à l’indépendance octroyée et sous tutelle.
Songez à la fêlure mentale que constitue la décision de Mohamad Morsi de décréter le jihad contre la Syrie, le partenaire de l’Égypte dans quatre guerres contre Israël, plutôt que de lever le blocus de Gaza, alors que le président néo islamiste égyptien partageait la même idéologie confrériste que le Hamas.
L’Égypte, le plus grand et le plus puissant pays arabe sur le champ de bataille de la Palestine, a servi de baromètre à la Ligue Arabe, dont elle abrite le siège et fournit son secrétaire général. Sous Nasser (1954-1970), elle a eu un rôle moteur dans la dynamique de libération du Monde arabe (aide à la révolution algérienne, instauration de la République en Libye, en Irak et au Yémen). Sous Sadate (1970-1981), la désertion du champ de bataille de la Palestine et la désertion corrélative de la Ligue arabe du Caire à Tunis. Sous Moubarak (1981-2011), la caution aux équipées américaines contre les pays arabes: caution à l’invasion de l’Irak, au confinement de Yasser Arafat à Ramallah etc.
La Patrie News : Comme l’a souhaité l’administration Trump, le Maroc est donc devenu le cinquième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. Quel est votre sentiment ?
René Naba : Pour être précis, le Maroc a été au-devant des désirs de l’administration Donald Trump. En officialisant ses relations avec Israël, le royaume chérifien met un terme à une hypocrisie de près d’un demi-siècle, marquée par une connivence clandestine notamment dans l’enlèvement de Mehdi Ben Barka, chef de l’opposition marocaine, par les services israéliens ; la mise sur écoute au bénéfice des Israéliens du sommet arabe de Casablanca de 1964 ;
Enfin la collaboration israélo-marocaine au sein du Safari Club pour mener la contre-révolution africaine à l’époque de la décolonisation.
L’argument du judaïsme marocain, dont le poids électoral en Israël et son importance stratégique pour l’image de marque du Royaume, aurait joué en faveur de la normalisation israélo-marocaine…… C’est tout bonnement du pipeau. Les Juifs marocains qui ont émigré en Israël sont des Israéliens à part entière. A l’instar de tous les juifs de la diaspora qui ont rallié Israël, ils font leur service militaire dans l’armée israélienne et participent à la répression de la population aussi bien palestinienne que syrienne dans les territoires occupés, en Cisjordanie, et au Golan. Leur conférer un halo de prestige reviendrait à donner crédit à leur prétention de réclamer « le beurre, l’argent du beur et le sourire de la laitière », tout en assouvissant leur haine anti-arabe.
Troquer la Palestine contre le Sahara occidental relève d’une politique de courte vue en ce que le Sahara occidental relève de la sphère géopolitique du Monde arabe, alors que la Palestine est en voie d’évanescence. Une décision d’autant plus lourde de conséquences pour l’avenir que le Roi du Maroc, Commandeur des Croyants, est le président du Comité Al Qods, chargé théoriquement de la protection de ce 3ème Haut Lieu de l’Islam.
A ce propos, il convient de faire preuve de prudence dans la gestion des signes à fortes charges symboliques. Machiavélique, conscient de la dangerosité de sa démarche, le monarque marocain a assigné « la sale besogne » à son premier ministre Saad Eddine Al Othmani d’apposer sa signature sur le document de normalisation entre le Maroc et Israël, maintenant les mains souveraines dans une blancheur immaculée de cette souillure dont l’opprobre rejaillira immanquablement sur son féal islamiste, au-delà, sur la mouvance confrériste dans son ensemble.
Mais suprême infamie : Mohammed VI a gratifié le président Donald Trump de la plus haute distinction du royaume chérifien, « l’Ordre de Mohamad ».
Ah la vilénie de conférer une distinction honorifique à un président ayant fait l’objet d’une double procédure de destitution, de surcroît « l’Ordre de Mohamad » à l’artisan du « Muslim Ban ».
A n’y prendre garde, à force de faire un usage inconsidéré de « l’Ordre de Mohamad », l’on risque de déconsidérer le prénom porteur de l’ordre, qui est tout de même celui du prophète de l’Islam.
La Patrie News : La position de l’Algérie vis-à-vis de la normalisation avec Israël est claire, ferme et déterminée et ce, depuis la révolution de libération contre le colonialisme français (1954) et jusqu’à nos jours. Ce refus mettra–t-il l’Algérie en porte-à-faux ? L’Algérie est–elle davantage la cible majeure d’ennemis étrangers depuis que le danger sioniste est à ses portes de à cause de la décision solitaire du roi qui l’a invité pour satisfaire son besoin expansionniste, mais aussi pour renforcer sa position et exaucer son rêve de détrôner l’Algérie et prendre sa place comme puissance régionale ?
René Naba : La normalisation des relations israélo-marocaines devrait avoir pour effet second, dans l’esprit de ses concepteurs, de soulager la pression militaire qui s’exerce sur la France au Sahel, alors que le président Emmanuel Macron s’emploie au sommet de N’djamena à redéfinir la voilure de l’engagement français dans la zone sahélo saharienne.
Certes il est de notoriété publique que des entreprises israéliennes sont présentes au Mali : Elbit et Mer, mais surtout Israël Aerospace ont réussi à décrocher le contrat de protection périmétrique de la Minusma, au Mali. Des sociétés israéliennes fournissent aussi des équipements visant à renforcer la sécurité des bases de la Minusma dans tout l’Azawad. Ils visent désormais les quelque 40 bases de maintien de la paix onusiennes dans le monde, dont certaines sont situées au Proche-Orient.
Mais ce que l’on connaît moins c’est que l’infiltration israélienne en Afrique occidentale s’est faite avec l’accord de la France qui a souhaité défendre son pré carré africain en tandem avec Israël, faisant du Mali « la porte d’entrée » de l’État Hébreu vers l’Afrique francophone.
L’intervention de la France au Mali, en janvier 2013, a relevé d’une stratégie de défense du pré carré africain, face à la politique de grignotage menée tant par la Chine que par le wahhabisme via les finances islamiques (Qatar et Arabie Saoudite). Première opération militaire en solitaire sur un théâtre extérieur depuis la fin de la Guerre d’Algérie, en 1962, la France, via Serval, y joue son rang de puissance.
Une cible idéale en ce que Le Mali constitue le plus grand pays musulman d’Afrique occidentale, où la finance islamique y prospère, alors que les Maliens depuis une décennie se détournaient progressivement de la France vers les pétromonarchies et que la Chine jouit d’un prestige certain du fait de sa restauration du centre de documentation islamique de Tombouctou.
Au–delà de l’objectif affiché de s’interposer entre les belligérants et d’éviter l’effondrement de l’État malien, Serval puis Barkhane répondent au souci des Occidentaux de créer un glacis stratégique au centre de l’Afrique, à proximité de la plateforme opérationnelle de la Chine dans la zone. Un cordon sanitaire identique à celui que les pays occidentaux veulent établir autour de l’Iran, l’autre grand fournisseur d’énergie de la Chine.
La nomination à la tête de l’Agence française pour le développement de M. Dov Zerah, dans la décennie 2010 a donné crédit à cette hypothèse en ce que la propulsion du président du consistoire israélite de Paris et secrétaire général de la Fondation France Israël au poste stratégique de dispensateur de l’aide financière française à l’Afrique est intervenue, le 2 Juin 2010, six mois avant l’indépendance du sud Soudan, alors que «la bataille du Nil» sur la répartition des quotas des eaux de ce fleuve africain battait son plein entre l’Égypte et les alliés africains d’Israël : l’Éthiopie et le Kenya notamment.
Près de dix ans après sa constitution, le G5 apparaît comme une force supplétive de la France et pâtit d’un handicap majeur, l’absence de l’Algérie, puissance militaire majeure de la zone, qui occupe de surcroît une position centrale de par son positionnement limitrophe du Mali, principal champ de la confrontation.
Publié par: Yasmina HOUMAD*le: 18 février, 2021
Le 22 février, les Algériens marqueront le deuxième anniversaire du Hirak, mouvement populaire inédit de contestation du pouvoir en place dans le pays, qui a poussé vers la sortie, le 2 avril 2019, l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
A cet effet, lapatrienews s’est rapprochée du journaliste écrivain franco-libanais René Naba, expert du monde arabo-musulman, ancien responsable au service diplomatique de l’AFP et directeur du web-magazine Madaniya.
Auteur de plusieurs ouvrages dont : De l’ingérence humanitaire et de ses dérives, Les révolutions arabes, Média et démocratie: la captation de l’imaginaire, un enjeu du XXIe siècle…
Propos recueillis par Yasmina HOUMAD*
– René Naba. Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l’AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l’information, membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme et de l’Association d’amitié euro-arabe. Auteur de « L’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres » (Golias), « Du B o u g n o u l e au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » (Harmattan), « Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, premiers ministres (Harmattan), « Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David » (Bachari), « Média et Démocratie, la captation de l’imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l’Association d’amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Émissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya. DR
La Patrie News : L’histoire de la Ligue arabe est celle d’une crise existentielle rythmée par des divisions et conflits interétatiques. Son déficit de crédibilité et d’efficacité est directement lié à une forme d’«incapacité de puissance». Cette absence de cohésion politique et la prévalence des logiques d’intérêts nationaux sur le principe de solidarité arabe empêchent-t-elles toute dynamique d’intégration arabe ? Si oui, quel avenir pour la ligue arabe ?
René Naba : La Ligue Arabe souffre d’un déficit structurel, doublé d’une déficience psychologique et historique.
Les pétromonarchies disposent d’une majorité quasi automatique avec huit monarchies (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Jordanie, Koweït, Maroc, Qatar et Sultanat d’Oman) en sus de deux confettis d’empire, Djibouti et les Comores. Ce qui fait un total de dix pays sur 22 que compte l’organisation pan arabe. Ce déficit structurel se reflète et se traduit par une démarcation entre une zone d’abondance, (le golfe pétrolier, à faible densité démographique mais à forte concentration militaire de l’Otan, sans doute le plus important hors du champ d’action du pacte atlantique) et une zone de pénurie (la rive méditerranéenne surpeuplée et frondeuse). Ce clivage explique d’ailleurs, sans le justifier, le contour des pays saisis par la vague du « printemps arabe » de la décennie 2010. Ce printemps-là a frappé de plein fouet les pays à structure républicaine (Tunisie, Égypte, Libye, Syrie) et s’est miraculeusement arrêté sur les rives inflammables du Golfe.
De surcroît, au–delà du déficit structurel se superpose une déficience psychologique et historique, dont l’impact prépondérant dans la détermination des comportements des dirigeants de la zone, les pétromonarchies du golfe et la Jordanie (soit 7 pays) n’ont jamais entrepris une guerre de libération nationale pour accéder à l’indépendance et à la souveraineté, passant sans coup férir du protectorat britannique au protectorat américain.
Pis : Tous sont alliés des États Unis dont ils en dépendent pour la survie de leur trône ; Un protecteur par ailleurs le principal allié d’Israël.
Songez à l’aberration mentale que représente l’expulsion de la Syrie de la Ligue Arabe, en 2011. Autrement dit, la Syrie, membre fondateur de l’organisation pan arabe, qui a arraché son indépendance à la France et livré quatre guerres contre Israël, expulsée par une majorité de pétromonarchies à l’indépendance octroyée et sous tutelle.
Songez à la fêlure mentale que constitue la décision de Mohamad Morsi de décréter le jihad contre la Syrie, le partenaire de l’Égypte dans quatre guerres contre Israël, plutôt que de lever le blocus de Gaza, alors que le président néo islamiste égyptien partageait la même idéologie confrériste que le Hamas.
L’Égypte, le plus grand et le plus puissant pays arabe sur le champ de bataille de la Palestine, a servi de baromètre à la Ligue Arabe, dont elle abrite le siège et fournit son secrétaire général. Sous Nasser (1954-1970), elle a eu un rôle moteur dans la dynamique de libération du Monde arabe (aide à la révolution algérienne, instauration de la République en Libye, en Irak et au Yémen). Sous Sadate (1970-1981), la désertion du champ de bataille de la Palestine et la désertion corrélative de la Ligue arabe du Caire à Tunis. Sous Moubarak (1981-2011), la caution aux équipées américaines contre les pays arabes: caution à l’invasion de l’Irak, au confinement de Yasser Arafat à Ramallah etc.
La Patrie News : Comme l’a souhaité l’administration Trump, le Maroc est donc devenu le cinquième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. Quel est votre sentiment ?
René Naba : Pour être précis, le Maroc a été au-devant des désirs de l’administration Donald Trump. En officialisant ses relations avec Israël, le royaume chérifien met un terme à une hypocrisie de près d’un demi-siècle, marquée par une connivence clandestine notamment dans l’enlèvement de Mehdi Ben Barka, chef de l’opposition marocaine, par les services israéliens ; la mise sur écoute au bénéfice des Israéliens du sommet arabe de Casablanca de 1964 ;
Enfin la collaboration israélo-marocaine au sein du Safari Club pour mener la contre-révolution africaine à l’époque de la décolonisation.
L’argument du judaïsme marocain, dont le poids électoral en Israël et son importance stratégique pour l’image de marque du Royaume, aurait joué en faveur de la normalisation israélo-marocaine…… C’est tout bonnement du pipeau. Les Juifs marocains qui ont émigré en Israël sont des Israéliens à part entière. A l’instar de tous les juifs de la diaspora qui ont rallié Israël, ils font leur service militaire dans l’armée israélienne et participent à la répression de la population aussi bien palestinienne que syrienne dans les territoires occupés, en Cisjordanie, et au Golan. Leur conférer un halo de prestige reviendrait à donner crédit à leur prétention de réclamer « le beurre, l’argent du beur et le sourire de la laitière », tout en assouvissant leur haine anti-arabe.
Troquer la Palestine contre le Sahara occidental relève d’une politique de courte vue en ce que le Sahara occidental relève de la sphère géopolitique du Monde arabe, alors que la Palestine est en voie d’évanescence. Une décision d’autant plus lourde de conséquences pour l’avenir que le Roi du Maroc, Commandeur des Croyants, est le président du Comité Al Qods, chargé théoriquement de la protection de ce 3ème Haut Lieu de l’Islam.
A ce propos, il convient de faire preuve de prudence dans la gestion des signes à fortes charges symboliques. Machiavélique, conscient de la dangerosité de sa démarche, le monarque marocain a assigné « la sale besogne » à son premier ministre Saad Eddine Al Othmani d’apposer sa signature sur le document de normalisation entre le Maroc et Israël, maintenant les mains souveraines dans une blancheur immaculée de cette souillure dont l’opprobre rejaillira immanquablement sur son féal islamiste, au-delà, sur la mouvance confrériste dans son ensemble.
Mais suprême infamie : Mohammed VI a gratifié le président Donald Trump de la plus haute distinction du royaume chérifien, « l’Ordre de Mohamad ».
Ah la vilénie de conférer une distinction honorifique à un président ayant fait l’objet d’une double procédure de destitution, de surcroît « l’Ordre de Mohamad » à l’artisan du « Muslim Ban ».
A n’y prendre garde, à force de faire un usage inconsidéré de « l’Ordre de Mohamad », l’on risque de déconsidérer le prénom porteur de l’ordre, qui est tout de même celui du prophète de l’Islam.
La Patrie News : La position de l’Algérie vis-à-vis de la normalisation avec Israël est claire, ferme et déterminée et ce, depuis la révolution de libération contre le colonialisme français (1954) et jusqu’à nos jours. Ce refus mettra–t-il l’Algérie en porte-à-faux ? L’Algérie est–elle davantage la cible majeure d’ennemis étrangers depuis que le danger sioniste est à ses portes de à cause de la décision solitaire du roi qui l’a invité pour satisfaire son besoin expansionniste, mais aussi pour renforcer sa position et exaucer son rêve de détrôner l’Algérie et prendre sa place comme puissance régionale ?
René Naba : La normalisation des relations israélo-marocaines devrait avoir pour effet second, dans l’esprit de ses concepteurs, de soulager la pression militaire qui s’exerce sur la France au Sahel, alors que le président Emmanuel Macron s’emploie au sommet de N’djamena à redéfinir la voilure de l’engagement français dans la zone sahélo saharienne.
Certes il est de notoriété publique que des entreprises israéliennes sont présentes au Mali : Elbit et Mer, mais surtout Israël Aerospace ont réussi à décrocher le contrat de protection périmétrique de la Minusma, au Mali. Des sociétés israéliennes fournissent aussi des équipements visant à renforcer la sécurité des bases de la Minusma dans tout l’Azawad. Ils visent désormais les quelque 40 bases de maintien de la paix onusiennes dans le monde, dont certaines sont situées au Proche-Orient.
Mais ce que l’on connaît moins c’est que l’infiltration israélienne en Afrique occidentale s’est faite avec l’accord de la France qui a souhaité défendre son pré carré africain en tandem avec Israël, faisant du Mali « la porte d’entrée » de l’État Hébreu vers l’Afrique francophone.
L’intervention de la France au Mali, en janvier 2013, a relevé d’une stratégie de défense du pré carré africain, face à la politique de grignotage menée tant par la Chine que par le wahhabisme via les finances islamiques (Qatar et Arabie Saoudite). Première opération militaire en solitaire sur un théâtre extérieur depuis la fin de la Guerre d’Algérie, en 1962, la France, via Serval, y joue son rang de puissance.
Une cible idéale en ce que Le Mali constitue le plus grand pays musulman d’Afrique occidentale, où la finance islamique y prospère, alors que les Maliens depuis une décennie se détournaient progressivement de la France vers les pétromonarchies et que la Chine jouit d’un prestige certain du fait de sa restauration du centre de documentation islamique de Tombouctou.
Au–delà de l’objectif affiché de s’interposer entre les belligérants et d’éviter l’effondrement de l’État malien, Serval puis Barkhane répondent au souci des Occidentaux de créer un glacis stratégique au centre de l’Afrique, à proximité de la plateforme opérationnelle de la Chine dans la zone. Un cordon sanitaire identique à celui que les pays occidentaux veulent établir autour de l’Iran, l’autre grand fournisseur d’énergie de la Chine.
La nomination à la tête de l’Agence française pour le développement de M. Dov Zerah, dans la décennie 2010 a donné crédit à cette hypothèse en ce que la propulsion du président du consistoire israélite de Paris et secrétaire général de la Fondation France Israël au poste stratégique de dispensateur de l’aide financière française à l’Afrique est intervenue, le 2 Juin 2010, six mois avant l’indépendance du sud Soudan, alors que «la bataille du Nil» sur la répartition des quotas des eaux de ce fleuve africain battait son plein entre l’Égypte et les alliés africains d’Israël : l’Éthiopie et le Kenya notamment.
Près de dix ans après sa constitution, le G5 apparaît comme une force supplétive de la France et pâtit d’un handicap majeur, l’absence de l’Algérie, puissance militaire majeure de la zone, qui occupe de surcroît une position centrale de par son positionnement limitrophe du Mali, principal champ de la confrontation.
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