Une police communale, et vite !
Les incivilités, déviances et violences urbaines contre les personnes
et les biens sont au cœur de l’actualité de notre pays.
Le Quotidien d'Oran
JEUDI 23 JUILLET 2020
Par Cherif Ali
Atteintes contre les biens publics et
privés, actes de vandalisme, vio
lence contre les soignants, renfor
cent les sentiments d’insécurité
subis par les habitants des cités
mais aussi les personnels exer-
çant dans les hôpitaux et les structures sanitaires.
Un phénomène qui va croissant avec l’urbani-
sation accélérée et le relogement d’habitants ve-
nus d’horizons diverses mais dont l’incompatibi-
lité à vivre ensemble apparaît au grand jour.
Devenues monnaie courante, notamment depuis
la propagation de la pandémie de la Covid-19, les
agressions et les violences contre le personnel mé-
dical, paramédical et gestionnaires des établisse-
ments de santé, sont désormais condamnables.
Le Président de la République, M. Abdelmad-
jid Tebboune a fait état d’un durcissement des
sanctions contre les agresseurs des staffs médicaux
dans les hôpitaux, «et ce, en vertu d’une ordonnance
présidentielle ayant force de loi », qu’il aura à signer
incessamment. Dans les nouvelles cités, les batailles
rangées, les saccages des commerces, les vols et les
agressions sont devenus monnaie courante !
Ce type de violences, en milieu urbain, ont fait
l’objet d’un débat organisé, par l’Association
de protection des mineurs de la délinquance et d’in-
sertion au sein de la société (APMDIS), à Alger. Les
experts ayant animé cette conférence ont été una-
nimes sur le fait que l’apparition de nouvelles cités
représente des foyers potentiels de prolifération de
la violence, notamment parmi les mineurs.
Les incidents enregistrés dans certains grands
ensembles d’habitat ne sont pas des actes isolés,
car ils peuvent être assimilés à un phénomène de
violence et le gouvernement doit leur accorder une
importance cruciale.
Ces incidents ont tendance à se multiplier au
grand dam des habitants des cités populaires et
des quartiers du même nom qui n’en peuvent plus.
De grands ensembles d’habitat ont été livrés à des
populations qui doivent s’habituer au «vivre en-
semble » ; cela ne se fait pas sans quelques frictions.
Pour l’heure, on parle d’une nouvelle gouver-
nance locale !
On parle aussi de mieux organiser et de mieux
répartir les missions des forces de l’ordre, ce qui
suppose la mise en place de moyens addition-
nels, notamment en matière de sécurité publique.
On parle aussi d’une police communale ! D’an-
ciens responsables avaient mis le sujet sur la table.
Simple effet d’annonce, ou ira-t-on, vraiment,
vers la mise en place d’une police communale ?
L’idée n’est pas nouvelle, dès lors qu’un projet
de mise en place d’une police communale dont la
colonne vertébrale pourrait être formée par les élé-
ments de la garde communale, particulièrement
ceux stationnés dans les zones qui ne sont plus
sous la menace du terrorisme, était dans l’air.
I
l s’agit, particulièrement et surtout, des grandes
villes et des principaux centres urbains du pays.
Seulement, faut-il le dire, beaucoup de responsa-
bles étaient contre l’idée de reconversion de la
garde communale en police communale !
Les motifs avancés tiennent du faible niveau
d’instruction de ses agents, et de leur formation,
ignorants que ce corps regroupait en son sein quel-
que 5 000 agents, tous détenteurs de licences uni-
versitaires et de surcroît, formés au maniement des
armes et aux techniques de combat.
La police communale qui, sans être un organe
répressif, pourrait si le projet venait à être con-
crétisé, remplir le rôle d’une police de proximité
appelée à veiller sur les citoyens :
Ø Pour rassurer la population,
Ø Gérer les litiges du quartier,
Ø Permettre au président d’APC de faire exécu-
ter les arrêtés qu’il prend en matière d’urbanis-
me ou de protection de l’environnement.
Elle pourrait, également, s’articuler, dans un pre-
mier temps, autour de quatre grands axes :
1. rassembler des informations susceptibles d’endiguer
certains problèmes, détecter les nids cri-
minogènes, ainsi que les personnes à risque ou
celles en danger,
2. intervenir dans les conflits de voisinage, par
exemple, pour les résoudre grâce au dialogue et à
la médiation et éviter, ainsi, qu’ils ne dégénèrent,
3. être le relais entre la population, le maire et les
forces de sécurité,
4. agir sur le préventif, le social et la tranquillité
publique,
D
’un point de vue sémantique, la notion de po
lice communale a du sens, puisqu’elle recou-
vre la réalité du terrain, celui de la commune prin-
cipalement. D’un point de vue plus stratégique,
sa mise en place soulève toutefois les questions
cruciales de la doctrine d’emploi, de la spécificité
des missions assurées dans la coproduction de la
sécurité locale et, inévitablement, les problèmes
de l’uniforme et de l’armement, sans compter les
dotations budgétaires qu’il faudrait débloquer en
ces temps de crise.
En d’autres termes, il ne s’agit pas de «créer» une
police communale, mais de définir son «statut » :
1. police du maire, son «bras armé», s’empressent
de dire ceux qui craignent une utilisation «abusi-
ve» de cette force de sécurité par les édiles locaux.
2. police placée sous la tutelle directe du mi-
nistre l’Intérieur.
Dans la première hypothèse, il faudrait, inévita-
blement, prévoir l’amendement de l’article 93 du
code communal avec toutes les réactions en chaî-
ne qui en découleraient. Et même si on venait, en
haut lieu, à régler ce il subsisterait, encore, les ques-
tions relatives à l’armement, l’uniforme, le volet de
la formation ainsi que les rapports de cette police
avec les autres forces de sécurité. Et parmi les autres
questions qu’il faudrait trancher, il y a la dotation
en armes, dont certains experts en sécurité affir-
ment que c’est un moyen de protection indispen-
sable face aux risques du métier, dès lors qu’il ne
diffère pas, fondamentalement, de celui de la po-
lice ou celui de la Gendarmerie nationale.
D’autres, en revanche, considèrent que ce n’est
pas un gage de sécurité absolue et craignent que
cela n’encourage une confusion des rôles avec les
forces de sécurité classiques.
Il faut aussi s’assurer de l’accord de principe de
la DGSN dès lors que la police communale et la
police nationale font partie d’un même «creuset».
Mais pourquoi s’entêter, disent certains, à mon-
ter une police communale qui ne peut, en l’état
des difficultés énumérées supra, trouver sa place
dans le paysage sécuritaire, jusque là occupé intra-
muros par la police nationale et extra- muros par la
gendarmerie ? À moins de clarifier la doctrine d’em-
ploi de cette police communale, en dehors des mis-
sions de «prévention et répression» qui sont la raison
d’être des forces de sécurité classiques. Le recours
à la force doit rester du domaine de l’État, et en
conséquence, seules la police nationale et la gen-
darmerie doivent être armées. Et il n’est surtout
pas question d’abandonner des espaces et des en-
sembles d’habitat aux gangs et aux voyous !
Comme ces jeunes habitant la région de Bou-
chaoui, à Alger, qui munis de bâtons et parfois
même de sabres comme le montrent des images
diffusées sur les réseaux sociaux, ont dressé un
barrage à l’entrée de la forêt où des familles ont
l’habitude de passer des moments de détente ; ces
nouveaux pasdarans se sont permis d’interdire
l’accès à des couples. Des scènes qui rappellent la
«police des mœurs» créée au début des années 1990
par l’ex FIS dissous !
D
e ce qui précède, un débat sur la nécessité ou
pas d’une police communale s’impose dès
lors qu’il est admis qu’il existe encore de larges
portions du territoire national que les forces clas-
siques de sécurité publique peinent à couvrir en
permanence, nonobstant leurs incessantes rondes
: grands ensembles d’habitats, écoles publiques et
stades par exemple. Sans oublier les hôpitaux et
les structures sanitaires de l’Algérie profonde, qui
font l’actualité aujourd’hui. En tant que person-
ne, que citoyen et président, cela me peine que
des médecins et des infirmiers, qui n’ont pas vu
leurs enfants depuis quatre mois, soient victimes
d’agressions, a déclaré le Président de la Répu-
blique qui est plus que jamais décidé à mettre en
œuvre son 54 e engagement électoral : garantir la
sécurité du citoyen et des biens publics et privés !
Qualifiant ces personnels de «véritables moudjahi-
dine», Abdelmadjid Tebboune a commencé par
durcir les peines de leurs agresseurs, c’est un dé-
but, en attendant la suite, et pourquoi pas la mise
en place d’une police communale de proximité pour
« se réapproprier les espaces perdus de la République » .
Les incivilités, déviances et violences urbaines contre les personnes
et les biens sont au cœur de l’actualité de notre pays.
Le Quotidien d'Oran
JEUDI 23 JUILLET 2020
Par Cherif Ali
Atteintes contre les biens publics et
privés, actes de vandalisme, vio
lence contre les soignants, renfor
cent les sentiments d’insécurité
subis par les habitants des cités
mais aussi les personnels exer-
çant dans les hôpitaux et les structures sanitaires.
Un phénomène qui va croissant avec l’urbani-
sation accélérée et le relogement d’habitants ve-
nus d’horizons diverses mais dont l’incompatibi-
lité à vivre ensemble apparaît au grand jour.
Devenues monnaie courante, notamment depuis
la propagation de la pandémie de la Covid-19, les
agressions et les violences contre le personnel mé-
dical, paramédical et gestionnaires des établisse-
ments de santé, sont désormais condamnables.
Le Président de la République, M. Abdelmad-
jid Tebboune a fait état d’un durcissement des
sanctions contre les agresseurs des staffs médicaux
dans les hôpitaux, «et ce, en vertu d’une ordonnance
présidentielle ayant force de loi », qu’il aura à signer
incessamment. Dans les nouvelles cités, les batailles
rangées, les saccages des commerces, les vols et les
agressions sont devenus monnaie courante !
Ce type de violences, en milieu urbain, ont fait
l’objet d’un débat organisé, par l’Association
de protection des mineurs de la délinquance et d’in-
sertion au sein de la société (APMDIS), à Alger. Les
experts ayant animé cette conférence ont été una-
nimes sur le fait que l’apparition de nouvelles cités
représente des foyers potentiels de prolifération de
la violence, notamment parmi les mineurs.
Les incidents enregistrés dans certains grands
ensembles d’habitat ne sont pas des actes isolés,
car ils peuvent être assimilés à un phénomène de
violence et le gouvernement doit leur accorder une
importance cruciale.
Ces incidents ont tendance à se multiplier au
grand dam des habitants des cités populaires et
des quartiers du même nom qui n’en peuvent plus.
De grands ensembles d’habitat ont été livrés à des
populations qui doivent s’habituer au «vivre en-
semble » ; cela ne se fait pas sans quelques frictions.
Pour l’heure, on parle d’une nouvelle gouver-
nance locale !
On parle aussi de mieux organiser et de mieux
répartir les missions des forces de l’ordre, ce qui
suppose la mise en place de moyens addition-
nels, notamment en matière de sécurité publique.
On parle aussi d’une police communale ! D’an-
ciens responsables avaient mis le sujet sur la table.
Simple effet d’annonce, ou ira-t-on, vraiment,
vers la mise en place d’une police communale ?
L’idée n’est pas nouvelle, dès lors qu’un projet
de mise en place d’une police communale dont la
colonne vertébrale pourrait être formée par les élé-
ments de la garde communale, particulièrement
ceux stationnés dans les zones qui ne sont plus
sous la menace du terrorisme, était dans l’air.
I
l s’agit, particulièrement et surtout, des grandes
villes et des principaux centres urbains du pays.
Seulement, faut-il le dire, beaucoup de responsa-
bles étaient contre l’idée de reconversion de la
garde communale en police communale !
Les motifs avancés tiennent du faible niveau
d’instruction de ses agents, et de leur formation,
ignorants que ce corps regroupait en son sein quel-
que 5 000 agents, tous détenteurs de licences uni-
versitaires et de surcroît, formés au maniement des
armes et aux techniques de combat.
La police communale qui, sans être un organe
répressif, pourrait si le projet venait à être con-
crétisé, remplir le rôle d’une police de proximité
appelée à veiller sur les citoyens :
Ø Pour rassurer la population,
Ø Gérer les litiges du quartier,
Ø Permettre au président d’APC de faire exécu-
ter les arrêtés qu’il prend en matière d’urbanis-
me ou de protection de l’environnement.
Elle pourrait, également, s’articuler, dans un pre-
mier temps, autour de quatre grands axes :
1. rassembler des informations susceptibles d’endiguer
certains problèmes, détecter les nids cri-
minogènes, ainsi que les personnes à risque ou
celles en danger,
2. intervenir dans les conflits de voisinage, par
exemple, pour les résoudre grâce au dialogue et à
la médiation et éviter, ainsi, qu’ils ne dégénèrent,
3. être le relais entre la population, le maire et les
forces de sécurité,
4. agir sur le préventif, le social et la tranquillité
publique,
D
’un point de vue sémantique, la notion de po
lice communale a du sens, puisqu’elle recou-
vre la réalité du terrain, celui de la commune prin-
cipalement. D’un point de vue plus stratégique,
sa mise en place soulève toutefois les questions
cruciales de la doctrine d’emploi, de la spécificité
des missions assurées dans la coproduction de la
sécurité locale et, inévitablement, les problèmes
de l’uniforme et de l’armement, sans compter les
dotations budgétaires qu’il faudrait débloquer en
ces temps de crise.
En d’autres termes, il ne s’agit pas de «créer» une
police communale, mais de définir son «statut » :
1. police du maire, son «bras armé», s’empressent
de dire ceux qui craignent une utilisation «abusi-
ve» de cette force de sécurité par les édiles locaux.
2. police placée sous la tutelle directe du mi-
nistre l’Intérieur.
Dans la première hypothèse, il faudrait, inévita-
blement, prévoir l’amendement de l’article 93 du
code communal avec toutes les réactions en chaî-
ne qui en découleraient. Et même si on venait, en
haut lieu, à régler ce il subsisterait, encore, les ques-
tions relatives à l’armement, l’uniforme, le volet de
la formation ainsi que les rapports de cette police
avec les autres forces de sécurité. Et parmi les autres
questions qu’il faudrait trancher, il y a la dotation
en armes, dont certains experts en sécurité affir-
ment que c’est un moyen de protection indispen-
sable face aux risques du métier, dès lors qu’il ne
diffère pas, fondamentalement, de celui de la po-
lice ou celui de la Gendarmerie nationale.
D’autres, en revanche, considèrent que ce n’est
pas un gage de sécurité absolue et craignent que
cela n’encourage une confusion des rôles avec les
forces de sécurité classiques.
Il faut aussi s’assurer de l’accord de principe de
la DGSN dès lors que la police communale et la
police nationale font partie d’un même «creuset».
Mais pourquoi s’entêter, disent certains, à mon-
ter une police communale qui ne peut, en l’état
des difficultés énumérées supra, trouver sa place
dans le paysage sécuritaire, jusque là occupé intra-
muros par la police nationale et extra- muros par la
gendarmerie ? À moins de clarifier la doctrine d’em-
ploi de cette police communale, en dehors des mis-
sions de «prévention et répression» qui sont la raison
d’être des forces de sécurité classiques. Le recours
à la force doit rester du domaine de l’État, et en
conséquence, seules la police nationale et la gen-
darmerie doivent être armées. Et il n’est surtout
pas question d’abandonner des espaces et des en-
sembles d’habitat aux gangs et aux voyous !
Comme ces jeunes habitant la région de Bou-
chaoui, à Alger, qui munis de bâtons et parfois
même de sabres comme le montrent des images
diffusées sur les réseaux sociaux, ont dressé un
barrage à l’entrée de la forêt où des familles ont
l’habitude de passer des moments de détente ; ces
nouveaux pasdarans se sont permis d’interdire
l’accès à des couples. Des scènes qui rappellent la
«police des mœurs» créée au début des années 1990
par l’ex FIS dissous !
D
e ce qui précède, un débat sur la nécessité ou
pas d’une police communale s’impose dès
lors qu’il est admis qu’il existe encore de larges
portions du territoire national que les forces clas-
siques de sécurité publique peinent à couvrir en
permanence, nonobstant leurs incessantes rondes
: grands ensembles d’habitats, écoles publiques et
stades par exemple. Sans oublier les hôpitaux et
les structures sanitaires de l’Algérie profonde, qui
font l’actualité aujourd’hui. En tant que person-
ne, que citoyen et président, cela me peine que
des médecins et des infirmiers, qui n’ont pas vu
leurs enfants depuis quatre mois, soient victimes
d’agressions, a déclaré le Président de la Répu-
blique qui est plus que jamais décidé à mettre en
œuvre son 54 e engagement électoral : garantir la
sécurité du citoyen et des biens publics et privés !
Qualifiant ces personnels de «véritables moudjahi-
dine», Abdelmadjid Tebboune a commencé par
durcir les peines de leurs agresseurs, c’est un dé-
but, en attendant la suite, et pourquoi pas la mise
en place d’une police communale de proximité pour
« se réapproprier les espaces perdus de la République » .
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