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LA POPULATION ALGÉRIENNE SUIT UNE COURBE DE PROGRESSION RAPIDE -La bombe démographique !

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  • LA POPULATION ALGÉRIENNE SUIT UNE COURBE DE PROGRESSION RAPIDE -La bombe démographique !

    Facteur de croissance économique ou élément d’épuisement des ressources nécessaires à nourrir un pays en surpopulation. D’évidence, la croissance démographique intéresse les démographes et préoccupe les gouvernants dans l’élaboration des politiques publiques.

    La courbe démographique poursuit sa tendance ascendante en Algérie. Selon les statistiques actualisées par la Direction de la population au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, la taille de la population résidente a atteint, au 1er juillet 2020, le seuil de 44,3 millions d’habitants, soit un accroissement d’environ 400 000 habitants par rapport au décompte du 1er janvier dernier.

    À la même date, en 2019, le pays abritait 43,4 millions d’âmes. Les projections de l’ONS (Office national des statistiques) sur la croissance démographique sur les vingt prochaines années — sous réserve d’atteindre un indice conjoncturel de fécondité (ICF) de 2,4 enfants par femme et une espérance de vie à la naissance de 85 ans – se décline ainsi : 44,7 millions d’habitants en 2021 ; 51,309 millions en 2030 et 57,625 millions en 2040. L’accroissement naturel de la population, en 2019, a caracolé à 837 000 personnes, en raison du maintien du rythme des naissances vivantes au-dessus de la barre du million et l’estimation de l’espérance de vie à 77,8 ans (77,6 pour les femmes et 77,2 pour les hommes).

    Une légère hausse de la mortalité (198 000 décès au 1er janvier 2020 contre 193 000 à la même date l’année précédente) n’a pas influé sur la courbe. À vrai dire, la structure de la pyramide des âges prend de l’ampleur à la base (les moins de 15 ans) et au sommet (les plus de 60 ans). La part de la population en activité économique se contracte à moins de 60% au profit de celle des enfants (30,4%) et des personnes âgées (9,3%, soit en volume 4,14 millions de seniors). Pour les démographes, “la superposition des pyramides des âges de 2008 à 2019 fait ressortir que la période de transition démographique se poursuit toujours. Elle se traduit par l’élargissement de la base de la pyramide et le rétrécissement de la tranche des 15-24 ans”.

    À ce titre, le taux des moins de 35 ans a fléchi de 75% dans les années 90 à 62%, à la lecture des résultats de la dernière enquête exhaustive de l’ONS. Jusqu’au début des années 2000, l’Algérie s’acheminait vers le vieillissement de sa société, à cause de la baisse du taux de natalité, observé durant les années terrorisme et le rallongement de la longévité. Selon les projections de l’époque, la parenthèse du bonus démographique, c’est-à-dire la proportion de la population active nettement plus élevée que l’effectif des personnes à charge, devait se fermer progressivement à partir de 2030-2035 au moment où la génération issue des baby-booms des années 70 et 80 arrive à l’âge de la retraite. “Avoir eu un rebond de natalité à partir de 2002-2003, nous offre une opportunité de rallonger le dividende démographique de 20 ans”, souligne Amar Ouali, directeur de la population au département de la Santé. Selon Nassereddine Hamouda, statisticien-économiste, “il y a eu une évolution erratique de la population dans les années 90 pour les raisons que tout un chacun connaît (terrorisme, ndlr).

    À partir des années 2000, l’évolution observée redevient plus conforme à ce qui était prévisible en matière d’évolution démographique au stade de nos connaissances actuelles sur la transition démographique”. L’augmentation du nombre des naissances serait donc naturelle, mais probablement conjoncturelle. Il n’en demeure pas moins que la structure actuelle de la population sous-entend la mise en place de stratégies nationales dans les domaines de l’enseignement, de la santé, de l’emploi, de l’habitation… en prenant en considération, comme le note Faouzi Amokrane, membre du Cnes (Conseil national économique et social), la catégorie de citoyens âgés de moins de 15 ans et de plus de 60 ans, soit “des consommateurs nets de services publics et fortement dépendants des actions de l’État”. Nassereddine Hamouda met en exergue un autre paramètre déterminant : les dissimilitudes régionales. “Les évolutions observées au niveau national cachent des disparités spatiales et sociales assez marquées. Les grandes métropoles urbaines et l’extrême Sud ou les Hauts-Plateaux centre ne se trouvent pas à la même étape de la transition démographique.

    À titre d’exemple la descendance finale est supérieure à cinq enfants par femme dans certaines communes alors qu’elle se situe autour de deux pour d’autres”, relève-t-il. Le directeur de la population au département dirigé par le professeur Benbouzid confirme qu’il est laborieux “de rationaliser les dépenses, en investissant dans les infrastructures de base (écoles, hôpitaux…) et les logements en fonction des besoins locaux”, sans une connaissance approfondie des caractéristiques de la population (structure et densité des ménages, dynamique géographique, niveau d’instruction...). Notre interlocuteur signale que le Comité national de la population a besoin d’informations fines et précises au niveau local pour pouvoir établir une stratégie de développement ciblée. “À l’échelle nationale, nous sommes à l’aise pour quasiment l’ensemble des indicateurs du développement humain. Le problème se pose dans la répartition des moyens selon les besoins de chaque localité et comment établir les priorités”, poursuit-il.

    D’où l’urgence de réaliser le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Du point de vue de M. Hamouda, il ne convient pas de considérer le RGPH comme la principale source d’information sur la population. “Les données dont disposent la CNR et la Cnas permettent d’effectuer des études actuarielles pertinentes à même d’évaluer notre système de retraite et la morbidité. Les données de téléphonie mobile permettent de faire des estimations sur la mobilité. Le fichier des abonnés ordinaires, ménages (facture d’électricité et de téléphone fixe, ndlr) peut fournir une estimation du parc logements à un niveau géographique très fin actualisé”, suggère le statisticien. La législation nationale n’autorise pas l’exploitation des données privées sur les abonnés de téléphonie mobile et sur les titulaires de comptes bancaires et CCP. Au-delà, “ces sources d’information constituent une base de sondage pour de multiples problématiques, mais pas celle liée à la population”, corrige Amar Ouali.

    Dans l’intervalle de deux recensements généraux de la population, l’ONS établit des statistiques annuelles en se référant aux nombres des naissances, des décès et des mariages enregistrés à l’état civil. Les chiffres sur les divorces sont fournis par le ministère de la Justice. “Nous actualisons la situation démographique en Algérie, en prenant en compte les événements naturels survenus dans les 1 541 communes”, explique Mme Lakhel, directrice des statistiques, de la population et de l’emploi à l’ONS. Ces informations donnent une vision globale de la courbe démographique, mais ne permettent pas une analyse pointue de l’évolution de la population. “L’enquête exhaustive annuelle est réalisée sur le lieu où se produit l’événement et non sur le lieu de résidence. Ainsi, nous ne pouvons pas avoir, à titre d’exemple, la répartition géographique de la population. Ce n’est pas suffisant pour comprendre le phénomène démographique”, affirme notre hôte. Liberté.
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