Pourquoi les Chinois, Européens et Américains préfèrent pour le moment le régime algérien au détriment du HIRAK
Discrédité à l’intérieur, rejeté par des millions de manifestants qui se mobilisent chaque vendredi pour exiger son départ et son remplacement par un tout autre système de gouvernance, le régime algérien est aujourd’hui secouru par les grandes puissances internationales qui tentent de l’aider à rompre son isolement en lui tendant une main amicale afin de lui faciliter la délicate tâche d’imposer une nouvelle autorité civile pour surmonter “la crise du Hirak”. Une orientation décidée pour conserver leurs intérêts stratégiques menacés par des lendemains inquiétants en Algérie.
Oui, c’est un aveu amer qu’il faut le dire :
Les grands de ce monde ne sont pas partisans du Hirak algérien, ce brillant mouvement populaire qui réclame le changement démocratique en Algérie. Du mois pour le moment.
Certes, diplomatiquement, les officiels européens et américains n’ont pas tari d’éloges sur le génie et pacifisme des Algériens.
Mais dans les coulisses, les puissances occidentales, la Russie ou la Chine ménagent le régime algérien et tentent de l’aider à s’adapter à cette vague de protestation qui menace son existence.
Les grandes puissances mondiales pensent, d’abord, à leurs intérêts. Et la meilleure démonstration de “ce coup de pouce” nous provient de l’Italie, l’un des pays piliers de l’Union Européenne.
Malgré l’illégitimité actuelle des décideurs du régime algérien, les autorités italiennes ont donné sans coup férir leur feu vert pour le renouvèlement du contrat de vente/achat de gaz naturel algérien au profit de l’Italie pour une durée de huit (08) ans. Mardi dernier, le contrat a été paraphé, pour le côté algérien, par le vice-président chargé de l’activité commercialisation, Hachmei Mazighi, et pour le côté italien, par le directeur exécutif, d’Edison, Nicolas Monti, en présence du P-dg de Sonatrach, Rachid Hachichi, et du vice-président chargé du management et gaz du groupe Edison, Pierre Vergerio. Cet accord, précédé par d’autres renouvellements de contrats respectivement avec les italiennes Eni et Enel, permettra à Sontrach de consolider sa position sur le marché italien et demeurer l’un de ses principaux fournisseurs en gaz naturel.
Le renouvellement de ce contrat en pleine ébullition politique, et en négociation avec des dirigeants algériens qui ne sont pas élus ou désignés par une majorité populaire, démontre que l’Europe ne se soucie nullement de la légitimité constitutionnelle ou politique du régime algérien ni des profondeurs des revendications politiques du peuple algérien. Le gaz, cette précieuse matière première notamment en cette période d’hiver, justifie aux yeux de l’Europe de maintenir la reconnaissance politique de ce régime rejeté massivement par sa population.
Les chinois adoptent la même attitude que les européens vis-à-vis de l’Algérie. Certes, la prudence demeure de mise, les sociétés chinoises ont gelé de nombreuses activités en Algérie, mais les autorités chinoises préfèrent privilégier le pragmatisme au réalisme politique. Tant que le régime algérien est en place, on continue de discuter avec lui pour le business. Depuis mardi dernier, la vice présidente du comité permanent de l’Assemblée populaire provinciale de Hainan (Chine) est en visite à Alger. Et elle a rencontré de nombreux hauts responsables algériens pour parler “des relations bilatérales et les voies et moyens de développer les relations de coopération et de partenariat dans ce domaine”, précise l’ambassade de Chine à Alger selon une dépêche officielle de l’agence gouvernementale l’APS.
Naturellement, le Hirak, les revendications démocratiques des Algériens, la Chine s’en contrefiche royalement. Les américains sont, peut-être, la première force internationale qui insiste sur le respect de la volonté populaire des Algériens qui se mobilisent massivement chaque vendredi depuis le 22 février dernier. Mais, eux-aussi, ils ne musclent pas leur discours vis-à-vis du régime algérien et poursuivent leur collaboration avec les hauts responsables de l’Etat algérien sans tenir compte de son illégitimité constitutionnelle et politique. L’ambassadeur des Etats Unis en Algérie, John Desrocher a affirmé récemment que l’établissement de nouveaux partenariats avec l’Algérie reste “une des priorités des Etats-Unis d’Amérique”.
Et si le peuple algérien rejette le scrutin présidentiel du 12 décembre prochain ? Et si le Hirak poursuit sa dynamique et maintient sa pression ? Comment réagiront les américains ? Pour l’heure, la diplomatie US évite de répondre à cette question. C’est le Wait and See.
Les Français, les meilleurs connaisseurs du régime algérien et de ses rouages complexes, conservent, eux-aussi, un silence intriguant. Exceptés quelques voeux favorables à une transition pacifique et favorable aux revendications des Algériens, Emmanuel Macron, le président français, et ses collaborateurs ou ministres ne se positionnent pas sur l’Algérie.
La Russie de Poutine a dévoilé son attitude lors de sa rencontre avec Abdelkader Bensalah le 24 octobre dernier en marge du sommet Russie-Afrique à Sotchi. Un sourire narquois, une attitude neutre et aucune caution particulière excepté une écoute attentive.
Le régime algérien n’est pas particulièrement apprécié ou aimé, mais les grandes puissances ne veulent pas s’aventurer en tablant sur un changement positif en Algérie dans le sillage du tourbillon du Hirak populaire.
Le régime algérien s’en sort ainsi dans cette situation complexe grâce à un seul atout géostratégique : la promesse d’une stabilité qui arrange les intérêts de toutes les grandes puissances.
Mais cet atout, il risque rapidement de le perdre s’il échoue le 12 décembre prochain à organiser des élections présidentielles en bonne et due forme.
Algerie Part
Discrédité à l’intérieur, rejeté par des millions de manifestants qui se mobilisent chaque vendredi pour exiger son départ et son remplacement par un tout autre système de gouvernance, le régime algérien est aujourd’hui secouru par les grandes puissances internationales qui tentent de l’aider à rompre son isolement en lui tendant une main amicale afin de lui faciliter la délicate tâche d’imposer une nouvelle autorité civile pour surmonter “la crise du Hirak”. Une orientation décidée pour conserver leurs intérêts stratégiques menacés par des lendemains inquiétants en Algérie.
Oui, c’est un aveu amer qu’il faut le dire :
Les grands de ce monde ne sont pas partisans du Hirak algérien, ce brillant mouvement populaire qui réclame le changement démocratique en Algérie. Du mois pour le moment.
Certes, diplomatiquement, les officiels européens et américains n’ont pas tari d’éloges sur le génie et pacifisme des Algériens.
Mais dans les coulisses, les puissances occidentales, la Russie ou la Chine ménagent le régime algérien et tentent de l’aider à s’adapter à cette vague de protestation qui menace son existence.
Les grandes puissances mondiales pensent, d’abord, à leurs intérêts. Et la meilleure démonstration de “ce coup de pouce” nous provient de l’Italie, l’un des pays piliers de l’Union Européenne.
Malgré l’illégitimité actuelle des décideurs du régime algérien, les autorités italiennes ont donné sans coup férir leur feu vert pour le renouvèlement du contrat de vente/achat de gaz naturel algérien au profit de l’Italie pour une durée de huit (08) ans. Mardi dernier, le contrat a été paraphé, pour le côté algérien, par le vice-président chargé de l’activité commercialisation, Hachmei Mazighi, et pour le côté italien, par le directeur exécutif, d’Edison, Nicolas Monti, en présence du P-dg de Sonatrach, Rachid Hachichi, et du vice-président chargé du management et gaz du groupe Edison, Pierre Vergerio. Cet accord, précédé par d’autres renouvellements de contrats respectivement avec les italiennes Eni et Enel, permettra à Sontrach de consolider sa position sur le marché italien et demeurer l’un de ses principaux fournisseurs en gaz naturel.
Le renouvellement de ce contrat en pleine ébullition politique, et en négociation avec des dirigeants algériens qui ne sont pas élus ou désignés par une majorité populaire, démontre que l’Europe ne se soucie nullement de la légitimité constitutionnelle ou politique du régime algérien ni des profondeurs des revendications politiques du peuple algérien. Le gaz, cette précieuse matière première notamment en cette période d’hiver, justifie aux yeux de l’Europe de maintenir la reconnaissance politique de ce régime rejeté massivement par sa population.
Les chinois adoptent la même attitude que les européens vis-à-vis de l’Algérie. Certes, la prudence demeure de mise, les sociétés chinoises ont gelé de nombreuses activités en Algérie, mais les autorités chinoises préfèrent privilégier le pragmatisme au réalisme politique. Tant que le régime algérien est en place, on continue de discuter avec lui pour le business. Depuis mardi dernier, la vice présidente du comité permanent de l’Assemblée populaire provinciale de Hainan (Chine) est en visite à Alger. Et elle a rencontré de nombreux hauts responsables algériens pour parler “des relations bilatérales et les voies et moyens de développer les relations de coopération et de partenariat dans ce domaine”, précise l’ambassade de Chine à Alger selon une dépêche officielle de l’agence gouvernementale l’APS.
Naturellement, le Hirak, les revendications démocratiques des Algériens, la Chine s’en contrefiche royalement. Les américains sont, peut-être, la première force internationale qui insiste sur le respect de la volonté populaire des Algériens qui se mobilisent massivement chaque vendredi depuis le 22 février dernier. Mais, eux-aussi, ils ne musclent pas leur discours vis-à-vis du régime algérien et poursuivent leur collaboration avec les hauts responsables de l’Etat algérien sans tenir compte de son illégitimité constitutionnelle et politique. L’ambassadeur des Etats Unis en Algérie, John Desrocher a affirmé récemment que l’établissement de nouveaux partenariats avec l’Algérie reste “une des priorités des Etats-Unis d’Amérique”.
Et si le peuple algérien rejette le scrutin présidentiel du 12 décembre prochain ? Et si le Hirak poursuit sa dynamique et maintient sa pression ? Comment réagiront les américains ? Pour l’heure, la diplomatie US évite de répondre à cette question. C’est le Wait and See.
Les Français, les meilleurs connaisseurs du régime algérien et de ses rouages complexes, conservent, eux-aussi, un silence intriguant. Exceptés quelques voeux favorables à une transition pacifique et favorable aux revendications des Algériens, Emmanuel Macron, le président français, et ses collaborateurs ou ministres ne se positionnent pas sur l’Algérie.
La Russie de Poutine a dévoilé son attitude lors de sa rencontre avec Abdelkader Bensalah le 24 octobre dernier en marge du sommet Russie-Afrique à Sotchi. Un sourire narquois, une attitude neutre et aucune caution particulière excepté une écoute attentive.
Le régime algérien n’est pas particulièrement apprécié ou aimé, mais les grandes puissances ne veulent pas s’aventurer en tablant sur un changement positif en Algérie dans le sillage du tourbillon du Hirak populaire.
Le régime algérien s’en sort ainsi dans cette situation complexe grâce à un seul atout géostratégique : la promesse d’une stabilité qui arrange les intérêts de toutes les grandes puissances.
Mais cet atout, il risque rapidement de le perdre s’il échoue le 12 décembre prochain à organiser des élections présidentielles en bonne et due forme.
Algerie Part
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