Nous publions ici avec l’aimable autorisation des éditions du Cerf et de l’auteur des extraits de « Où va l’Algérie ?... » de Mohamed Sifaoui publié en France le 21 février.
À propos des frères Bouteflika
(…) Même si les discussions sont totalement secrètes, plusieurs sources parlent de réunions organisées entre les trois frères qui aboutissent à des décisions que Saïd se charge de transmettre et de faire exécuter. Dire que l’Algérie est gérée par une fratrie n’est donc guère excessif. Tantôt depuis le siège de la Présidence d’El Mouradia, où il a un bureau, d’autres fois à partir de la résidence médicalisée de Zéralda, où il a un autre bureau, le fameux « Saïd » – que d’aucuns n’appellent désormais que par son prénom – s’occupe quasiment de tout. « Il est à la fois le secrétaire particulier, le porte-parole officieux et le chef de la sécurité », précise une source algérienne ayant longtemps joué un rôle de sherpa dans le dispositif présidentiel avant d’être écartée par Saïd Bouteflika qui, depuis 2005, avait commencé par faire le vide autour de lui ne laissant que des « responsables » qu’il peut gérer et surtout diriger, sans disposer d’une quelconque légitimité, sinon celle que lui confère sa proximité avec un président amoindri et affecté dans ses capacités cognitives, donc de discernement. Attention ! Je ne dis pas que le premier magistrat du pays n’est pas conscient de ce qui se passe autour de lui, comme le prétendent certains, j’affirme que la fragilisation, pour cause de maladie, du premier Bouteflika est compensée par le second. En somme, c’est une situation inédite : le président algérien est bicéphale, il s’appelle à la fois Abdelaziz et Saïd Bouteflika. Ce n’est pas un coup d’État ni une usurpation de fonctions, c’est le lien fusionnel entre les deux qui s’est transformé en une sorte de « deux en un » institutionnel. Tous les connaisseurs de la famille le savent : le premier ne fait rien contre les intérêts du second et le second ne fait rien qui pourrait être en contradiction avec les volontés du premier. Il a trop de respect pour lui. Ce qui choque pour des raisons évidentes, c’est ce mélange des genres, c’est ce lien fraternel, qui s’est transposé au plus haut sommet de l’État. Probablement, jamais, nulle part ailleurs l’histoire politique ne propose un tel cas de figure. Y compris chez les Castro, entre Fidel et Raul la chose était différente. Là, à propos du sujet qui nous intéresse, même une feuille de papier à cigarette ne peut pas s’infiltrer entre Abdelaziz et Saïd. Un exemple éloquent : lorsqu’en juillet 2015, trois généraux-majors (Ali Bendaoud, sécurité intérieure ; Djamel Kehal Medjdoub, sécurité présidentielle et Ahmed Moulay Meliani, Garde républicaine) sont brutalement limogés à la suite d’une scabreuse affaire de tirs à la kalachnikov à l’intérieur de la résidence présidentielle que certains se sont empressés de lire comme « une tentative de coup d’État » – comme si en Algérie l’on pouvait imaginer un putsch sans déploiement de force et avec seulement quelques tirs de kalachnikov – le général-major Djamel Kehal Medjdoub, responsable de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP) a reçu un appel de Saïd Bouteflika. « Le Président te demande de rentrer chez toi ! », s’entendra-t-il dire par son interlocuteur au bout du fil. Il ne rencontrera jamais le chef de l’État et ne verra la confirmation de son limogeage qu’à travers un communiqué de la présidence lue à la télévision (…)
Bouteflika, dans l’incapacité de gouverner, mais suffisamment lucide pour rester au pouvoir
(…) Saïd Bouteflika, contrairement à ce qu’affirment certaines élucubrations, ne fait qu’appliquer les souhaits de son aîné. Un fin connaisseur des rouages du système algérien donne trois preuves tangibles qui montrent que c’est bien Abdelaziz Bouteflika qui – même considérablement amoindri – a toujours son mot à dire sur les grands sujets mais c’est Saïd qui transmet et exécute peut-être parfois en faisant du zèle ou des surinterprétations sur quelques dossiers. Il l’influence aussi – incontestablement – sur un certain nombre de sujets. Mon interlocuteur estime que « Premièrement, si Ahmed Ouyahia est encore chef du gouvernement, malgré l’inimitié que lui voue à la fois le chef d’état-major et à un degré moindre Saïd Bouteflika, c’est que le président continue de suivre les affaires importantes. Deuxièmement, les généraux emprisonnés durant l’automne 2018, sur ordre de Gaïd Salah, doivent leur libération à une décision du chef de l’État en personne.
Le procureur militaire qui écoute les ordres de Gaïd Salah n’aurait jamais suivi une directive de Saïd Bouteflika. Enfin, si le même Gaïd Salah est toujours à son poste, c’est aussi une volonté d’Abdelaziz Bouteflika » (…) Si l’activité présidentielle est quasi-nulle, se résumant à de très rares apparitions et à des communiqués lus par des présentateurs des médias publics, il y a, cela dit, de temps à autre, des conciliabules en petits comités avec Abdelaziz Bouteflika, uniquement sur des sujets très importants. Outre les deux frères du Président, Nacer et Saïd, on dénote souvent la présence de conseillers comme Tayeb Belaïz, l’ancien ministre de l’Intérieur devenu « conseiller spécial », celle du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, voire un haut responsable chargé d’un département régalien, par exemple, Gaïd Salah. Le constat fait durant l’automne 2018 était-il encore valable à la fin de la même année au regard de la détérioration constante de l’état de santé du président ? Et sera-t-il toujours d’actualité au moment du scrutin d’avril 2019 ? Aujourd’hui, plusieurs commentaires commencent à accabler le frère cadet uniquement et à dédouaner Abdelaziz Bouteflika. Certaines voix pensent qu’il n’est plus responsable de rien. Je crois sincèrement que l’élément subjectif est en train de gagner les jugements de ceux qui ont de la peine pour ce vieillard amoindri, qui livre une image pathétique. Beaucoup préfèrent le voir comme un pantin seulement entre les mains de son cadet. C’est là un jugement de facilité. S’en prendre aujourd’hui à un frère (valide) en préservant l’autre (malade) est une approximation (…)
Ali Haddad, marchés publics et soutien du clan
(…) L’homme d’affaires a même été autorisé à créer un groupe de presse (deux journaux, en 2009, l’un en arabe Waqt El Djazaïr et son alter ego francophone Le Temps d’Algérie et deux chaînes de télévision, en 2011, Dzaïr TV et Dzaïr News). Ali Haddad achète également l’un des plus prestigieux clubs de football algérois, l’USMA et, entre autres acquisitions, dans la foulée le très chic hôtel El Palace (ex-Ritz) de Barcelone. Un mythique cinq étoiles, situé au cœur de la capitale catalane. Il n’y aura probablement jamais – en tout cas pas sous le règne de Bouteflika – de preuves concrètes qui pourraient mettre en accusation Ali Haddad. Si son nom est mentionné dans les « Panama Papers » comme bénéficiaire d’une société immatriculée en offshores dans les îles vierges, la Kingston Overseas Group Corporation (KOGC), administrée par le même Guy Feite cité dans un précédent chapitre (voir p. 221) qui agit en qualité de fondé de pouvoir. Certains diront il n’y a pas de quoi fouetter un chat et expliqueront que toutes les grandes entreprises reçoivent des « aides » de la part des dirigeants politiques. Peut-être, sauf que l’on sait que le monde de l’entreprise privée, celui de l’argent ne fait pas souvent très bon ménage, à tout le moins sur un plan éthique, avec les élus et les institutions étatiques. Et d’ailleurs, Haddad est-il vraiment « blanc comme neige », comme le répètent certains de ses défenseurs ? À voir. Une enquête du quotidien Le Monde l’avait précisé : « le groupe a connu son essor avec l’avènement d’Abdelaziz Bouteflika, bénéficiant, d’après une lettre de présentation publiée sur le site du groupe et signée par Ali Haddad, de commandes publiques d’un montant global de près de 200 milliards de dinars (près de 2 milliards d’euros) au titre du seul programme complémentaire de soutien à la croissance économique (2005-2009) coïncidant avec le deuxième mandat du président – soit près de 5 % dudit programme.
Le capital social du groupe, qui était de 1,5 milliard de dinars en 2004, est passé à 8,8 milliards de dinars en 2009, tandis que son chiffre d’affaires, qui s’élevait à 7 milliards de dinars en 2006, a frôlé la barre des 39 milliards de dinars en 2014, et atteint 41 milliards de dinars en 2015 ». Disons, de manière factuelle, l’ETRHB est devenue un partenaire important de l’État et particulièrement du clan Bouteflika. Même si plusieurs sources affirment que c’est Haddad qui prend en charge, financièrement parlant, la fratrie, il n’y a rien qui le prouve. Je pense qu’à l’heure actuelle personne n’est en mesure de démontrer matériellement l’existence d’une corruption qui toucherait le président ou son frère. En revanche, on peut s’interroger légitimement sur les passe-droits et les facilitations diverses et variées accordées à Ali Haddad et le clientélisme dont il fait l’objet. Par exemple, l’entreprise s’est engagée à achever la construction d’un stade de football, celui de Tizi Ouzou (en Kabylie), lancée en 2002 et prévu pour accueillir plus de 50 000 spectateurs à partir de 2016. Or, les travaux ne furent entamés qu’en 2010 et rien n’indiquait à la fin de l’année 2018 qu’il serait livré avant 2020 (…)
À propos des frères Bouteflika
(…) Même si les discussions sont totalement secrètes, plusieurs sources parlent de réunions organisées entre les trois frères qui aboutissent à des décisions que Saïd se charge de transmettre et de faire exécuter. Dire que l’Algérie est gérée par une fratrie n’est donc guère excessif. Tantôt depuis le siège de la Présidence d’El Mouradia, où il a un bureau, d’autres fois à partir de la résidence médicalisée de Zéralda, où il a un autre bureau, le fameux « Saïd » – que d’aucuns n’appellent désormais que par son prénom – s’occupe quasiment de tout. « Il est à la fois le secrétaire particulier, le porte-parole officieux et le chef de la sécurité », précise une source algérienne ayant longtemps joué un rôle de sherpa dans le dispositif présidentiel avant d’être écartée par Saïd Bouteflika qui, depuis 2005, avait commencé par faire le vide autour de lui ne laissant que des « responsables » qu’il peut gérer et surtout diriger, sans disposer d’une quelconque légitimité, sinon celle que lui confère sa proximité avec un président amoindri et affecté dans ses capacités cognitives, donc de discernement. Attention ! Je ne dis pas que le premier magistrat du pays n’est pas conscient de ce qui se passe autour de lui, comme le prétendent certains, j’affirme que la fragilisation, pour cause de maladie, du premier Bouteflika est compensée par le second. En somme, c’est une situation inédite : le président algérien est bicéphale, il s’appelle à la fois Abdelaziz et Saïd Bouteflika. Ce n’est pas un coup d’État ni une usurpation de fonctions, c’est le lien fusionnel entre les deux qui s’est transformé en une sorte de « deux en un » institutionnel. Tous les connaisseurs de la famille le savent : le premier ne fait rien contre les intérêts du second et le second ne fait rien qui pourrait être en contradiction avec les volontés du premier. Il a trop de respect pour lui. Ce qui choque pour des raisons évidentes, c’est ce mélange des genres, c’est ce lien fraternel, qui s’est transposé au plus haut sommet de l’État. Probablement, jamais, nulle part ailleurs l’histoire politique ne propose un tel cas de figure. Y compris chez les Castro, entre Fidel et Raul la chose était différente. Là, à propos du sujet qui nous intéresse, même une feuille de papier à cigarette ne peut pas s’infiltrer entre Abdelaziz et Saïd. Un exemple éloquent : lorsqu’en juillet 2015, trois généraux-majors (Ali Bendaoud, sécurité intérieure ; Djamel Kehal Medjdoub, sécurité présidentielle et Ahmed Moulay Meliani, Garde républicaine) sont brutalement limogés à la suite d’une scabreuse affaire de tirs à la kalachnikov à l’intérieur de la résidence présidentielle que certains se sont empressés de lire comme « une tentative de coup d’État » – comme si en Algérie l’on pouvait imaginer un putsch sans déploiement de force et avec seulement quelques tirs de kalachnikov – le général-major Djamel Kehal Medjdoub, responsable de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP) a reçu un appel de Saïd Bouteflika. « Le Président te demande de rentrer chez toi ! », s’entendra-t-il dire par son interlocuteur au bout du fil. Il ne rencontrera jamais le chef de l’État et ne verra la confirmation de son limogeage qu’à travers un communiqué de la présidence lue à la télévision (…)
Bouteflika, dans l’incapacité de gouverner, mais suffisamment lucide pour rester au pouvoir
(…) Saïd Bouteflika, contrairement à ce qu’affirment certaines élucubrations, ne fait qu’appliquer les souhaits de son aîné. Un fin connaisseur des rouages du système algérien donne trois preuves tangibles qui montrent que c’est bien Abdelaziz Bouteflika qui – même considérablement amoindri – a toujours son mot à dire sur les grands sujets mais c’est Saïd qui transmet et exécute peut-être parfois en faisant du zèle ou des surinterprétations sur quelques dossiers. Il l’influence aussi – incontestablement – sur un certain nombre de sujets. Mon interlocuteur estime que « Premièrement, si Ahmed Ouyahia est encore chef du gouvernement, malgré l’inimitié que lui voue à la fois le chef d’état-major et à un degré moindre Saïd Bouteflika, c’est que le président continue de suivre les affaires importantes. Deuxièmement, les généraux emprisonnés durant l’automne 2018, sur ordre de Gaïd Salah, doivent leur libération à une décision du chef de l’État en personne.
Le procureur militaire qui écoute les ordres de Gaïd Salah n’aurait jamais suivi une directive de Saïd Bouteflika. Enfin, si le même Gaïd Salah est toujours à son poste, c’est aussi une volonté d’Abdelaziz Bouteflika » (…) Si l’activité présidentielle est quasi-nulle, se résumant à de très rares apparitions et à des communiqués lus par des présentateurs des médias publics, il y a, cela dit, de temps à autre, des conciliabules en petits comités avec Abdelaziz Bouteflika, uniquement sur des sujets très importants. Outre les deux frères du Président, Nacer et Saïd, on dénote souvent la présence de conseillers comme Tayeb Belaïz, l’ancien ministre de l’Intérieur devenu « conseiller spécial », celle du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, voire un haut responsable chargé d’un département régalien, par exemple, Gaïd Salah. Le constat fait durant l’automne 2018 était-il encore valable à la fin de la même année au regard de la détérioration constante de l’état de santé du président ? Et sera-t-il toujours d’actualité au moment du scrutin d’avril 2019 ? Aujourd’hui, plusieurs commentaires commencent à accabler le frère cadet uniquement et à dédouaner Abdelaziz Bouteflika. Certaines voix pensent qu’il n’est plus responsable de rien. Je crois sincèrement que l’élément subjectif est en train de gagner les jugements de ceux qui ont de la peine pour ce vieillard amoindri, qui livre une image pathétique. Beaucoup préfèrent le voir comme un pantin seulement entre les mains de son cadet. C’est là un jugement de facilité. S’en prendre aujourd’hui à un frère (valide) en préservant l’autre (malade) est une approximation (…)
Ali Haddad, marchés publics et soutien du clan
(…) L’homme d’affaires a même été autorisé à créer un groupe de presse (deux journaux, en 2009, l’un en arabe Waqt El Djazaïr et son alter ego francophone Le Temps d’Algérie et deux chaînes de télévision, en 2011, Dzaïr TV et Dzaïr News). Ali Haddad achète également l’un des plus prestigieux clubs de football algérois, l’USMA et, entre autres acquisitions, dans la foulée le très chic hôtel El Palace (ex-Ritz) de Barcelone. Un mythique cinq étoiles, situé au cœur de la capitale catalane. Il n’y aura probablement jamais – en tout cas pas sous le règne de Bouteflika – de preuves concrètes qui pourraient mettre en accusation Ali Haddad. Si son nom est mentionné dans les « Panama Papers » comme bénéficiaire d’une société immatriculée en offshores dans les îles vierges, la Kingston Overseas Group Corporation (KOGC), administrée par le même Guy Feite cité dans un précédent chapitre (voir p. 221) qui agit en qualité de fondé de pouvoir. Certains diront il n’y a pas de quoi fouetter un chat et expliqueront que toutes les grandes entreprises reçoivent des « aides » de la part des dirigeants politiques. Peut-être, sauf que l’on sait que le monde de l’entreprise privée, celui de l’argent ne fait pas souvent très bon ménage, à tout le moins sur un plan éthique, avec les élus et les institutions étatiques. Et d’ailleurs, Haddad est-il vraiment « blanc comme neige », comme le répètent certains de ses défenseurs ? À voir. Une enquête du quotidien Le Monde l’avait précisé : « le groupe a connu son essor avec l’avènement d’Abdelaziz Bouteflika, bénéficiant, d’après une lettre de présentation publiée sur le site du groupe et signée par Ali Haddad, de commandes publiques d’un montant global de près de 200 milliards de dinars (près de 2 milliards d’euros) au titre du seul programme complémentaire de soutien à la croissance économique (2005-2009) coïncidant avec le deuxième mandat du président – soit près de 5 % dudit programme.
Le capital social du groupe, qui était de 1,5 milliard de dinars en 2004, est passé à 8,8 milliards de dinars en 2009, tandis que son chiffre d’affaires, qui s’élevait à 7 milliards de dinars en 2006, a frôlé la barre des 39 milliards de dinars en 2014, et atteint 41 milliards de dinars en 2015 ». Disons, de manière factuelle, l’ETRHB est devenue un partenaire important de l’État et particulièrement du clan Bouteflika. Même si plusieurs sources affirment que c’est Haddad qui prend en charge, financièrement parlant, la fratrie, il n’y a rien qui le prouve. Je pense qu’à l’heure actuelle personne n’est en mesure de démontrer matériellement l’existence d’une corruption qui toucherait le président ou son frère. En revanche, on peut s’interroger légitimement sur les passe-droits et les facilitations diverses et variées accordées à Ali Haddad et le clientélisme dont il fait l’objet. Par exemple, l’entreprise s’est engagée à achever la construction d’un stade de football, celui de Tizi Ouzou (en Kabylie), lancée en 2002 et prévu pour accueillir plus de 50 000 spectateurs à partir de 2016. Or, les travaux ne furent entamés qu’en 2010 et rien n’indiquait à la fin de l’année 2018 qu’il serait livré avant 2020 (…)
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