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Kamel Daoud, un mercenaire au service de Caïd Essebsi ?

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  • Kamel Daoud, un mercenaire au service de Caïd Essebsi ?

    Par Sadri Khiari, 5 Octobre 2017
    Comment penser qu’une personne honorable, dotée d’un certain sens de la dignité, puisse écrire que le chef de l’Etat tunisien est « la figure de proue du mouvement réformiste dans le monde arabe » ? On ne le peut pas. Seul un individu parfaitement méprisable le pourrait.
    Je crois que je ne devrais jamais me prononcer sur un texte sans l’avoir lu au moins deux fois. Sinon, je me trompe. Prenez par exemple latribune de Kamel Daoud intitulée « Le prochain Printemps arabe ? Les droits de la femme ». Elle est parue le premier de ce mois dans le New York Times et reprise intégralement dans La Presse.
    Je l’ai d’abord lue rapidement et j’ai écris ceci :
    "Je me demande combien on l’a payé pour écrire des insanités pareilles. Notez bien que je ne me demande pas s’il a été payé ou non ; j’affirme comme ça, sans preuve, qu’il a été payé et je m’interroge sur la somme perçue. D’une certaine manière, c’est faire preuve de complaisance : il avait une marchandise, sa plume et sa notoriété, il l’a vendue. C’est une opération commerciale. Ni plus ni moins.
    Si, de sa seule initiative, il avait écrit que Béji Caïd Essbsi était « le bon révolutionnaire arabe du moment », cela aurait été particulièrement dégoutant.
    Comment imaginer en outre que gracieusement un homme honnête présente notre président comme « avocat de formation et ancien militant de la décolonisation » alors que l’essentiel de sa carrière a consisté à servir l’autoritarisme de Bourguiba puis la dictature de Ben Ali ?
    Comment penser qu’une personne honorable, dotée d’un certain sens de la dignité, puisse écrire de sa propre volonté que le chef de l’Etat tunisien est « la figure de proue du mouvement réformiste dans le monde arabe » ? On ne le peut pas. Seul un individu parfaitement méprisable le pourrait.
    C’est pour ça que je préfère supposer que Kamel Daoud a été payé, et sans doute grassement, pour rédiger ce texte qui, dans sa manière, ressemble à s’y méprendre aux articles de propagande benaliste que l’ATCE commandait à des intellectuels et journalistes étrangers, à l’approche des échéances électorales, comme les présidentielles".
    Puis j’ai eu un doute. Je me suis dit que Kamel Daoud avait une trop haute opinion de lui-même pour se satisfaire d’un rôle de mercenaire. Rémunéré ou non, il ne pouvait se contenter de faire le panégyrique idiot du président tunisien.
    Alors, j’ai relu sa tribune et j’ai écris ceci :
    "Evoquant les récentes déclarations de Béji Caïd Essebsi concernant l’égalité successorale et le droit des Tunisiennes musulmanes d’épouser un non-musulman, Kamel Daoud leur trouve « le mérite de mettre en lumière l’essentiel de ce qui doit encore se faire dans le monde musulman pour achever les printemps arabes ». Une phrase étrange qui suggère, contre toute attente, que les « printemps arabes » auraient déjà pour une grande part réalisé leurs promesses.
    Que peut bien signifier cette phrase si l’on admet que son auteur est pourvu du minimum d’intelligence requis pour obtenir un prix littéraire français et qu’il n’est pas dans l’ignorance totale de la situation actuelle dans les pays arabes ? Que peut-il donc entendre par « l’essentiel » et par « achever les printemps arabes » quand on sait les désastres meurtriers en Irak, en Syrie et en Libye, les bains de sang au Yémen, le despotisme militaire égyptien, la contre-révolution rampante en Tunisie et la répression des révoltes du Rif marocain ?
    Pour toute personne un peu censée, la situation tragique du monde arabe aujourd’hui n’épargne pas plus les femmes que les hommes. Or, Kamel Daoud est une personne censée qui sait parfaitement qu’au-delà de l’inégalité dont les femmes sont victimes, ce qui caractérise aujourd’hui la majorité des pays arabes, c’est l’égalité de la misère, des prisons et des fosses communes. On ne peut donc le croire lorsqu’il se pose en avocat du droit des femmes. Alors ?
    La clef, il nous la donne en conclusion : « M. Essebsi a ouvert une brèche énorme dans le socle du conservatisme musulman, et a créé un antécédent unique, validant divers mouvements féministes et intellectuels. Sa prise de position n’a pas encore été appréciée à sa juste valeur: elle est révolutionnaire — copernicienne, même. Le président tunisien a clamé l’égalité de la femme dans le monde arabe, un univers social où la Terre semble encore plate. »
    On comprend mieux ainsi ce qu’il entend par « l’essentiel » et par « achever les printemps arabes ». Ces derniers ne représentent pas pour lui la possibilité de voir advenir la démocratie, la souveraineté populaire et la justice sociale mais l’occasion pour le monde arabe de se débarrasser de ce qui en fait « un univers social où la Terre semble encore plate », c’est-à-dire de l’islam. Et « l’essentiel » ce ne sont pas les droits des femmes pour les femmes mais les droits des femmes en tant que moyen de combattre l’islam. Béji Caïd Essebsi est un révolutionnaire, nous explique Kamel Daoud, parce que nous vivons au moyen-âge de l’Europe. Il aurait été plus judicieux d’écrire : Béji Caïd Essebsi achève la révolution comme on achève un blessé.

  • #2
    Excellent article. Tout est exact et étayé.

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    • #3
      C'est fou d'être aussi inculte.
      A chaque fois qu'il parle de sujets internationaux, il est à coté de ses pompes.:22:

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      • #4
        Pour se faire une opinion plus claire sur l'affaire, voici l'article de Kamel Daoud objet de la critique de Sadri Khiari:
        Le prochain printemps arabe? Les droits de la femme

        ORAN, Algérie — Qui fait encore la révolution dans le monde arabe? Pas les islamistes, qui se sont piégés dans la violence ou le radicalisme. Ni les élites de gauche, vieillissantes, désarmées et discréditées après la débâcle de leurs nationalismes. Ni les jeunes blogueurs qui étaient à la pointe de la contestation durant les printemps arabes: Ils sont maintenant freinés, voire paralysés, par la pression ou la censure (dans toute la région), la surveillance policière (en Algérie, au Maroc et en Arabie saoudite), la prison (en Egypte) ou la mort (en Syrie).

        A ce constat sévère, il semble que personne n’échappe, sauf un vieillard maghrébin, avocat de formation et ancien militant de la décolonisation: Béji Caïd Essebsi, le président tunisien. Le bon révolutionnaire arabe du moment n’est autre qu’un chef d’état de 90 ans.

        Si cette affirmation étonne, c’est qu’en Occident on n’a pas encore mesuré la finesse politique de cet homme qui réussit doucement à consolider un consensus difficile entre démocrates et islamistes. La Tunisie connait certes des difficultés, notamment économiques, et une vive controverse autour d’une loi — soutenue par M. Essebsi — qui propose d’amnistier des anciens fonctionnaires accusés de corruption. Mais le président tunisien est aussi devenu la figure de proue du mouvement réformiste dans le monde arabe en annonçant son soutien à la parité du droit d’héritage entre hommes et femmes et au droit des femmes musulmanes d’épouser des étrangers de confession non-musulmane.

        Selon les prescriptions de la jurisprudence islamique, sauf exception rare, la femme n’a droit qu’à la moitié de l’héritage qui reviendrait à un homme à sa place. En Tunisie, comme ailleurs dans le monde arabe, les textes de loi n’osent pas s’attaquer à ce tabou. Vient s’ajouter à ces règles un système de patriarcat qui dépossède systématiquement et largement la veuve au bénéfice de ses beaux-frères et de ses beaux-parents. Ces dispositions fragilisent l’indépendance de la femme, et la réduisent souvent au statut d’une personne assistée à vie.

        Même si les constitutions en Tunisie, en Algérie ou ailleurs déclament la liberté de conscience et de croyance, en Algérie, par exemple, le choix d’une femme d’épouser un non-musulman est soumis à des contraintes dissuasives féroces. Le mari étranger est tenu de se convertir à l’islam, avec témoins et certificat à l’appui. Dans le sens inverse — quand un Tunisien musulman souhaite épouser une non-musulmane — rien n’est exigé de la femme, cette heureuse élue.

        Ces deux dispositions, qui existent sous une forme ou une autre depuis des siècles, participent au socle idéologique de la société musulmane, encore très rurale dans l’ensemble. Aucun leader politique, ou presque, n’avait osé les remettre en question et prendre le risque de perdre ses soutiens populaires. (Le projet de réforme de Habib Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne et son premier président, avait buté contre la farouche résistance des conservateurs et des religieux.)

        Et voici qu’en août M. Essebsi prononça un discours devant le gouvernement tunisien qui provoqua une tempête. Tout en annonçant qu’il ne voulait pas choquer le peuple tunisien, majoritairement musulman, il a rappelé que selon la constitution l’état était « civil » et a ajouté, au sujet des droits des hommes et des femmes: «il faut que nous disions que nous allons vers l’égalité entre eux dans tous les domaines. Et toute la question réside dans l’héritage.»

        Mi-septembre, autre coup de tonnerre: à sa demande, le gouvernement a abrogé une circulaire administrative datant de 1973 qui interdisait aux femmes tunisiennes d’épouser un non-musulman. Monia Ben Jémia, la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, souligna le sens de ce geste pour le monde arabe tout entier: «La Tunisie devient une sorte de modèle endogène de progrès. Cela interpelle nos voisins maghrébins; c’est très positif.»

        Conscients de l’immense impact des déclarations de M. Essebsi, des islamistes de tous bords n’ont pas tardé à réagir. Un prédicateur égyptien résidant en Turquie a traité le vieux Tunisien de «criminel, mécréant, apostat et laïc». Au Caire, l’adjoint du grand imam d’Al Azhar, la plus haute autorité religieuse sunnite, a déclaré sur sa page Facebook que l’égalité dans l’héritage «porte atteinte à la femme, n’est pas juste avec elle et est contraire à la charia islamique». En Algérie, ou j’habite, des journaux islamistes ont attaqué M. Essebsi de biais, faisant écho aux voix qui le condamnaient ailleurs.

        Pour sa part, le principal parti islamiste tunisien, Ennahdha, a adopté une position officielle de réserve et de silence — conscient peut-être qu’une résistance ouverte lui donnerait un mauvais rôle alors que le pays se prépare à des élections municipales dans quelques mois. On pourrait appeler ça une posture politicienne, mais elle n’est pas moins inédite pour autant: au contraire, parce qu’elle fait primer le politique sur l’idéologique.

        Les déclarations de M. Essebsi ont aussi le mérite de mettre en lumière l’essentiel de ce qui doit encore se faire dans le monde musulman pour achever les printemps arabes. Il ne suffit pas d’avoir fait tomber la dictature; reste encore à renverser le patriarcat. En plus de revoir les constitutions ou de limiter les mandats de certains dirigeants, il faut assurer les droits fondamentaux en pratique, tout particulièrement l’égalité entre hommes et femmes.

        Pour l’heure, partout dans le monde arabe la loi entérine l’inégalité entre les sexes, surtout en matière d’héritage. En Algérie, malgré les luttes des associations féministes et de leaders démocrates depuis l’indépendance du pays en 1962, le code de la famille reste calqué sur la charia: la femme ne peut pas choisir un époux sans qu’un tuteur valide sa sélection. Le crime d’honneur — pour adultère, entre autres — reste très répandu, y compris dans des pays dits modérés comme la Jordanie.

        Ainsi le vieux révolutionnaire tunisien a dévoilé une des mécaniques qui handicapent encore le monde arabe: la collusion entre les lois civiles et les lois religieuses. Ces dernières doublent et modifient les premières, et en transforment l’esprit, clandestinement ou ouvertement. Mais les positions de M. Essebsi laissent aussi entrevoir des moyens de résistance et de profonde réforme.

        Est-ce donc l’aube d’un nouveau printemps arabe? On peut le croire. Le Maroc, la Jordanie et le Liban ont finalement aboli les lois qui permettaient au violeur d’une femme d’échapper aux poursuites s’il l’épousait. La semaine dernière, le roi de l’Arabie saoudite a autorisé les femmes à conduire.

        Mais les Saoudiennes, par exemple, ne peuvent toujours pas voyager ou s’habiller librement. C’est donc M. Essebsi qui a ouvert une brèche énorme dans le socle du conservatisme musulman, et a créé un antécédent unique, validant divers mouvements féministes et intellectuels.

        Sa prise de position n’a pas encore été appréciée à sa juste valeur: elle est révolutionnaire — copernicienne, même. Le président tunisien a clamé l’égalité de la femme dans le monde arabe, un univers social où la Terre semble encore plate.

        KAMEL DAOUD
        The New York Times – OCT. 1, 2017
        "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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        • #5
          Je dirais la même chose que K D, Essebsi a ouvert la voie concernant le droit des femmes.
          Bourguiba avant lui l'a fait aussi mais y a eu regression plus forte dans le monde arabe à cause de l'intégrisme religieux.
          ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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          • #6
            - Le Maroc, la Jordanie et le Liban ont finalement aboli les lois qui permettaient au violeur d’une femme d’échapper aux poursuites s’il l’épousait. La semaine dernière, le roi de l’Arabie saoudite a autorisé les femmes à conduire-.

            Dans le cas du Maroc, c'est erroné. L'article 475 du Code pénal marocain est toujours en vigueur et nombreuses associations militent pour son abrogation.

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            • #7
              Parler de Caid Essebssi comme le seul révolutionnaire Arabe, c'est un peu fort de tisane.
              Pourquoi ne pas dire que le prince héritier de l'AS est aussi révolutionnaire?

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              • #8
                Boub

                concernant la femme dans la succession, c'est effectivement révolutionnaire dans un monde arabe si kal Allah Kal errassoul.


                Le droit de conduire des femmes n'est ^pas du tout révolutionnaire.
                ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                • #9
                  Envoyé par Bachi
                  Le droit de conduire des femmes n'est pas du tout révolutionnaire.
                  En A.S, c'est le cas.

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                  • #10
                    Si, de sa seule initiative, il avait écrit que Béji Caïd Essbsi était « le bon révolutionnaire arabe du moment », cela aurait été particulièrement dégoutant.
                    Comment imaginer en outre que gracieusement un homme honnête présente notre président comme « avocat de formation et ancien militant de la décolonisation » alors que l’essentiel de sa carrière a consisté à servir l’autoritarisme de Bourguiba puis la dictature de Ben Ali ?
                    Il suffit de démontrer que ce monsieur n'est pas avocat et ancien militant de la décolonisation. Or vous ne le démontrez pas.
                    Maintenant dire qu'il a servi l'autoritarisme de Bourguiba et Ben Ali,moi je connais des militants de la décolonisation des qui ont servi l’autoritarisme de Boumedienne,de Chadli et Bouteflika et ils sont toujours au pouvoir,doit on pour autant nier leurs participation

                    Et « l’essentiel » ce ne sont pas les droits des femmes pour les femmes mais les droits des femmes en tant que moyen de combattre l’islam
                    L'islam n'a pas besoin des femmes pour le combattre les males, se font un malin plaisir a l'humilier.
                    Ce monsieur a le droit critiquer KD.

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                    • #11
                      L'usage de la femme est très vendeur, déjà usée à la corde elle est pour quelques-uns un outil privilégié pour passer des lois. Elle est à protéger des KD et Essebsi tout comme des barbus.

                      En passant,
                      avec « un univers social où la Terre semble encore plate » il est à souligner que la terre ronde, le big bang et la relativité sont de simples théories ficelées et empaquetées, à prendre tel quel.
                      وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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                      • #12
                        Béji Caïd Essebsi est un révolutionnaire, nous explique Kamel Daoud
                        oui, il a crée lui aussi son zabour ....La révolution réside dans un islam sans Allah ....

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                        • #13
                          Bachi,

                          J'ai répondu à ton message en écrivant un article de journal que j'ai perdu car j'ai dû quitter le bureau précipitamment.

                          Je ne vais pas reproduire tout mais en résumé ça donne cela.

                          Chez les sunnites, contrairement aux rites chaféites, hanbalites et hanéfites, le rite malékite est loin d'appliquer les préceptes de l'Islam à la lettre sur la succession et notamment le traitement inégalitaires entre les femmes et les hommes.

                          Chez les chiites, certains courants comme les Keramates, il n'y a aucune différence entre les hommes et les femmes dans les héritages.

                          Donc dire que la loi tunisienne est révolutionnaire, c'est mal connaître le monde musulman et monde arabe.

                          Qualifier Caid Essebsi de révolutionnaire est méconnaître le monde arabo musulman et surtout ignorer l'histoire de cet homme. Enfin, c'est mon avis et cela n'engage que moi.

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