« Les descendants de collaborateurs et de traîtres devraient se taire »
Tsa
Hocine Zehouane, avocat et ancien Moudjahid, réagit à la polémique suscitée en Algérie par le livre « Si Bouaziz Bengana, dernier roi des Ziban », écrit par Ferial Furon et paru en France.« Je trouve scandaleux que des héritiers et des descendants de collaborateurs et de traîtres viennent aujourd’hui avec une puissance financière à la main redorer l’image de leurs parents en plein public. Ils devraient se taire », a-t-il estimé dans une déclaration à TSA, ce samedi 25 février, en marge d’une conférence à Alger.L’un des fondateurs de la première Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH) en 1985 regrette que l’histoire des Bengana ne soit enseignée à l’école. « Je ne dis pas que les enfants sont responsables des forfaits de leurs parents mais ils doivent se remettre en cause. Malheureusement, l’histoire de Bengana, connu dans le cercle des collaborateurs de premier plan, n’est pas enseignée à l’école », a-t-il relevé.Ferial Furon est l’arrière-petite-fille de Bachagha Bengana. Ce dernier avait choisi, en 1839, de combattre aux côtés des colonisateurs français se rendant coupable de nombreux crimes.Hocine Zehaoune s’est exprimé aussi sur la polémique suscitée par les propos d’Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité ».« Est ce la colonisation est un crime contre l’humanité ? Je dis oui », a-t-il dit. « En Algérie, la colonisation française a réduit la population de 25%, selon les statistiques d’historiens occidentaux. Lors de la Bataille d’Alger, 7000 personnes ont disparu. À cela s’ajoute, la systématisation de la torture », détaille Hocine Zahouane.L’avocat cite également l’exemple de la conquête de l’Amérique après la découverte de 1492. « En Amérique, 15 millions d’indiens ont été exterminés. De grands historiens l’ont dit», a-t-il noté.Hocine Zahouane, qui a connu les prisons durant la période coloniale entre 1955 et 1957, ne voit aucun intérêt à demander aujourd’hui des excuses à la France officielle.« Il faut un travail d’historiens. En tant que combattant de l’ALN, je considère que le problème a été réglé le 5 juillet 1962. Nous avons repris notre indépendance. Ils sont partis. Nous avons eu une indépendance totale et radicale. Notre tribut a été récompensé. Mais, il faut se donner la puissance médiatique nécessaire pour remettre les choses en place. Pour les Français, ce n’est pas fini. Il y a un syndrome algérien en France. Il le restera pendant longtemps », a-t-il dit saluant la contribution de nombreux Français à l’indépendance algérienne.Pour lui, « le concept de crime contre l’humanité a été forgé après la Seconde guerre mondiale, lors du tribunal de Nuremberg, le tribunal des vainqueurs ».Militant du MTLD, au milieu des années 1950, Hocine Zahouane avait rejoint l’ALN après sa sortie de prison pour être désigné officier de la Wilaya historique III (Kabylie). Il s’était opposé au coup d’État militaire de Houari Boumediène du 19 juin 1965. Position qui lui avait valu une assignation à résidence jusqu’en 1971. L’avocat avait choisi ensuite de vivre en exil en France jusqu’à la mort de Boumediène en 1978.
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