Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Kamel Daoud : « Nous sommes des sacs vides »

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • #16
    J'ai durant plusieurs années lu les chroniques journalières (ou presque) de Kamel Daoud publiées au Quotidien d'Oran et trouve qu'il a toujours été d'une sévérité égale envers à la fois les peuples et les gouvernants algériens et des pays islamiques, en particulier arabes. Les lecteurs auxquels ils s'adressaient le lisaient pour la justesse de ses analyses, sa liberté de ton et son courage.Et on ne peut pas dire que les lecteurs du Quotidien d'Oran sont américains, français, allemands ou autres.
    Kamel Daoud est un journaliste et écrivain algérien qui s'est toujours adressé aux algériens. Pour cela, je lui suis reconnaissant pour le respect qu'il a toujours témoigné à ses lecteurs algériens en leur parlant toujours des sujets qui les préoccupent, eux, pas les "médiacraties" européennes et nord-américaines.

    Commentaire


    • #17
      ▬ Kamel Daoud ▬
      /Palestine : à propos de «dénoncer»
      A Gaza, le massacre continue. Que faire? Un midi, un ami téléphona au chroniqueur. On était aux trois premiers jours de l'attaque meurtrière contre les Palestiniens. «Ecris une chronique pour dénoncer Israël». Moments de colère contre la colère : on en est encore à dénoncer ? Croit-on encore que c'est cela le devoir de chacun ? Ne voit-on pas que le crime est évident, le mort est mort et à chaque fois tué, qu'il ne s'agit plus de dénoncer mais de comprendre, au cœur même de l'émotion, pourquoi on en est arrivé là ? On dénonce un crime au début, en 48, peut-être encore une ou deux fois, on s'indigne, mais après, il faut conclure : il faut penser au moyen de l'arrêter. Dénoncer est désormais un geste dépassé.
      A la limite de l'effet de mode et de la quête de la bonne conscience. Même si l'émotion est compréhensible, elle ne doit plus servir à s'aveugler. Ce midi, le chroniqueur a choisi de dénoncer : non pas le crime car il est commis sur les toits du monde, sous l'œil de tous, mais de dénoncer nos impuissances parfaites. Dénoncer ce qui a mené l'opprimé à être si seul. Dénoncer donc nos aveuglements, nos solidarités mal pensées et nos faiblesses et nos colères aveuglantes. Le choix a été fait de dénoncer non pas le crime, mais ce qui a mené le tueur à pouvoir l'accomplir en plein jour, sous le nez cassé du monde, sans reculer.
      Le chroniqueur a essayé de proposer un au-delà de l'émotion et des émotions ô combien commodes, déjà : en Palestine, comme ailleurs dans ce monde « arabe » qui n'en finit par de mourir depuis quatre siècles, il s'agit d'échecs qui ne sont même pas assumés. On préfère en inculper le « régime », le lobby, le complot ou l'autre, l'Occident, ses médias ou sa puissance, la Ligue « arabe » ou la femme sans voile. On ne veut pas voir dans l'impuissance un acte de chacun. Dénoncer, oui : mais la faiblesse, l'échec et la cécité.
      Pour la Palestine, il faut une quête de paix mais aussi les moyens de puissance pour la négocier. Et cette puissance se construit par chacun, sur des générations. Que peut ce monde « arabe », lui qui ne propose rien au monde, qui n'a pas des économies performantes capables de peser, peu d'armées et si peu de moyens ? Ne voit-on pas que si le tueur tue en Palestine, c'est aussi parce qu'il évalue à sa juste mesure le rapport de force ? Ne voit-on pas le lien immédiat entre dictatures «arabes» et sous-développement des peuples et cécité des peuples? Pourquoi refuse-t-on de voir le lien entre les compromissions de chacun, au quotidien, les lâchetés, les vols et les incivismes et le manque d'engagement, avec la faiblesse des pays et donc l'isolement du Palestinien ? Pourquoi refuse-t-on de lier le sens de ses actes à celui de ses impuissances ? Pourquoi refuse-t-on de comprendre que la puissance vient de la créativité et que la créativité vient de la liberté comme culte et valeur ? Comment veut-on obtenir la liberté de la Palestine alors que l'on refuse de concevoir la liberté chez soi?
      Et donc, au troisième jour du massacre, le chroniqueur a refusé de dénoncer l'évidence pour écrire sur ce qu'on se cache : les effets de mode, le manque de conscience, les appels à la guerre mais en mode assis, les émotions faciles qui s'éteindront quand la guerre sera mise en sursis, les solidarités sélectives, les appels de haine qui dégradent. Les images du crime à Gaza sont horribles et le crime continue et il ne sera stoppé que le jour où les puissances le décideront. C'est la voie : devenir une puissance. A long terme. Et dans l'immédiat face à la douleur ? S'indigner oui, mais sans se disculper. Etre en colère, mais aussi contre soi-même. Dénoncer, mais ne pas s'innocenter.
      Ce n'est pas le moment ? Justement oui : on a cette habitude criminelle d'oublier, après. De ne pas y penser et de s'enfoncer dans les routines des peuples. C'est justement à l'heure du crime qu'il faut lever le voile sur les raisons du crime. C'est maintenant qu'il faut commencer à comprendre. S'indigner est légitime et aidera à rendre « humaine » la cause et inhumaine la guerre. Mais pas seulement. Le meurtre de l'opprimé est aussi notre acte. Discret.
      Le chroniqueur a choisi de ne pas dénoncer un crime commis en plein jour. Cela tombe sous le sens. Tout le monde voit qui tue qui. Il rêve de lucidité, de prise de conscience et de responsabilité. La paix comme la puissance se construisent. Avec le savoir, quand nous pousserons nos enfants à aller plus loin que nous dans la maîtrise du monde, quand nous investirons le monde au lieu de lui tourner le dos, quand nous construirons des pays, pas des exils. En attendant, le crime est là et continuera. Kamel Daoud / 2014.

      [

      Commentaire


      • #18
        Azul Zwina ,

        Envoyé par Zwina
        J'appréciais ses articles avant sa venue en France où il a tourné sa veste pour plaire à un lobby médias qui n'est pas des plus recommandables.
        Je sais que c'est un enfant qui a grandi dans un douar de l'ouest algérien ,issu d'une famille très modeste qui a réussi grace à sa plume sans l'aide de personne . IL vit en Algérie .Ses écrits dénotent son courage et ses capacités d'observation et d'analyse ,il n'est pas obligé de suivre le troupeau , cette chronique concernant Ghaza est une illustration .
        Dernière modification par ELKSOURI, 09 février 2017, 16h45.

        Commentaire


        • #19
          ElKsouri

          Le chroniqueur a essayé de proposer un au-delà de l'émotion et des émotions ô combien commodes, déjà : en Palestine, comme ailleurs dans ce monde « arabe » qui n'en finit par de mourir depuis quatre siècles, il s'agit d'échecs qui ne sont même pas assumés. On préfère en inculper le « régime », le lobby, le complot ou l'autre, l'Occident, ses médias ou sa puissance, la Ligue « arabe » ou la femme sans voile. On ne veut pas voir dans l'impuissance un acte de chacun. Dénoncer, oui : mais la faiblesse, l'échec et la cécité.
          Pour la Palestine, il faut une quête de paix mais aussi les moyens de puissance pour la négocier. Et cette puissance se construit par chacun, sur des générations. Que peut ce monde « arabe », lui qui ne propose rien au monde, qui n'a pas des économies performantes capables de peser, peu d'armées et si peu de moyens ? Ne voit-on pas que si le tueur tue en Palestine, c'est aussi parce qu'il évalue à sa juste mesure le rapport de force ? Ne voit-on pas le lien immédiat entre dictatures «arabes» et sous-développement des peuples et cécité des peuples? Pourquoi refuse-t-on de voir le lien entre les compromissions de chacun, au quotidien, les lâchetés, les vols et les incivismes et le manque d'engagement, avec la faiblesse des pays et donc l'isolement du Palestinien ? Pourquoi refuse-t-on de lier le sens de ses actes à celui de ses impuissances ? Pourquoi refuse-t-on de comprendre que la puissance vient de la créativité et que la créativité vient de la liberté comme culte et valeur ? Comment veut-on obtenir la liberté de la Palestine alors que l'on refuse de concevoir la liberté chez soi?
          Voilà le Daoud que je préfère. Il explique parfaitement pourquoi La Palestine est victime de l'impuissance du monde arabe à faire de leurs pays des démocraties réelles. Tant que les peuples n'auront pas de liberté ni les moyens d'empêcher que leur jeunesse ne se précipite en Europe ou en Amérique pour étudier ou travailler, difficile pour la Palestine d'obtenir la paix. Tout comme les irakiens, les afghans, les yéménites et les syriens n'ont pas bénéficié d'une grande aide pour éviter que le peuple soit bombardé pour des intérêts financiers. Daech comme Al Qaida se prétendent musulmans et arabes, pourtant on voit bien que leurs actes ne bénéficient aucunement à leurs prétendus frères. Ils auraient pu aller libérer les palestiniens de leurs oppresseurs, ils ont préféré semer le chaos dans le monde musulman. Les pays occidentaux survivent à la crise financière alors que les pays musulmans sont pour la plupart sous développés ou en voie de développement alors qu'ils ont plus de richesses souterraines et du pétrole qui devraient permettre d'endiguer le chômage et de vaincre la pauvreté.
          Dernière modification par zwina, 09 février 2017, 17h00.
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

          Commentaire


          • #20
            Moi je n'ai pas besoin d'un Daoud qui dit ou pense la même chose que moi,car il ne me fait pas avancer,je préfère le Daoud qui m'interpelle,qui m'oblige a penser et surtout a le contredire avec des arguments.
            Je n'ai jamais pu contredire cet écrivain sur le fond,mais seulement sur la forme(chronique Cologne)ou je ne comprenais pas son refus de répondre a aux universitaires.

            On peut ne pas être d'accord avec ce monsieur,mais faire croire que c'est l'occident qui le fait penser me parait être une erreur.

            Commentaire


            • #21
              Les écrits de KD sont destinés à un lectorat occidental ou dénués de freins spirituels. Cette quête de liberté intellectuelle le rend nébuleux, illuminé et incompréhensif pour les locaux.
              Ces titres choquent, peut-être par marketing pour attirer les lecteurs. Il se questionne ''pourquoi je ne soutiens pas la Palestine'' pour répondre dans le texte ''Palestine cause universelle'', et on se sent mal pour lui avoir jeté des pierres à cause d'un titre provocateur.
              Je soupçonne en lui une certaine paresse. Il s'attaque aux takfiristes si maladroitement, pourtant en petit Arkoun qu'il est il peut aisément expliquer avec versets et théories le pourquoi expression ''islam religion universelle'' est juste.
              وإن هذه أمتكم أمة واحدة

              Commentaire


              • #22
                --------------------------------------------------------------------------------

                Moi je n'ai pas besoin d'un Daoud qui dit ou pense la même chose que moi,car il ne me fait pas avancer,je préfère le Daoud qui m'interpelle,qui m'oblige a penser et surtout a le contredire avec des arguments.
                Bravo !
                Excellente attitude d'ouverture.

                Commentaire


                • #23
                  Il s'attaque aux takfiristes si maladroitement, pourtant en petit Arkoun qu'il est il peut aisément expliquer avec versets et théories le pourquoi expression ''islam religion universelle'' est juste.
                  Alors il rentrerait dans le moule , comme tous ceux qui se dorent et se complaisent dans une "vérité" toute faite ! ...

                  Commentaire


                  • #24
                    Moi je n'ai pas besoin d'un Daoud qui dit ou pense la même chose que moi,car il ne me fait pas avancer,je préfère le Daoud qui m'interpelle,qui m'oblige a penser et surtout a le contredire avec des arguments.
                    Je n'ai jamais pu contredire cet écrivain sur le fond
                    donc finalement t'as pensé et tu t'es aligné sur ce qu'il pense car incapable de contre-argumenter ....

                    Commentaire


                    • #25
                      Kamel Daoud est mal compris, je ne sais pas pourquoi, pourtant il dit les choses clairement et trouve les mots qu'il faut. Normalement après ses réponses , ses détracteurs comprendraient mieux le fond de sa pensée et liraient autrement ses écrits .
                      Comme si on ne voulait pas entendre une vérité qui blesse ou qui fait mal à digérer, comme si on se forçait à nier des évidences dites de la façon la plus sincère et franche, on voudrait ne pas en parler pour que ça ne fasse pas trop moche et que ça ne dérange pas la quiétude imaginaire.
                      Daoud sait se défendre et n'est pas de ceux qui se taisent pour faire plaisir ou pour penser comme la masse, il écrit, c'est son travail, écrivain ou chroniqueur , il a toute la liberté qui manque aux politiciens ou aux hommes d'affaire, il ne cherche pas à plaire au risque de ne plus se respecter.
                      Dernière modification par Aggour, 09 février 2017, 19h23.

                      Commentaire


                      • #26
                        ...

                        Les guerres ne se comparent pas, elles ne s'inventent pas non plus, elles s'enchaînent..., et, est-il besoin de préciser l'infortune le désordre et les faux pas qu'elles produisent alimentent et pérennisent, les unes aux autres, les autres à toutes...

                        Sans valoriser ni obscurcir le propos et la question, sans mystifier ni couronner le sens et la raison...car à l'ordinaire la valeur des séquences dépassent ou déclassent autant nos propres et petites existences que nos simples et indéfinissables complexes..., la guerre est loin d'être une cause, surtout pour ce qu'une origine ou un début de relativité puisse valoir auprès des ignorances ou au loin des connaissances, mais, ou d'ailleurs, quelle abominable conséquence, hautement cruelle et préjudiciable, donc "anathématique" ou "maudible" , inhibe ou n'hôte, aux vues de bien des consciences/esprits, toute forme() ou tout fond() d'intérêt, déjà hier, et même avant, universellement imparfait()e...

                        Comment et combien, à tout()e autrui, face à la vie, la préférence et l'usage, d'une idée, d'un message, d'une conscience, d'un profit, d'une nature, d'un espace,...(libre à vous d'en ajouter...), n'auraient meilleur dessein ou seraient pire dédain...

                        La paix est une cause, un bien commun, un monde humain, et ceux et celles qui n'en héritent ne la méritent pas moins...

                        ...merci...
                        ...Rester Humain pour le devenir de l'Homme... K.H.R.

                        Commentaire

                        Chargement...
                        X