merci pour ces données Solas , donc il faudra choisir entre la mer et notre douglet nour nationale ; le choix est difficile .
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L’Algérie va s’alimenter du fleuve Congo
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Noubat tu a l'air d'être interresser, je vait te dire une chose, nôtre sahara est tellement vaste et à tellement besoin d'eaux que peu importe par là ou elle arrive . Pourvut que le cout des travaux en vaille la peine.
Et merci solas pour les informations détaillés de ce projet , je ne savait pas que des ingénieurs c'était pencher sur cette idée , c'est formidable .
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Appel d’imaginaire : La mer intérieure africaine
1869 - 1887
Le 17 novembre 1869, l’impératrice Eugénie inaugure en grande pompe le canal de Suez. Il a fallu dix ans de travaux pharaoniques pour réaliser ce grand projet initialement assigné par le Directoire à l’expédition d’Egypte. Les eaux de l’Orient et celles de l’Occident se marient, à défaut des civilisations, comme l’avaient fugitivement rêvé les saint-simoniens. Mais pour l’Occident, et singulièrement l’Europe, l’Orient n’est encore au mieux qu’une " demi-civilisation ".
Quelques jours après l’événement paraît à Paris, dans La Revue moderne, un article intitulé Le percement de l’isthme de Gabès. Son auteur, Georges Lavigne, de Coulommiers, propose, moyennant un canal dix fois plus court que celui de Suez, d’inonder le Grand désert. Il s’explique : le Sahara, lâche-t-il, " c’est le cancer qui ronge l’Afrique ; puisqu’on ne peut pas le guérir, il faut le noyer ".
Sous la formule, le projet qu’elle pavoise nous fait sourire aujourd'hui. Il aura cependant défrayé la chronique scientifique d’une décennie, mobilisé les esprits les plus forts de l’époque et nourri une ardente polémique qui n’est pas encore tout à fait éteinte. De toutes les grandes entreprises conçues au même moment - le tunnel sous la Manche, le percement des Alpes, le canal de Panama, … - la mer intérieure africaine - avec, dans une moindre mesure le Transsaharien - est la seule à ne pas avoir abouti.
* La mer toujours recommencée
Que propose la Revue moderne en novembre 1869 ? Il existe, à l’est de l’Algérie, au sud de la Tunisie, une région désertique désignée d’un mot arabe, chotts, qui signifie rivages. On la nommait jadis Biledulgerid ; c’est " el-foum ", la bouche du désert. Immédiatement au sud en effet commence le grand Erg oriental ; au nord se dressent les derniers contreforts de l’Atlas saharien, l’Aurès, le Nemencha, le Cherb. À la commissure occidentale se love l’oasis de Biskra ; à l’autre extrémité se situe Gabès, sur la mer que les anciens appelaient la petite Syrte. Un chapelet de chotts s’égrène de Chegga à Gabès, dont les plus souvent nommés sont le Melrhir, le Sellem, le Rharsa, le Djerid et le Fedjej. Le paysage nu et plat qu’ils composent apparaît à bien des égards comme du concentré de désert. A sa simple vue, l’imagination s’embrase. Victime des mirages, l’œil y voit la mer à l’infini. Victime de son emportement, l’esprit veut réaliser le mirage.
Georges Lavigne est un de ces esprits inspirés auxquels La Revue moderne, d’origine fouriériste, offre volontiers ses pages. Pour cette avant-garde qui veut ressusciter les valeurs révolutionnaires piétinées par le Premier Empire puis la Restauration, " Alger " s’est aussitôt présenté comme le terrain d’essai idéal. Elle brûle d’y faire la preuve de la supériorité de sa théorie et d’y exercer sa foi dans le progrès. Mais dès 1823, Charles Fourier avait désigné le Sahara comme le défi à relever. Dans son Traité de l’Association domestique-agricole, le pionnier proposait de lever une armée industrielle de 4 millions d’hommes qui, en quarante ans, eussent reboisé le Grand désert.
Au moment où Fourier construit son système, le Sahara reste une énigme. Les rares voyageurs qui l’ont pénétré n’y ont vu à peu près que du sable. Or les lecteurs de Saugnier, Hornemann ou Caillié ne se représentent l’élément qu’associé à la mer. En Europe, on ne le rencontre que sur les rivages des mers ou des fleuves. Ces mêmes voyageurs, s’inscrivant dans une tradition qui remonte à Hérodote, usent et abusent de la métaphore marine. L’immensité sablonneuse, les dunes, les tempêtes, les caravanes, les nomades-corsaires, leur rappellent inéluctablement la mer. La présence de sel, de coquillages et de " poussière siliceuse " convainc la plupart des explorateurs qu’ils ont affaire au " fond d’une mer desséchée ".
En chambre, les érudits fouillent plus volontiers les bibliothèques que le sol. Ils lisent et relisent Homère, Platon, Hérodote et leurs suiveurs. Un de ces plus illustres géographes, Conrad Malte-Brun, est le premier sans doute à émettre l’hypothèse : dans sa Géographie universelle de 1813, ce Danois acquis aux idéaux de 1789 soupçonne le Maghreb de former " l’île atlantique " disparue en 9600 avant l’ère chrétienne. Un tremblement de terre aurait mis à sec la " deuxième Méditerranée " qui la bordait au sud. Pascal Duprat, qui a enseigné l’histoire au collège d’Alger de 1840 à 1845, affine l’idée. Dans son Essai historique sur les races anciennes et modernes de l’Afrique septentrionale publié à Paris en 1845, ce républicain engagé soutient que le Sahara " a émergé du fond des mers, ou plutôt les eaux l’ont abandonné ". Il ajoute que " l’Atlas sous sa forme primitive, [est] l’Atlantide " dont parle le Timée.
L’idée circule dans tous les milieux éclairés, reprise par les géographes, les historiens, jusqu’aux géologues. La France vient de prendre pied aux portes du désert. Les troupes du duc d'Aumale ont atteint Biskra en mai 1844. Dans leur sillage, officiers topographes et ingénieurs s’aventurent et découvrent, de visu ou par renseignements, les chotts algéro-tunisiens. Au-delà de Chegga, à 70 kilomètres au sud de Biskra, là où commence le chott Melrhir, leurs baromètres indiquent des bassitudes surprenantes. Les riverains évoquent dans leur parler ou leurs légendes la présence d’une mer disparue. Les auteurs anciens la désignent sous le nom de lac ou baie de Triton. Thomas Shaw qui a exploré les environs et les décrit dans ses Voyages parus en français à La Haye en 1763, confond les chotts avec ce bras de mer que Hérodote, Scylax, Ptolémée, Pomponius Mela et Pline ont reconnu. Le chapelain d’Alger fait autorité depuis un siècle.
* Une idée qui fait mouche
Rattacher ces lieux nouveaux aux auteurs anciens, ce n’est pas seulement les rattacher à l’Europe, faciliter leur appropriation. C’est aussi leur redonner un destin. Car ces lieux au temps où les Grecs et les Romains les fréquentaient étaient prospères, d’une fertilité proverbiale - le grenier à blé de Rome, vantait-on. Qu’ici la prospérité revienne en même temps que l’Europe, et la conquête trouve une justification, une motivation et un sens incontestables. Et puisque cette prospérité dépendait de l’existence du lac Triton, lui-même résidu de la mer saharienne envolée, que revienne cette mer !
L’idée se perfectionne à mesure que, par l’Algérie ou la Régence de Tunis, les explorateurs affluent. Ernest Carette, Paul Bert, Paul Marès, étudient le Melrhir. Pellissier de Reynaud, Charles Tissot, Henri Duveyrier, s’enfoncent dans la région du Djerid. A l’hiver 1864, un botaniste de renom, Charles Martins, visite à son tour les lieux. Il confirme dans son article pour la Revue des Deux Mondes, ce qu’une formule choc exprime brutalement : " Que cet isthme (de Gabès) se rompe, et le Sahara redevient une mer, une baltique de la Méditerranée ". Deux ans plus tard, un roman à grand tirage vulgarise l’idée. Edmond About dans son Turco donne la parole à un jeune et brillant officier. " Il m’expliqua, écrit-il, que le grand désert était une mer desséchée, que l’eau pouvait rentrer chez elle tôt ou tard, qu’on pourrait même l’y ramener par un travail analogue au percement de l’isthme de Suez, car enfin le Sahara est à 27 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée ! Saviez-vous ça ? Moi, j’en fus transporté : mon imagination prit le galop ; je passai toute la nuit à rêver la fabrication d’une grande mer intérieure… "
Voilà bien exactement l’objet du Percement de l’isthme de Gabès. Le Sahara s’est exhaussé, y affirme Lavigne. La mer qui le recouvrait a fui peu à peu. Elle résidait encore dans le déversoir de la baie de Triton aux temps historiques. Mais le sable emporté dans l’écoulement a fini par obstruer le passage. La mer ainsi isolée de la Méditerranée s’est évaporée. Il suffirait de rétablir le passage en creusant le cordon littoral pour ramener l’eau dans le fond des chotts, restaurer la baie et recréer les conditions de la prospérité. Mais le publiciste reste général, théorique, voire approximatif. Et même si l’idée est maintenant bien ancrée dans les cerveaux, on la croit fumeuse. Puis la guerre crée rapidement de plus impérieuses nécessités.
Lorsque le 15 mai 1874, elle réapparaît sous la plume d’un capitaine d’état-major auquel la prestigieuse Revue des Deux Mondes a ouvert ses colonnes, la situation est toute différente. La France cherche outre-mer des compensations à la perte de l’Alsace et d'une partie de la Lorraine, et l’occasion de redorer son blason. Elie Roudaire, jusque là inconnu, est un scientifique, un " savant patriote " à la Monge ou Berthollet, mais aussi un érudit. Il a étudié les textes et les lieux. Chargé de mesurer la méridienne de Biskra, il est le premier à donner précisément l’altitude du Melrhir. Elle est partout négative. Des relations des voyageurs l’officier déduit que la dépression commencée à Chegga ne cesse de se creuser en direction de Gabès. Sur la base des témoignages anciens, de Hérodote à Idrisi, il reconstitue l’histoire de la disparition progressive de la baie de Triton. Il rapporte également à l’appui la tradition qui circule chez les " indigènes ".
Pour 20 millions de francs en comptant large, le capitaine Roudaire promet une mer de 16.000 km² suffisante pour apporter l’humidité nécessaire aux cultures, faire barrage au sirocco dévastateur et aux sauterelles non moins nuisibles, créer une oasis de 600.000 ha, mettre Biskra à portée de la mer et faciliter le commerce avec l’intérieur de l’Afrique. Elie Roudaire est fouriériste, franc-maçon, républicain convaincu. Il argumente : nous allons ouvrir là des débouchés à l’Europe, apporter la civilisation dans les parages, donner du travail aux indigènes, concilier tous les intérêts et faire le bonheur de tous.
Une vision édénique
Ces arguments, cette foi, n’auraient pas suffi à provoquer l’enthousiasme sans l’engagement entier de trois notabilités des sciences, des affaires et de la politique. Ferdinand de Lesseps, le " Grand Français ", encore auréolé du miracle de Suez, adhère immédiatement et le jour même de son entrée à l’Académie des Sciences, embarque l’illustre compagnie dans l’aventure de la mer intérieure. Il met son expérience au service du projet. En rendant l’eau que les lacs Amers avaient perdue depuis des siècles, son canal a ramené la pluie dans le désert égyptien et fait la fortune des oasiens et des pêcheurs. Il en ira de même avec ce qu’il appelle " la mer Roudaire ". A son instigation, l’Académie forme en son sein une commission des chotts qui épaulera le projet jusqu’au bout.The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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Le deuxième soutien décisif, c’est Henri Duveyrier et avec lui, la Société de géographie de Paris presque au complet, qui le manifeste. Le " Monsieur Sahara " du moment est convaincu que les chotts se confondent avec la baie de Triton ; il l’a écrit dans ses Touareg du Nord. Autre caution non moins importante, celle que Paul Bert offre spontanément, en son nom et en celui des gambettistes. Le médecin qui dirige la chronique scientifique de La République française, avait eu lui-même l’idée en 1858, lors d’une mission sur place. Deux mois à peine après la parution de Une mer intérieure en Algérie dans la Revue des Deux Mondes, Bert présente à la Chambre une demande de crédits pour une mission d'exploration des chotts. La mission, dans le contexte international du moment, sera limitée à la partie algérienne. En décembre 1874, celle-ci est à pied d’œuvre. L’opération a été rondement menée. Roudaire, à la tête d’une équipe de spécialistes civils et militaires, est chargé de déterminer le niveau zéro, c'est-à-dire " le rivage probable de la mer intérieure africaine ".
* L’affaire est dans le sac
La partie est bien engagée. Durant treize ans, elle va connaître emballements, polémiques, rebondissements. Dès l’origine, l’Etat s’implique. Il détache l’officier auprès du Gouvernement général puis de l’Instruction publique ; il finance les missions, il publie les rapports, il arbitre puis tranche. Pourtant à peine commencée, la première mission, qui, entre décembre 1874 et avril 1875, nivelle 650 km et en reconnaît plus du double, voit surgir de nombreux obstacles. C’est le Gouvernement général qui, hostile en la personne du général Chanzy, cherche à entraver la marche des opérations. Puis, surmontant ces embûches, Roudaire doit se rendre à l’évidence : entre le chott Sellem et le chott Rharsa, un seuil d’une vingtaine de kilomètres rompt la continuité de la dépression. Quant aux traces de la mer antérieure, elles sont infimes et contestables. Et plus grave, trois membres éminents de la mission - deux topographes, un ingénieur - se désolidarisent et font savoir leur opposition au projet.
Roudaire fait mousser les résultats les plus positifs : le Sellem, dont on ignorait la profondeur, atteint 40 mètres sous le niveau de la mer. Très peu de palmeraies seraient noyées… L’Académie des Sciences, le deuxième congrès géographique international qui se tient à Paris en août 1875, récompensent le promoteur et l’encouragent à poursuivre. Il reste à reconnaître la partie tunisienne. Dépouillée de tout signe militaire, une seconde mission se rend à Gabès en mars 1876. C’est la catastrophe ! Le Djerid et le Fedjej se révèlent être à une altitude moyenne de 15 mètres et le seuil qui les sépare de la Méditerranée, prétendument formé par accumulation de sable, est pour partie en pierre comme dans l’oued Akarit, qu’on prenait pour le reste du canal naturel d’écoulement. En outre, un autre seuil s’élève entre le Djerid et le Rharsa.
Pour autant, ni Roudaire ni Ferdinand de Lesseps ne s’avouent vaincus. Alors qu’on croit le projet perdu, un concert dans la presse, les cercles savants et républicains, loue ses mérites. Elie Roudaire tient une explication prête. S’appuyant sur le témoignage de l’archéologue Charles Tissot qui a exploré par deux fois le Djerid en 1853 et 1857, il affirme qu’une croûte de sel recouvre les eaux souterraines du chott, comme la glace le ferait à la surface d’un lac gelé et que, si un canal était percé entre le Djerid et le Rharsa, les eaux libérées se déverseraient dans la dépression, emportant avec elles la croûte disloquée. Fort opportunément, le Bulletin de la Société de géographie publie le journal de route de Tissot. Le Magasin pittoresque livre à son public populaire les émotions d’un Voyage sur une croûte de sel…
Et c’est en fanfare qu’a lieu la troisième mission des chotts, la plus longue et la plus importante. Il s’agit de trouver un autre passage que l’oued Akarit, de vérifier la nature de la surface du Djerid, et d’étudier l’itinéraire du canal qui conduirait, au besoin, le flot de la Méditerranée jusqu’au Rharsa. Lesseps est de la partie. Pour donner à l’expédition le lustre nécessaire, le perceur d’isthme débarque à Gabès en novembre 1878. Il se multiplie en mondanités et accompagne sur le terrain Roudaire. Peine perdue ! Si l’oued Melah, plus près de Gabès, convient mieux que l’oued Akarit pour servir d’amorce au canal, les sondages le démontrent : le sol du Djerid n’est pas creux. C’est un terrain détritique mou et instable. Quant au seuil dit de Kriz qui se dresse devant le Rharsa, il est partiellement rocheux et mesure près de 100 mètres de hauteur. Une déconvenue encore plus lourde de conséquence s’est produite : au sondage n°15, près de Nefta, l’équipe a été prise à partie par les villageois.
A ce tournant de son épopée, Roudaire change de perspective. Il se disposait jusqu’alors à restaurer une mer antérieure. Désormais, il va innover, et ce faisant, prouver la supériorité technique et scientifique de son pays. Tandis que l’argument sécuritaire avait été négligé par le promoteur, il devient insistant. La mer intérieure fera office d’une ligne Morice avant l’heure. Elle mettra la dissidence à distance du pays utile et facilitera le transport des troupes. Même s’il a été amené à réviser à la hausse la facture - elle se monte à 75 millions - et à la baisse l’étendue de " la mer artificielle " (9000 km², soit grosso modo la taille de la Corse), le promoteur n’a pas perdu l’essentiel de ses soutiens dans les milieux scientifiques, politiques, dans le monde de la presse et des affaires. Lesseps en met même un nouveau dans la balance. Son ami Abd el-Kader, en exil à Damas, dans un message diffusé en septembre 1879, enjoint les populations riveraines d’ " aider le commandant Roudaire par la parole et les actes [...] en secret ou ouvertement ".
De plus en plus nombreux et actifs sont pourtant les adversaires. Il y a ceux qui rejettent l’hypothèse de la mer antérieure. Le plus probant de tous, le géologue Auguste Pomel, " transporté " en Algérie après le coup d’Etat de Louis Napoléon, entame le mystère des origines du désert dans son Sahara imprimé à Alger en 1872. Mais même ceux qui adhèrent à l’hypothèse font valoir que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’évaporation aurait raison de la mer restaurée après l’avoir transformée en immenses salines et marécages insalubres. S’il ne s’agit plus que d’innover, ils entendent démontrer que l’influence climatique du " lac " si chèrement créé serait quasiment nulle. Et au lieu d’engloutir inutilement des sommes astronomiques dans le projet Roudaire, ils proposent de les employer à l’amélioration de l’environnement en métropole ou à des projets " à taille humaine ". " Si la mer intérieure existait, tranche le botaniste Ernest Cosson, le plus incisif de tous, il faudrait la combler ".
Relevant le défi du désert, un grand projet concurrent vient justement de voir le jour. Il a été baptisé " Transsaharien ". Pour l’étudier, le gouvernement a instauré une commission dite supérieure. Réuni à l’initiative du ministre des Travaux publics, un cénacle d’hommes de science et de terrain s’ingénie à déterminer le meilleur itinéraire pour un chemin de fer qui relierait le littoral algérien aux profondeurs de l’Afrique. Le massacre de la mission Flatters, envoyée en reconnaissance dans le Hoggar, met un frein à l’entreprise. Le drame est à peine connu de Paris que les troupes françaises débarquent en Tunisie. Le gouvernement ne regarde plus le territoire placé sous son protectorat avec les mêmes yeux. L’idée d’une mer qui le couperait en deux par la largeur ne lui est plus si agréable.
OMPLETThe truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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* L’affaire est dans le lac
On le croit néanmoins favorablement disposé lorsqu’il décide en avril 1882 de réunir une nouvelle commission supérieure, dite de la mer intérieure, pour statuer sur le projet. Parmi les cinquante-trois savants, généraux et parlementaires désignés par le président du Conseil, nombre ne sont-ils pas issus de l’avant-garde ? Le ministre a exclu les adversaires notoires tels Pomel, Naudin ou Cosson, et retenu les partisans déclarés comme Lesseps, le général Favé, l’astronome Yvon Villarceau ou le voyageur Antoine d’Abbadie. La commission doit examiner les " moyens pratiques d’exécution " du projet, ses " conséquences probables " sur l’environnement et le " cahier des charges " de l’entreprise qui recevrait la concession. La formulation même des objectifs trahit l’imminence du passage à l’acte.
Roudaire appelé à s’expliquer devant les experts dépense des trésors d’imagination pour justifier son projet, marchander son coût, rabattre le coefficient d’évaporation, minimiser les difficultés propres à l’instabilité des terrains en cause, etc. Son énergie ne suffit pas à convaincre une majorité. Poussé dans ses extrémités, il estime in fine à 250 millions de francs le prix de revient de la mer intérieure, soit trente fois le chiffre avancé par Ferdinand de Lesseps à l’origine ! La commission quant à elle, pour le creusement d’un canal de 200 kilomètres dont le débit devrait dépasser de vingt fois celui de la Seine en basses eaux, évalue la dépense à 1,3 milliard " au minimum ". Considérant celle-ci " hors de proportion avec les résultats qu’on peut en espérer ", la commission supérieure se déclare le 27 juillet 1882, défavorable au projet.
Lâchés par le gouvernement, les promoteurs de la mer intérieure tiennent encore tête. Ferdinand de Lesseps, infatigable, fonde en décembre suivant la Société de la Mer intérieure africaine au capital de 200.000 francs. C’est sur ses crédits que Roudaire accomplit sa quatrième et dernière mission des chotts. Lesseps, devenu le véritable patron de l’affaire, est de l’expédition. Il débarque en Tunisie accompagné d’un aréopage d’entrepreneurs et fort d’un nouveau message d’Abd el-Kader. L’émir promet " une grande récompense " divine et terrestre " à ceux qui prêteront leur concours " à la Société. De retour à Paris en avril 1883, la mission peut se féliciter du complet enthousiasme des entrepreneurs et de la découverte d’un passage beaucoup plus aisé entre le Djerid et le Rharsa.
Ce n’est pas suffisant pour inverser le cours des événements. Les adversaires mobilisés portent le coup de grâce au congrès scientifique de Blois, en septembre 1884. Ce que la France compte de plus savant engage par un vœu général le gouvernement à ne pas " encourager " le projet de mer intérieure africaine. Quelques mois plus tard, Roudaire meurt d’épuisement. Lesseps, obstiné, tente de relancer l’affaire. Il obtient même le 23 novembre 1885 la concession de 2300 ha à l’embouchure de l’oued Melah. Mais il ne s’agit plus que d’y créer une " oasis européenne ". Emporté par l’échec puis le scandale de Panama, le Grand Français abandonne la partie. En mars 1892, sa Société de la Mer intérieure africaine se transforme en Compagnie française du Sud tunisien. Exit le projet Roudaire !
Mais une utopie meurt-elle aussi vite ? En 1905, Jules Verne, partisan de la première heure, la ranime dans le dernier roman publié de son vivant. L’invasion de la mer confie à la nature le rôle que les hommes n’ont pas su tenir pour réaliser les vues géniales de Roudaire. Dans les années 1920, des archéologues allemands croient retrouver dans les chotts les traces de l’Atlantide. Puis les sociétés d’études françaises ou étrangères se relaient pour établir le devis de la mer intérieure, qu’il s’agisse de faciliter l’acheminement du pétrole saharien ou de transformer Nefta et Tozeur ou Chegga en complexes balnéaires. Le dernier, en 1983, se monte à 50 milliards de dollars… Et encore en 1990, le projet est agité lors d’une campagne électorale algérienne.
Ainsi va la mer intérieure africaine qu'engloutie dans l’imaginaire, elle est toujours prête à déborder.
© Jean-Louis Marçot, février 2004The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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A propos des actions destinées à réagir à l'élévation du niveau moyen des océans, je pense que la première conisterait à lutter contre le réchauffement climatique.
Ceci-dit, vu l'inertie des pprocessus une fois ceux-ci enclenchés, il faut envisager des solutions complémentaires, sans se dissimuler leurs insuffisances.
J'ai l'an passé publié le texte suivant:
Limiter la hausse du niveau de la mer ?
La hausse des températures et l’accroissement de la fréquence et de la violence des tempêtes ne devraient pas être les seules conséquences à redouter d’un emballement du dérèglement climatique. Les populations côtières risqueraient en effet de subir plus ou moins rapidement la menace d’une montée du niveau moyen de la mer.
Cette menace nous laisse t’elle désarmés ? N’aurions nous alors aucune alternative que celle qui consisterait à choisir entre abandonner les territoires envahis par les eaux et élever des digues de protection toujours plus hautes et massives, jusqu’à ce que l’effondrement de l’une d’entre elles entraîne des millions de victimes ?
Pas tout à fait heureusement.
La première défense consiste bien évidemment à tout faire pour éviter l’aggravation de la dérive climatique, puisque c’est cette dernière qui est à l’origine de la montée des eaux.
Si le contrôle de l’effet de serre était insuffisant ou trop tardif, il faudrait trouver autre chose, mais ne nous berçons guère d’illusions : il ne nous serait alors au mieux possible que de très légèrement limiter les dégâts.
Première solution : créer de nouvelles retenues sur les grands fleuves, notamment – mais pas uniquement – ceux qui se déversent dans l’Océan Arctique. Outre que ces retenues réduiraient d’autant la masse océanique, ils permettraient de multiplier les périmètres irrigués ou d’accroître la production électrique sans faire appel à des combustibles fossiles.
Peut-être pourrait-on même redonner vie à deux projets « pharaoniques » longtemps oubliés : le détournement des eaux de l’Ob (le plus long des grands fleuves se jetant dans l’Océan Arctique) vers la mer d’Aral actuellement presque desséchée et qui pourrait ainsi renaître à la vie. Et, en Afrique, le détournement d’une partie des eaux du bassin du Congo vers le bassin du lac Tchad via la vallée du Chari et, au delà, vers la dépression du Djourab, au sud du Tibesti. Des projets titanesques et jusqu’à aujourd’hui considérés comme utopiques, mais qui pourraient partiellement compenser la hausse du niveau de la mer déjà constatée. De plus, leur coût serait probablement bien moins élevé que celui des inondations côtières qu’ils permettraient d’éviter ou de limiter. Enfin, les possibilités d’irrigation qui en découleraient ne seraient absolument pas négligeables. Faire – même partiellement – reverdir les déserts serait aussi un moyen d’accroître l’efficacité du puits de carbone que constitue la végétation…
Une utopie ? Hé bien peut-être pas, ainsi que le montrent les informations ci-dessous.
Pour en savoir un peu plus sur les projets de remise en eau des grands bassins continentaux :
1) En ce qui concerne la mer d’Aral :
Le magazine américain « New scientist », dans son numéro daté du 9 février 2004, fait état sous le titre « Russia reviving massive river diversion plan » de la résurgence d’un vieux projet soviétique. Il s’agirait de détourner une partie (7 %) des eaux des fleuves Ob et Irtych (qui aboutissent à l’Océan Arctique) vers la région de la mer d’Aral par un canal de près de 2500 km. Pour ses défenseurs, ce projet – qui aurait le soutien du président Poutine – présenterait essentiellement un triple avantage :
- Ressusciter la mer d’Aral,
- Irriguer les plantations de coton du Kazakhstan, du Turkménistan et d’Ouzbékistan,
- Réduire le risque d’affaiblissement de la circulation thermohaline, risque dû à l’accroissement du volume des eaux douces déversées dans l’océan arctique.
Le canal prévu aurait un débit annuel de 27 km3.
2) En ce qui concerne le lac Tchad :
La commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) envisage un transfert d’une partie des eaux des fleuves Oubangui et Congo vers le bassin du lac Tchad menacé d’assèchement. Le caractère sérieux de ce projet a été confirmé en février 2004 par le Comité permanent des experts de la CBLT.
Il y a en effet urgence : la superficie du lac est passée de prés de 26 000 km² en 1960 à moins de 2 500 km² en 2004, soit une perte de 91 % en surface et de plus de 95 % en volume.
Le projet prévoit un barrage de régulation sur l’Oubangui (un gros affluent du Congo, matérialisant la frontière entre République Centrafricaine et République du Congo) et un canal de transfert des eaux de 120 km.
Le financement de l’étude de préfaisabilité du projet est assuré par trois des quatre pays riverains (Nigeria, Cameroun et Tchad). De plus, le lac Tchad est inclus parmi les quatre bassins pilotes retenus pour la gestion intégrée des ressources en eau dans le cadre de l’initiative européenne sur l’eau.
Un calcul simple montre que les quelques 36 km3, que ces deux projets soustrairaient chaque année aux eaux fluviales destinées aux océans, réduiraient la hausse du niveau de ces derniers de près de 1 mm/an, soit presque 5 cm en 50 ans. Peu par rapport aux prévisions de montée des eaux mais, en ce domaine, chaque centimètre gagné pourrait s’avérer précieux.
De plus, en cas de succès, rien n’interdirait l’élargissement des canaux prévus ou leur doublement par des canaux à plus fort débit.
Seconde solution : ennoyer partiellement les dépressions les moins peuplées et suffisamment proches des mers et des océans : Mer Morte entre Israël et la Jordanie (à –408 m), lac Assal entre Djibouti et l’Ethiopie (à –155 m et à 16 Km de la mer Rouge), dépression des Chotts entre la Tunisie et l’Algérie (jusqu’à –40 m pour le Chott Melhrir en Algérie, –15 m pour le Chott el Djérid en Tunisie, à 25 Km du littoral), dépression de Kattara en Egypte... Comme les précédents, ces « grands travaux » pourraient faire gagner tout au plus quelques centimètres sur le niveau des océans mais permettraient aussi de produire de l’hydroélectricité non polluante. Il a été ainsi calculé qu’un canal Méditerranée-Kattara (40 Km de long) permettrait un production hydroélectrique égale à 5 fois celle du grand barrage d’Assouan. La dépression qui atteint la cote -133 m et qui présente une superficie de 18 000 Km² serait en partie occupée par un immense lac salé de 14 000 Km², stabilisé par l’évaporation.
Troisième solution : Eh bien non, il n’y existe pas de troisième solution, sauf à appeler ainsi le développement du pompage de l’eau de mer en vue de son dessalement pour l’irrigation ou pour la fourniture d’eau douce aux habitants des pays manquant d’eau. Mais l’effet sur le niveau des océans serait pratiquement négligeable.
Encore une fois, nous en revenons à l’essentiel : l’urgence absolue qu’il y a à tout faire pour limiter au maximum le renforcement de l’effet de serre et – si possible – pour le réduire.
AlainThe truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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A propos des actions destinées à réagir à l'élévation du niveau moyen des océans, je pense que la première conisterait à lutter contre le réchauffement climatique.
Ceci-dit, vu l'inertie des pprocessus une fois ceux-ci enclenchés, il faut envisager des solutions complémentaires, sans se dissimuler leurs insuffisances.
J'ai l'an passé publié le texte suivant:
Limiter la hausse du niveau de la mer ? .....
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J'ai bien lu ton texte Solas c'est interessant mais l'ensemble de ces mesures n'empecheront pas la monté du niveau des oceans et couteront trop cher.
Le probleme dans le cas de l'Algerie c'est qu'on ne sait pas quel effet cela aura sur le climat local, si de trop grande quantité d'eau s'évapore ca peut creer des tempetes violentes je vais me renseigner aupres d'un meteorologue.
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" L’objectif du projet de recherche baptisé Atlantis, dont les résultats ont été récemment publiés, était d’essayer d’anticiper et de comprendre les réactions de la société à une élévation importante (5-6 mètres) et brutale (sur un siècle) du niveau des océans, provoquée par le réchauffement de la planète. Utiliser un scénario catastrophe correspond à un choix méthodologique visant à permettre aux acteurs locaux de se projeter dans un avenir par nature incertain. Il s’agit d’intégrer l’importante incertitude concernant la situation future, tout en assurant un certain réalisme de l’image proposée...
L’objectif du projet Atlantis était de considérer un événement hypothétique mais plausible, d’une faible probabilité mais aux conséquences très importantes : l’effondrement d’une énorme plate-forme de glace qui repose actuellement en Antarctique, entraînant une élévation de 5 à 6 mètres du niveau des océans. L’originalité de la recherche était d’essayer de comprendre les réponses de la société à un tel changement, de se focaliser sur le problème de l’adaptation des populations...
L’Iceshelf Antarctique Ouest par exemple, comprend à peu près 10 % du volume de la calotte glaciaire Antarctique [1]. S’il se détachait de la terre et glissait dans l’océan, cet énorme volume de glace provoquerait une hausse additionnelle [2] du niveau des mers de 5 à 6 mètres. Il ne serait pas nécessaire que la glace fonde pour que le niveau des océans augmente, le simple déplacement de ce gigantesque volume suffirait...."
http://www.ecologie.gouv.fr/emeddiat...id_article=276
Image IPB
Le problème est-ce en premier lieu la montée du niveau des océans ou les tensions génèrées par l'arrivée massive de réfugiés climatiques ?
Image IPB
Ref : Richard S. J. TOL, et al., “adaptation to Five Metres of Sea Level Rise”, Journal of Risk Research, vol. 9, n°5 - July 2006, pp. 467-482.
http://www.uni-hamburg.de/Wiss/FB/15...ity/annex8.pdfThe truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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Pas de données scientifiques encore une fois, quel sera le debit d'evaporation quels sont les effets immediats sur le climat, comment l'etat va gérer les contrées qui seront detruires a cause de la salinité qui s'inflitera dans les reserves d'eau douces et comment ils feront pour eviter que les villages du sud ne soient noyés sous des coulées de boues?
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6 millards de m3 d evaporation estime
soit une estimation de 200 mm d eau en plus pour les regions aurassiennes qui ont une moyenne annuelle de 450 mm d eau
soit un arrosage en eau de pluie d une surface estimee a 2 millions d hectares ou plus
ce projet est une des manieres de penser a l apres petrole
pour la boue l interet superieur de la nation primeraThe truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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quassard
ce n est pas la conclusion de l auteur dont j ai poste le texte
c la conclusion d un des forumistes d infoclimat
de toute facon les optimistes parlent d une montee d un metre au cours du siecle prochain
donc 5 mm ou pas ces cuvettes seront de toute facon remplies par la natureThe truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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