17:48 mardi 29 septembre 2015 | Par Samir Allam | Actualité
Depuis plusieurs mois, Abdeslam Bouchouareb construit la future industrie algérienne. Sa « stratégie » commence à se dessiner à travers les projets annoncés : identifier les secteurs les plus concernés par les importations et lancer des projets d’usines pour réduire la facture des achats à l’étranger.
C’est ainsi que l’Algérie est en train de construire plusieurs cimenteries qui viendront s’ajouter à celles existantes. But : atteindre l’autosuffisance pour ne plus importer les 3 millions de tonnes annuellement. À partir de 2017, l’Algérie sera excédentaire de plus de 10 millions de tonnes par an.
Mais vu le rythme de ralentissement des travaux dans le BTP à cause de la crise mais aussi des capacités de réalisation – l’Algérie ne construira pas éternellement des logements – l’excédent sera sans doute beaucoup plus important. Se posera alors la question : que va-t-on faire de ces usines ? Exporter ? Peu probable. Le ciment est un produit très difficile à exporter et la concurrence internationale est rude.
L’autre exemple concerne l’automobile. Là encore, la facture des importations est lourde, à près de 5 milliards de dollars par an. Que propose M. Bouchouareb ? Construire des usines de montage. Le premier projet avec Renault est entré en production. D’autres, notamment avec Peugeot, Fiat et Iveco, devraient être lancées prochainement.
Là encore, la « stratégie » de Bouchouareb devrait rapidement montrer ses limites : dans deux ou trois ans, l’Algérie se trouvera avec une production de quelques centaines de milliers de voitures low cost (sur la base des estimations avancées, chaque usine produirait 75 000 véhicules/an). Que va-t-on faire de toute cette production ? Sachant que dans l’automobile, la situation est plus compliquée : les modèles produits en Algérie ne sont pas éligibles à l’export. Et ces usines de montage vont anéantir tout espoir de doter l’Algérie d’une vraie industrie automobile.
Ces deux exemples illustrent bien les incohérences de la politique du ministre Abdeslam Bouchouareb. Une politique qui rappelle celle menée par Chakib Khelil dans le secteur des hydrocarbures au milieu des années 2000. L’ancien ministre de l’Énergie avait fait des choix contestables : une surexploitation des puits et une absence d’investissements dans l’aval pétrolier (pétrochimie, raffinage, etc.). Des choix qui coûtent aujourd’hui cher à l’Algérie dans un contexte de crise pétrolière.
Chakib Khelil avait tracé sa stratégie sans consulter personne. Il avait du mépris pour les parlementaires et une préférence pour les étrangers et quelques hommes d’affaires de son cercle restreint. Abdeslam Bouchouareb applique la même recette, sans légitimité populaire, ni résultats. Au risque de mener l’industrie algérienne vers un nouveau désastre. Ce jour-là, il est vrai, le ministre sera loin d’Alger. Comme Chakib Khelil aujourd’hui.
Depuis plusieurs mois, Abdeslam Bouchouareb construit la future industrie algérienne. Sa « stratégie » commence à se dessiner à travers les projets annoncés : identifier les secteurs les plus concernés par les importations et lancer des projets d’usines pour réduire la facture des achats à l’étranger.
C’est ainsi que l’Algérie est en train de construire plusieurs cimenteries qui viendront s’ajouter à celles existantes. But : atteindre l’autosuffisance pour ne plus importer les 3 millions de tonnes annuellement. À partir de 2017, l’Algérie sera excédentaire de plus de 10 millions de tonnes par an.
Mais vu le rythme de ralentissement des travaux dans le BTP à cause de la crise mais aussi des capacités de réalisation – l’Algérie ne construira pas éternellement des logements – l’excédent sera sans doute beaucoup plus important. Se posera alors la question : que va-t-on faire de ces usines ? Exporter ? Peu probable. Le ciment est un produit très difficile à exporter et la concurrence internationale est rude.
L’autre exemple concerne l’automobile. Là encore, la facture des importations est lourde, à près de 5 milliards de dollars par an. Que propose M. Bouchouareb ? Construire des usines de montage. Le premier projet avec Renault est entré en production. D’autres, notamment avec Peugeot, Fiat et Iveco, devraient être lancées prochainement.
Là encore, la « stratégie » de Bouchouareb devrait rapidement montrer ses limites : dans deux ou trois ans, l’Algérie se trouvera avec une production de quelques centaines de milliers de voitures low cost (sur la base des estimations avancées, chaque usine produirait 75 000 véhicules/an). Que va-t-on faire de toute cette production ? Sachant que dans l’automobile, la situation est plus compliquée : les modèles produits en Algérie ne sont pas éligibles à l’export. Et ces usines de montage vont anéantir tout espoir de doter l’Algérie d’une vraie industrie automobile.
Ces deux exemples illustrent bien les incohérences de la politique du ministre Abdeslam Bouchouareb. Une politique qui rappelle celle menée par Chakib Khelil dans le secteur des hydrocarbures au milieu des années 2000. L’ancien ministre de l’Énergie avait fait des choix contestables : une surexploitation des puits et une absence d’investissements dans l’aval pétrolier (pétrochimie, raffinage, etc.). Des choix qui coûtent aujourd’hui cher à l’Algérie dans un contexte de crise pétrolière.
Chakib Khelil avait tracé sa stratégie sans consulter personne. Il avait du mépris pour les parlementaires et une préférence pour les étrangers et quelques hommes d’affaires de son cercle restreint. Abdeslam Bouchouareb applique la même recette, sans légitimité populaire, ni résultats. Au risque de mener l’industrie algérienne vers un nouveau désastre. Ce jour-là, il est vrai, le ministre sera loin d’Alger. Comme Chakib Khelil aujourd’hui.
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