Champions des ventes automobiles en Algérie, Renault et Peugeot sont des cancres en matière de rentabilité. Leurs comptes de résultat, que nous avons publiés dimanche 27 septembre, le montrent. En 2015, Renault a réalisé un bénéfice net de 996 millions de dinars pour un chiffre d’affaires de 102,8 milliards de dinars (près d’un milliard d’euros), tandis que Peugeot a réalisé un bénéfice net de 47,72 millions de dinars pour un chiffre d’affaires de 57,15 milliards. Les parts de bénéfice rapportées aux chiffres d’affaires des deux concessionnaires s’élèvent à 1 % pour Renault et à 0,8 % pour Peugeot, alors que l’activité d’achat en vue de revendre en l’état génère au minimum un ratio de 10 %, selon les spécialistes.
Qu’est-ce qui explique les petits profits et les déficits réalisés par les deux constructeurs français en Algérie ? Ces deux concessionnaires, qui refusent de s’expliquer, peuvent justifier leurs piètres performances par les faibles marges qu’ils réalisent sur le marché algérien de l’automobile dont ils détiennent une bonne part. Or, les concessionnaires à capitaux algériens, dont les ventes sont inférieures à ceux des marques françaises, déclarent chaque année des bénéfices largement supérieurs à leurs concurrents français.
À moins de vendre à perte, ce qui est interdit par la loi, les deux concessionnaires français peuvent donc échapper à l’impôt en Algérie en pratiquant l’optimisation fiscale, dont le but est de maximiser les bénéfices réalisés en France et de réduire au minimum les montants imposables en Algérie. Par deux fois, le ministère du Commerce a épinglé dans des rapports les pratiques financières des concessionnaires automobiles. C’était à l’époque où Amara Benyounes était à la tête de ce ministère que l’étau commençait légèrement à se resserrer autour des pratiques de Renault et Peugeot.
« Nous nous sommes rendu compte d’une chose qui est quand même incroyable : c’est parmi les plus grands vendeurs de voitures en Algérie qu’il y a moins de déclaration d’impôts. Cela veut dire que leurs marges (bénéficiaires) sont faites à l’étranger », avait déclaré l’ancien ministre du Commerce, Amara Benyounes, en juin dernier.
Benyounes a entre-temps été limogé, sans qu’il n’y ait à chercher loin pour comprendre les raisons derrière son éviction. Depuis, le gouvernement continue de réserver un traitement de faveur à Renault et Peugeot, grands bénéficiaires du blocage des importations de véhicules en Algérie. Les responsables des deux constructeurs français sont reçus, à chaque fois, par les plus hauts responsables algériens. Renault a bénéficié d’avantages énormes pour implanter une petite usine de montage de sa Symbol à Oran et Peugeot s’apprête à obtenir les mêmes avantages pour installer une autre usine de boulonnage. Au même temps, les entreprises algériennes sont méprisées, discriminées et soumises à une terrible pression fiscale.
Forts de l’influence exercée par la France sur le pouvoir algérien, les concessionnaires automobiles français utilisent donc cette méthode pour transférer des devises vers l’étranger, et en conséquent participent de manière dérisoire à l’impôt en Algérie. L’impôt représente pourtant une part essentielle de la recette de l’État. C’est grâce à celui-ci que sont financées entre autres les routes et les infrastructures dont profite tout le monde, y compris les voitures françaises.
Pour comprendre définitivement le traitement de faveur dont bénéficient les concessionnaires français de la part des autorités algériennes, il suffit de les comparer au traitement réservé aux Algériens par le gouvernement. Le ministre de l’Industrie, Abdesslam Bouchouareb, a accusé ce lundi le PDG du groupe Cévital, Issad Rebrab, d’avoir surfacturé de vieux équipements dont il était propriétaire en France. Lorsqu’il s’agit d’un Algérien, le ministre n’hésite donc pas à hausser le ton et dénoncer ces pratiques. En parallèle par contre, le ministre de l’Industrie n’en a jamais fait de même contre Renault et Peugeot, et préfère détourner le regard sur des pratiques qui perdurent pourtant depuis des années, et qui sont incontestablement connues par le gouvernement.
Dans ce contexte, il est extrêmement difficile de prendre au sérieux les déclarations du ministre Bouchouareb lorsqu’il se place comme défenseur de la patrie algérienne contre Issad Rebrab, un enfant de ladite patrie, alors que les entreprises de l’ex-puissance coloniale continuent de bénéficier de la politique à deux vitesses du gouvernement. Au détriment des Algériens.
TSA
Qu’est-ce qui explique les petits profits et les déficits réalisés par les deux constructeurs français en Algérie ? Ces deux concessionnaires, qui refusent de s’expliquer, peuvent justifier leurs piètres performances par les faibles marges qu’ils réalisent sur le marché algérien de l’automobile dont ils détiennent une bonne part. Or, les concessionnaires à capitaux algériens, dont les ventes sont inférieures à ceux des marques françaises, déclarent chaque année des bénéfices largement supérieurs à leurs concurrents français.
À moins de vendre à perte, ce qui est interdit par la loi, les deux concessionnaires français peuvent donc échapper à l’impôt en Algérie en pratiquant l’optimisation fiscale, dont le but est de maximiser les bénéfices réalisés en France et de réduire au minimum les montants imposables en Algérie. Par deux fois, le ministère du Commerce a épinglé dans des rapports les pratiques financières des concessionnaires automobiles. C’était à l’époque où Amara Benyounes était à la tête de ce ministère que l’étau commençait légèrement à se resserrer autour des pratiques de Renault et Peugeot.
« Nous nous sommes rendu compte d’une chose qui est quand même incroyable : c’est parmi les plus grands vendeurs de voitures en Algérie qu’il y a moins de déclaration d’impôts. Cela veut dire que leurs marges (bénéficiaires) sont faites à l’étranger », avait déclaré l’ancien ministre du Commerce, Amara Benyounes, en juin dernier.
Benyounes a entre-temps été limogé, sans qu’il n’y ait à chercher loin pour comprendre les raisons derrière son éviction. Depuis, le gouvernement continue de réserver un traitement de faveur à Renault et Peugeot, grands bénéficiaires du blocage des importations de véhicules en Algérie. Les responsables des deux constructeurs français sont reçus, à chaque fois, par les plus hauts responsables algériens. Renault a bénéficié d’avantages énormes pour implanter une petite usine de montage de sa Symbol à Oran et Peugeot s’apprête à obtenir les mêmes avantages pour installer une autre usine de boulonnage. Au même temps, les entreprises algériennes sont méprisées, discriminées et soumises à une terrible pression fiscale.
Forts de l’influence exercée par la France sur le pouvoir algérien, les concessionnaires automobiles français utilisent donc cette méthode pour transférer des devises vers l’étranger, et en conséquent participent de manière dérisoire à l’impôt en Algérie. L’impôt représente pourtant une part essentielle de la recette de l’État. C’est grâce à celui-ci que sont financées entre autres les routes et les infrastructures dont profite tout le monde, y compris les voitures françaises.
Pour comprendre définitivement le traitement de faveur dont bénéficient les concessionnaires français de la part des autorités algériennes, il suffit de les comparer au traitement réservé aux Algériens par le gouvernement. Le ministre de l’Industrie, Abdesslam Bouchouareb, a accusé ce lundi le PDG du groupe Cévital, Issad Rebrab, d’avoir surfacturé de vieux équipements dont il était propriétaire en France. Lorsqu’il s’agit d’un Algérien, le ministre n’hésite donc pas à hausser le ton et dénoncer ces pratiques. En parallèle par contre, le ministre de l’Industrie n’en a jamais fait de même contre Renault et Peugeot, et préfère détourner le regard sur des pratiques qui perdurent pourtant depuis des années, et qui sont incontestablement connues par le gouvernement.
Dans ce contexte, il est extrêmement difficile de prendre au sérieux les déclarations du ministre Bouchouareb lorsqu’il se place comme défenseur de la patrie algérienne contre Issad Rebrab, un enfant de ladite patrie, alors que les entreprises de l’ex-puissance coloniale continuent de bénéficier de la politique à deux vitesses du gouvernement. Au détriment des Algériens.
TSA
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