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Algérie : Ce qui ne va pas

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    Bonsoir, c'est un systéme éducatif performant qui créera la richesse de demain...
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    7.000 universitaires ont accepté en 2005 des emplois d’initiatives locales à 2.500 dinars par mois. Le Cnes n’est tenu que par ce qui est statistiquement enregistré mais les données livrées dans sa récente note de conjoncture sont très révélatrices.

    De manière empirique, l’observateur moyen sait cependant que les diplômés de l’enseignement supérieur qui travaillent dans le privé et l’informel à des postes qui n’ont aucun rapport avec leurs études sont infiniment plus nombreux. Certains, après des années de galère, n’évoquent même plus leur diplôme, sauf pour en rire et déplorer le temps perdu sur les bancs de l’université.

    La note du Cnes reprend d’une certaine manière le classique discours de l’inadéquation entre le système éducatif et les demandes de l’économie. L’accent est mis, sans risque de contestation, sur la très mauvaise performance du système éducatif. Dans cette optique biaisée, il va de soi que si des diplômés ne trouvent pas d’emploi, c’est que leurs diplômes ne sont pas bons, voire inutiles. En réalité, pour la pertinence de l’analyse, il faudrait inverser l’approche. Des jeunes Algériens bardés d’excellents diplômes et d’une bonne formation trouveraient-ils de l’emploi aisément dans leur pays ? Difficile de l’admettre car, le constat est là, l’économie algérienne, rentière et désarticulée, ne créé pas d’emplois en nombre suffisant. La croissance reste presque exclusivement tirée par la hausse des prix pétroliers et par l’importation.

    Si la défaillance du système éducatif est largement confirmée par le niveau des déperditions scolaires (534.000 exclus en 2004), on peut se demander de quels profils professionnels l’économie algérienne est demandeuse ? L’activité industrielle et manufacturière en constante régression depuis plusieurs années ne crée pas d’emplois, au contraire. Le rapport du Cnes note que dans la formation professionnelle, le nombre d’élèves qui abandonnent leurs études est supérieur à celui des échecs et estime que cela est en contradiction «avec la demande sociale et celle des entreprises». Il est difficile, sans enquête, de comprendre précisément les motivations de ceux qui abandonnent le cycle de formation professionnelle. On peut néanmoins formuler l’hypothèse que c’est parce que les perspectives d’emploi leur semblent peu prometteuses qu’ils tirent leur révérence.

    Quels sont en réalité les secteurs qui créent de l’emploi ? La réponse est connue: les secteurs du commerce et des services dont des pans significatifs sont immergés dans l’informel. Sur la base de cette réalité, on tendrait à reprocher au système éducatif de ne pas former suffisamment de managers, de vendeurs ou de chefs vendeurs. Cela expliquerait-il la faiblesse du recrutement ? A l’évidence, on ne peut se satisfaire d’une telle explication. La mauvaise «qualité» des diplômes ou leur «inadéquation» peut servir d’explication facile pour éviter de dire que l’économie ne crée pas suffisamment d’emplois.

    Apprécier les performances du secteur éducatif à la seule aune de la demande de l’économie dans sa structure présente peut produire des conclusions tronquées. Mesurer aujourd’hui le degré d’adéquation de la formation aux besoins de l’économie implique que l’on tienne compte essentiellement du commerce et des services et bien entendu du bâtiment.

    Dans cette optique, doit-on en conclure que l’université doit former moins d’ingénieurs, moins de médecins et plus de commerciaux ? Moins d’architectes et plus d’encadrement intermédiaire ?

    Ce serait absurde. Mais il existe une réalité algérienne qui veut que les études ne mènent à rien et coûtent cher. Les diplômés sans emploi peuvent le décliner sur tous les tons. Les titres sont dévalués dans un système où tout le savoir académique et scientifique du monde ne vaut pas une «connaissance» dans l’administration. Mais si l’état actuel de l’économie doit décider de ce que doit être le système de formation, on risque de rater la seule opportunité sérieuse qui s’offre au pays: l’investissement dans le savoir et l’éducation. Les «besoins» objectifs à court terme de l’économie n’ont que faire du fait que l’analphabétisme reste constant à 7 millions. En fait, l’adéquation avec les besoins n’aura jamais lieu sans un système éducatif performant qui ne doit pas nécessairement être dépendant d’une économie déséquilibrée.

    Dans ce contexte, beaucoup d’experts considèrent que ce discours sur «l’adéquation» ne fait pas grand sens et que si l’Etat ne peut pas faire grand-chose en terme d’investissements et de création d’emplois, il peut faire beaucoup en matière d’éducation. C’est sans doute une priorité supérieure à la réalisation d’autoroutes, en dépit de l’indéniable utilité de ces dernières.

    Dans un pays où l’université vit des turbulences depuis plus d’une décennie, il ne faut pas attendre les «demandes» d’une économie de rente pour comprendre qu’il faut faire le choix stratégique d’investir sérieusement dans l’éducation. Cela suppose des moyens adéquats pour assurer la formation permanente et de première qualité des formateurs, cela suppose que la notion d’excellence devienne le but quotidien concret dans la diffusion et l’acquisition des connaissances.

    Cela suppose faire de l’école le lieu privilégie du savoir et qu’on ait des maîtres qui soient des dispensateurs respectés de connaissance et de l’appétit d’apprendre. Cela suppose que le savoir reprenne le haut de la hiérarchie des valeurs. Autant de choses qui ne seront jamais à l’ordre du jour des demandes de l’économie algérienne telle qu’elle se trouve aujourd’hui. Mais qui le seront demain, quand l’économie retrouvera le chemin d’une croissance vertueuse soutenue par des cadres de haut niveau.

    M. Saâdoune
    1er août 2006 Le Quotidien d'Oran
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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