les parlementaires de la nouvelle apn affichent leur inconsistance politique
Les débats qui se déroulent actuellement à l’APN autour du programme d’Abdelmalek Sellal nous révèlent, à travers des interventions vues à la télé, des députés d’un niveau politique et intellectuel d’une généreuse indigence.
Lors d’un dîner de presse organisé par une grande entreprise, au cours d’une soirée de Ramadhan, un responsable en charge du protocole au Parlement nous fit, sous le couvert de l’anonymat, cette confidence pathétique : “Lors de l’installation de la nouvelle Assemblée, nous avons été confrontés à un grave problème d’ordre protocolaire. On s’est aperçu que le plus jeune député, qui devait présider la séance inaugurale avec le plus âgé, conformément au règlement intérieur, était incapable de répéter correctement le texte du discours à lire le lendemain.”
Face à cet aléa pour le moins sidérant, le service du protocole de l’APN décide de s’en remettre dare-dare à El-Mouradia. Et la Présidence, certainement abasourdie par une telle énormité, propose de remplacer au pied levé le député analphabète par celui qui vient juste après lui en âge. Ainsi, la face est sauvée, la cérémonie inaugurale expédiée comme une lettre à la poste et les observateurs extérieurs n’y ont vu certainement que du feu ! Si l’incident a pu être évité par le pouvoir qui a plus d’un tour dans son sac, le problème de niveau des députés, qui est la moralité de cette anecdote, est plus que jamais posé. Pourtant, au moment du dépôt des candidatures, le ministre de l’Intérieur avait assuré que pour cette Assemblée, version réformes politiques du Président, le niveau universitaire était dans une proportion de deux tiers des 462 députés. Ce qui est de nature, en théorie, à impacter positivement sur la qualité et la teneur des débats. Mais ceux, citoyens et journalistes, qui croyaient être les témoins de joutes homériques, de démonstrations magistrales, d’envolées lyriques, de défilé des statistiques, à l’occasion des débats sur le programme du gouvernement Sellal, en sont pour leurs frais.
“Le niveau des interventions est affligeant !” Cette appréciation dédiée en l’honneur de nos néo-députés revient comme un leitmotiv dans les commentaires des journalistes présents dans l’hémicycle. Et même des citoyens qui se sont fait violence en suivant ces débats devant le petit écran. Jeudi, un élu du Parti des travailleurs se rebiffa rageusement, reprochant à un de ses collègues qui venait de terminer sa prise de parole de “ne pas distinguer entre Lénine et Staline”. Il est vrai que ces deux personnages historiques ne sont plus dans l’ère du temps, au moment où la pensée fondamentaliste est à l’honneur. Mais pour un député, c’est vraiment l’abomination de la désolation ! Ces prises de parole se résument pour une grande partie à l’expression de préoccupations localo-locales. Il y a à l’évidence dans cette façon de s’y prendre de nos députés un souci de renvoyer l’ascenseur à leurs électeurs. Un souci d’égo aussi, en prenant la parole, juste pour paraître à l’écran. Cela ne veut pas dire que les questions locales ne sont pas dignes d’intérêt. Au contraire. Mais les députés se devaient de les insérer dans une approche globale pour être en cohérence avec le programme du gouvernement. Et il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour trouver des angles d’attaque pertinents à la copie d’Abdelmalek Sellal. Mais les ministres présents dans l’hémicycle, ayant certainement compris qu’ils ont en face d’eux des apprentis politiciens non rompus aux grandes manœuvres de la politique, des “bleus”, n’étaient pas tout ouïe. Certains ne suivaient que d’une oreille les interventions, pendant que d’autres faisaient des messes basses. Images de la très officielle ENTV, à l’appui. Le niveau des débats qui se déroulent en ce moment à l’APN nous rend profondément nostalgiques de l’Assemblée de 97. Car, quand bien même elle était le produit d’une fraude machiavélique, un grand nombre de députés avaient de la pointure, de la consistance. Et en remontant plus loin dans le temps, on apprendra même que dans la première Assemblée algérienne de septembre 62, il y a même eu des interventions dans la langue de Shakespeare ! Sans commentaire.
Liberté 29/09/2012
Les débats qui se déroulent actuellement à l’APN autour du programme d’Abdelmalek Sellal nous révèlent, à travers des interventions vues à la télé, des députés d’un niveau politique et intellectuel d’une généreuse indigence.
Lors d’un dîner de presse organisé par une grande entreprise, au cours d’une soirée de Ramadhan, un responsable en charge du protocole au Parlement nous fit, sous le couvert de l’anonymat, cette confidence pathétique : “Lors de l’installation de la nouvelle Assemblée, nous avons été confrontés à un grave problème d’ordre protocolaire. On s’est aperçu que le plus jeune député, qui devait présider la séance inaugurale avec le plus âgé, conformément au règlement intérieur, était incapable de répéter correctement le texte du discours à lire le lendemain.”
Face à cet aléa pour le moins sidérant, le service du protocole de l’APN décide de s’en remettre dare-dare à El-Mouradia. Et la Présidence, certainement abasourdie par une telle énormité, propose de remplacer au pied levé le député analphabète par celui qui vient juste après lui en âge. Ainsi, la face est sauvée, la cérémonie inaugurale expédiée comme une lettre à la poste et les observateurs extérieurs n’y ont vu certainement que du feu ! Si l’incident a pu être évité par le pouvoir qui a plus d’un tour dans son sac, le problème de niveau des députés, qui est la moralité de cette anecdote, est plus que jamais posé. Pourtant, au moment du dépôt des candidatures, le ministre de l’Intérieur avait assuré que pour cette Assemblée, version réformes politiques du Président, le niveau universitaire était dans une proportion de deux tiers des 462 députés. Ce qui est de nature, en théorie, à impacter positivement sur la qualité et la teneur des débats. Mais ceux, citoyens et journalistes, qui croyaient être les témoins de joutes homériques, de démonstrations magistrales, d’envolées lyriques, de défilé des statistiques, à l’occasion des débats sur le programme du gouvernement Sellal, en sont pour leurs frais.
“Le niveau des interventions est affligeant !” Cette appréciation dédiée en l’honneur de nos néo-députés revient comme un leitmotiv dans les commentaires des journalistes présents dans l’hémicycle. Et même des citoyens qui se sont fait violence en suivant ces débats devant le petit écran. Jeudi, un élu du Parti des travailleurs se rebiffa rageusement, reprochant à un de ses collègues qui venait de terminer sa prise de parole de “ne pas distinguer entre Lénine et Staline”. Il est vrai que ces deux personnages historiques ne sont plus dans l’ère du temps, au moment où la pensée fondamentaliste est à l’honneur. Mais pour un député, c’est vraiment l’abomination de la désolation ! Ces prises de parole se résument pour une grande partie à l’expression de préoccupations localo-locales. Il y a à l’évidence dans cette façon de s’y prendre de nos députés un souci de renvoyer l’ascenseur à leurs électeurs. Un souci d’égo aussi, en prenant la parole, juste pour paraître à l’écran. Cela ne veut pas dire que les questions locales ne sont pas dignes d’intérêt. Au contraire. Mais les députés se devaient de les insérer dans une approche globale pour être en cohérence avec le programme du gouvernement. Et il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour trouver des angles d’attaque pertinents à la copie d’Abdelmalek Sellal. Mais les ministres présents dans l’hémicycle, ayant certainement compris qu’ils ont en face d’eux des apprentis politiciens non rompus aux grandes manœuvres de la politique, des “bleus”, n’étaient pas tout ouïe. Certains ne suivaient que d’une oreille les interventions, pendant que d’autres faisaient des messes basses. Images de la très officielle ENTV, à l’appui. Le niveau des débats qui se déroulent en ce moment à l’APN nous rend profondément nostalgiques de l’Assemblée de 97. Car, quand bien même elle était le produit d’une fraude machiavélique, un grand nombre de députés avaient de la pointure, de la consistance. Et en remontant plus loin dans le temps, on apprendra même que dans la première Assemblée algérienne de septembre 62, il y a même eu des interventions dans la langue de Shakespeare ! Sans commentaire.
Liberté 29/09/2012
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