Par : Arab Chih
Ancien chef d’état-major de la 1re Région militaire (le centre du pays) et ex-commandant du secteur militaire d’Alger, le général à la retraite Abderazzak Maïza fait dans cet entretien le bilan de la lutte antiterroriste, six ans après l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il se défend d’avoir fait le procès, dans son entretien à El Watan, de la politique de réconciliation nationale tout en estimant que Al-Qaïda au Maghreb est constituée essentiellement de mercenaires étrangers.
Liberté : Vingt ans après l’irruption du phénomène du terrorisme en Algérie, quel bilan peut-on faire de la lutte antiterroriste ?
Abderazzak Maïza : Le terrorisme islamiste a été vaincu tant par les armes que par l’adoption de dispositifs politico-législatifs (loi sur le repentir, loi sur la concorde civile et loi pour la paix et la réconciliation nationale) et surtout par l’implication des citoyens. Ce fait est reconnu internationalement et il s’est traduit sur le terrain par une grande partie du pays qui vit dans la paix et la sécurité retrouvée.
En 1998, le terrorisme est presque vaincu grâce à l’ANP mais aussi à la résistance des Algériens qui, pour se défendre et sauver le pays aux prises avec le terrorisme islamiste, n’ont pas hésité à prendre les armes. 13 ans après, le terrorisme est toujours là. Comment expliquez une telle longévité de ce phénomène ? Qu’est-ce qui a empêché les services de sécurité de mettre fin à la subversion islamiste ?
Le terrorisme islamiste algérien n’existe pratiquement plus. Aujourd’hui l’Algérie combat une branche d’une organisation terroriste internationale, Al-Qaïda, qui s’est donné pour nom Al-Qaïda au Maghreb. Ce qui démontre bien sa nature de mercenaire au profit de la maison mère. Il semblerait que l’objectif d’Al-Qaïda au Maghreb serait de détruire la République algérienne pour la remplacer par un khalifat avec certainement Al Zawahiri à sa tête.
Devant le manque d’effectifs (faiblesse du recrutement) cette organisation qui sévit en Algérie et au Sahel a recruté des mercenaires de différents pays africains. Les personnels et les modes opératoires ayant changé, les services de sécurité doivent s’adapter à cette nouvelle donne.
En votre qualité d’ancien chef d’état-major de la 1re Région militaire, comment expliquez-vous la concentration de l’activité terroriste presqu’en Kabylie seulement alors que cette région est réputée pour son hostilité à l’islamisme ?
Pourquoi vous concentrer uniquement sur la Kabylie ? Les zones frontalières est et sud connaissent aussi une présence et une activité terroriste. Ont-elles moins d’importance que la Kabylie, ou serait-ce la proximité de cette dernière de la capitale qui pose problème ? La Kabylie est comme n’importe quelle autre région d’Algérie et sa population vit les mêmes problèmes. Il est possible que la couverture médiatique de cette région soit plus importante, ce qu’on souhaite aussi pour les autres régions.
Votre réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale, sur les colonnes d’El Watan, en a surpris plus d’un dans la mesure où les militaires algériens, même à la retraite, n’ont pas pour habitude de s’exprimer publiquement. Pouvez-vous nous expliquez les raisons de votre sortie médiatique ?
En répondant au journaliste d’El Watan, je n’avais pas l’impression de mener un réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale. Des militaires à la retraite ont été nombreux à s’exprimer sur des sujets qui intéressent l’opinion publique. Étant à la retraite depuis plus de sept ans, je n’en demeure pas moins un citoyen jaloux de son pays. Mon intervention était une réponse à l’idée reçue que la baisse du niveau de vigilance des services de sécurité est à l’origine de la perpétuation des attentats. J’ai essayé d’analyser les raisons de la baisse du recueil du renseignement, et aussi rendre hommage à tous ceux qui sont encore sur le terrain et qui, avec abnégation et courage, luttent contre la barbarie.
Vous vous êtes ému du sort réservé aux GLD au lendemain de l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Comment expliquez-vous que l’Armée n’a rien fait pour ce corps qui a été pourtant d’un grand apport dans la lutte antiterroriste ? Le recouvrement de la paix passe-t-il inévitablement par l’absolution des terroristes de leurs crimes et l’humiliation des Patriotes ?
Je trouve votre question insidieuse. Oui, j’affirme que sans les gardes communaux, les citoyens volontaires et les groupes de légitime défense, les services de sécurité, tous corps confondus, n’auraient pu mener à bien leur mission. À ma connaissance, il n’y a jamais eu une ou des mesures prises pour humilier qui que ce soit. Je regrettais juste le fait que des citoyens, civils de surcroÎt, qui ont quitté leur gagne-pain pour se libérer pour la lutte antiterroriste, n’aient pas bénéficié de la sécurité sociale, ni de la possibilité de faire valoir leurs années d’engagement au service de l’État comme période comptant pour le décompte de la pension de retraite. Beaucoup d’entre eux ont pris de l’âge, sont malades, certains survivent avec les séquelles des blessures contractées pendant la période noire. Ils ont besoin de l’aide de l’État. Quant aux Algériens que l’État a considéré comme des égarés, les trois lois (rahma, concorde civile, réconciliation nationale) prises en leur faveur, leurs ont permis de déposer les armes et de redevenir des citoyens.
Ancien chef d’état-major de la 1re Région militaire (le centre du pays) et ex-commandant du secteur militaire d’Alger, le général à la retraite Abderazzak Maïza fait dans cet entretien le bilan de la lutte antiterroriste, six ans après l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il se défend d’avoir fait le procès, dans son entretien à El Watan, de la politique de réconciliation nationale tout en estimant que Al-Qaïda au Maghreb est constituée essentiellement de mercenaires étrangers.
Liberté : Vingt ans après l’irruption du phénomène du terrorisme en Algérie, quel bilan peut-on faire de la lutte antiterroriste ?
Abderazzak Maïza : Le terrorisme islamiste a été vaincu tant par les armes que par l’adoption de dispositifs politico-législatifs (loi sur le repentir, loi sur la concorde civile et loi pour la paix et la réconciliation nationale) et surtout par l’implication des citoyens. Ce fait est reconnu internationalement et il s’est traduit sur le terrain par une grande partie du pays qui vit dans la paix et la sécurité retrouvée.
En 1998, le terrorisme est presque vaincu grâce à l’ANP mais aussi à la résistance des Algériens qui, pour se défendre et sauver le pays aux prises avec le terrorisme islamiste, n’ont pas hésité à prendre les armes. 13 ans après, le terrorisme est toujours là. Comment expliquez une telle longévité de ce phénomène ? Qu’est-ce qui a empêché les services de sécurité de mettre fin à la subversion islamiste ?
Le terrorisme islamiste algérien n’existe pratiquement plus. Aujourd’hui l’Algérie combat une branche d’une organisation terroriste internationale, Al-Qaïda, qui s’est donné pour nom Al-Qaïda au Maghreb. Ce qui démontre bien sa nature de mercenaire au profit de la maison mère. Il semblerait que l’objectif d’Al-Qaïda au Maghreb serait de détruire la République algérienne pour la remplacer par un khalifat avec certainement Al Zawahiri à sa tête.
Devant le manque d’effectifs (faiblesse du recrutement) cette organisation qui sévit en Algérie et au Sahel a recruté des mercenaires de différents pays africains. Les personnels et les modes opératoires ayant changé, les services de sécurité doivent s’adapter à cette nouvelle donne.
En votre qualité d’ancien chef d’état-major de la 1re Région militaire, comment expliquez-vous la concentration de l’activité terroriste presqu’en Kabylie seulement alors que cette région est réputée pour son hostilité à l’islamisme ?
Pourquoi vous concentrer uniquement sur la Kabylie ? Les zones frontalières est et sud connaissent aussi une présence et une activité terroriste. Ont-elles moins d’importance que la Kabylie, ou serait-ce la proximité de cette dernière de la capitale qui pose problème ? La Kabylie est comme n’importe quelle autre région d’Algérie et sa population vit les mêmes problèmes. Il est possible que la couverture médiatique de cette région soit plus importante, ce qu’on souhaite aussi pour les autres régions.
Votre réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale, sur les colonnes d’El Watan, en a surpris plus d’un dans la mesure où les militaires algériens, même à la retraite, n’ont pas pour habitude de s’exprimer publiquement. Pouvez-vous nous expliquez les raisons de votre sortie médiatique ?
En répondant au journaliste d’El Watan, je n’avais pas l’impression de mener un réquisitoire contre la politique de réconciliation nationale. Des militaires à la retraite ont été nombreux à s’exprimer sur des sujets qui intéressent l’opinion publique. Étant à la retraite depuis plus de sept ans, je n’en demeure pas moins un citoyen jaloux de son pays. Mon intervention était une réponse à l’idée reçue que la baisse du niveau de vigilance des services de sécurité est à l’origine de la perpétuation des attentats. J’ai essayé d’analyser les raisons de la baisse du recueil du renseignement, et aussi rendre hommage à tous ceux qui sont encore sur le terrain et qui, avec abnégation et courage, luttent contre la barbarie.
Vous vous êtes ému du sort réservé aux GLD au lendemain de l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Comment expliquez-vous que l’Armée n’a rien fait pour ce corps qui a été pourtant d’un grand apport dans la lutte antiterroriste ? Le recouvrement de la paix passe-t-il inévitablement par l’absolution des terroristes de leurs crimes et l’humiliation des Patriotes ?
Je trouve votre question insidieuse. Oui, j’affirme que sans les gardes communaux, les citoyens volontaires et les groupes de légitime défense, les services de sécurité, tous corps confondus, n’auraient pu mener à bien leur mission. À ma connaissance, il n’y a jamais eu une ou des mesures prises pour humilier qui que ce soit. Je regrettais juste le fait que des citoyens, civils de surcroÎt, qui ont quitté leur gagne-pain pour se libérer pour la lutte antiterroriste, n’aient pas bénéficié de la sécurité sociale, ni de la possibilité de faire valoir leurs années d’engagement au service de l’État comme période comptant pour le décompte de la pension de retraite. Beaucoup d’entre eux ont pris de l’âge, sont malades, certains survivent avec les séquelles des blessures contractées pendant la période noire. Ils ont besoin de l’aide de l’État. Quant aux Algériens que l’État a considéré comme des égarés, les trois lois (rahma, concorde civile, réconciliation nationale) prises en leur faveur, leurs ont permis de déposer les armes et de redevenir des citoyens.
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