Benyoucef BEN KHEDDA
Rappelons brièvement le contexte historique de l’époque.
Rappel historique
On sait que l’insurrection algérienne a été déclenchée par les éléments du CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action) tous issus de l’OS (Organisation Spéciale) branche armée du PPA-MTLD, à la suite de l’éclatement de la direction de ce parti en deux factions :
Comité central et Messali.
1 . Liste des «22» du CRUA (juin 1954)
- Mokhtar BADJI
- Othmane BELOUIZDAD
- Ramdane BEN ABDELMALEK
- Ben Mostefa BEN AOUDA
- Mostefa BEN BOULAID
- Mohammed-Larbi BEN M’HIDI
- Lakhdar BEN TOBBAL
- Rabah BITAT
- Zoubir BOUADJADJ
- Slimane BOUALI
- Ahmed BOUCHAIB
- Mohammed BOUDIAF
- Abdelhafid BOUSSOUF
- Mourad DIDOUCHE
- Abdesselam HABBACHI
- Abdelkader LAMOUDI
- Mohammed MECHATTI
- Slimane MELLAH
- Mohammed MERZOUGHI
- Boudjemaâ SOUIDANI
- Youcef ZIGHOUD
Les noms sont cités par ordre alphabétique
La direction de la Révolution passe alors aux «6» du CRUA qui sort au grand jour le 1er Novembre 1954 sous l’appellation du FLN (Front de libération nationale).
Le partage des responsabilités entre eux, après leur réunion du 23 octobre 1954 à Bologhine (ex-Saint-Eugène), s’était fait ainsi :
Zone 1, Aurès-Némencha, Mustapha Ben Boulaïd,
Zone 2, Nord-Constantinois, Mourad Didouche,
Zone 3, Kabylie, Belkacem Krim,
Zone 4, Algérois, Rabah Bitat,
Zone 5, Oranie, Mohammed Larbi Ben M’hidi.
(Les zones seront remplacées par les wilayate après le Congrès de la Soummam).
Quant à Boudiaf, désigné par ses pairs «coordonnateur», il s’envole pour le Caire porteur de la Proclamation du 1er Novembre 1954 qui sera lue sur les ondes de Sawt-El-Arab, la Radio du Caire, dans la nuit du 31 octobre au 1er Novembre 1954 par Ben Bella.
Ben Bella, Aït Ahmed et Khider, établis dans la capitale égyptienne où ils représentaient la délégation extérieure du PPA-MTLD avaient entre-temps opté pour le CRUA et avec les «6» ils constituaient à «9» la première direction du FLN.
Avant de se séparer à Bologhine, les premiers s’étaient donnés rendez-vous au 12 janvier 1955 pour faire le point de la situation, malheureusement les événements surgis de la guerre ne leur ont pas permis de se rencontrer.
Didouche meurt le 12 janvier dans un combat face à l’ennemi.
Ben Boulaïd est arrêté le 12 février 1955 à la frontière tuniso-libyenne, en se rendant au Caire afin d’activer l’entrée des armes promises.
Boudiaf et Ben M’hidi se déplacent entre le Maroc et l’Egypte en vue de prospecter les armes et organiser leur acheminement en Algérie.
Abbane libéré le…janvier 1955, après 6 ans de détention, regagne son village natal, où il est rejoint par Krim et Ouamrane.
Bitat est arrêté le…mars 1955. Ouamrane lui succède à la tête de la zone 4 et confie, en accord avec Krim, la responsabilité d’Alger à Abbane.
Le PCA (Parti communiste algérien) a éclaté, à cause de sa composition mixte formée d’Européens et de Musulmans et de sa sujétion au PCF (Parti communiste français) allié au parti socialiste de la SFIO au sein du Front républicain qui votera la loi sur «les pouvoirs spéciaux» destinés à renforcer l’armée de répression en Algérie. Le PCA sortira discrédité aux yeux des masses algériennes.
Les messalistes sont majoritaires en France où une lutte sanglante et meurtrière est engagée entre leur parti : le MNA et le FLN, dont l’enjeu est l’émigration algérienne forte de 300 000 et d’où ils envoient fonds et instructions à leurs maquis, actifs en Kabylie, au Sud et à Alger-ville.
Mais le gros problème demeure la minorité européenne, forte d’un million d’habitants (sur 10) qui ont fait de l’Algérie une colonie de peuplement et où ils tiennent les leviers de commande. La Révolution grandissante inquiète ce bloc raciste et colonialiste qui commence à se fissurer.
Des individus et des groupuscules appartenant aux trois confessions catholique, protestante et juive (catholique surtout), émus par les massacres des civils musulmans prennent position contre la répression. Cependant, la grande majorité fait confiance à l’armée et au gouvernement de Paris.
Sur le plan politique
En dehors des tracts et des communiqués paraissant occasionnellement, le FLN n’avait pas de journal pour s’affirmer sur le plan public, faire connaître ses positions politiques, relater les exploits de l’ALN, les massacres et tortures de la police et de l’armée françaises.
Il y avait un vide syndical dû à la faillite de la CGT (Confédération générale des travailleurs) d’obédience communiste.
Les étudiants et les quelques intellectuels qui avaient adhéré au Front posaient déjà des questions d’ordre idéologique: nature de l’Etat algérien indépendant, réforme agraire, problèmes sociaux, etc.
Abbane créa alors une commission dont le résultat se traduira dans le Projet de la «Plate-forme de la Soummam». Parallèlement se poursuivait grâce à un noyau de militants d’Alger l’encadrement de la population, dans une infrastructure spécifique : la zone autonome d’Alger avec deux volets politique et militaire.
Sur le plan militaire
Les maquis avaient fini par faire leur jonction. Cependant des conflits frontaliers éclataient à l’exemple de la zone 2 s’opposant à la base de l’Est pour le contrôle de la bande frontalière.
Dépassements, encadrement déficient, structures différentes d’une zone à l’autre caractérisaient l’ALN. Son extension dépendait étroitement de l’armement et les promesses faites à l’extérieur ne se réalisaient pas. Les armes manquaient terriblement. Ce fut la cause principale de l’arrestation de Ben Boulaid, et c’est pour armer les djounoud que Zighoud Youcef lança sa fameuse opération du 20 août 1955.
En France
En France l’Algérie est devenue la première préoccupation du gouvernement et de l’opinion publique.
En mars 1956, le Front républicain socialocommuniste a remporté les élections législatives et Guy Mollet, chef de la SFIO, est porté au pouvoir. Grâce aux «pouvoirs spéciaux» qui lui furent votés par la nouvelle assemblée, le gouvernement de gauche augmente le potentiel
de son armée. De 200 000 hommes en 1956, l’effectif de cette dernière va s’élever à 400 000. En même temps, Guy Mollet lance son triptyque : cessez-le-feu, élections, négociations. Son idée était d’obtenir la reddition de l’ALN. Après quoi, il organiserait des élections en vue de
dégager des «élus» avec lesquels il «négocierait». Un moyen d’imposer une solution militaire.
Pour le FLN, il n’y avait pas d’autres perspectives que la guerre.
Rappelons brièvement le contexte historique de l’époque.
Rappel historique
On sait que l’insurrection algérienne a été déclenchée par les éléments du CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action) tous issus de l’OS (Organisation Spéciale) branche armée du PPA-MTLD, à la suite de l’éclatement de la direction de ce parti en deux factions :
Comité central et Messali.
1 . Liste des «22» du CRUA (juin 1954)
- Mokhtar BADJI
- Othmane BELOUIZDAD
- Ramdane BEN ABDELMALEK
- Ben Mostefa BEN AOUDA
- Mostefa BEN BOULAID
- Mohammed-Larbi BEN M’HIDI
- Lakhdar BEN TOBBAL
- Rabah BITAT
- Zoubir BOUADJADJ
- Slimane BOUALI
- Ahmed BOUCHAIB
- Mohammed BOUDIAF
- Abdelhafid BOUSSOUF
- Mourad DIDOUCHE
- Abdesselam HABBACHI
- Abdelkader LAMOUDI
- Mohammed MECHATTI
- Slimane MELLAH
- Mohammed MERZOUGHI
- Boudjemaâ SOUIDANI
- Youcef ZIGHOUD
Les noms sont cités par ordre alphabétique
La direction de la Révolution passe alors aux «6» du CRUA qui sort au grand jour le 1er Novembre 1954 sous l’appellation du FLN (Front de libération nationale).
Le partage des responsabilités entre eux, après leur réunion du 23 octobre 1954 à Bologhine (ex-Saint-Eugène), s’était fait ainsi :
Zone 1, Aurès-Némencha, Mustapha Ben Boulaïd,
Zone 2, Nord-Constantinois, Mourad Didouche,
Zone 3, Kabylie, Belkacem Krim,
Zone 4, Algérois, Rabah Bitat,
Zone 5, Oranie, Mohammed Larbi Ben M’hidi.
(Les zones seront remplacées par les wilayate après le Congrès de la Soummam).
Quant à Boudiaf, désigné par ses pairs «coordonnateur», il s’envole pour le Caire porteur de la Proclamation du 1er Novembre 1954 qui sera lue sur les ondes de Sawt-El-Arab, la Radio du Caire, dans la nuit du 31 octobre au 1er Novembre 1954 par Ben Bella.
Ben Bella, Aït Ahmed et Khider, établis dans la capitale égyptienne où ils représentaient la délégation extérieure du PPA-MTLD avaient entre-temps opté pour le CRUA et avec les «6» ils constituaient à «9» la première direction du FLN.
Avant de se séparer à Bologhine, les premiers s’étaient donnés rendez-vous au 12 janvier 1955 pour faire le point de la situation, malheureusement les événements surgis de la guerre ne leur ont pas permis de se rencontrer.
Didouche meurt le 12 janvier dans un combat face à l’ennemi.
Ben Boulaïd est arrêté le 12 février 1955 à la frontière tuniso-libyenne, en se rendant au Caire afin d’activer l’entrée des armes promises.
Boudiaf et Ben M’hidi se déplacent entre le Maroc et l’Egypte en vue de prospecter les armes et organiser leur acheminement en Algérie.
Abbane libéré le…janvier 1955, après 6 ans de détention, regagne son village natal, où il est rejoint par Krim et Ouamrane.
Bitat est arrêté le…mars 1955. Ouamrane lui succède à la tête de la zone 4 et confie, en accord avec Krim, la responsabilité d’Alger à Abbane.
Le PCA (Parti communiste algérien) a éclaté, à cause de sa composition mixte formée d’Européens et de Musulmans et de sa sujétion au PCF (Parti communiste français) allié au parti socialiste de la SFIO au sein du Front républicain qui votera la loi sur «les pouvoirs spéciaux» destinés à renforcer l’armée de répression en Algérie. Le PCA sortira discrédité aux yeux des masses algériennes.
Les messalistes sont majoritaires en France où une lutte sanglante et meurtrière est engagée entre leur parti : le MNA et le FLN, dont l’enjeu est l’émigration algérienne forte de 300 000 et d’où ils envoient fonds et instructions à leurs maquis, actifs en Kabylie, au Sud et à Alger-ville.
Mais le gros problème demeure la minorité européenne, forte d’un million d’habitants (sur 10) qui ont fait de l’Algérie une colonie de peuplement et où ils tiennent les leviers de commande. La Révolution grandissante inquiète ce bloc raciste et colonialiste qui commence à se fissurer.
Des individus et des groupuscules appartenant aux trois confessions catholique, protestante et juive (catholique surtout), émus par les massacres des civils musulmans prennent position contre la répression. Cependant, la grande majorité fait confiance à l’armée et au gouvernement de Paris.
Sur le plan politique
En dehors des tracts et des communiqués paraissant occasionnellement, le FLN n’avait pas de journal pour s’affirmer sur le plan public, faire connaître ses positions politiques, relater les exploits de l’ALN, les massacres et tortures de la police et de l’armée françaises.
Il y avait un vide syndical dû à la faillite de la CGT (Confédération générale des travailleurs) d’obédience communiste.
Les étudiants et les quelques intellectuels qui avaient adhéré au Front posaient déjà des questions d’ordre idéologique: nature de l’Etat algérien indépendant, réforme agraire, problèmes sociaux, etc.
Abbane créa alors une commission dont le résultat se traduira dans le Projet de la «Plate-forme de la Soummam». Parallèlement se poursuivait grâce à un noyau de militants d’Alger l’encadrement de la population, dans une infrastructure spécifique : la zone autonome d’Alger avec deux volets politique et militaire.
Sur le plan militaire
Les maquis avaient fini par faire leur jonction. Cependant des conflits frontaliers éclataient à l’exemple de la zone 2 s’opposant à la base de l’Est pour le contrôle de la bande frontalière.
Dépassements, encadrement déficient, structures différentes d’une zone à l’autre caractérisaient l’ALN. Son extension dépendait étroitement de l’armement et les promesses faites à l’extérieur ne se réalisaient pas. Les armes manquaient terriblement. Ce fut la cause principale de l’arrestation de Ben Boulaid, et c’est pour armer les djounoud que Zighoud Youcef lança sa fameuse opération du 20 août 1955.
En France
En France l’Algérie est devenue la première préoccupation du gouvernement et de l’opinion publique.
En mars 1956, le Front républicain socialocommuniste a remporté les élections législatives et Guy Mollet, chef de la SFIO, est porté au pouvoir. Grâce aux «pouvoirs spéciaux» qui lui furent votés par la nouvelle assemblée, le gouvernement de gauche augmente le potentiel
de son armée. De 200 000 hommes en 1956, l’effectif de cette dernière va s’élever à 400 000. En même temps, Guy Mollet lance son triptyque : cessez-le-feu, élections, négociations. Son idée était d’obtenir la reddition de l’ALN. Après quoi, il organiserait des élections en vue de
dégager des «élus» avec lesquels il «négocierait». Un moyen d’imposer une solution militaire.
Pour le FLN, il n’y avait pas d’autres perspectives que la guerre.
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