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L'Etat et la culture en Algérie

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  • L'Etat et la culture en Algérie

    Partout dans le monde, mais essentiellement dans les pays développés à forte teneur démocratique, des débats ont été et sont menés autour des interventions souhaitables de l’Etat et de ses démembrements sur leurs responsabilités culturelles. L’implication, dans ces pays, de la société civile, de l’université, des collectivités locales et régionales, des associations, des industries privées, des banques et fonds spécialisés a été crescendo.

    Avec la décentralisation des idées et projets alternatifs à ceux de l’Exécutif, la démocratisation massive de l’accès aux productions culturelles (multiplication de TV, Internet, revues spécialisées, programmes de quartiers, associatifs, festivals nationaux et internationaux, centres de formation aux métiers artistiques privés/publics, etc.), des pays entiers sont couverts et des demandes satisfaites.

    En Europe, une politique de désengagement a été mise en branle dans les années soixante-dix, essentiellement marquées par la fin des monopoles publics sur la radio et la télévision jusqu’au paysage actuel dans lequel on ne compte plus les dizaines de stations radio, de chaînes de télévision, les diffuseurs de productions culturelles sur téléphone mobile, sur la Toile, douze mois sur douze.

    En Algérie, dans la précipitation et sans un cap fixé sur la durée, on a commencé par «restructurer» la RTA qui était un monopole de la production et le diffuseur unique de culture pour le petit écran et la radio.

    On a éclaté le monopole étatique sur le contenu sans le moindre changement à ce jour quant au pluralisme, à la liberté de ton et d’expression pour les œuvres de l’esprit. Comme en 1986, sous le parti unique, tout ce qui est diffusé aujourd’hui (national ou étranger) est «correct», aseptisé, censuré, terne…

    On dirait que le temps s’est figé comme dans les films de science-fiction.

    Il n’y a que les costumes, les évolutions de la langue malgré des efforts titanesques pour marginaliser les parlers vrais du terroir au profit d’un arabe dit savant, plus langue de bois, bigot que révélateur d’un réel social et culturel qui évolue parallèlement à tout ce qui est officiel.

    Les Etats en Europe interviennent sur plusieurs fronts, sauf pour celui du contenu qui est constitutif de la liberté d’expression, des droits de l’Homme, du pluralisme, de la mosaïque naturelle à préserver et sur celui de la liberté d’entreprendre pour des acteurs et des industries de droit privé. Cependant, l’Etat conserve des zones d’intervention identifiées, soumises à une législation et des règlements, à des structures de contrôle et de régulation indépendantes du pouvoir politique.

    L’aide à la création, à la diffusion, à l’exportation et les moyens financiers, technologiques et de formation consentis pour la conservation et l’entretien des patrimoines relèvent des missions des pouvoirs publics.

    Le paysage national culturel conserve des caractéristiques propres à certains pays d’avant la chute du mur de Berlin.

    L’audiovisuel au niveau de la diffusion des œuvres d’ici ou d’ailleurs relève du monopole public. Il n’y a pas d’instance autonome pour la régulation de la radio et de la TV. La publicité étatique est sous la coupe d’une agence publique et les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel dans la situation actuelle n’ont toujours affaire qu’à un seul diffuseur qui ne pourra jamais donner du travail à tous ceux qui se sont retrouvés dans le privé.

    De toute évidence, la mécanique est bloquée, le statu quo, durable et destructeur pour des catégories professionnelles qui n’ont plus le choix qu’entre quémander une issue le temps d’un film, tenter la harga comme l’ont fait beaucoup, végéter dans le désarroi et la solitude. Et le temps qui passe n’arrange pas les choses.

    Par Abdou B., La Tribune
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